Les Allemands font encore aujourd’hui de très-
belles pièces d’écritures en lettres d’o r , fur des
fonds d’azur ou noir, ce qui produit un bel effet.
Ecriture fur verre.
Faites enduire un verre avec des couleurs fondantes
par un peintre fur verre. Quand il aura été
ainfi préparé, vous pourrez écrire ieiluf avec une
plume fine , comme vous feriez fur du parchemin ;
mettez enfuite votre verre au feu , l’écriture y réitéra
pour toujours, fans que l’eau ni le feu puiffent
y faire la moindre altération.
Ecriture blanche ou de couleur , & durable fur du
verre.
Prenez une dragme de blanc de cérufe que vous
délayerez dans de l’eau claire ; formez avec cette
pâte de petites tablettes que vous ferez fécher au
foleil ; mettez-les enfuite fur une pierre ; ajoutez
de bonne huile de lin , & trois gouttes de vernis ;
broyez le tout de manière que l’on puiflé s’en fervir
pour écrire ; formez des caractères autour d’un
verre ou d’un autre vaiffeau, rouges, bleus , ou de
toute autre couleur. Cette écriture durcira avec le
temps, au point que l’eau ne pourra pas l’effacer.
fdoyen de vivifier VEcriture effacée , lorfque cela efl
encore pojjible.
Prenez un demi-poiffon d’efprit-de-vin , cinq
petites noix de galle ; concaffez-les ; réduifez-les
enfuite en poudre menue ; mettez cette poudre
dans l’efprit-de-vin. Prenez votre parchemin ou papier
; expofez-le deux minutes à la vapeur de l’ef-
prit-üe-vin échauffé. Ayez un petit pinceau ou du
coton ; trempez-le dans le mélange de noix de
galle & d’efprit-de-vin, & paffez-le fur fécriture.
L’écriture effacée reparoîtra, s’il eft pofîible qu’elle
reparoiffe.
On peut encore, fi l’on a de vieux papiers ou
parchemins dont on ne puiffe pas lire l’écriture du
tout ou fans beaucoup de peine, les tremper totalement
dans l’eau où l’on aura fait diffoudre de la
couperofe, & on les biffera fécher ; la couperofe
en fera reparoître l’écriture comme fi elle étoit
nouvelle.
Il arriveroit la même chofe fi on les trempoit
dans de l’eau où Ton auroit fait infufer de la noix
de galle. L’une & l’autre de ces drogues ont le
même effet pour faire reffortir l’écriture ; mais il
faut bien fe donner de garde de tremper le papier
ou le parchemin dans l’une & l’autre enfemble ;
car alors il deviendroit tout noir , & il feroit abfo-
lument perdu, parce que c’eft le mélange des efprits
de ces deux matières qui fait la bafe de l’encre à
écrire, & qui en forme la couleur.
L ’eau fimple fait quelquefois paroître l’écriture
affez pour la pouvoir lire. Mettez le parchemin ,
effacé par le temps, dans un feau d’eau de puits
fraîchement tirée ; au bout d’un inftant, refirez-le ;
mettez-le fous preffe entre deux papiers pour l’empêcher
de fe raccourcir en féchant ; lorfque le pat>;
chemin fera bien fée, s’il n’eft pas encore bien
lifible , recommencez l’opération jufqu’a trois fois •
l’encre revient dans fon premier état, le parchemin
ne change point de couleur, & en acquiert
une uniforme.
On dit encore s’être fervi avec fuccès, pour le
même ufagé, d’un oignon coupé par le milieu &
trempé dans le vinaigre ; on ne fait qu’en imbibe?
légèrement ce que l’on veut lire.
Autre moyen de faire revivre l’Ecriture,
Un bénédiâin a imaginé une liqueur qui fait
revivre les anciens manuferits , qui redonne aux
caraâères prefqu’entiérement effacés leur forme &
les fait reparoître fous leur première fraîcheur.
Cette liqueur eft des plus faciles à faire & à appli^
quer fur l’écriture.
