
forme neuf cens quarante-neuf pouces & une ligne
neuf points quarrés de furface. Il eft vrai qu’à un
fixième de ligne d’épaiffeur, la pièce eft foible ;
mais il fe fait des pièces qui le font davantage &
qui durent. On ne comprend pas dans ce calcul
la fuperfieie des rognures; mais c’eft peu de chofe;
la plate devient prelque ronde en la travaillant. On
»en fêpare à la cifaille que quelques coins. Ces
rognures font vendues au poids , par l’ufmier, au
maître fondeur qui les remet à la fonte.
Lorfque les fourrures de chaudrons ou d’autres
ouvrages ont reçu leurs principales façons aux batteries
, on les rapporte à la fonderie, où on les J
finit en effaçant, au marteau, les marques de la batterie
, & en leur donnant le poli qu’elles peuvent
prendre.
Dans prefque toutes les fourrures il y a des pièces
dont les parties ont été plus comprimées que d’autres
, qui ont des pailles ou autres défauts ; de forte
que quand on les déboîte, on en trouve de. percées
& même en affez grand nombre. Voici comment
on y remet des pièces.
On commence par bien nettoyer le trou, en réparant
tout le mauvais cuivre, & arrachant les bords
avec des pinces quand la pièce a peu d’épaiffeur,
ou les coupant à la cifaille quand la pièce eft forte ;
enfuite on martele fur l’enclume les bords du trou,
les rendant unis & égaux ; on a une pièce de l’épaif-
feur convenable ; on l’applique au trou à boucher ;
& fuivant avec une pointe les bords du trou, on
trace fa figure fur la pièce. A cette figure on en
circonfcrit fur la pièce une pareille qui l’excède d’environ
deux lignes. On coupe la pièce fur ce fécond
trait, on la dentelle fur toute la circonférence, &
les dents atteignent le premier trait. On replie ces
dents alternativement & en fêns contraire. On applique
ainfi la pièce au trou; on rabat les dents
qui ferrent les bords du trou en deffus & en def-
fous ; ©n rebat fur l’enclume & on reffoude le tout
enfemble.
La foudure fe fart d’une demi-livre d’étain fin
d’Angleterre, de trente livres de vieux cuivre &
de fept .livres de zinc ; on fait fondre ce mélange.
Après la fufion, on le coule par petites portions
dans un vaiffeau plein d’eau , qu’on remue afin
d’occafionner la divifion. Cela fa it, on retire la
foudure de l’eau, & on la pulvérife en la battant
dans des mortiers de fer. On la paffe pulvérifée
par de petits cribles qui en déterminent la fineffe.
Il en faut de différentes groffeurs , félon les différentes
épaiffeurs des ouvrages à fouder ( i) .
Pour faire tenir la foudure fur les dents de la pièce
à fouder, on en fait une pâte avec de l’eau com-
(i) N. B. Un chimifte Allemand prétend q indiquée par Fauteur du mémoire, ne peut êuter ec ebttoen fnoeu d, u&re Uqunee l’péataritnie qdue’ on y ajoute fans nécelïité, la rendra caflante. une foudure cozuilnacn t&e &de umxa dlelé acbuliev ;r e&, f ufii vla’onnt lfuaiit, , ddoint-niel,r osn’yt paprepnlidqrueé,e i.l fera irapoflible de diftinguer l’endroit où elle a été
mune, & partie égale de borax: on en forme untf
traînée fur la dentelure ; on laiffe fécher la traînée,
puis on paffe la pièce au feu, où on la laiffe jufqu a
ce que l’endroit à reboucher ait rougi.- Le borax
qu’on emploie eft un fel neutre & réfra&aire, qui
n’agit point fur le métal même , mais bien fur les
fcories. Il couvre la furface du métal, il la garantit
de l’a&ion de l’air & l’empêche de brûler ; il répare
les impuretés qui peuvent s’y trouver ; ce qui fait
que les particules métalliques fe touchent plus facilement
, & plus intimement.
Comme la couleur de la foudure diffère de celle
du cuivre, pour l’empêcher de paroître on a une
eau rouffe épaiffe, faite de terre de potier & de
foufre détrempés avec de la bière, qu’on applique
fur la foudure ; enfuite on remet au feu , qui rend
au tout une couleur fi égale , qu’il faut être du
métier pour découvrir ce défaut, fur-tout après
que l’ouvrage a été frotté avec des bouchons d’étoffe
imbibés d’eau & de pouflière ramaffée fur le plancher
même de l’atelier. D ’ailleurs, foit par économie
, foit par propreté, foit pour pallier les défauts
après qu’on a battu les pièces, on les paffe au tour.
