
un fond qui nVit ni craffe ni humidité. On expofe
enfui te le fujet verniffé à une chaleur douce du fo-
'leil 'ou d’une étuve, en le mafquant d’un vitrage,
pour le défendre de toute ordure.
Les vernis gras demandent une chaleur plus forte
-que ceux à l’elprit- de-vin.
Il faut vernir à grands traits, promptement &
rapidement, l’allée & le retour, pas davantage; il
.faut étendre le vernis également & uniment, fans
croifer les.coups de pinceaux, à l’épaiffeur au plus
•d’une feuille de papier.
On ne doit mettre une fécondé couche que quand
la première eft abfolument féçhe.
Si le vernis appliqué devient terne & inégal, il
faut l’enlever & le recommencer, au lieu de vouloir
le raccommoder.
On polit le vernis, comme on le dira ci-après,
pour en ôter jnfqu’aux plus petites éminences ; le
miéux eft de polir à chaque couche.
On applique les vernis avec des pinceaux de poils
de blaireaux , faits en forme de patte-d’oie, & qu’on
appelle blaireaux à vernir, ou avec des pinceaux de
foie de porcs très - fine. Si les parties à vernir font
petites, on fe fert de pinceaux enchâffés dans des
plumes.
On éclaircit les vernis trop épais à fe-fp rit-de-vin ,
avec deTèfprit-de-vin re&ifié ; & ceux à l’huile, avec
de l’effence.
On nettoie les pinceaux dans l’efprit de vin ou
dans l’effence, fuivant la nature des vernis auxquels
ils doivent fervir.
Quand on.veut vernir un fujet, foit peint, foit
nu, foit doré ; fi l’on craint que le vernis ne s’em-
boive , on met auparavant un encollage à fr.pid.
Nous avons déjà obfervé que les vernis à l’efprit
de vin font préférables pour l’intérieur, & ceux à
l’huile pour l’extérieur.
Si l’on veut vernir une boiferie, on lui donne d’abord
une teinte de bois, & enfuite plufieurs couches
de vernis. Pour cette opération , il faut pulvérifer
& infufer dans l’eau, fuivant le ton de la couleur
que l’on cherche, del’ochre de rué ou de l’ochre
jaune, de la terre d’ombre & du blanc de cérufe;
on ne met de cette teinte que ce qui eft néceffaire
dans une dofe de colle de parchemin ; on remue
le tout enfemble , on paffe le mélange au tamis ,
on en donne deux couches bien étendues à froid,
on les laiffe bien lécher, enfuite on y applique deux
couches du-vernis à l’efprit-de-vin que nous avons
indiqué ci-devant. Si on vernit dans un lieu public,
comme dans un choeur d’églife , il faut employer
.de préférence le vernis blanc au copal.
Nous avons parlé de la compofition du vernis
propre pour les violons & injlruments de mujique ,
qui eft rouge de fa nature à caufe de la laque ; quelques
uns teignent un peu le bois, avant d’appliquer
le vernis , qu’on emploie auprès du feu ; on peut
encore y mettrç un encollage teint , par deffus
lequel on couche le vernis.
Cette teinture fe fait, fi on la defire rouge, en
faifant bouillir dans l’eau ; dit rocou avec un peu
d’alun, ou fi on ia veut jaune, en fubftituant du fafran avec de l’alun; on peut encore mélanger les
deux teintes pour en faire une mixte.
Il fuffit de deux couches de vernis à l’efprit-de
vin pour les bois d'éventails , peints -à la gomme ,
& bien fecs. On emploie le pareil vernis po.ur les
découpures, qui font collées avec dé la gomme fur
un fond peint à l’huile ou en détrempe.
Pour les boîtes de toilettes & étuis, i®. on donne quatre
à cinq couches de blanc d’Efpagne broyé à l’eau ,
& détrempé à la colle de parchemin £ 2°. quand
elles font sèches, on paffe deffus de la pierre ponce
pour en ôter les grains, & on adoucit avec de la
toile neuve & de l’eau; 30. pn applique deux couches
de la teinte choifie, broyée à l’eau & détrempée
à.la colle de parchemin; 4®. on paffe une ou deux
couches d’encollage d’une eau de gomme, pour empêcher
le vernis de gâter les couleurs des découpures
; 50. quand la gomme eft sèche, on met trois
à quatre couches du vernis que nous avons indiqué.
