
moins pendant les deux premières h euresap rès
lefquelles le fondeur prend de la calamine de com- pofition dans un pannier, & fans déplacer les creu-
lets , il en jette fur chacun ,une ou deux poignées ;
& en remplit Tenace caufé par l’aftaiffement des
matières. D’ailleurs , il y a une dofe de matière
pour chaque creufet, & il faut qu’elle y entre, ou
tout de fuite, ou à des intervalles de temps différens.
Si un creufet vient alors à caffer, onde retire &
on le remplace par celui qui a fervi à couler les tables,
parce qu’il eft encore rouge & difpofé à fervir ;
mais lorfque les huit creufets font placés & attachés
, s’il s’en caffe, on ne dérange plus rien. La
table fe trouve alors d’un moindre poids & plus
courte.
On attife en premier lieu, en mettant au fourneau
une manne de charbon, qui contient deux cens livres
pefant. On commence par choifir les plus gros morceaux,
qu’on couche fur les bords du creufet; quand
on a formé de cette manière une efpèce de plancher,
on jette le refte du charbon fans aucune attention,
& l ’on couvre aux deux tiers la bouche du fourneau;
quelques heures après oh lui donne , comme difent
les ouvriers , à manger de Tafpiure de houille, c’eft-à-
dire, de la petite houille » ou du charbon de terre
menu. *
C’eft entre deux ou trois heures de l’après-midi
qu’on coule ; à cinq heures les creufetsfont tous rangés
; fur les dix heures on donne à manger aux fourneaux
, & la fécondé fonte fe fait à deux heures &
demie , ou trois heures après minuit ; c’eft-à-dire,
qu’il y a'toujours environ deux heures d’une jetée
à une autre.
Le famedi ou la veille des grandes fêtes, après
la fonte ou jetée, on charge & l’on attife comme
fi l’on devoit couler la nuit fuivante , mais fur les
quatre à cinq heures du foir , les fondeurs ne font
que fermer exa&ement les bouches des fourneaux,
qui font bien allumés ; ils ne laiffent d’autre ou-
. verture que celle qui eft au centre du moule. Cette
ouverture efl d’environ un pouce & demi de diamètre.
Le tout fe tient en cet état jufqu’au lundi fui-
vant. Sur les cinq heures du matin , les fondeurs
arrivent & raniment le feu par de nouveau charbon.
Son aftion a été fi foible pendant tout l’intervale
qui s’eft écoulé , que le travail eft quelquefois très-
peu avancé , & qu’il faut forcer pour rattraper le
cours des fontes accoutumées.
Le travail de la fonderie demande une attention
prefque continuelle, foit pour attifer & conduire
le fe u , en ouvrant & fermant les regiftres , foit
pour aiguifer les pierres, y appliquer un nouvel
enduit, couper & débiter les tables du poids requis.
C ’eft au maître forideur a régler toutes ces choies :
il a pour aides deux autres ouvriers ; & quoiqu’il
n’y ait que trois hommes par fonderie , chaque manufacture
a du moins deux fonderies , dont les
ouvriers vont de l’une à l’autre, lorfque la manoeuvre
le requiert, comme lorfqu’il s’agit d’aiguifer
les pierres ou de couper les tables.
Les autres ouvriers font employés, ou au moullnj
ou au blutoir, & on emprunte leur fecours dans
l’occafion.
La paye du maître fondeur eft plus forte que celle
de fes aides.
On fournit à tous, la bierre , le chauffage, la
houille pour leur ménage , qu’ils n’habitent que le
famedi jufqu’au lundi. Ils ne s’éloignent jamais de
leur atelier. Tandis qu’un d’entre-eux fe repofe fur
les lits de l’ufme, les autres veillent.
Trois fourneaux confomment ordinairement
mille livres pefant de charbon par chaque fonte
de douze heures, & deux mille livres pour vingt
quatre heures, le temps de deux fontes.
Au refte, il faut obferver que le charbon de terre
eft très-propre aux travaux de cette manufacture,
& que même on y emploie rarement du charbon de
bois.
Le cuivre jaune où laiton , eft compofé de vieux
cuivre de la même efpèce, appelé mitraille, de
cuivre rouge de Suède, avec l’alliage de la calamine.
