
trait de midi de la faufle plaque ; il faut, dis-je
que ce point correfponde parfaitement avec le côté
de l’alidade, lorfque celle-ci pofe fur une divifion
du cercle partagé en 60 parties ; finon, on tournera
le cadran, indépendamment du divifeur, pour
l’amener à ce point.
Quand on aura tracé' les divifions des minutes,
on marquera un trait fur la divifion de midi, qui
traverfe -du quatrième cercle au premier ; il indiquera
l’endroit où l’on doit peindre les 60 minutes
& les 12, heures ; on paffera cinq divifions , & on
fera un pareil trait pour défîgner la place d’une
heure & de la cinquième minute, & ainfi de fuite ;
après cela , on peindra le cadran , en fe réglant
fur les divifions faites au crayon.
Le noir que l’on emploie pour peindre les cadrans,
s’appelle noir £ écaille.
Pour employer le noir , il faut le broyer très-fin
dans un mortier d’agate , avec de l’huile d’afpic.
Pour donner une idée de la finefîe qu’il doit avoir,
il faut employer au moins une demi-journée pour
en broyer un gros.
Apres que le noir eft broyé , on le retire du
mortier , & on en pofe une partie fur un morceau
de glace ; le refie doit être enfermé dans un vafe
très-propre ; & pour le rendre plus coulant & plus
propre à être employé au pinceau ,o n y remet de
nouvelle huile d’afpic , que l’on broie avec une
petite fpatule d’acier. On peint d’abord avec un
petit pinceau les traits des divifions des minutes,
& on place ce pinceau fur le compas, pour tracer
les cercles ; enfin > on peint les chiffres des minutes
& des heures.
Lorfque le cadran eft peinton fait feeher lentement
la peinture que l’on recouvre, pour qu’il
ne s’y attache aucune, faleté ; on prépare le feu
dans le fourneau ; on l ’allume , & lorfqu’il eft au
point convenable, on paffe le cadran au feu j. on
ne le fait pas entrer tout-à-coup , mais on l’échauffe
au contraire par degrés infenfibles r afin qu’il ne fe
cafte pas ; on le place fur le fond de l’â t r e & on
l’y laifte jufqu’à ce que la peinture vienne unie &
glacée, de matte qu’elle étoit ; on fait tourner la
tôle, pour que la chaleur fonde également le noir
& fans le brûler ;. on retire le cadran avec précaution
, & il eft fini»
Patenôtriers & Fabriquans de perles fondes.i
Le patenotrier eft un ouvrier qui enjolive &
vend toutes fortes de chapelets. Ses fondions fe-
roient aujourd’hui très-bornées7 fans la réunion qui
fut faite, en 1718 , de la communauté des patenô-
triers à celle des émailleurs & des faïenciers de la
ville de Paris.
Le nom de patenotrier proprement dît 5. eft donc
en quelque forte la feule chofe qui fubfifte encore j
de leur profeffion : ce nom même n’a pas une étymologie
bien décidée.
Le travail de la patenôtrerie confiftoit i°. à fa-
briquer des chapelets*
a®. À faire des colliers pour les femmes'. Ces
deux marchandifes étoient faites à peu près de la
même fubftance. Des pâtes compofées de diverfes
poudres & mélangées de parfums , fervoient également
à fabriquer des chapelets & des colliers.
Les patenôtriers, après avoir formé des globules
de ces pâtes, les perfeâionnoient dans des moules *
fouvent ils les argentoient extérieurement, ou les
teignoient de diverfes couleurs, pour imiter dès
grains d’ambre , de corail, de jayet, de coço. Ils
tournoient pareillement l’albâtre & la nacre de
perle.
Enfin , les patenôtriers faifoient des colliers, des
braflèlets, des boucles d’oreillesen émaux de toutes
couleurs.
Les diamans étoient autrefois très-rares ; la manière
de les tailler n’étoit pas bien connue ; en un
mot, la mode des perles faifoit rechercher cette
parure par les femmes diftinguées. Mais les perles
fines étoient fort chères ; enfin un patenotrier nommé
Jacquin, trouva l’art de les imiter avec tant de
vérité, que les yeux les plus exercés y étoient
trompés.
