
vin; quand les matières feront bien diffoutes enfem-
b le , incorporez-y quatre onces de térébenthine de
Venife.
Ce vernis, fait pour être appliqué fur des fonds tendres
, doit être blanc & peu chargé de gomme.
Vernis pour les boifériés, bois de chêne, chaifes de canne,
fers i grilles , 6* rampes à V intérieur.
Jettez dans une pinte d’efprit-de-vin une demi-livre
de fandaraque , deux onces de gomme lacque-
plate , quatre onces d’arcançon ou colophane ; quand
les gommes font bien fondues, on incorpore fix onces
de térébenthine de Venife.
Si l’on veut vernir les meubles en rouge, on met
dans le mélange plus de gomme lacque , moins de
fandaraque y 8c on y ajoute du fang-dragon.
Ce vernis, deftiné à couvrir des fujets expofés au
frottement, doit être chargé de gommes ; l’arcançon
fuppléelci le maftic, il eft moins.coûteux, & donne
du brillant : la gomme lacque y ajoute de la dureté.
Ces'drogucs donnent un corps, & rendent Je vernis
épais ; deux couches de ce vernis tiennent lieu de
quatre à cinq d’un autre.
Vernis pour les violons , & autres înflrumens de mufique.
On met dans une pinte d’efprit-de-vin quatre otites
de fandaraque, deux onces de gommé lacque en
grains, deux onces de maftic en larmes, une once
de gomme élémi : on fait fondre ces gommes à petit
feu, 8c quand elles ont fubi quelques bouillons, on
y incorpore deux onces de térébenthine.
. Comme un inftrument eft fujet à être fouvent manié
, il faut que le vernis en foit dur. C’eft pourquoi
on preferit une légère dofe de gomme lacque en
grains , obfervant qu’une plus grande quantité ren-
droit le vernis farineux ; on emploie moins de térébenthine
, fujette à s’échauffer dans les mains, 8c Ton
y fupplée par la gomme élémi, qui la fait durcir.
Vernis pour employer le vermillon fur les trains
£ équipages.
Mettez, dans une pinte d’èfprit-de-vin, fix onces
de fandaraque , trois onces de gomme-lacque plate ,
quatre onces d’arcançon ou colophane ; quand les
gommes font fondues, incorporez-y fix onces de térébenthine
pife. Quand on veut s’en fetvir, 6n de-
irempe dedans, du vermillon , à fur 8c a mefure.
Comme le fandaraque blanchit à l’air , on y fupplée
par la gomme-lacque. La térébenthine pife eft
moins chère; 8c la gomme-lacque 8c l’arcançon donnent
du corps , 8c glacent bien.
Vernis à For. ' -
Pilez féparément quatre onces de gomme-lacque
én branches , autant de gomme-gutte , autant de
fang-dragon, autant de rocoü, 8c une once de fafran.
Mettez chacune de ces drogues féparément dans/une
pinte d’efprit-de'vin, que vous tiendrez dans un bocal
ou vaiffeau , expofé pendant quinze jours au fo-
leil, ou à la chaleur d’une étuve, en les remuant
fouvent pour exciter leur diffolution, Les teintures
feront plus bellés fi elles font faites fans feu : quand |
les matières font fondues, on lei> mêle toutes enfem-
ble. Plus ou moins de chacune de ces diffolutions
donnent les différens-tons de l’or , fuivant la com-
binaifon qu’on en fait. Si fort veut employer ce vernis
fur l ’argent, pour imiter l’o r , il faut qu’il foit
plus chargé de teinture.
Des vernis gras ou à F huile.
Le copal 8c le karabé ou l’ambre, font les principales
fubftances qu’On emploie dans les vernis gras.
Chacune de ces deux matières a ies propriétés elfen-
tielles au vernis , la folidité & la tranfparence.
On n’emploie point ces deux fubftances enfemble.'
Le copal étant plus blanc, eft réfervé pour vernir
les fonds clairs; le karabé étant plus dur, eft employé
pour les vernis gras, à l’o r , ou fur des couleurs
fombres.
On diffôut l’ambre 8c le copàl dans les huiles ,
ou encore mieux feuls , à fec , 8c à feu nu. Par ce
dernier procédé , ils font plus blancs , plus clairs, 8c
moins fujets à fe brûler.
