
on prend de la colle dans laquelle oh met de Y urgent
moulu , que l’on parte fur tous les endroits qui doivent
être mats, & dans les refends où l’argent en
feuille n’a pas pu entrer.
Pour conferver Y argenture & défendre cette couleur
contre le mauvais air , il faut y paffer un vernis
à l’efprit-de-vin.
On a décrit dans l’Art de l’Argenteur les procédés
pour appliquer les feuilles d’argent fur les métaux.
' A venturine ( couleur d’ ); On fait que l’aven-
turine eft une pierre rougeâtre ou jaunâtre , ou de
telle autre couleur, toute parfemée de paillettes qui
femblent de l’or. Pour imiter fon brillant, on fe fert
du clinquant haché ou de la groffe bronze d’Allemagne
, qu’on emploie de la manière fuivante.
Si l’on veut peindre une aventurine verte , par
exemple, on met d’abord fur l’ouvrage une couché
de verd qui fe fait avec du blanc de-cérufe broyé à
l ’huile , du verd-de-gris calciné & broyé à l’effence!,le
tout détrempé avec un quart d’huile graffe & le refte
d’effence ; on donne deux couches, & quand la dernière
eft encore fraîche, on faupoudre également,
avec un tamis, de l’aventurine argentée.
On laiffe repofer tout l’ouvrage une demi-heure
ten l’étendant à plat, afin que la couleur ait le temps
de mordre & de happer l’aventurine ; puis on ren-
yerfe la peinture,pour faire tomber les particules
d ’aventurine qui ne font pas adhérentes. On lairte
fécher deux ou trois jours, jufqu’à ce que partant la
main fur l’ouvrage , l’aventurine ne s’en détache pas ;
-on pofe enfuite une feuille de papier deffus ; on
appuie la main ou quelque chofe de très - liffe,
& l’on imprime les paillettes d’aventurine qui ten-
droient à fe relever.
Cela fait, on prend du verd-de-gris criftallifé &
t r o y é très-fin à Ûhuile ; on le détrempe d’une con-
iiftance très-claire, avec moitié huile graffe & moitié
offence de térébenthine ; on étend bien légèrement
bien uniment avec un pinceau cètte couleur , en
prenant garde qu’elle ne farte pas des ombres, &
qu’elle paroiffe comme glacée , enforte que l’aven-
îurine y foit toute brillante.
On parte deffus un bon vernis à l’efprit-de-vin ;
fi c eft fur des panneaux de voitures, on fe fert
d’un vernis gras blanc au copal.
Quand cette couche de vernis eft bien sèche, en
.parte la main deffus ; & fi l’on fent quelque petite
pointe d’aventurine , on l’enfonce dans le vernis
avec l’ongle.
On renouvelle les couches de vernis jufqu’à dix
ou douze fois pour pouvoir polir l’ouvrage.
Il eft poffible de faire des aventurines d’autres
couleurs qu’on véut.
Pour Y aventurine rouge , on compofe un rouge
avec du blanc de cérufe , du carmin , de la belle
laque fine, qu’on broie & détrempe comme ci-deffus.
Pour Y aventurine bleue , on fe fert du bleu de
Pruffe.
Pour Y aventurine dorée, on choifit du plus beau
ftiL-de-grain 2 <5t du blanc de cérufe, on glace avec
une couche de vernis à l’or , à l’efprit-de-vin , que
l’on a eu foin auparavant de préfenter au feu ; ou
bien l’on prend de l'aventurine dorée , qui porte elle-
même fa couleur.
Quand on veut mettre Y aventurine fur des fonds
fablés , il faut la faupoudrer légèrement, de façon
que la couleur paroiffe.
A urore ( couleur ). On obtient 1 e jaune aurore,'
ou citron, en mêlant enfemble plus^ou moins d’orpin:
rouge & d’orpin jaune. L’un & l’autre ne s’emploient
guère qu’à l’huile , &. deviennent^-fuperbes étant
employés au vernis.
Si l’on ne veut pas fe fervir d’orpin, on prend du
blanc de cérufe, auquel on ajoute du beau ftil-de-
grain de Troyes , ou du jaune de Naples , qui eft
plus folide.
A zur. Nous avons rapporté dans un affez grand
détail, à l’article Bleu dA^ur, ce qui concerne cette
couleur, pour nous d’rfpenfer d’en parler ici.
