
corderie, les bitords font ourdis. Le crochet du plomb
pendu au pli d’en bas de chaque fil, va fervir d’éme-
rillon ; & le poids en s’élevant de terre à mefure que
le fil fe raccourcira, fervira de ce qu’on appelle le
carré dans les corderies. Mais afin que les deux
parties de ce même fil qui doivent former chaque
brin du bitord, ne' fe réunifient pas trop tôt, il faut
mettre un toupin entre deux : c’efi à quoi fervira la
folette.
L’ouvrière la prend par une de fes oreilles, la
préfente auprès des crochets des toulettes, pour
faire entrer aifément chaque appendice dans l’un
des intervalles entre les deux parties de chaque
brin; puis abaiffe en même temps la folette jufqu’à
quelques pouces des crochets des plombs.
Tout étant ainfi difpofé, elle tire le fil fans fin en
bas, pour faire tourner les toulettes. Alors les deux
portions de chaque brin de fil, fe retordant fortement
, & fe raccourcifiant à proportion , commencent
à fe doubler au deffous de la folette,’ en fai-
fant tourner le plomb dès qu’il perd terre. Il arrive
en même temps que chaque appendice de la folette ,
fe trouve, par la duplicature du fil, plus comprimée
dans le bas de fa rainure que dans le haut : ce qui
fait gliffer la folette, & la repouffe vers les toulettes
fans que l’on y touche. Quand la folette parvient
en remontant à quelques pouces des toulettes, l’ouvrière
l’enlève d’entre les fils, cefl’e de tirer le fil,
décroche les plombs, & les peilles font faites. Elles
les décroche des toulettes, & recharge fon carré de
nouveau fil pour en faire d’autres*
Des différentes maniérés d'empiler tes hains.
On attache de différentes façons les hains aux
lignes ou aux piles , fuivânt la différente groffeur
de ces lignes ou piles.
En général , fi la ligne eft fine & que l’hain foit
terminé par un anneau, on paffe deux fois dans cet
anneau l’extrémité de la ligne , & on l’arrête par un
noeud : ou bien % fans faire ce noeud, on approche
l ’un de l'autre les deux bouts de la ligne, & on les
joint enfemble parplufieurs révolutions d’un fil retors
, dont la groffeur eft proportionnée à celle de la
ligne & de l’hain.
Quand l’hain eft terminé par un applatiffèment,
on tourne autour de l’hain l’extrémité de la ligne
pliée en deux, &.on paffe les deux bouts dans la
boucle que forme la duplicature. Plus on tire la
ligne, plus lé noeud fe ferre. Ce noeud fuffit pour
affujettir les petits hains à des lignes fines. Mais
quand les lignes font plus groffes & les hains plus
forts, on aflujettit encore le noeud par des révolutions
d’un fil retors.
Quelquefois, pour la pêche de la morue, une
ligne affez groffe eft fuffifamment arrêtée par un
fimple noeud.
On a coutume d’attacher les hains un peu gros
à des piles doubles, qu’on nomme aufli empilage
ovale«
Pour cela* on plie en deux la corde qui doit former
la pile ; on en détord les deux bouts, on les
éfiloche pour qu’ils s’appliquent plus exaâement
fur le corps de f hain, au deffous de l’évafement
qui le termine, & on affujerit ces deux bouts fur
le corps de l’hain par des révolutions d’un fil retors,
ciré ou poiffé, qui doivent s’étendre non-feulement
fur le corps de l’hain , mais encore fur les branches
de l’empile.
Les Anglois font leurs empiles en forme de cade-
nette : elles en font plus fouples, ce qui eft avantageux.
Comme la partie applatie de l’hain eft fôuvent un
peu tranchante, elle pourrait bleffer les pêcheurs
lorfqu’ils fourrent leur main dans le gofier de certains
gros poiffons pour en retirer l’hain ; fur-tout
quand on fait la pêche de la morrue, où il faut opérer
fort vite : on prévient cet accident en couvrant
la partie tranchante avec une bande de cuir ou d’étoffe,
qu’on retient par les mêmes révolutions de
fil qui arrêtent l’empilage. Cette petite bandelette
fe nomme atiche.