L’huile qu’on emploie avec le copal & le karabé
doit être ficcative, & parfaitement dégraiffée.
On fait fondre ces fubftances féparément, dans
un pot verniffé. On reconnoît quelles font dans- un
état de fluidité capable de, recevoir l’huile , lorfqu’el-
les n’offrent point de réfiftance j à là fpatule de fer ,
& qu’elles en découlent goutte à goutte.
On ne doit verfer 1 huile préparée, que lorfque les
matières font en pleine fluidité. Il faut verfer peu-à-
peu, en remuant toujours avec la fpatule ; on laiffe
enfuite ce mélange prendre quelques bouillons fur
le feu.:
L’huile étant bien cuite, 8c incorporée avec la
matière , on retire .le pot du feu , on attend que le
mélange ait une chaleur douce , & on y verfe,.en
remuant bien, de l’effence de térébenthine en plus
grande quantité que l’huile.
On peut verfer les huiles fur cés fubftances , pour
qu’elles ne foient fondues qu’en partie, parce que les
huiles ne s’incorporent qu’avec la matière enfufion;
8c> l’on à même obfervé que le vernis foit de copal ,
foit de karabé, n’en étoit alors que plus beau &
tranfparent , ces fubftances n’ayant pas éprouvé
un fi grand degré de chaleur.
Quand le vernis, eft fait, il faut le paffer au tamis 9
ou dans un linge. On doit tâcher de faire fécher au
foleil, 8c de dégager de leurs huiles, les morceaux
d’ambre ou de copal qui ne font pas fondus, afin de
les employer dans la fuite. Si on recommençait à les
liquéfier avant qu’ils fuffent bien fecs & épurés , ils
fourniroient un vernis inférieur au premier.
Ces vernis ne s’éclàirciffentpas auffi vite que ceux
â refprit-de-vin. Il faut les laiffer repofer au^moins
deux fois vingt-quatre heures.
Le vernis gras s’épaiffit étant gardé ; mais quand
on veut s’en lervir, on y incorpore un peu d’effence,,
& on lui fait fubir quelques bouillons au bain-marie;
cela l’çelairdtr
C’eft une attention néceffaire d’avoir de9 vafes
nouveaux chaque fois qu’on veut faire de beaux vernis
blancs à l’huile , parce que les vaiffeaux qui ont
déjà fervi à cet ufage, font gercés & pénétrés d huile
& d’effence, qui fe brûlent 8c noirciffent les refînes.
Le vernis gras féche dans les vingt-quatre heures ,
quand le temps eft chaud; il faut avoir recours au
feu dans l’hiver. , _ . , .
L’effence de térébenthine eft neceflaire dans les
vernis gras, pour les faire bien fécher. La dofe, eft
ordinairement le double de celle de l’huile ; on en
met moins en été qu’en hiver, parce que la chaleur
du foleil favorife davantage l’évaporation.
La trop grande quantité d’huile dans les vernis,
les empêche de fécher ; mais ils gercent 8c s etendent
difficilement quand il n’y en a pas affez. On incorpore
ordinairement, fur une livre de copal ou de
karabé, depuis un quarteron jufqu a une demi-livre
d’huile.
Vernis blanc au copal.
Sur une livre de copal fondu, verfez quatre , fix
ou huit onces d’huile de lin, cuite & degraiüée.
Quand l’incorporation eft faite , retirez le vaiueau
du feu, en remuant toujours ; 8c apres que la chaleur
eft appaifée , jettez-y une livre d effence de térébenthine
de Venife. Paffez enfuite à travers un linge
ou tamis. Ce vernis gagne à être conferve, & prend
de la qualité en fe clarifiant. C ’eft-la le procédé du
fameux vernis de Martin.
Vernis au karabé ou a Vambre.
On obferve les mêmes dofes & les^ mêmes procédés
pour le vernis au karabé , qui s’emploie principalement
fur les fonds bruns. Mais le vernis au copal
eft plus en ufage, étant plus blanc 8c plus brillant.
C ’èft avec ces deux vernis qu’on tache d imiter
les beaux vernis de la Chine.
Vernis noir pour les voitures & ferrures.