Badigeon. Cette couleur donne aux bâtimens
le ton d’une eonftru&ion nouvelle , ou d’une pierre
fraîchement taillée. Pour la compofer, on prend un
feau de chaux éteinte ; on y joint un demi-feau de
fciure de pierre avec le mélange d’ocre de rue*
fuivant l’intenfité que l’on veut donner au badigeon.
On détrempe le tout dans un fèau d’eau , où Ton a
fait fondre une livre d’alun de glace.
Ou bien, fi l’on manque de fciure de pierre, on
la remplace par une plus grande quantité d’ocre de
rue ou d’ocre jaune, on écrafe des écailles de pierres
de S. Leu , on en parte.la poudre au tamis; faites
du tout une efpèce de ciment avec la chaux , qui eft
difficilement altéré par la pluie & Pair. On badigeonne
avec une groffe broffe.
Blanc , Bleu. Nous avons fait de ces deux cou.- *
leurs autant d’articles particuliers , & affez développés
pour que nous devions y renvoyer nos
leâeurs.
M. de Morveau , de l’Académie des Sciences dé
Dijon , a trouvé un blanc de zinc préparé quia la propriété,
dit-il, d’être inaltérable même par les vapeurs
phlogiftiques les plus fortes, qui noirciffent fur le
champ le blanc de cérufe & tous les blancs tirés du
plomb; il n’a aucune des qualités mal-faifantes des
chaux de plomb : on fait que celle du zinc peut être
prife intérieurement. Le blanc de zinc fe mêle parfaitement
à toutes les couleurs;il s’emploie également
à l’huile & à la. détrempe. Oh a remarqué qu’il
avoit l’avantage de prendre moins d’huile , &. de
fécher moins rapidement que les blancs de plomb.
Il y a un. dépôt de ce. blanc de zinc à Dijon ,
chez le fieur Courtois., attaché au. laboratoire de
l’Académie.
Et à Paris ,. chez, le fieur Trenard , marchand
épicier, rue cfe Grammont..
B ois de chêne (couleur de). Pour compofer G$tte
couleur, on emploie trois quarts de blanc de cérufe:;
& l’autre quart d’ocre de rue * de terre d’ombre,
& de j,aune de Berry'} qa proportionne ces der.--
fubftaftêês fuivant le ton que l’on féa t « 1
à la couleur de bois de chêne. On en fait egalement
ufaee à l’huile & à la détrempe. -
On imite la couleur de bois de noyer pat le mélangé
du 'blanc de cérufe , de l'ocre de rue, & de la tprre
d’ombre, rouge & jaune de Berry. Cette couleur
peut s’employer à la colle ou a l huile.
v Bronze ( la ). Nous avons décrit dans un article
précédent de ce Di&ionnaire , la compofmon &
l ’emnloi de la couleur dite la bronze.
Brun. Cette couleur »indéterminée en elle-meme, a différentes nuances qui font comprifes fous les dénominations
de couleur de bois, de couleur de marron,
d’olive > &lc. Voyez ces mots.
L’ocre de rue fert à peindre en brun clair, ÇaneJ|le »
& donne des couleurs brunes plus ou moins foncées.
Les peintres s’en fervent pour les tableaux.
La terre d’ombre eft une terre obfcure, friable, St
tendre, qui fert auffi à peindre en brun. Elle acquiert
un ton plus brun par la calcination ; alors elle de-
eraiffe l’huile , & s’emploie pure a glacer des fonds
bruns. Les peintres en tableaux s’en fervent pour
ombrer & faire des fonds. . v
Le flil-de-grain brun ou d Angleterre, fert auiii a
ombrer & à faire des glacis. # x
Il doit être de carte nette , & devient fuperbe-a
l’huile. , wKÊKÊKÊI
La terre d’Italie eft approchante de celle de 1 ocre
de rue mais plus v iv e , plus belle, qu’il faut choiiir
lourde & brune en dedans. Elle s’emploie au pinceau
pour faire de beaux lavis &. glacis en brum
La terre de Cologne eft une efpèce de terre d ombre,
un peu plus brune & plus tranfparente à l’emploi,
mais fujette à s’affoiblir ; elle eft pourtant employée
par les peintres pour faire des bruns.
