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onces de fon poids ; ainfi, il relie encore une livre '
de cuivre purifié. On fera fondre cette livre de cuivre
au fourneau à vent, ou à l’aide des foufflets.
Auffitôt qu’il elî entré parfaitement en fufion, on
lui joindra treize onces de zinc; on ajoutera en
môme temps une demi-once de poix réfine ou de
Juif, afin d’empêcher que le zinc ne fe confume
avant d’avoir eu le temps de fe combiner avec le
cuivre ; après quoi on remue tout le mélangé avec
une baguette de fer.
Comme ces matières ne tardent point à fe confu-
mer, & comme Cependant il eft important que le
zinc ait le temps de s’incorporer avec le cuivre, on
tiendra prêt le mélange fuivant, compofé de trois
onces de flux noir bien fec , fait avec trois parties
de tartre crud, & une partie de nitre ; on mêle ces
deux fubftances, & on les fait détonner en y jettant
du charbon allumé. A trois onces de ce flux noir,
on joindra une once de fel ammoniac, une once
de potaffe, une once de fiel de v erre, une demi-
once de vitriol verd, deux onces de verre blanc
pulvérifé, & une once de limaille de fer qui ait
été lavée, & enfuite parfaitement féchée : chacune
de ces fubftances doit être réduite en une poudre
très-fine, après quoi on les mêle foigneufement.
Quand ce mélange a été ainfi préparé, on le
chauffe de peur qu’il n’attire l’humidité de l’air,
& on en met une cuillerée à la fois dans le creufet ;
on le recouvre de fon couvercle, & l’on donne
le feu le pliis violent, afin que le tout fonde pendant
cinq ou fix minutes ; alors on retire le creufet
du feu, on le laiffe refroidir, & en le caffant on
obtient du tombac.
M. de Jufli allure que la limaille de fer contribue
beaucoup àia bonté de cet alliage ; félon lui, elle le
rend plus compaéle, d’un grain plus fin & plus
aifé à travailler. Lorfqu’on veut en faire des ouvrages
, on eft obligé de faire fondre le tombac de
nouveau; mais auffitôt que cet alliage fe fond, il
faut y joindre de là poix ou du fuif pour empêcher
le zinc de fe difliper; on donnera alors un feu violent
, & l’on vuidera promptement le creufet dâf&
des moules que l’on tiendera tout prêts pour lui
donner la forme qu’on defire.
Cet alliage fera d’une couleur qui approchera
beaucoup de celle de l’or ; il aura toutes les qualités
que l’on a décrites ci-deflus, & aura un certain
degré de duétilité, c’eft-à-dire, qu’il ne fera point
fujet à fe caffer.
On peut faire différentes efpèces de tombac, fuivant
les différentes proportions dans lefquelles
on joindra du zinc avec le cuivre. En mettant partiel
égales de zinc & de Cuivre ., l’alliage aura une
véritable couleur d’o r , mais il fera très-caffant. Si
l’on y met moins de treize onces de zinc fur une
livre de cuivre, ce qui eft la dofe prefcrite dans
l’opération qui a été décrite, la couleur du tombac
ne fera point fi belle, à proportion que l’on aura
diminué la quantité du zinc. Mais comme bien
des. ouvriers , pour faire diiférens ouvrages en
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tombac, ont befoin qu’il foit du&ile & doux plutôt
que d’une belle couleur, voici la compofition que
M. Jufti leur propofe en ce cas.
On prendra dix onces de cuivre bien pur, &
fix onces de laiton ou de cuivre jauni par la calamine
; on les fera fondre enfemble. Auffitôt qu’ils
feront entrés en fufion , ©n leur joindra cinq onces
de zinc. On continuera le refte du procédé de la
manière qui a été indiquée pour la première opération
, c’eft-à-dire, qu’on y joindra des fels, du
verre pulvérifé, &c. avec la feule différence, qu’au
lieu d’une once de limaille de fer, on n’en mettra
qu’une demi-once. On aura de cette façon un tombac
d’une couleur plus pâle que le précédent, mais
il aura l’avantage de pouvoir s’étendre fous le
marteau.