L’alliage eft, comme on l’a dit plus haut, de trente-
cinq livres de vieux cuivre, de trente-cinq livres
de cuivre rouge , & de foixantè livres de calamine
bien pulvérifée ; fur quoi on met vingt à vingt-cinq
livres de charbon de bois réduit en poudre , paffé
au blutoir , & qu’on a la précaution de mouiller,
pour empêcher le cuivre de brûler. C’eft après avoir
été bluté qu’on le mouille. De ces parties mélangées,
il vient une table de quatre-vingt-cinq à quatre-vingt
fept livres : d’où l’on voit que la calamine de Na-
mur , jointe à celle de Lembourg, rapporte à peu
près le quart du poids.
On connoît la valeur du cuivre rouge , on con-
noît la valeur du charbon, celle de la rofette;
ajoutez à ces frais ceux de la main - d’oeuvre &
de batterie , &vous aurez le produit d’un fourneau.
Chaque fonderie ayant au moins fix fourneaux
allumés, & chaque fourneau produifant fes deux
table en vingt - quatre heures, on aura douze tables
par jour.
De l’évaporation qui fe fait dans les fourneaux
par l’aéHon du feu, il le forme aux parois de la voûte,
contre la couronne & fur la furface' des couvercles,
un enduit qui fe durcit, & qui, dans la fraâure,
montre plufteurs lits diftinâs , de couleur jaune
plus ou moins foncée ; on l’appelle tutie. Les fondeurs
lui attribuent deux propriétés; l’une, de
produire un beau cuivre très-malléable & très-
fin , f i , réduite en poudre, on la fubftitue à la calamine
; mais il y en a fi peu , que ce qu’on en détache
eft jeté au moulin, & mêlé à la cakmine. Au
furplus-, la tutie , dont il eft iciqueftion, eft du zinc
fublimé , & l’on ne doit pas s’étonner fi elle produit
le même effet, & un meilleur effet que la calamine.
On parle encore d’une autre efpèce de
tutie qui fe fait dans les forges de fe r , de couleur
brune, mêlée d’un peu de jaune, qui produit le
même effet avec- la calamine ; mais on n’en ufe
point, elle gâteroit le cuivre & le feroit gercer.
La fécondé propriété de la tutie de cuivre, c’eft
de foulager dans quelques maladies des yeux, fi*
on les lave avec de l’eau de pluie où l’on en aura
jnis en poudre.
Les tables ordinaires varient depuis trois lignes
jufqu’à quatre d’épaiffeur; ces dernières font les plus
fortes qu’on puiffe couper à la cifaille de la fonderie
, encore faut-il mettre un homme de plus au
levier. '
Les lames qui déterminent l’épaiffeur des tables ,
font depuis deux jufqu’à quatre lignes : dans les cas
extraordinaires , on en met deux l’une fur l’autre.
Entre les tables extraordinaires , les plus fortes
vont jufqu’à neuf lignes d’épaiffeur ; elles ont les
autres dimenfions communes. Il faut cependant
favoir qu’alors on emploie à une feule la matière
des trois fourneaux. Elles pèfent depuis deux cens
cinquante - cinq , jufqu’à deux cens foixante-une
livres. Avant de les couper à la cifaille, on les porte
à la batterie pour les étendre.
S’il s’agit de jeter les tables à tuyaux de pompe
ou à fonds de grandes chaudières, on fe fert de
creufets de huit pouces de diamètre en dedans.
On en a deux qui rougiffent dans les fourneaux
fix à fept heures avant qu’on ne jette. On y vuide
la matière des vingt-quatre creufets ; cela s’exécute
avec la plus grande célérité : enfuite on jette un
des creufets, puis l’autre ; mais à fi peu d’intervalle
entre ces jetées, qu’elles n’en font qu’une.
Quand on fe propofe de faire de ces groffes
tables , on met un peu plus de cuivre des deux
efpèces, & un peu moins de calamine.
