
finelTe de tranchant ; parce qu’ils ont été faits d'un
acier fort fin & à grain très-petit, & qu’ils font def-
tinés à couper promptement Scnettement. 11 y a une
quatrième pierre du Levant d’un tout - a - fait beau
vard , fur laquelle on repaffe auffi les petits outils,
tels que les lancettes, & dont les ouvriers font grand
cas quand elle eft bonne.
Pour repaffer un couteau, on tient la pierre de la
main gauche, & l’on appuie deffus la lame du couteau
qui fait avec la pierre un angle affez confidérable : de
cette manière la lame prend fur la pierre & perd fon
morfil. On fait aller & venir quatre à cinq fois le
tranchant fur la pierre, depuis le talon jufqu’à la
pointe , fur un des plats en allant, & fur l’autre plat
en revenant ; la pierre eft à fec. Le rafoir s’affile entièrement
à plat ; & la pierre à 3 m | eft arrpfée
d’huile. Mais comme te morfil du rafoir pft fin, que
le grain de la pierre eft fin, & que la lame du rafoir
v a & yientà plat fur la pierre , il pourroit arriver que
le morfil feroit long-temps à fe détacher. Pour prévenir
cet inconvénient, l’ouvrier paffe légèrement le
tranchant du rafoir perpendiculairement fur l’ongle
du pouce ; de cette manière le morfil eft renverfé
d’un ou d’autre côté, & la pierre l’enlève plus &cj- |
lement. La lancette ne s’affile pas tout-à-fait tant à !
plat que le rafoir ; la pierre du Levant eft aufli arrogée
d’huile d’olive , & la lancette n’eft cenfée bien
affilée par l’ouvrier, que quand elle entre par fon
propre poids & celui de fa chaffe, & fans faire le
moindre bruit, fur un morceau de canepin fort fin
que l’ouvrier tient tendu entre les doigts de la main
gauche. 11 y a des inftrumens qu’on ne paffe point
Fur la pierre à affiler, mais fur lefquels au contraire
on appuie la pierre. C’eft la longueur de l’inftrument
& la forme qu’on veut donner au .tranchant, qui
déterminent cette manière d’affiler.
Des rabillages.
Les rabillages, en terme de coutellerie, font les
réparations qu’on fait aux inftrumens qui ont fervi.
On y emploie ordinairement le? apprentis déjà un
peu exercés, qui apprennent leur art aux dépens de
quelques bleffures , lefquelles fervent, fuivant un
di&on des ouvriers, àfaire entrer le métier dans le fang.
Avant que de repaffer un couteau qui a fervi , il
faut effuyér la lame, ferrer le clou à petits coup? de
marteau, faire un tranchant un peu nourri, & le
repaffer droit fur la meule & fur la pofiffoir«, lans
faite de creux ni boffes. . ,
Quand ce font des cifeaux à repaffer, il faut les
démonter: on donne à chaque branche un coup de
meule pris à deux lignes audeffous du trou, vers la
branche ; on donne auffi un coup de meule aux
pointes pour les égalifer. La Ml
Les cifeaux doivent être en général émoulus bien
vivement en dedans des lames, & il fau-t que le bifeau
du tranchant foit tiré vivement, & ce bifoau
doit être arrondi à tous les petits cifeaux du côté
gauche du tranchant, enforte que toute la vivacité
foit du côté droit. Le dedans des lames doit être un
peu coricâvë, & les extrémités doivent être pointues
& franches, excepté certains cifeaux dont on
rend les pointes moufles avec la pierre du Levant.
Le grattoir à deux tranchans avec une vive arête
dans le milieu, fe rémoulera vivement, enforte qu’il
ne paroiffe qu’un feul coup de meule fur chaque face.
La vive arête doit commencer en bas, & ne fe terminer
qu’avec la pointe ; chaque tranchant doit
former un ventre régulier.
Le canifAo’it avoir un tranchant fin, droit, v if &
régulier du haut en bas. Le dos fera aminci par un
bifeau fait .d’un coup de meule de chaque côté, ce
qui forme un tranchant deffus propre à racler la
plume.