Les fieurs Jacquin, qui font encore aujourd’hui
le commerce de leur père , difent que leur ancêtre
qui inventa Y art des perles faujfes , étant un jour
dans fa maifon de campagne à P afly, obferva que
de petits poiffohs, nommés ables ou ablettes', qu’on
lavoit en fa préfençe dans un baquet , teignoient
l’eau d’une couleur argentée.
Il laifla repofer la liqueur , &. trouva au fond
du vaiflean un précipité qui ne le cédoit point à
l’éclat de la plus belle nacre de perles. Il conçut
alors le projet de profiter de cette découverte.
D ’abord il eflaya de couvrir de cette liqueur,
qu’il nomma ejfcnce de perles, des globules de pâte
féchée, & de petites boules d’albâtre arrondies
fur le tour.
Cette nouveauté parut merveilleuse ; mais les
femmes y trouvèrent bientôt de fâcheux inconvé-
niens , tels que de dépofer la colle & l’écaille de
■ poifibn. Elles propofèrent ellesrmêmes à l’inventeur
de chercher les moyens de renfermer fon ef-
fence de perles au dedans de quelque matière tranf-
parente. Jacquin faifit cette idée heureufe i l £î
fouffler , par un émailleur, de petites boules de
verre, il les enduifit intérieurement dé fa liqueur,
& parvint à perfectionner fon art. En effet, on
lit, dans le Mercure galant du mois d’août 1686,
que les fieurs Jacquin & Breton r afibciés -, avoient
porté fi loin le talent de fabriquer des perles façon
de fines, que les orfèvres y étoient trompés tous les
jours*
Fabrique des Perles artificielles.
La perle faufle, qui fait, encore le principal objet
du travail des patenôtiers., eft un petit corps de
verre creux, communément rond, quelquefois de:
figure alongée, ou de forme méplate, enduit intérieurement
d’une couleur argentée, du même ton
que la perle naturelle, & rempli de cire qui lui
donne de la folidité. . . .
Le premier travail des perles artificielles, confite
à préparer la matière avec laquelle on fe pro-
pofe de les former. r
r Cette matière eft un tube de verre très-fufible,
qu’on nomme girafol.
Il y en a de deux fortes , l’une tranfparente &
criftaliine, l’autre femi-opaque & de la couleur à
peu près de la pierre précieufe, dont le girafol
paroît avoir tiré fon nom. On en fait dans prefque ;
toutes les verreries.
Cependant les tubes ordinaires de girafol étant
d’un diamètre trop grand, il faut les diminuer au
feu de la lampe , de la manière rapportée ci-deffus.
Du foujflage des Perles du commun.
On peut, avec le même tube de verre, foufHer
à volonté des perles rondes de deux qualités fort
différentes, du commun & du grand beau.
Si c’eft en commun que l’ouvrier veut travailler,
il prend un tube réduit , dont le calibre foit en
raifon du diamètre des perles qu’il fe propofe de
fouffler ; il le préfente par le bout à la flamme de
fa lampe , il l’y meut, le promène, & le roule
entre fes doigts , fans permettre néanmoins que
l’extrémité qu’il fait chauffer abandonne le feu : fur-
tout il a grand foin d’empêcher que la matière en
fondant ne vienne à boucher tout-à-fait l’orifice de
cette extrémité.
Dès que la fufion a rendu la partie chauffée fuf-
ceptible du développement néceffaire, l’ouvrier
retire promptement le tube, le porte à la bouche
& fouffie avec force à plufieurs reprifes précipitées
, jufqu’à ce que la petite boule qui en réfulte
ait acquis le diamètre demandé. Il fépare enfuite
du tube, par deux ou trois petits coups de lime,
la perle qu’il vient de former , & qui tombe percée
à fes deux pôles dans un récipient auquel l’on donne
le nom de carton.