On choifit un pot qui puiffe tenir trois chopb
nés d’eau ; on prend des oignons blancs, dont on
enlève l’enveloppe la* plus épaiffe ; on les coupe
en morceaux minces ; on en remplit environ les
trois quarts du p o t , que' l’on achève de remplir
avec de l’eau ; on y met trois noix de galle con-
caffées ; on fait bouillir le tout pendant une heure
& demie, & on y ajoute environ gros comme
une noifette d’alun de glace ; enfuite on paffe le
tout dans un linge, en exprimant fortement tout
le fuc des oignons , & on réferve cette liqueur
q u i, lorfqu’elle eft froide, a le coup d’oeil de
l’orgeat.
Lorfqu’on veut en faire ufage, on la fait chauffer,
& ellé devient claire. On y trempe un lingfe
ou un papier que l’on applique fur la feuille dont
on veut faire revivre l’écriture ; on approche en-
fuite l’écriture du feu , pour que la liqueur pénètre
mieux la première empreinte, & l’on a le plaifir
de voir revivre les caractères avec tout leur éclat.
Si on a quelques mots d’effacés, on fait chauffer
un peu de liqueur dans une cuiller d’argent , &
on l’appliqüe de la manière qu’on vient d’expliquer.
Manière de faire difparoître îEcriture fur le papier
<5* le parchemin.
Il faut prendre, dit-on, deux dragmes de chair
de lièvre brûlée & pulvérifée, avec quatre dragmes
de chaux vive auflî pulvérifée ; mêler le tout enfemble
, le mettre fur le papier ou parchemin, &
l’y laiffer pendant un jour & une nuit ; toutes les
lettres fe trouveront effacées.
Il y a lieu de croire que la chaux vive toute
feule , ©u peut-être mêlée avec une cendre animale
quelconque , ou des os calcinés réduits en
poudre,’ produiroit le même effet.
On fait auiîi que les acides légèrement affoiblis
diffolvant les particules métalliques du fer qui
donne la couleur noire à l’encre, ont la propriété
de faire difparoître l’écriture.
Il faut prendre , dit Kunckel , une demi-once
d’ambre jaune ou gris, la broyer dans une once
ffhuile de vitriol ou d’eau forte ; paffer enfuite, avec
un pinceau, de ce mélange fur chaque lettre qui
fera auffitôt emportée ; mais il faut enfuite y mettre
un peu d’eau , fans quoi le papier devient
jaune.
Écriture cachée ou Encre fympathique.
Faites infufer des noix de galle dans de l’eau
pure, ou bien prenez une groffe noix de galle,
creufez-la à l’endroit où il y a un petit trou en
forme d’un petit encrier, & mettez-y de 1 eau.
Après l’y avoir laiffé fèjourner quelque temps ,
écrivez avec cette eau fur du papier ; quand votre
écriture fera fèche , il n’en paroîttja point le moindre
veftige. Enfuite, lorfque vous voudrez qu’on
voie ce que vous avez écrit, vous ferez diffoudre
du vitriol commuii dans de l’eau, & vous y tremperez
une éponge dont vous mouillerez un peu
votre écriture, qui par-là deviendra noire comme
fi elle eût été faite avec de l’encre ordinaire.
Jufques-là il n’y a rien de bien fingulier, c’eft
un petit fecret que beaucoup de gens connoiffent.
Mais fi l’on veut éviter tout foupçon & bien, cacher
l’artifice, on peut, avant de faire paroître
cette écriture cachée , mettre par deffus une écriture
bien noire, que l’on puiffe faire difparoître
quand on voudra lire la première. Pour cet effet,
prenez de la paille d’avoine, & brûlez-la de manière
qu’elle refte noire; broyez-la enfuite , &
mettez-la dans de l’eau. Vous aurez une encre que
vous enleverez très-facilement en y paffant 1 épongé
luimeâée de l’eau vitriolique dont il faut que vous
vous ferviez pour faire paroître 1 écriture cachee.
Ainfi vous ferez tout a la fois deux chofes j vous
effacerez la fécondé écriture qui ne fervoit qu a
écarter le foupçon qu’on auroit pu avoir de la première
, & , en même temps, vous ferez paroître la
vraie écriture dont vous avez voulu dérober la
connoiffance à toute autre perfonne qu à celle pour
qui elle a été écrite. Ce qui eft un procédé affez
curieux.