C armin. Le rouge, dit le carmin , forme encore
un article particulier de ce Diâionnaire. ^ v
C éruse. On a traité de la couleur de cerufe a
l’article Blanc. . ,
C hamois. Cette couleur, qui eft une nuance de
jaune , fe compofe avec du blanc de cerufe , beaucoup
de jaune de Naples, une pointe de vermillon,
& un peu de jaune de Berry. On l’emploie de toutes
façons. , .
C itron. Nous avons dit ci-deffus que le jaune
citron ou aurore, étoit la même chofe , & qu on com-
pofoit cette couleur avec plus ou moins dorpin
rouge & d’orpin jaune. Voye^ au mot A urore. Cramoisi , & couleur de rose. Les mêmes
îngrédiens fervent à la coinpofition de ces deux
nuances du rouge. Prenez de la laque carminée , du
carmin, & très-peu de blanc de cérufe ; vous aurez
le cramoifi. En mêlant peu de carmin , une pointe
de vermillon & du blanc de plomb, on obtient le
couleur de rofe. Ces couleurs font belles employées
à l’huile d’oeillet, & détrempées à l’effence.
G ris. Cette couleur eft formée en quelque forte
par différentes nuances du blanc , dont les principales
D orure'. Noùs ne dirons rien de cette couleur,
nous réfervant de parler avec une certaine etendue,
dans un autre article de ce Diâioijpajre, de la Dorure
4k Argenture.
font Y argentin, le gris de perle , le gris de lin ,
& le gris ordinaire. , , . _
Le gris argentin te fait en mélangeant le beau blanc
avec du bleu d’indigo & du noir de vigne entrès-
PeLe6gris de ferle fe fait avec le bleu de Pruffe , le
blanc & le noir tlivoire.
On obtient le gris de lin par un mélange de cérufe,
de la laque, & d e très-peu de b eu de Pruffe qu on
broie féparément, & que l’on dofe enfemble dans
une proportion qu’il faut effayer.
Le gris ordinaire fe compofe avec du blanc & du
noir de charbon. J ,,, ■ x
Tous ces gris s’emploient egalement a 1 huue «. a
la détrempe. . .
Jaune. L’ocre de B erry, pure, donne e jaune.
U ocre jaune peut s’employer pure a 1 huile « a la
détrempe. . r Wk
L’ocre de rue ou de rut, ou 1 e jaune obfcur, elt une
terre naturelle qui fe trouve dans les mines de fer.
Elle acquiert une belle couleur par fa calcination.
On aura un jaune tendre en mêlant 1 ocre avec le
blanc de cérufe , qui lui ajoute du corps. On peut
employer l’un & l’autre en detrempe. S ils lont
broVés à l’huile , on peut les detremper a 1 huile , a
ïeffence ou à l’huile coupee. » j
Ü Ü ou rialgar, eft une matière très - dange-
reufe . dont il faut s’abftenir autant qu il eft poffibles
C ’eft un minéral compofé d’arfemc ,& de
dont il y a deux efpèces ; une naturelle , & 1 autre-
3rtVomin 'naturelio\t être choifi tnot«au*
talqueux, d’un jaune brillant & «fplendiffant comme
l’or fe divifant facilement pat ecadles ou lamine»
minces. ^ . „/t
Voroin artificiel, qui eft plus commun , eft un
mélange d’arfenic & d e foufrefondus enfemble dan»
des erlufets. Il faut choiftr l’orpin artificiel d un béai»
Lun & l’autre fe broient à l’huile ou à l’effence ,
& donnent un rouge approchant de la couleur de
°L e maljicot, qui eft une chaux de plomb, donne
un blanc jaunâtre étant calciné modérément , il
devient jaune à un plus grand degré de feu, & d un
jaune doré à un feu plus foutenu. Ceft donc en
général une cérufe plus o a moins calcinée ,
& Pour faire cette calcination, on concaffe la cérufe,
qn la met fur le feu dans une poele de fer; oni la
remue fouvent, & quand elle prend une couleur
jaune, on la retire. Il faut av.ir attention de fane
cette calcination erfplein air ; car les vapeurs en font
dangereufes fît mortelles.^
On broie le maflicot à l’huile. r , __
PafTons à des fubftances moins dangereufes a mampu
jaune de Naples eft , fuivant plufieurs Natu-
raljfl.es, uas. craffe une terre ou un minerai qu»
A 1}