Les tables jetées , on les coupe à là cifaille. La
cifaille deftinée à ce travail,eft plantée dans un corps
d’arbre profondément enterré , comme on voit
fig. ta , pi. II. Cet arbre eft encore lié de gros'cercles
de fer. La cifaille, qui n’y eft retenue que par fa
branche droite , peut fe démonter ; l’autre branche
coudée, eft engagée-dans un levier de vingt pieds
de longueur, où fon extrémité peut fe mouvoir
autour d’un boulon. La pièce de bois emmortaifée,
où l’un des bouts du levier eft reçu , eft aufli fixée
très-fermement ; l’autre bout du levier eftfufpendu
par u» treuil. On conçoit l ’aéüon de cette machine
à l’infpeâion du deflin. L’ouvrier A dirige
la table entre les lames de la cifaille ; les ouvriers
b, b, é , pouffant le levier c,d> font mouvoir la
branche k , & couper la cifaille. A mefure que la
table fe coupe , elle defcend par fon propre poids
entre les' lames de la cifaille.
Il y a des fabriques où la cifaille eft mife en mouvement
par un rouage ; alors elle a plus de force,
& elle opère avec plus de jufteffe.
Pour la diftribution des tables, relativement au
poids , on a dans les fonderies des baguettes quar-
rées de fix à fept lignes de large, fur lefquelles on
trouve les melures fuivantes,
Pour 10 livres pefant, il y pieds, pouces, lignes.
a fur le côté du carré , . . o n i
Arts fy Métiers, Tome II. Partie I.
Pour 15 . . . .
. pieds > pouces.
0
lignes.
3
Pour 18 . . . . 2 9
Pour 20 . . . 4 ?
Pour 25 « . . - ? 8
Pour 30 . . » 6 6
Le pied carré de roi en table, pèfe douze livres ,
& quelquefois douze livres & demie, lorfque les
pierres, ont des fentes, que l’enduit d’argile fléchit
, & que la table vient d’épaiffeur inégale.
Les intervalles des mefures des baguettes font
fous-divifées en petites portées, qui donnent la gradation
des fourures. On expliquera à l’article des batteries
, ce que c’eft qu’une fourure.
Il faut fe rappeler qu’il a été dit que les craffes
provenant des creufets, contenoient beaucoup de
cuivre ; qu’il s’en répandoit en tranfvafant ; qu on en
retrouvoit dans les cendres & pouffières qu’on jette
dans les foffes pratiquées au devant des fourneaux ;
qu’on ne vuidoit ces foffes qu’à moitié ; que ce qui
reftoit, fervoit à affeoir le creufet, qui l’étoit d’autant
mieux, que la matière eft molle & continuellement
chaude , & maintient le creufe't ferme fur fa
bafe & dans un état de chaleur.
Pour retirer delà le cuivre, on commehce par
mouiller le tas ; on en emplit deux mannes, qu’on
jette dans une grande cuve à demi pleine d’eau ;
on remue le tout avec une pelle ou louchet ; on
laiffe repofer un inftant, puis on prend une efpèce
de'poêle percée de trous qui ont quatre à cinq
lignes de diamètre ; on s’en fert pour retenir toutes
les groffes ordures qui nagent, tandis que le cuivre
pefant touché au fond. Cela fait, omajoute deux
autres mannes de cendres, & l’on réitère la même
manoeuvre ; on enlève aufli avec les groffes ordures
les groffes craffes ; enfuite on incline le cuvier au
deffus d’un réfervoir fait exprès, & l’on y verfe
la première eau bourbeufe ; on paffe la matière
reliante par un crible à fil de laiton , dont les ouvertures
font de deux lignes & demie ; il retient les
groffes craffes ; le refte tombe dans la cuve.
Ce n’eft pas tout, on recharge le crible de matière
, & le trempant dans la cuve , & le remuant
à plufteurs reprifes , les ordures paffent dans l’eau,
j On change de tamis , on en prend un plus fin ; on
opère avec le fécond tamis comme avec le premier ,
avec un troifième comme avec le fécond , & ainfî
de fuite, jufqu’à ce qu’on foit parvenu à retenir
pures les parties cuivreufes ; c’eft-là ce qii’on appelle
Yarco. C ’eft dans cet ar.co que l’on choifit les
dragées qui ferviront à aiguifer les pierres des moules
, ou à remplacer une portion de mitraille dans la
fonte des tables.
Des ujines.
Une ufineeft compofée de différentes machines ^
qui fervent à travailler le cuivre , après qu’il a été
coulé en table. Il y en a de deux fortes : les unes
, font un affemblage de marteaux pour former toutes