
5°. Quand elles font sèches, prenez de la colle,
dans laquelle vous mettrez de Y argent moulu, &
vous en paierez fur tous les endroits que vous voulez
qui foient mats , & dans les refends où l’argent
en feuille n’aura pas pu entrer.
6°. L’ouvrage fini, fi vous voulez en faire fur le
champ un ouvrage doré, donnez une légère couche
de colle à matter, dans laquelle vous détremperez
un peu de vermeil ; enfuite , quand elle fera
sèche, paffez deffus un beau vernis à l’or. L’argenture
eft fufceptible du mauvais air ; fi on veut
conferver fa couleur d’argent, il faut y paffer un
vernis à l’efprit-de-vin.
Dorure avec fonds fables.
Il arrive quelquefois qu’on demande des fonds
fablés dans des parties, dorées d’or bruni ou d’argent
bruni. Ces fables fe font en paffànt fur l’endroit
que l’on defiine, une couche de blanc fort
clair , fort léger ^ à bonne colle; enfuite l’onfème
du fable fin paffé au tamis , de la grofleur dont on
veut que le fond foit fablé ; on retourne le fiijet, qui
rejette le fable qu’il ne peut pas retenir; quand il
eft fec , on y pâlie une couche de blanc fort clair à
bonne colle , & le fond fablé fe trouve prêt. Cela
fe fait fur le blanc d’apprêt, avant que de jaunir
l’ouvrage.
Maniéré de dorer au feu.
On dore au feu de trois manières : favoir, en
or moulu, en or fimplement en feuille, & en or
haché.
La dorure d’or moulu fe fait avec de l’or amalgamé
avec le mercure , dans une certaine proportion
, qui eft ordinairement d’une once de vif-argent
fur un gros d’or.
Pour cette opération, on fait d’abord "rougir le
creufet ; puis l’or & le vif-argent y ayant été m is,
on les remue doucement avec le crochet jufqu’à ce
qu’on s’apperçoive que l’or foit fondu & incorporé
au vif-argent. Après quoi on les jette aïnfi unis en-
femble dans de l’eau, pour les appurer & laver ;
d’où ils patient fuccelfivement dans d’autres eaux,
où cet amalgame, qui eft prefque aufli liquide que
s’il n’y avoit que du vif-argent, fe peut conferver
très-long-temps en état d’être employé à la dorure.
On fépare de cette maffe le mercûre qui n’eft point
uni avec elle, en le preffant avec les doigts à travers
un morceau de chamois ou de linge.
Pour préparer le métal à recevoir cet or ainfi
amalgamé, il faut dérocher, c’eft-à-dire , décraffer
le métal qu’on veut dorer; ce qui fe fait avec de
l’eau-forte ou de l’eau fécondé, dont on frotte l’ouvrage
avec la gratte-bofle : après quoi le métal ayant
été lavé dans l’eau commupe, on l’écure légèrement
avec du fablon.
Le métal bien déroché, on le couvre de cet o r ,
mêlé avec du vif-argent que l’on prend avec la
gratte-bofle fine, ou bien Svec l’avivoir, l’étendant
le plus également qu’il eft poflible, en trem-
•pant de temps en temps la gratte-bofle dans l’eau
claire, ce qui fe fait à trois ou quatre reprifes : ce
qu’on appelle parachever.
En cet état le métal fe met au feu, c’eft-à-dire fiir
la grille à dorer ou dans le panier, au deflbus desquels
eft une poêle pleine de feu , qu’on laifle ardent
jufqu’à un certain degré , que l’expérience
feule peut apprendre.' A mefure que le vif-ârgent
s’évapore, & que l’on peut diftinguer les endroits où
il manque de l’o r , on repare l’ouvrage , en y ajoutant
de nouvel amalgame où il en faut. Enfin il fe
gratte-bofle avec la groffe broffe de laiton; alors
il eft en état d’être mis en couleur, qui eft la dernière
façon qu’on lui donne, & dont les ouvriers
qui s’en mêlent confervent le fecret avec un grand
myftère : ce qui pourtant ne doit être guère différent
de la maniéré de donner de la couleur aux
efpèces d’or.