Ce tour n’a rien de particulier : c’eft celui des
potiers d’étain. Deux poupées contiennent un arbre
garni d’un rouet de poulie, fur laquelle pafîe une
cofde fans fin, qui va s’envelopper aufli fur une
grande roue qui fe meut par une manivelle. Le
bout de l’arbre qui tient à la poupée eft en pointe ;
l’autre bout porte un plateau rond & un peu concave
, fur lequel on fixe le fond du chaudron par
une pièce deftinée à cet ufage, dont la grande barre
eft concave. Les chaudrons ou autres ouvrages ne
manquent jamais par les foudures : les pièces n’y
feroient de tort qu’en cas qu’on vbulût les remarteler
; alors la pièce fe fépareroit.
Voici comme on donne le dernier poli aux ouvrages
de cuivre. Après avoir paffé les ouvrages à
polir par les marteaux de bois, fur les enclumes de
fer à l’ordinaire, de manière qu’il n’y refte aucune
trace groflière, on les met à tremper dans la lie de
vin ou de bière, pour les dépouiller du noir qu’ils
ont. Il faut que cette lie foit aigre & qu’elle contienne
de l’acide.
Dans les manufa&ures de laiton de Saxe, on
emploie le même trempis, dont on fe fert pour
étamer le fer-blanc. On prend du blé égrugé ou des
pommes de terre délayées avec des lies ou de l’eau
chaude jufqu’à la fermentation. On fait encore une
lefîive avec du fel & du tartre diffous dans de l’eau.
Le but de cette lefïive eft de détacher cette petite
couche de fcories produite par le feu qui ôte le poli
du métal.
Les ouvrages étant éclaircis par ce moyen, on
les frotte avec le tripoli, puis avec la craie & le
foufre réduits en poudre, & l’on finit avec la cendre
des os de mouton. L’outil dont on fe fert eft
un liffoir de fer qu’on promène fur toutes les moulures
& autres endroits.
Lorfqu’on a martelé & allongé use plate de cui*
vre en lame de dix à douze pieds de longueur fur
quatre pouces de largeur, & un tiers ou quart de
ligne d’épaiffeur, on la coupe en filet pour faire le
f i de laiton. Pour cet effet, on fe fert d’une cifaille
affermie dans un focle profondément enfoncé en
terre. Cet outil ne diffère des cifailles ordinaires ,
qu’en .ce qu’il a à l’extrémité de la branche fixée dans
le focle, une pointe recourbée qui dépaffe les tran-
chans, & qui s’élève de trois à quatre lignes au
deffus de la tête de la cifaille. Cette pointe a une
tige qui traverfe toute l’épaiffeur de la tête ; &
comme elle peut s’en approcher ou s’en éloigner,
elle termine la dimenfion du fil que l’on coupe.
Pour couper la bande de cuivre, l’ouvrier la jette
dans la bufe, fig. 18, pl: V ; car c’eft ainfi qu’on
appelle l’efpèce de boîte verticale qu’on voit dans la
figure citée, qui embraffe la bande , la contient &
la dirige. L’ouvrier tire la bande à lui, l’engage dans
les tranchans de la cifaille, pouffe une de fes branches
du genou, & coupe. La branche qu’il pouffe
du genou eft garnie d’un couffin. A mefure qu’il
fait des filets il les met en rouleaux, comme'on
les voit, fig. ip.
, S’il s’agiffoit de mettre en filets une bande fort
épaiffe, on fe ferviroit d’un levier mobile horizontalement
, & appliqué à la branche de la cifaille que
l’ouvrier pouffe du genou. On a des exemples de
ce mécanifme dans divers ateliers de fonderie.
Tréfilerie.
Cette partie de l’ufirie eft à deux étages. Le premier
eft de niveau avec les batteries ; il y a une
roue qii&_ l’eau fait mouvoir : cette roue n’a rien
de particulier ; l’eau eft portée fur elle par une
bufe. .
A l’autre étage on voit un affemblage de charpente
, compofée de montans affemblés folidement
par le - bas dans une femelle de onze pouces d’é-
quarriffage , & par le haut à un fommier de plancher
de quinze à dixi- huit pouces d’èquarriffage.