Pour que la perle foit en état d’être livrée au
metteur en oeuvre, il ne s’agit plus que de border,
c eft-à-dire, d’adoucir lès angles ou arêtes coupantes
de celui des trous qui n’a pas été dire&ement
expofé à la flamme. On ne pane à cette opération
que lorfqu’on a un certain nombre de perles prêtes
à border. Elle confifte à préfenter à la flamme d’une
lampe d’émailleur le trou ou oeil de la perle,. duquel
le pourtour eft tranchant, & à l’y foutenir
un inftant par le moyen d’un crochet de verre dur,
dont on a fiché la pointe dans le trou oppofé.
Un ouvrier peut fouffler par jour jufqu’à fix mille
perles communes dans les groffeurs moyennes,
tandis qu’il ne feroit pas plus de douze à quinze
cents perles dans le grand beau, car celles-ci exigent
une manipulation beaucoup plus compliquée.
Mais fuivons les différens mouvemens de i’émail-
leur.
L’ouvrier, après s’être rmini de tubes proportionnes
au genre de travail qu’il veut faire, prend un
de ces tubes, & le place dans le centre de fon fetr.
Il l’y tient jufqu’à ce que la matière en fe rapprochant
par l’effet de la fufion, & d’une efpèce de
mouvement de rotation qu’on lui imprime par l’action
des doigts, ait formé à l’extrémité du tuyau
une maffe ronde & fans vide intérieur.
Lorfqu’elle eft jugée fuffifante pour produire une
perle par fon développement, l’ouvrier fouffle avec
modération dans le tube, & forme un globule creux
à fon extrémité. Mais ce globule n’eft point encore
percé : pour y parvenir, le fouffleur prend avec
la main gauche le tube qu’il tenoit auparavant de
la droite, & de celle-ci faififfant un tuyau fem-
blable au premier, il le chauffe , & le pofe enfuite
fur la perle où il s’attache ; puis un inftant après ,
donnant un petit coup fec du troifiéme & du quatrième
doigts de la main droite contre le tube que
foutiennent le pouce & l’index de la même main ,
il arrache, par ce moyen , une pièce de la perle ;
car étant plus mince que le tube, elle n’a pu ré-
fifter au choc qu’on vient de lui faire éprouver.
Sans perdre de temps, l’ouvrier approche cette
ouverture de la pointe de la flamme afin de l’y
border, tandis que l’autre main, armée du tube qui
a fervi comme d’emporte-pièce , le préfente au
centre du feu, & procède comme ci-deffus à l’effet
de fouffler une fécondé perle ; mais cette fois l’ar-
tifte, après l’avoir foufflée , abandonne le tube entre
fés lèvres; & pendant que la main droite fe
trouve libre, il s’en fert pour empoigner la lime
d’émailleur & féparer la première perle d’avec le
tube auquel elle étoit encore adhérente : puis ayant
pofé l’inftrument, la même main s’empare du tube -
qui vient d’être privé de fa perle, & fa gauche ayant
repris celui que le fouffleur avoit laifle à fâ bouche ,
la fécondé perle fe trouve précifément dans la
même pofition où étoit la première lorfqu’on Ta
bordée.
Les perles qui réfultent de cette mécanique ainfi
répétée , fortent unies, liffes & affez rondes de
la main de l’ouvrier ; mais la nature ne s’aflervit
pas toujours à tant de régularité ;- le plus fouvent
elle produit des perles dont la figure, pour ainfi
dire indéterminée, n’offre qu’une luperficie inégale
& raboteufe. Ces fortes de produirions marines
portent le nom de perles baroques ; & c’èft auffi le
nom que l’on donne aux perles faéfices, dont la
forme & la rondeur font altérées par des inégalités.
Il y a deux moyens pour imiter ces prétendus,
défauts de la nature.
Le premier confifte à prefler, en diflerens endroits
, la perle encore chaude & flexible, contre fe-
bout d’un tube de verre dur & froid, ou contre la
pointe d’une brujfelle ; ce qui interrompt la rondeur
du globule-, & produit des finuofités à. fa furface*
Soufflage de la. perle dite de grand- beau*.
Le fécond moyen un peu plus recherché que Te
précédent, a lieu pour la perle dite de grand beau T
ou pour celle imitant le fin x laquelle eft foufflée. avec