Les rafoir s doivent avoir un tranchant bien régulier
qui forme un petit ventre tout le long ; fa pointe doit
être Arrondie, & le bifeau du dos doit être émoulu
y if & bien droit ; & depuis le bifeau jufqu’au tran*
,chant, le plat .doit être évidé.
Ces repaffages faits, il faut polir, remonter les
inftrumens, en effuyer l'émeri fur un tablier de peau
ou il y a eu des cendre? ; enfin, affiler ? & rendre les
ouvrages en bon état.
Communauté des Couteliers.
La plus belle coutellerie de France fe fait à Paris ;
il s’en fait auffi beaucoup de très-eftimée à Moulins ,
à Chatelleraud, à §ofjies, à Langres, à Caen, k
Saint-Etienne, &c.
j^e? ftatuts de la communauté des couteliers font
; de 15 05 , confirmés par lettres - patentes du roi
Charles IX , datées de la Rochelle, en feptembre
j 565 ; par d’autres lettres-patentes du même ro i,
datées de Saint - Maur - les - Foffés , du 4 novembre
1566 > ph Us font augmentés d’un article ; publiées &
enregiftrée? au greffe du châtelet , le? premières le 9
décembre 150<5, & les dernières le 3.9 mai 1568. Us
furent auffi confirmes par Henri I I I , en mars 1586,
Sc par Henri I V , auffi en mars 1608.
Ces ftatuts les nomment maîtres feur.es-couteliers,
graveurs & doreurs fur fef & acier trempé & non
trempé.
Les maîtres jurés, qui font au nombre de quatre ;
dofit deux font élus chaque année, ont foin de? affaires
du corps, préfident aux affemblées, reçoivent
les appreotifs, les maîtres^ &. ordonnent le chef-
d’oeuvre.
Les maîtres ne peuvent avoir qu’un apprentif,
.obligé au moins pour cinq ans.
Qn ne peut être maître fans avoir fait apprentif-
fage & chef-d’oeuvre , excepté les fils de maîtres qui
ont travaillé cinq ans chez leur pere, & les compa-
gnpns étrangers qui, ayant fait dans les villes de
proyince lçur apprentiffage de trois ans, font reçus
à la matîtrife par chef-d’oeuvre , pourvu toutefois
qu’ils aient encore été compagnons chez un maître
de Paris pendant trois ans conlecutifs.
Les vifites de jurés fe font de droit tous les quinze
jours, quoiqu’il leur foit fibre d’en faire plus fouvent,
à la charge néanmoins faire rapport des contra*
y entions,
yèntlons, & failles dans les vingt-quatre heures de-
vant le prévôt de Paris, &c.
- Il en eft des veuves de cette communauté, comme
de celles des autres. - f
Les filles & veuves de maîtres affrançhiilent les
compagnons qu’elles époufent. 1 i
Défenfe à tout autre qu’aux maîtres de repolir &
rémoudre, neuve ou vieille pièce concernant la coutellerie,
dans les places publiques & autre:part.
•Il eft permis aux maîtres couteliers de vendre en
détail des. pierres à rafoir, dont néanmoins ils ne
peuvent faire aucune montre dans leur boutique , ni
en avoir chez eux plus d’un cent a la fois , le commerce
en gros de cette marchandife-appartenant aux
marchands merciers-quincailliers.
Chaque maître eft obligé d’avoir un poinçon ou
marque pour marquer fpn ouvrage, qui doit lui etre
donné par les quatre jurés, avec défenfe s d’imiter le
poinçon les uns des autres.
Les maîtres couteliers de Paris ne peuvent acheter
de la marchandife foraine de coutellerie, qu elle n ait
été auparavant vifitée, . -
Il eft défendu aux couteliers, par un édit .de. 166(5,
de fabriquer & débiter des bayonnettés , poignards ,•
dagues., épées en bâtons.&c., ô t ,de demeurer dans
les collèges & autres femblables communautés.;
Enfin , il eft défendu ,à tous marchands merciers
qui font commerce demarchandifes de coutellerie,
de tenir chez eux aucun compagnon pour travailler
dudit métier, ni d’avoir des meules & des poliffoires.