On fait aufli un empilage avec une efpèce d’écheveau
de fil, qui eft lié de diftance en diftance par
des fils de travers, comme un bout de tabac : le
mérite de cet empilage eft d’êtrè. fort fou pie.
Quand on pêche des poiffons qui ont de fortes
dents, on fait les empilages en crin. Quelquefois à
l’extrémité de l’empilage du crin* il y a un petit
bout de fil de laiton , qui réfiftent mieux que le
crin aux dents des poiffons : cependant il vaut mieux
faire tout l’empilage avec un fèul fil de laiton , ou
faire avec lesmême fil un empilage double. Dans
l’un & l’autre cas , on attache le bout de l’empilage
à l’hain avec des révolutions du fil de laiton fin 6c
recuit.
Pour les poiffons moins gros, comme font les
brochets, on roule l’un fur l ’autre deux fils de laiton
d’un pied de longueur, plus ou moins ; ou bien en
joignant les uns aux autres plufieurs pareils cordonnets,
on en forme une chaîne qui a l’avantage
d’être plus fouple que l’empilage qui eft d’un, feul
morceau. ■
Les empiles de corde ou de métal, font attachés
aux lannes par un noeud qui forme une demi-clef :
fouvent l’empilage eft fimple ; ce n’eft qu’une lanne
attachée à la maîtreffe corde. -
Comment on garnit de le fl & de flottes les bords des
filets.
On a dit comment on borde & on enlarme les
'filets ;, mais dans quantité d’occafions , il faut faire
enforte que les filets fe tiennent verticalement dans
l’eau. On produit cet effet en attachant des corps
légers au bord du filet qu’on veut fixer en haut, &
des corps pefans au bord qui doit être en bas. Les
corps plus légers que le volume d’eau qu’ils déplacent
, tirant le filet vers la furface de l’eau , tandis
que les corps pefàns ou le left le tirent vers le fond
on fe procure deux forces contraires qui agiffenî
pour maintenir le plan du filet dans une pofition \
verticale.
Comment on garnit de corps légers ou de flottes le bord
du filet qui doit tendre vers la furfacè de l eau.
Lorfque les filets font imbibés d’eau, ils tombent
en paquet au fond. Pour qu’ilsfe tiennent dans 1 eau
verticalement, il faut garnir le bord qui doit tendre
vers la furface de l’eau, avec des corps {pacifiquement
plus légers que ce fluide : c’eft ce qu’on appelle
des flottes. " - x
. Quand il s’agit de foutenir des filets très*-pefans ,
on fe fert de barrils exaélement fermés pour que
l’eau n’y puiffe entrer. Quelquefois des raifons
d’économie engagent les pêcheurs à former leurs
flottes avec de petits faifceaux de rofeaux bien fecs ;
mais communément on les emploie pour former des
bouées ou des fignaux.
Affez fouvent les.pêcheurs forment leurs flottes
avec de petites planches de bois fort légers & trés-
fecs, dufapin, du tremblé, du tilleul, &c.
Le mieux eft de former les flottes avec du liege.
Cette fubftance a l’avantage d’être beaucoup plus
légère que le volume d’eau qu’elle déplace ; fur-
tout quand le liège eft de bonne qualité, fouple fous
les doigts, & qu’il n’a point de grands pores, comme
font lès mauvais lièges dufs & ligneux. ^ ■>
ques corps pefans le' bas d’un filet dont le haut ferait
garni de flottes, les flottes entraîneroient tout le
filet vers la furface de l’eau, & la moindre agitation
du fluide empêcherait que le filet ne fe tint dans
une pofition verticale. 11 faut donc, pour que le
filet foit bien tendu , enlèfter le bas.; ou le charger
de quelques poids qui tendent à l’entraîner vers le
fond de l’eau. On forme quelquefois ce left avec des
cailloux. Mais communément le left qu on met au
bas des filets fe fait avec, du plomb : c eft ce qu on
appelle la plombée. Les pêcheurs fmvent différentes
méthodes pour former cette plombée.