Ce fecret de mettre en couleur, eft de faire
recuire dans un fourneau ; & lorfque la pièce eft
retirée & refroidie, on lui donne le bouillitoire
qui cpnfifte à la faire bouillir fuccelfivement dans
deux vaiffeaux de cuivre, appellés bouilloirs, avec
de l’eau, du fel commun, & du tartre de Montpellier
; lorfque la pièce a été enfuite bien écurée
& bien lavée avec de l’eau commune , on la fait
fécher fur un feu de braife , qu’on allume fous un
crible de cuivre, fur lequel on la met au fortir des
bouilloirs.
Une autre méthode, c’eft de faire tremper l’ouvrage
dans une décoétion de tartre , de foufre, de
fe l, & autant d’eau qu’il en .faut pour le couvrir
entièrement, & de l’y laiffer jufqu’à ce qu’il ait acquis
la couleur qu’on defire , après quoi on le lave
dans .l’eau froide.
Pour rendre cette dorure plus durable, les doreurs
.frottent l’ouvrage avec du mercure & de
l’eau-forte , & le dorent unè fécondé fois de la
même manière. Ils réitèrent cette opération jufqu’à
trois ou quatre fois, pour que l’or qui couvre le
métal foit de l’épaifleur de l’ongle.
Dorure au fe u , avec de Vor en feuille.
Pour préparer le fer ou le cuivre à recevoir cette
dorure, il faut bien grater avec le grateau, & les
polir avec le polifleir de fer ; puis les mettre au feu
pour les bleuir, c’eft-à-dire, pour les échauffer jufqu’à
ce quais prennent une elpèce de couleur bleue.
Lorfque le métal eft blqui, on y applique la première
couche d’or que l’on ravale légèrement avec un
poliffoir, & que l’on met enfuite fur un feu doux.
On ne donne ordinairement que trois couches ou
quatre au plus, chaque couche étant d’une feule
feuille d’or dans les ouvrages communs, & de deux
dans les beaux ouvrages ; & à chaque couche qu’on
donne, on les remet au feu. Après la, dernière couche,
l’or eft en état d’être bruni clair.
Dorure d’or haché-,
La dorure qu’on appelle d’or haché, fe fait avec
des feuilles d’o r , comme la dorure ordinaire ; elle
fe pratique de la même manière, mais en diffère aufli
en deux points effentiels.
i°. Quand le métal a été gratté & p oli, on y
pratique un nombre infini de petites hachures dans
tous les fens avec le couteau à hacher, qui eft à
lame d’acier courte & large, emmanché de bois ou
de corne.
Ce font ces hachures qtie l’on fait fur le métal,
avant que d’y appliquer l’o r , qui ont fait nommer
cette dorure or haché , quoique les hachures ne
paroiffent plus à l’extérieur quand la dorure eft
achevée.
2,°. Pour la dorure hachée , il faut jufqu’à dix ou
douze couches , à deux feuilles d’or pour chaque
couche, au lieu que pour la dorure unie, il n’en faut
que trois ou quatre : cette grande quantité d’or eft
néceffaire pour couvrir les hachures ; mais la dorure
qui en rélulte, eft beaucoup plus belle & plus
folide.
DorureKà la cendre d’or.
On fait une belle dorure fur les métaux, & particulièrement
fur l’argent, de la manière fuivante.
On fait diffoudre de l’or dans de l’eau régale ; on
imbibe des linges dans cette diffolution d’or, on
les fait brûler, & on en garde la cendre , qui eft
toute noire. Cette cendre frottée & appliquée avec
de l’eau, à la furface de l’argent, par le moyen d’un
chiffon, ou même avec les doigts, y laifle les molécules
d’or qu’elle contient & qui y adhèrent très-
bien.
On lave la pièce ou la feuille d’argent, pour
enlever la partie terreufe de la cendre ; l’argent en
cet état, ne paroît prefque point doré ; mais quand
on vient à le brunir avec la pierre fanguine , il
prend une couleur d’or très-belle.
ploie qu une quantité d’or très-petite. La plupart des
ornemens d’or fur les éventails , fur des tabatières ,
fur des bijoux de grande apparence & de peu de
valeur, ne font que de l’argent doré par cette méthode.