A chaque fois que l’on fait fondre le tombac, il
perd quelque chofe de fon éclat & de fa qualité;
cela vient de ce que le feu diflipe une portion du
zinc qui entre dans fa compofition. Ceft-là ce qui
caufe la diminution que cet alliage fouffre dans ion
poids, qui eft à chaque fois d’une ou deux onces
par livre de tombac ; ainfi il eft à propos de rajouter
à chaque livre de cet alliage , deux onces de zinc &
un gros de limaille de fer chaque fois qu’on fait
fondre ; il fera auffi très-bon d’y joindre en même
temps de la poix ou du fuif.
Métal du Princi Robert,
Deux parties de cuivre fur une de zinc, qu’on
fait fondre comme on vient de le dire, donnent
ce qu’on appelle le tombac du Prince Robert. Il a une
très-belle couleur, mais il fouffre le .marteau beaucoup
moins que le précédent.
Tombât façon de Laiton.
On aura du tombac au lieu de laiton , ou, pour
mieux dire, façon de laiton, fi l’on diminue la dofe
de la calamine ; en fuivant d’ailleurs tous les procédés
pour faire le laiton. Cette forte de tombac efl
beaucoup plus malléable que celui qui fe fait par la
fimple fufion, quoiqu’il renferme une plus grande
quantité de zinc ; il eft même plus malléable que
le laiton, parce qu’il approche davantage du cuivre.
Si le cuivre eft pur , on obtient un tombac fin &
malléable, dont la couleur fera plus rouge ou plus
jaune, félon qu’il y fera entré plps ou moins de
zinc.
En faifant fondre une partie de cuivre pur, avec
deux parties de laiton fin, ou les deux ingrédiens
en quantité égale, on aura du tombac de bonne
qualité.
- Tombac blanc.
Ce qu’on nomme tombac blanc, eft une compofition
métallique blanche qui, par fa couleur, a quelque
reffemblance avec l’argent ; c’eft du cuivre blanchi
par l’arfenic.
On trouve plufieurs manières de faire cette corn?:
pofition*
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Vote! celle que donne Stahl dans fon Introduction
i U Chimie. Faites fondre quatre onces de cuivre,
auquel vous joindrez enfuite une demi-once d ar-
fenic fixé par le nitre, & qui fera empâté dans de
la terre graffe humeélée par de 1 eau de chaux, dont
on aura formé une ou deux boules. LaifTez le tout
en fufion environ pendant un quart-d’heure. Prenez
bien garde qu’il ne tombe point de charbon dans le
creufet au bout de ce temps ; vuidez le creufet &
examinez la couleur que cette compofition tracera
fur une pierre de touche, & voyez fi elle fouffre le
marteau : fi elle n’avoit point la duélilité convenable,
il faudroit la remettre en fufion pendant
quelque temps avec du verre pilé ou avec un peu
de nitre. Si on joint à cette compofition la moitié ou
le tiers d’argent, fa couleur blanche ne s’altérera
; point.
Autre procédé,. Prenez une demi-livre de lames
de cuivre. Plus, prenez de fel ammoniac, de nitre
: & de tartre, de chacun une demi-once; de mer-
’ cure fublimé., deux gros. Stratifiez çes fubftances
dans un creufet, & faites fondre lé mélange à un
- feu très-fort. Réitérez la même opération à plu-
I fleurs reprifes; à la fin le cuivre deviendra blanc
l comme -de l’argent.
Autre. Prenez d’arfenic blanc, une demi-livre ;
de nitre & de fel ammoniac, de chacun quatre
onces ; de borax & de fiel de verre, de chacun deux
onces. Réduifez.le tout en poudre. On prendra une
once de ce mélange que l’on joindra avec quatre
onces de cuivre, avec lequel on le feraiondre, ce
qui Je rendra blanc.
Autre. Prenez d’arfenic blanc, de mercure fublimé
& d’argenj, de chacun une once. On fera
diffoudre chacune de ces fubftances féparément,
dans de l’eau forte ; après quoi on mêlera enfemble
toutes ces diffolutions; on enlèvera par la dif-
tillation le fuperflu de la diflolution jufqu’à ce que le
refte devienne trouble ; alors on y mettra de l’huile
de tartre par défaillance jufqu’à faturatiOn : il fe fera
un précipité que l’on féchera. On prendra une once
de ce précipité, que l’on fera fondre avec une livre
de cuivre qui en deviendra d’un très-beau blanc.
