
plates de l’autre, comme les contre-coeurs de che- J
minées, & comme le feroient des chambranles. Ces
pièces n’ont befoin que d’être imprimées fur le fable,
comme on imprime un cachet fur la cire : fi on a de
bonne fonte , & qu’on ait confervée telle pendant
la fufion, les moules de ces pièces demanderont à
être très-peu chauffés , & quelquefois ne le demanderont
pas du tout. La fonte qui aura rempli le
moule , ne fera touchée d’un côté que par l’air , &
peu expofée à fe durcir , à fe tremper , par les rai-
fons que nous avons expliquées au long ci-deffus.
Aufli trouve-t-on'des contre-coeurs & des plaques
limables & perçables, qui ne le feroient pas fi elles
enflent été coulées dans un moule fermé ; le plus
fur fera pourtant toujours de chauffer ces moules
par deffous.
On pourroit mouler certains balcons , comme on
moule les plaques dont nous venons de parler, fa-
voir, ceux qui n’auroient des ornemens en relief que
d’un côté, & qui feroient plats de l’autre. En général,
tous les ouvrages de fonte de bonne qualité , &
coulés daijs des moules fuffifamment chauds, en
font tirés limables & ayant le grain d’acier ; mais
nous avons averti que, fi l’on veut leur faire prendre
le grain de fer forgé , fi l’on a befoin de leur procurer
plus de corps , il en faut venir à leur donner
des recuits. Nous fommes en état de leur donner
ces recuits fans rifque , & avec un très-prompt
fuccès : recuifons nos ouvrages dans les moules
même où ils ont été jetés. Nous favons que le recuit
opère d’autant plus promptement que l’ouvrage eft
plus chaud ; qu’une grande partie du temps eft employée
à l’amener au degré de chaleur néceffaire.
Certainement nos ouvrages qui ne font que d’être
coulés en moule , ne manquent pas de chaleur ; il
ne s’agit que de les entretenir dans un degré approchant
de celui qu’ils avoient lorfqu’ils fe font
figés. Pour cela, aufli-tôt qu’ils ont été coulés , on
remettra du charbon dans le fourneau de recuit :
on ouvrira tous les regiftres.Ici il n’y a pas à craindre
de trop chauffer ; les ouvrages ne fe tourmenteront
point, ne fe voileront point. On les fondroit même
fans inconvénient, puifqu’ils font toujours dans
leur moule : la force feule du feu fuffit pour recuire.
Nous l’avons démontré ci-devant, & elle peut être
aidée ici par la poudre de charbon & la mine de
plomb qui font entrées dans le moule. On ne manquera
jamais de donner ce recuit aux ouvrages qu’on
peut foupçonner de dureté ; & peut-être feroit-on
bien de ne manquer de le donner à aucun, au moins
pendant quelques heures.
Dans cette efpècede recuit, les ouvrages tiennent
bien de la place, & par-là femblent engager à une
grande conlommation de charbon. Le degré de chaleur
qu’ils ont lorfqu’on commence à les recuire,
fait aufli qu’on gagne fur la durée du recuit. D’ailleurs
ils n’y font point expofès à fe voiler & à fe
brûler : ces avantages peuvent bien dédommager du
charbon qu’on brûle de plus. J’ai vu quelquefois
tirer des moules , des ouvrages où le fable étoit fi
adhérent & fi fermement lié , que e ’étoit un travail
àfiez pénible & très-long que de l’en détacher. Il
n’y a guère de ciment plus dur que ce fable l’étoit.