- ; v
Liqueur ou Sauce pour aviver la couleur d’or.
Prenez une once & demie de foufre, une demi-
once d’alun, une demi-drachme d’arfenic, & autant
d antimoine ; broyez & pulvérifèz avec foin toutes
ces matières ; faites enfuite bouillir de l’urine que
vous écumerez ; jettez-y les matières précédentes,
les unes après les autres ; remuez-les, & laiffez-les
ouillir ; mettez dans cette compofition l’ouvragé
que vous aurez doré, & l’y tenez jufqu’à ce que la
couleur vous paroiffe affez vive.
orure fur Cuir, ou manière de faire les Cuirs dorés.
Ees tentures de cuirs font faites de plufieürs
peaux de veau, de chèvre ou de mouton, coufues
cniemble. Les peaux que l’on emploie le plus communément
font celles de mouton, parce qu’elles
coûtent moins que les autres, quoique celles-ci fuf-
fent de plus grande durée, & que l’ouvrage en
feroit plus beau. Ces peaux étant fèches lorfque
l’ouvrier les achète, il eft obligé de les mettre tremper
pendant quelques heures dans une cuve pleine
d’eau, où il les remue avec un bâton, plufieurs fois
& à différens temps, afin qu’elles deviennent.flexi-
bles, comme cela eft néceffaire.
On les retire enfuite, & pour les rendre encore
plus fouples, on les bat fur une pierre ; un ouvrier
fig' -2, PL I V du doreur, tome I I , prend une peau
par un coin, & frappe plufieurs fois les autres parties
fur cette pierre. Quand il a ainfi achevé un certain
nombre de- peaux, l’ouvrier les détire : voici en
quoi cette opération confifte. On met fur une table
une grande pierre, on couche deffus la peau que.
l’ouvrier, fig. q , tient d’une main, & de l’autre
l’inftrument qui eft dé fer; il ne coupe point,
car on ne s’en fert que pour étendre la peau &
l’unir ; ce qui fe fait en le preffant fur la peau, &
en le faifant aller & venir en l’inclinant.
Quand on a détiré une certaine quantité de
peaux, on leur donne une forme régulière ; on fe fert pour cela d’une règle ou d’une équerre, ou
du châflis qui eft de la grandeur de la planche gravée
, qu’on applique fur la peau, fig. 4. Si on vouloir
retrancher tout ce qui empêche de former des
lignes droites , on rendroit les peaux bien petites ;
c’eft pourquoi on laifle les petites échancrures
mais on y colle des pièces, de même que dans-
les endroits défeétueux qui peuvent fe rencontrer
dans le milieu de la peau. Mais afin que ces défauts
ne paroiffent pas, on efcarre la peau ; c’eft-
à-dire , on taille en bifeau les bords de la peau où
. l’on veut mettre une pièce, de même que les bords
de la pièce, ce qui fe fait en couchant la peau fur
une pierre unie , & en diminuant l’épaiffeur des;
bords avec un couteau. On colle enfuite les pièces
avec de la colle de parchemin. Les pièces étant
collées, on argènte les peaux, foit qu’on les def-
tine à former des tentures de cuir argenté ou de
cuir doré; car c’eft un vernis qu’on paffe fur l’argent
, qui leur donne une couleur approchante de
celle de l’or.
On enduit le cuir de colle pour y faire tenir l’argent.
La colle qu’on emploie ici eft la même que
celle dont on fe fert pour coller les pièces : oii lui
donne la confiftance d’une gelée, en la faifant
cuire un peu plus long-temps.
Pour encoller une peau ou un carreau, il faut
un morceau de colle de la grofleur d’une noix. On
le partage en deux; & l’ouvrier prend une des
portions qu’il étend fur la peau, du côté de la fleur r
avec la paume de la main, le plus uniment qu’il
lui eft poflible. Il fait la même chofé avec une
autre peau. Après cela il reprend la première, &.
étend de la même manière l’autre morceau de colle ,
& il achève enfuite la fécondé peau. On met ainfi y
dans deux différens temps, ces deux morceaux de
c o l le a f in que la première couche ait le teihps. de