Autre. Mettez dans un creufet une once d’arfenic
blanc, deux onces de fel marin, deux onces
de nitre ^ une once de potaffe ; on mêlera bien
toutes ces fubftances ; après quoi on mettra le creufet
dans le feu, fous une cheminée qui attire bien ;
on l’y laiffTera jüfqu’à ce qu’il n’en parte plus de
vapeurs , qui font très-dangereufes. On prendra
une once de cette matière qui fera reftée dans le
creufet, que l’on joindra avec quatre onces de •
lames de cuivre coupées par petits morceaux, &
que l’on aura fait fondre dans un autre creufet ;
on remuera bien le tout, & l’on y ajoutera deux
onces de cuivre jaune, réduit en lames très-minces ;
on remuera de nouveau, &lorfque le tout fera parfaitement
en fufion, on mettra dans le creufet deux
onces d’argent fin. Quand tout fera fondu, on remuera
encore avec une verge de fer bien échauffée,
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& Fon vuidera le creufet dans une lingotière. L’on
aura par ce moyen une compofition métallique tres-
m.allèable, &qui reffemblera beaucoup à de l’argent.
Autre. Faites fondre dans un creufet deux once»
d’argent ; lorfqu’il fera parfaitement fondu, joignez-
y quatre onces de cuivre jaune qui a été rougi
& éteint deux ou trois fois dans de fort vinaigre.
Faites fondre le tout de nouveau ; alors joignez-y
de fel marin décrépité, de borax, de nitre & d’arfenic
blanc, de chacun une demi - once.’ Faites
fondre encore le tout pendant une heure , &
. alors vous vuiderez votre creufet.
Galons faux.
On fabrique une forte de galons faux de la manière
fuivante. Ils font tels qu’on les croiroit fur-
dorés , non-feulement quand ils font neufs, mais
même après avoir été long-temps portés.
Tout l’art de faire les galons faux , confifle à
changer en tombac la furface du cuivre.
On.fond le cuivre en lingots, on le forge, on le.
lime , & en le faifant palier dans les plus grands
trous de la filière,. on en tire une barre d’environ
deux pieds de’ France, épaiffe d’un bon pouce, &
d’une force égale d’un bout à l’autre. U ne des extrémités
efl en pointe ; l’autre qui a paffe la première a
la filière efl plus longue & carrée. On a une caille
de fer percée d’un trou par fes deux bouts, dont
la longueur efl telle que la barre étant placée dedans,
fes deux extrémités fortent par les trous. Cette
caille efl placée dans uti fourneau , de maniéré
qu’elle foit enveloppée de .toutes parts par le feu.
Le fond de la caille efl couvert d’une quantité
fuffifante de zinc à quelques pouces de diflance de
I la barre : toute la caiffe efl exaftement fermée. O a
a foin de limer très-proprement la barre dans toute
fa longueur. Si l’on a été obligé de la faire paffer
au feu pour la tirer à.lafilière, on lui donne une
leffive,’ -
Après tous ces préparatifs on pouffe le feu dans
le fourneau, jufqu’à ce que tout foit rougi. Le
zinc s’élève infenfiblement comme une vapeur, &
rencontrant la furface de la barre de cuivre qui a
été amollie & préparée par le feu, il la pénètre.
Pour que la vapeur s’infmue également par-tout,
on a adapté une manivelle au bout de la barre,
par le moyen de laquelle on la fait tourner d’un
mouvement égal. L’opérationréuffit encore mieux,
quand la furface du zinc efl recouverte avec de là:
poufftère de charbon. Ce procédé change la furface
de la barre de cuivre en un tres-beau tombac.
Pinsbeck.
Le pinsbeck n’efl autre chofe qu’un tombac très-
fin , compofé de beau cuivre bien pur, & de zinc
bien épuré. Ce métal-efl très-malléable & d’une
fi belle couleur, qu’on a de la peine de le diflin-
guer, à l’oeil, du cuivre allié avec l’or.
Pour faire le pinsbeck il faut fe procurer de la tutie.
bien pure, du verd-de-gris & de la eraiffe. Prenez
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