'Pour de petits filets légers, des balles de plomb
percées comme des grains de chapelet font u
fantes. Mais pour de grands filets , qu il faut beaucoup
Un autre avantage du liège eft de fe pénétrer bien 1
plus difficilement d’eau que toutes fortes d efpèces
de bois ; ce qui fait qu’il conferve tres-long-temps
fa légèreté étant fubmergé. Ces propriétés font qu’on
l’emploie préférablement à toute autre matière, pour
former ce qu’on nomme les flottes.
En Allemagne on a trouvé que l’écorce des vieux
peupliers fait précifément le même effet, 6c elle ne
coûte rien. ' -
On fuit différentes méthodes pour attacher les
corps légers à la corde qui borde le haut du filet.
Quelquefois on perce les petites planches ou les tables
de liège ; & réunifiant les deux bouts d,e la
petite co.rde qui traverfe le liège, on la lie à la
corde du filet ; ou bien, ayant taillé les lièges en
rond ou en carré, on les perce d’un trou dans lequel
l’on fait paffer la corde ; & on affujettit ces flottes
entre deux noeuds.
Mais le mieux eft d’embraffer la corde par deux
morceaux de liège qui, étant reunis par un enlacement
dé bitord, forment comme des boutons en
olive.
De quelque façon qu’on attache les flottes a la
corde qui borde le haut du filet, il convient de proportionner
le volume & le nombre des flottes à
l’étendue & à la pefanteur du filet-; car il faut beaucoup
plus de flottes pour foutenir un grand filet à
mailles ferrées & fait de ficelle, que celui qui ferait
fait d’un fil fort délié, dont les mailles feraient grandes
, & qui aurait peu de chute.
Comment on garnit de le fl le bord inferieur d.'1 un filet.
U eft évident que fi l’on ne chargeoit pas de quel- I
charger de le ft, on a un moule formé de deux
pierres qui s’ajiiftent exaéfement l’une fur 1 autre.
Chacune de ces pierres eft creufée d’une gouttière
; & étant jointes l’une à l’autre, elles forment
un cylindre, dans l’axe, duquel on place une broche
de fer qui eft un peu plus groffe d’un bout que
de l’autre, pour qù’on puiffe la retirer plus alternent
du cylindre de plonib qu’on aura fondu. Un
coule du plomb fondu dans ce moule ainfi ajufté ;
& quand on a retiré la broche de plomb, on au n
petit tuyau dans lequel enfilant une corde, ontorme
la plombée. .. . ,
Plus communément on a de petites plaques üs
plomb qu’on creufe en gouttière dans le nu îe u ,
pour y loger la corde for laquelle on roule le plomb
à petits coups de marteau ; & pour affujettir encore
mieux les plaques de plomb, on rabat fur la corde
des languettes. Enfin,-on peut fe contenter d envelopper
la corde avec une bande de plomb , ot 1 atiu-
jettir à petits coups de marteau, comme on fait un
ferrct au bout d'un lacet. __ .
Quelque méthode qu’on fuive pour attacher le
plomb à la corde, il faut proportionner le poids du
left à la grandeur du filet & à l’ufage qu on en veut
faire. Quelquefois , par exemple, il convient que
le filet fe tienne entre deux eaux ; alors il ne faut
que peu de left , & feuletngnt ce qui convient pour
tenir le filet tendu. Si l’on mettoit trop de le ft, il
entraînerait le filet au fond de 1 eau, oii bien u faudrait
augmenter beaucoup la flottée. Au contraire ,
fi l’on veut que. le filet fe porte au fond de 1 eau, il
faut fortifier la plombée, & ne mettre de flottes que
ce qu’il.en faut pour foutenir verticalement le filet,
Du tannage & de la confervation des filets.
Il eft probable que le tan n’agitpas fur les filamens
des végétaux, comme fur les fibres de toutes efpe-
ces qui compofent la peau des animaux. Cependant
c’eft une chofereconnue, que les Cordes, les filets
& les toiles , qui font expofès à l’eau, durent plus
long-temps quand ils ont été tannés , que ceux qu»
n’ont pas reçu cette préparation. St l’experience
journalière des pêcheurs ne les en avoit pas perlua-
dés, ils s’èpargneroient une opération qui eftpentble
& qui leur occafionne une dèpenfe confidérable,
Hh h h h ij