Ce vernis fe fait avec du bitume de Judée, de
l’arcançon Sc du karabé qu’on fait fondre féparément,
& qu’on mêle quand ils font fondus. On y .incopore
enfuite de l’huile graffe ; 6c quand les matières font
encore chaudes, ou y ajoute de 1 effence. La recette
la plus éprouvée de ce vernis noir , eft trois quarts
de karabé , deux onces d’arcançon 8c d afphalte y fix
onces d’huile , trois quarts d’effence.
Vernis gras pour les trains £ équipages.
Sur une livre de fandaraque fondue, on incorpore
une demi-livre d’huile de lin cuite, 8c on y ajoute
de l’effence pour l’éelaircir. Lorfque les trains, font
peints en couleur y à l’huile , ce vernis conferve 8c
couvre les couleurs, de façon qu’on peut les laver
fans les endommager.
Vernis gras à For.
On fait fondre féparément huit onces d’ambre ,
& deux onces de gomme lacque : on les mele , on
y incorpore une demi-livre d’huile de lin, cuite 8c
préparée ; enfuite une demi-livre environ d effence,
qu’on a eu foin de .colorer, connue on l’a dit ci-devant
; en y faïfant fondre de la gomme-gutte, du fafran,
du fang-dragon 8c un peu de rocou. C ’eft en variant
dans le mélange la quantité de ces quatre fubftances
, qu’on parvient à imiter le ton de 1 or.
Vernis d F effence.
On a donné improprement, dit M. Wafin, le nom
de vernis à celui qu’on appelle, dans le commerce ,
vernis àFejfence ; il n’en a ni les qualités, ni les propriétés.
Au refte, ce compofé fe fait avec des ma*
tières tendres, 8c l’effence en eft la bafe.
Il n’y a que celui à tableaux qui foit en ufage. Les
autres ne font propres qu’à détremper les couleurs.
Les procédés pour les faire, font les mêmes que
ceux dont on fe fertpour les vernis gras.
Vernis pour les tableaux.
On demande pour les tableaux, des vernis blancs,
légers 8c doux, qui rappellent les couleurs , les con-
fervent, 8c qui ne leur donnent aucun tpn, ni aucun
brillant nuifible. Si les vernis étoient à refprit-de-vin,
ils feroient gercer les couleurs ; à l’huile , ils les enw
pâteroient. Pour que les vernjs foient bons, il faut qu’ils
nourriffent, en quelque forte, la toile, qu’ils maintiennent
les couleurs dans leur état, 8c qu on puiffe
enlever ces vernis , fans dégrader les tableaux. Ces
vernis fe compofent ordinairement avec du maftic
8c de la térébenthine , qu’on fait fondre enfemble
dans de l’effence. On les paffe dans un linge ou dans
un tamis , 8c on les laiffe clarifier. On les emploie
à froid fur les tableaux
Vernis de cachets.
Il ÿ a des perfonnes qui s’amufent à faire un ver--
nis avec des cachets de lettres ; voici comme elles
le compofent : elles prennent une once 8c demie
de cette cire à cachet, 8c la laiffenf fondre dans
un demi fetier d’efprit-de-vin au bain-marre , en
remuant bien ; fi la couleur n’eft point affez épaiffe
on y ajoute des cachets ; on met trois ou quatre couches de ce vernis, 8c davantage fi on veut'
le polir.
Vernis fur verre , pour prêferver des rayons du foleil.
On fait un vernis fort fimple pour fe garantir des
•rayons du foleil, fans ôter la tranfparenee du verre.
Il faut pour cet effet pulvérifer de la gomme adra-
gant, la mettre diffoudre pendant 24 heures dans des
blancs d’oeufs battus, enfuite en frerter le .verre avec
une broffe très-douce.
Emploi des yernis.
Examinons préfentement, toujours d’après l’ouvrage
de M. W atin, la manière d’employer le vernis.
L’art de l’emploi du vernis confifte à l’appliquer ,
à le polir, le luftrer^ le rafraîchir, le réparer, quelquefois
même à le.détruire , ou pour en appliquer
un nouveau, ou pour le faire difparoître tout-à-fait.
Avant de faire l’application du vernis , il faut fe
. garantir de toute pouffière qui le gâteroit ; il faut
prendre un vernis pur, bien confervé , 8c enfermé
dans un vafe frais 8c fec. On enlève légèrement le
I vernis avec la broffe ; 8c on l’emploie à froid fur