Chacun de ces montans en ont douze ; ils font percés
d’une mortaife chacun, d’où partent autant de
leviers mobiles autour d’un boulon qui les traverfe,
ainfi que les montans. Ils font encore garnis de
barres de fer néceflaires au mécanifme 8c à la foli-
dité. .Vers le milieu de leur longueur, ces leviers
pofent fur des couffins de groffe toile, ou autre
matière molle dont on garnit les petites traverfes à
I endroit où elles reçoivent le choc des leviers quand
ils font tirés. Du refte, ce'tte tréfilerie n’a rien de différent
de la tréfilerie du fil de fer. C’eft la même tenaille
, c’eft le même mouvement, c’eft le même
effet.
La roue a , à mentonnets, fig. 20, p i V I , agit
fur la traverfe mobile b ; cette traverfe b enbaif-
fant tire à elle la partie coudée g ; cette partie coudée
g tire à elle les attaches de la tenaille h ; la
tenaille h tirée ferre le fil de laiton, & l’entraîne
à travers les trous de la filière k. Cependant le
mentonnet de la roue a échappe ; le levier ƒ agit
repouffe la partie coudée g ; la partie coudée g
repouffe les attaches des branches de la tenaille ,
fait rouvrir la tenaille , avance la tête de cette
tenaille jufques vers la filière ; la roue a continue
de tourner; un autre mentonnet agit en b, qui
retire la partie coudée g ; cette partie retire les
attaches de la tenaille ; la tenaille fe referme ; en-
fe refermant elle refferre le fil ; le fil refferré eft forcé
de fuivre & de paffer par le trou de la filière & ainfi
de fuite.
Ce qui s’exécute d’un côté de la figure citée,
s’exécute de l’autre : on multiplie les tenailles &
les leviers àdifcrétion. On voit fig. ip, pl. V\ quatre
leviers & autant de tenailles.
La fig. 21 y p i V I , montre le mécanifme de la
tenaille ; 1 , eft l’étrier qui entre dans le bout de la
partie coudée ; %, eft le tirant de l’attache des branches
de la tenaille ; 3 , font les attaches de ces branches
; 4 , eft la tenaille ; les parties latérales 5 , 6 ,
fervent à diriger la tenaille dans les allées & venues.
Le refte eft le détail défaffemblé de la machine.
On voit à l’extrémité de l’atelier, p i V, une efpèce
de fourneau avec fa grille; c’eft-là qu’on fait recuire
le fil de laiton, lorfqu’il a paffé aux filières. La chaudière
contient du fuif de Mofcovie, pour graiffer à
chaud le fil coupé fur la plate, au premier tirage
feulement.
La filière 9 , fig. ip, p i V , eft engagée dans deux
crochets enfermés dans l’établi. Il y a encore un
étrier de fer contre lequel ellé porte.
La filière doit être d’acier, & percée de trous les
plus ronds qu’il eft poffible ; quand la filière eft
durcie & mife en place , on la frotte intérieurement
avec de l’émeri & de l’huile.
Il faut dans cet atelier un petit étau & des limes
pour préparer le bout de fil à paffer par le trou
de la filière.
Il y a de plus, une pelotte de fuif de Mofcovie,
qui tient à la filière du côte de l’introduétion du
fil , & qui le frotte fans ceffe.
Au refte, comme il faut que dans toutes les parties
de cette machine le mouvement foit doux, on
doit les tenir bien graiffées.
On voit d’efpace en efpace, derrière les filières,
des montans , fig. 10 , p i V , avec des chevilles;
c’eft-là qu’on accroche les paquets de fil de laiton à
mefure qu’ils fe font.
Le plan fur lequel la tenaille eft pofée eft incliné :
il y a deux portions de fil de laiton en arc qui détermine
la quantité de fon ouverture ; par cette pré-
! caution elle n’échappe jamais le fil de laiton.
On voit ƒ g-. 22, p i VI y la tenaille & fes attaches ;
c’eft encore elle qu’on voit fig. 23 ; a eft fon profil ;
b y une pièce quarrée où entre la queue de la tenaille ,
& qui dirige ion mouvement èntre les jumelles ; c ,
la clef qui arrête fa queue dans la pièce quarrée.
La fig. .24 eft une pièce qui s’ajufte aux attaches
de la tenaille ; e , cette pièce ; ƒ 8c g 3 autres pièces
d’affemblage»