La couche n’en étoit pas bien épaiffe fur les fur-
faces unies : on y avôit prife pour l’enlever , & on
en venoit à bout ; mais il a fallu encpre en retirer
celui qui s’étoit engagé dans les creux de diverfes
pièces. Plufieurs marteaux de porte ont été abandonnés
; il en eût coûté confidérablëment plus à les
nettoyer qu’à en refondre d’autres. Cet accident
au refte n’eft arrivé que jufqu’à ce qu’on ait été bien
au fait des recuits , & il a ceffé même avant que
j’en connuflc fûrement la catife. Il me paroiffoit difficile
d’imaginer celle qui attachoit fi fortement des
graifls de fable les uns contre les autres , & qui
les attachoit encore mieux au fer. Ce n’étoit ni
l’excès, ni le manque de chaleur dans le moule ;
l’un & l’autre cas avoient donné des ouvrages
auxquels le fable n’ètoit nullement adhérent. Mais
j’ai reconnu par la fuite que cette adhérence étoit
produite par l’humidité du fable du moule. Nous,
avons dit ailleurs qu’un moule peut être humide,
quoique extrêmement chaud. Plus il fera en même
temps chaud & humide, & plus le fable fe liera
étroitement contre le fable : l’humidité feule ne foj--
meroit pas ce lien. Mais l’humidité fait rouiller le
fe r , & quantité d’expériences m’ont appris qu’elle
le fait rouiller d’autant plus vite qu’elle efl plus aidée
par la chaleur : l’eau eft un diflolvant du fe r , &
le feu augmente l’aélion de tout diflolvant. Dès
que la fonte s’eft figée dans un moule chaud &
humide, il fe forme donc fur fa furface une rouille
qui y attache les grains de fable, & qui les attache
les uns aux autres. Quand on veut faire bien tenir
des gonds , on les fcelle en plâtre ou en mortier :
avant de les mettre en place, on les mouille dans
du vinaigre, ou même dans du vinaigre qui a diffous
du fe l , & cela pour accélérer & augmenter la production
de la rouille.
i8°. Dijférens ouvrages qui peuvent être faits de fer
fondu ; précautions avec lefquelles quelques-uns
veulent être jetés en moule 6» recuits.
Faire de plus beaux ouvrages, les faire aufli
bons & à meilleur marché, font les degrés de perfection
où l’on doit travailler à conduire les arts ; &
ce font des avantages que notre nouvel art paroît
avoir dès fa naiflance fur ceux qui jufqu’ici ont
mis le fer en oeuvre. Il eft peu de ces arts à qui il
ne doive devenir utile : on en fera d’autant plus convaincu
, qu’on fera plus d’attention aux ulages im-
menfes auxquels il peut s’étendre ; nous allons en
indiquer une partie. Peut-être penfera-t-on que nous
faififfons volontiers cette occafion de donner plus
de prix à nos recherches : ce qui eft de fûr, c’eft que
nous ne faurions en être conténs qu’à proportion
de ce qu’elles deviendront utiles au public ; &
pour les lui rendre plus utiles , au moins devons-
nous lui faire entrevoir les fruits qu’il pourra en
retirer, l’avertir de ne pas les négliger.
La ferrurerie eft de tous-les arts en fe r , celui
qui nous préfente ce métal fous plus de formes
différentes , & propres à plus d’ufages différens;
mais elle n’ofe même entreprendre de le façonner
jufqu’à un certain point, fur-tout pour de grands
ouvrages. Nous avons déjà dit que les grilles, les
balcons , les rampes d’efcalier font d’un travail médiocre
: y vout-on des feuillages, cfes fleurons ?
tout cela n’eft exécuté qinivec une tôle mince.
Veut-on en ornemens quelque chofe de plus maflif ?
ôn a recours au cuivre , & c’eft au grand regret des
ferruriers, toujours très-fâchés d’abandonner leur
métal fatifcri. Quand ils ont fait quelque chofe de
beau en pur fe r , ils croient que la dorure même
le gâteroit, ou ■ qu’elle le feroit pafler pour être de
cuivre : car ce qu’il y a de doré dans la plupart des
grandes grilles d’églife , n’eft prefque jamais que ce
qui a été rapporté en cuivre. Dès qu’on aura fait
faire des modèles de grilles, de balcons , des fleurons
qtix doivent y entrer, on multipliera autant
qu’on voudra , les ouvrages de ce genre. Ceux qui
ont des modèles de fleurons , qu’ils font jeter en
cuivre, ont déjà une avance.
Les modèles des grilles, balcons, rampes, coûteront
, mais ne coûteront pas autant qu’on fe l’ima-
gineroit. Ces ouvrages font compofés d’un nombre
borné de pièces qui fe répètent : on n’aura qu’à
faire faire un modèle de chacune de ces pièces,
qu’on affemblera après qu’elles auront été adoucies.
Les balcons, par exemple, ne font qu’un affem-
blage de panneaux répétés , & il n’entre dans chaque
panneau qu’un petit nombre de pièces différentes.
On pourroit jeter un panneau entier en
moule : mais il feroit plus difficile à mouler ; il s’y
trouveroit plus fouvent des défauts ; il demande-
roi t de plus grands fourneaux pour être recuit: il
fuffira de le mouler par parties. On en pourra faire
les principaux montans en baluftres, ou de quelque
autre figure recherchée , au lieu qu’ils font
faits aujourd’hui de barres unies. Les chapiteaux
des pilaftres ou des colonnes , leurs bafes, qui aujourd’hui
font quelquefois de cuivre, ou qui font
trop minces en fer , pourront être jetés en moule
avec toute l’épaiffeur convenable.