Si l’on veut polir le vernis, on èn met huit à dix
couches que l’on polit avec de la ferge & du blanc
d’Efpagne ou du tripoli.
. Pour l e s boîtes de carton, fi elles font faites au
tour, i° . donnez avec un blaireau vingt à vingt-quatre
couches du vernis à L'apprêt, qui fe compofe à l’huile
de même que ceux au copal & au karabé, excepté
qu’on ne fait pas choix des matières, & qa’on y
emploie feulement les épluchures de ces deux
fubftances ; on fait fécher chaque couche dans une
étuve la plus chaude qu’il eft poflible ; 20. à chaque
quatrième couche, on paffe la boîte au tour
pour adoucir les couches , les redreffer & en ôter
les grains; 3°. toutes les couchés étant sèches &
finies, au lieu de les poncer on les gratte, on les
adoucit avec une lame'de couteau, ce qui eft plus
favorable pour la couleur; '4°. on broyé très-fin
les couleurs à l’huile de lin de Hollande; on les détrempe
avec de l’effence; 50. on y étend cinq ou
fix couches bien minces .de. ces couleurs avec des
pinteaux^de petit gris ; 6 \ enfin on étend dix à douze
couches du beau vernis blanc au copal que nous
avons indiqué.
Pour lé papier de la Chine ou autre collé fur toile;
que l’on veut vernir ; 1?. on bat & tamife bien de la
colle de parchemin légère ; 20. on en donne deux
couches froides, légères & unies fur le papier,
ayant foin de ne point gâter les couleurs ; 30. les
couches- étant fèches, on échauffe la pièce , &
on applique deux couches de vernis à l’efprit—
de-vin.
Pour vernir les -métaux, comme dei cafetières
de cuivre ou de fer-blanc, on nettoie d’abord le
vafe avec une pierre ponce, on le frotte avec la
prêle, on le polit avec du tripoli ; enfuite on étend
deffus cinq à fix couches de vernis gras au copal,
fi le fond eft blanc, & au karabé, s’il eft fombre,
ayant foin de laiffer bien sécher chaque couche
avant d’en appliquer une autre , & de préfenter
le vàfe à une chaleur forte dû foleii Ou du feu ,
quand on emploie fle vernis*
Quand on veut vernir des fers & balcons extérieurs
, on donne une première couche de noir
de fumée, mêlée avec un peu de terre d’ombre,
qu’on broyé à l’huile graffe, & qu’on détrempe à
Teffence; lorfque la couleur eft sèche, on mêle du
noir de fumée dans le vernis gras indiqué ci-devant,
on en étend une ou deux couches fur le fer , on
met une couche de vernis pur par deffus, pour
lui donner du brillant. Si les fers font intérieurs,
on fe fert du vernis à l’efprit-de-vin, dans lequel
on détrempe du noir de fumée. g
M. Watin enfeigne auffi quelques procédés pour
imiter,autant qu’il eft poflible, les vernis des Chinois
& des Japonois... , • K
Ces peuples travaillent les ouvrages ou a plat
& fans reliefs, ou à la pâte & en reliefs ; dans
Tune ou Tautre de ces manières, ils femblent avoir
adopté de préférence les fonds noirs, pour exécuter
leurs arabefques & leurs reliefs; ils varient
quelquefois ces noirs fonds , en y femant de l aven-
turine ou en faifant dis fonds rouges ou cafés , &
des fonds d’or polis : ces derniers font les plus recherchés
& les plus chers.
Préparations des fonds noirs -de la Chine.
i°. On doit choifir le bois le plus léger comme
le plus fec , 8c préférer celui qui a le moins de racines
& de pores , étant plus fufceptible d’être poli;
le tilleul, l'érable, le buis, le poirier, font parmi
nos bois ceux qui paroiffent le mieux convenir, quoiqu’ils
n’aporochent pas de ceux des Chinois.
a*0. On polit une .planche, & on y colle une
toile des plus fines, telle que la mouffeline ; cette
toile fert à contenir le bois.