Par édit du mois d’aout 1776» la communauté,
des couteliers a été réunieà celles ■ des .fourbiflèurs&
des arquebufi’ers, & leurs droits de réception ont
été fixés à 40a livres. .
Après les détails que nous venons de donner fur les
procédés & fur l’art du coutelier, il eft bon de jeter
les yeux fur les deux planches qui font deftinées à
cet art, pour s’en rappeler les principales operations.
Explication fuivie des planches de l’ Art du Coutelier.
Planche I. La vignette ou le haut de la planche
montre la boutique d’un coutelier.
Fig. 1, forge.
’ Fig. 2, ouvrier fur la planche qui polit ou émoud.
Fig. 3 , ouvrier qui repaffe un rafoir fur la pierre.
Fig. 4 , ouvrier qui fore àd’arçon.
Fig. 7 , ouvrier qui lime.
Fig. 6 , la marchande qui range de l’ouvrage.
Fig. 7 , tourneur de roue.
a , l’enclume avec fon billot & le marteau.
Fig. 8 , pofiffoire.
Bas de la planche.
Fig. 1 , foret avec fon archet & fa plaque.
Fig. ,2 , tourne-vis.
Fig. 3 , pierre douce d’Allemagne»
Fig. 4 , tenailles.
Fig. 3, étau à 'main.
Fig. 6 , pince, plate.
Fig. 7 , pince ronde.
Arts & Métiers. Tome IL Partit h
Fig. 8 , foie."
Fig. 9 , bruniffoir.
Fig. /o, marteau de forge»
Fig. 11, marteau à dreffer.
Fig. 12, lime en couteau.
Fig. 13 y pierre à affiler les rafoirs.
Fig. 14, cuir à rapaffer.
Fig. if ». marteau d’étabïï.
Fig. 16»enclume d’établi.
Fig. 17, poinçon.
‘ Fig. 18 , cifeau.
Fig. 19, lime plate.
Fig. 26 , grand étau.
Fig. 21, enclume.
Fig. 22y pofiffoire.
Fig. 23, la meule avec fon équipage.
A , la roue.
B , la manivelle.
C , la corde.
D , la planche.
E , la meule.
F , la poulie.
G , l’auge., r
Planche I I , fig. 24, tas. Il doit être de fer travaillé
au dedans, comme on le voit par le profil (fig. 27 ) ;
cet outil fert à relever les mitres des couteaux.
Fig. 27, profil du tas & fa conftruéîion intérieure.
, Fig. 26 y autre tas ; il doit auffi être de fer, & fert
à évider les rafoirs.
Fig. 27 , mordache; c’eft une efpèce de pince faite
d’un morceau de bois , dont on fe fert.pour ne pas
gâter l’ouvrage en le finiffant.
Fig: -28 , châjfe;e lie doit être de fer percé, au
dedans, d’outre en outre par un trou rond ; elle fert
à retirer les mitres dès couteaux.
Fig. 29 , troifième tas de fer ; il fert à redreffer les
lames des couteaux.
Fig. '50, poche de cuir, foütenue par -une traverfe
de bois fcëlléé dans le mur & embraffant un étau ;
elle’ fert à ramifier la limaille des métaux, précieux.
Fig. 31, pl'àne ; elle fort à couper le bois &. la
corne. .........
Fig. 32 , tenailles courbes pour la fprge.
Fig. 33, tenaillés droites.
Fig. 34» marteau à frapper devant.
Fig. 3 f , limes fer vant à limer les couteaux, cifeaux,
rafoirs, canifs &. autres inftrumens \ les autres limes
vont toujours en diminuant.
Fig. 36 \ queue de rat ; elle fort à limer les anneaux
des cifeaux.
Fig. 37 y tenailles en bois, forvant à tenir les lames
des couteaux, lorfqu’il faut les émoudre.
Fig. 38 y moule à émoudre les lames des couteaux.
Il y en a de différentes hauteurs.
Fig. 39 y pofiffoire ou meule de bois de noyer,
propre à polir les couteaux. Les pofiffoire? des plus
petits diamètres fervent à polir les rafoirs , canifs
& cifeaux.
Fig. 40, mandrin pour les yiroles des couteaux,
G