Les pièces maflives qui entreront dans les ouvrages
de cette efpèce , ont affez de folidité d’elles-
mêmes ; elles ri’ont pas befoin, de prendre du corps
par l’adouciffement ; c’en fera affez de mettre leurs
premières couches en état d’être ufées par la lime ,
& coupées par le cifeau. Si on avoit befoin de
les percer , il faudroit les adoucir davantage, mais
on abrégera le temps du recuit, fi l’on réferve les
trous dans le moule. Si ces trous doivent être
en écrous, ceux qu?on aura réfervés pourront être
taraudés , quoique la pièce n’ait pas été adoucie
jufqu’ au centre ; une partie de Tépaiffeur qui environne
le trou, l’aura été. Deux autres efpèces
d’ouvrages vont encore nous donner l’idée d’une
façon de ménager fur la durée du recuit. Les marteaux
ou boucles de portes cochères & autres font
aujourd’hui prefque fans ornemens , & coûtent autant
que des marteaux de fer fondu très-ornés.
L’endroit qui doit faire partie de la charnière, eft
un de ceux qui fatiguent le plus , & qui doit être
percé : pour* s’exempter d*une durée de recuit
que le corps du heurtoir ne demande pas, dans
cet endroit je fais mettre dans le moule une pièce
de fer forgé , de figure , grandeur & épaiffeur convenables
: quand la fonte eft jetée en moule, elle
enveloppe une partie du fer forgé ; elle s’y applique
exactement : la pièce de fer forgé eft alors aufli fo-
lidement unie avec la fonte, qu’elle le feroit fi elle
étoit de fonte même, & a l’avantage de fe laiffer
percer fans avoir befoin du recuit.
Des feux pour les cheminées feroient encore des
ouvrages très-chers, s’ils étoient ornés jufqu’à un
certain point ; il y en a à Paris d’un grand prix : on
les fera à bon marché comme-le refte. Mais fi j’en
parle actuellement, c’eft principalement pour faire
remarquer que j’en ai fait recuire qui avoient été
jetés en moule avec une précaution qu’il eft bon
de ne pas ignorer. La tige du feu s’affemble avec
la bafe à vis & à écrou ; le bout de la tige doit porter
cette vis ; on avoit mis dans le moule une pièce
de fer forgé , taillée en vis par le bout : cela n’enchérit
en rien la façon, & eft de la befogne épargnée
pour le recuit. .
Des deux faits précédens, nous pafferons à une
remarque générale & utile pour quantité d’ouvrages
de fer fondu ; c’eft que fi on a à jeter en moule de
groffes pièces, & que ces groffes pièces aient befoin
d’avoir du corps , qu’elles foient expofées à
fatiguer, & qu’on ne veuille pas s’engager aux frais
de longs recuits , il n’y a qu’à faire placer dans le
moule des pièces de fer forgé, proportionnées à la
groffeur de l’ouvrage & à la force qu’on fouhaite lui
donner. On n’y mettra, fi l’on v eu t, qu’un fil de
fer gros comme le doigt ; & fi l’on veut, on y placera
une barre de fer : le fer fondu fe réunira bien
avec le fer forgé , ! ils feront corps enfemble. Au
refte, ceci n’eft pas une pratique particulière pour
nos ouvrages de fer fondu ; les fondeurs y ont recours
pour quantité d’ouvrages de cuivre , qui feroient
trop caffans s’ils n’étoient foutenus par le
fer. Les grandes boucles des foupentes de carrofles
font fouvent fourrées de fer. Dans les grandes ftatues
de bronze il entre quelquefois des milliers de fe r ,
pour donner de la folidité à toute la maffe. Les
aigles de pupitres & autres pièces pareilles doivent
grande partie de leur folidité au fer.
N’oublions pourtant pas un avertiffement important
; favoir, que les parties des pièces de fer
forgé introduites dans les ouvrages fondus , qui
fortiront en dehors, comme les branches des crampons
des marteaux, que ces parties, dis-je , qui
font de fer forgé, pourraient dans un long recuit
devenir caftantes , & plus. caftantes même que le
fer fondu ; les remarques par lefquelles nous avons
fini, le font prévoir. Le fer trop recuit fe defsèche.
Pouivaller au devant de cet inconvénient, on aura