A u t r e s E n c r e s s y m p à t b î q u e s.
Éncre fympathique connue fous le nom d imprégnation
de Saturne.
Dans un matras capable de contenir une cho-
pine de liqueur, mefure de Paris , ou une livre
d’eau commune , mettez deux onces de chaux vive
concaffée, avec une once d’orpiment pulvérifé :
mettez au deffus autant d’eau qu’il en faut pour
furmonter ces matières d’environ trois doigts. Re-
■ muez d’abord ce mélange, & mettez-le en digef-
tion fur un bain de fable médiocrement chaud pendant
l’efpace de fept à huit heures : remuez-le deux
ou trois fois dans les premières heures, & laiffez-
le repofér pendant le refte du temps.
La chaux & l’orpiment produiront enfemble une
maffe tuméfiée & de couleur bleuâtre, d’où il s’exhalera
une odeur très-pénétrante d’oeuf corrompu,
comme en produifent toutes les combinaifons que
les chimiftes appellent foie de foufre. L’eau qui
furnagera fera très-claire ; vous la décanterez en
inclinant un peu le matras , & vous la conferverez
dans un flacon de verre bien bouché.
Si vous l’avez troublée en la tirant du matras,
vous la filtrerez par le papier gris avant de la mettre
en bouteille. Verfez enfuite deux onces de bon
vinaigre diftillé dans une petite cucurbite de verre ,
ou dans un matras ; mettez le vaiffeau fur un bain
de fable fort doux, & jettez dedans peu à peu de
la litharge en poudre, autant que le vinaigre en
pourra diffoudre ; après quoi vous laifferez refroidir
& repofer la liqueur jufqu’à ce qu’elle vous
paroiffe bien claire. Si vous la pouvez décanter
fans la troubler, -vous la verferez dans un flacon
de verre que vous boucherez bien , finon vous la
filtrerez auparavant.
Mais en préparant ces deux liqueurs , prenez
bien garde qu’elle n’aient aucune communication
entre elles, foit par les vaiffeaux & autres inftru-
mens, foit même par une trop grande proximité;
car, pour le peu que la première fe mêle avec la
fécondé, ne fût-ce que par fa vapeur , elle lui fera
perdre fa limpidité , & elle la mettra hors d’état
de former des caraâères invifibles.
Avec la première liqueur on écrit ou l’on dèf»
fine ce qu’on veut fur un morceau de papier blanc.
On met le papier, qui ne porte aucune marque
d’écriture quand il eft fe c , dans les premières feuilles
d’un livre qui a quatre à cinq cents pages ; on
étend enfuite , avec-une petite éponge fous la der*
nière feuille du livre , un peu de la deuxième
liqueur, & l’on tient le livre fermé pendant trois
ou quatre minutes. Quand on retire le papier qu’on
avoit mis dans le livre, on trouve coloré d’un brun
noir tout ce qu’on y avoit écrit ou deffiné, & l’on
ne rencontre rien de femblable dans tout le refte
du livre.
Cet effet eft produit par la vapeur de la liqueur l
qui n’étant que la liqueur même divifée en très-
petites parties, pénètre à travers les feuillets du
livre, vafe joindre à la première liqueur, & opère
par ce mélange la couleur ci-deffus.
Comme il entre dans la compofition de la première
liqueur de l’orpiment qui eft une matière
arfenicale , il ne faut pas la porter à la bouche,
ni la laiffer manier imprudemment par des enfans
ou autres perfonnes qui n’en connoitroient pas la
conféquence. Les drogues de cette efpèce doivent
être gardées dans un lieu fermé à clé.
Encre fympathique tirée de la mine de Cobalt.
Ce procédé eft de M. Hellot, & inféré dans
les mémoires de l’académie des fciences , pour l’année
1737.
Prenez une once de mine de cobalt : la plus belle
vient de Saxe ; elle eft rare : on la reconnoît, lorf*
I qu’en l’expofant au grand jour, on v o it , à la fur-
I face des morceaux, quelques efflorefcçnfes couleur