30. On broie du blanc de Bougival pu d’Efpagne;
Sc pour leur donner du corps on y ajoute de la terre
d’ombre: on détrempe le tout à la colle de gants
moyennement forte ;t>n donne cinq ou fix couches
de ce mélange.
4°. On polit ces couches avëc de la prêle, enfuite
avec de la pierre ponce 8c du tripoli réduits en
poudre impalpable.
,5 ° . La pièce ainfi préparée , on broie du noir
d’ivoire avec lé vernis gras au karabé ou à l’ambre,
on le détrempe avec le même vernis, en quantité
fufljfante pour le rendre noir, ce qui fait à peu-
près une once de noir fur quatre de vernis: s’il eft
trop épais, on l’éclaircit avec de l’effence.
6®-. On donne "huit, dix , douze à vingt couches
de vernis.
Les pièces faites au vernis d’ambre , doivent être
féchées à la chaleur modérée d’un feu ou d’une étuve,
pour acquérir plus de folidité 8c de dureté.
Si l’on emploie le vernis de gomme-laque à l’ef-
prit-de-vin^ il n’a befoin que de la chaleur douce
du foleii ou d’une chambre.
7®. Il faut polit le vernisr comme on vient de
le dire avec de la- prêle, de la ponce- pilée & du
tripoli.
8®. La pièce étant ainfi préparée & polie , orl
calque deffus le deflin que l’on vent peindre ;
cela fe fait ordinairement avec la pointe d’un bois
très - dur, ou avec une pointe de fer , lorfqu on
eft fûr de fon trait; enfuite on applique le mor-r
dant ou la pâte fur ce qui a été tr^cé. •
Manière de vernir à plat & fans relief.
Pour imiter la manière de yernir les laques de
Chine à plat 8c fans relief, on defline fur des fonds
polis des fleurs, des plantes, des arbres, des maifons
&c. : enfuite on repaffe au pinceau avec un
mordant tous les objets deffinés.
Quand le mordant eft aux trois quarts fec, on
jette deffus la poudre d’or 8c d’argent, qu’on veut
y métré.
On brunit le tout quand il eft fêc.
Le mordant qu’on emploie, n’eft autre chofe que
le même vernis d’ambre, dont on a fait les fonds
polis; on y introduit du vermillon, mais en petite
quantité, de façon que le vernis ne perde point
fon corps graiffeux , qui doit happer l’or ; le vermillon
fert à faire reconnoître les endroits oh l’on
doit appliquer l’or.
On emploie cette mixtion un peu épaiffe, qujind
on veut deffiner des arbres ou des plantes chi-r
noifès.
Il eft inutile de fe fervir du mordant mêlé de
vermillon, quand on veiît feulement’faire une montagne
, des maifons , des fonds de payfagés, des
terraffes ; le vernis peut alors tenir lieu de mordant ;
on s’en fert pour revenir fur fon deflin , 8c donnes
des formes à ce qu’on n’a fait d’abord que coucher
à plat.
Maniéré de vernir' à la pâte.
Les pâtes fervent à faire des reliefs fur le (quels
on peint des arbres, des montagnes, des maifons.
On compofe ces pâtes de plufieurs façons ; la
meilleure ferôit celle des Chinois & des Japonois :
mais comme on J’ignore, on cherche à l’imiter en
broyaqt enfemble du blanc d’Efpagrie & de la terre
d’ombre , avec un vernis gras à l’ambre.
Prenez environ deux çncès de blanc d’Efpagne,
autant de terre d’ombre, avec une once de vernis;
broyez le tout fous la molette, 8c compofez-en une
efpëce de pâte , en la détrempant affez au vernis
à l’ambre , pour qu’elle puiffe s’employer au
pinceau.
Quand toutes les préparations pouf les fonds
noirs font faites, & que les fonds font polis & bien
noirs , on met deffus l’ouvrage une ou plufieurs
couches de la pâte , fuivant l’épaifféur qu’on veut
avoir.
On fait fécher la pâte , foit au foleii, foit dans
une étüvë: quand elle eft fuffifamment endurcie j
on unit avec des tnqrçejux de prêle les endroit»