
Il y a certaines- couleurs qui fe rétablirent par les
acides végétaux; tels que la crème de,tartre, le
vinaigre, le jus .de citron, &c. ce font particulièrement
les couleurs noires qui ont été tachées ou dè-
truites par l’urine & par de la leffive.
Les taches réfineufes font aifém mt enlevées par
refprit-de-vin.
Les dégraiffeurs de la ville de Paris, qu’on nomme
Suffi détacheurs , ne font pas une communauté particulière
, mais font reçus maîtres dans celle des
frippiers.
Les teinturiers de petit teint font auffi appellés
dégraiffeurs & détacheurs, parce qu’ils fe mêlent
d’ôter la graiffe & les taches des étoffes de foie .ou
de laine qui ont déjà été portées, & qu’on leur
donne à reteindre.
Par un édit du Roi de 1700 , il eft ordonné à
tous dégraiffeurs & autres ouvriers qui font obligés
de fe fervir de l’eau de rivière, pour leurs ouvrages,
de fe pourvoir par devers les Prévôt des Marchands
& Echevins, afin de leur accorder la permlffion
d’avoir des bateaux, s’ils en ont befoin, & marquer
les lieux où ils pourront les placer, fans incommoder
la v ille , & fans empêcher le cours de la .
navigation ; & lorfqu’ils n’auront pas befoin de
bateaux, de fe pourvoir feulement devant le Lieu-
tenah^ de Police.
Nous avons donné plus haut une idée générale
de la théorie concernant la manière d’enlever les.
taches ; maivc’efi: dans les procédés particuliers ,
& dans le développement de ce qu’on appelle
fecrets , que l’on connoîtra mieux l’art du dégraif-
feur. Nous ne prétendons pas dire tous ces fecrets ,
dont beaucoup font hazardés & infuffifans; mais
nous ferons un choix de ceux qui nous ont paru
mériter quelque confiance, & qui peuvent remédier
à toutes les efpèces de taches fur des fonds de
différentes natures.
EJfence vefTimentale.
M. Dupleix a fait annoncer une ejfence vefiimen-
taie, qui a , félon lu i, la propriété d’enlever toutes
fortes de taches occafionnées par des corps gras &
réfineux, qui réuffit également bien fur toutes les
couleurs, fans changer ni altérer le ïtaftre des étoffes
les plus précieufes, qui eft incorruptible, & que
chacun peut employer foi-même avec le plus grand
fuccès; cette effence réunit encore l’avantage de
détruire les infcâes qui rongent les étoffes de laine,
les pelleteries & les fourures ; mais , malgré toutes
les merveilles qu’elle opère, nous ne devons pas
nous y arrêter plus long-temps, d’autant que l’auteur
a jugé à propos de. faire un myfière de fa
composition.
Pierre à détacher»
Les taches étant pour la plupart occafionnées par
des matières graffes & huileufes qui pénètrent l’étoffe
& en changent la couleur, voici la .manière
de compofer une pierre propre à enlever ces fortes
de taches*à froid, fans être obligé de la délayer
dans de l’eau chaude ; à moins que les taches ne
foient trop anciennes.
Prenez de la terre glaife dont fe fervent les foulons
pour dégraiffer leurs étoffes, un quart de foude
d’alicante , & un quart de favon blanc. Mettez
d’abord fur un morceau de marbre la foude d’alicante
& le favon; imbibez-les d’e au, broyez-les
çnfuite, comme on fait les couleurs fur le porphyre
; ajoutez-y la terre glaife après l’avoir hu-
meétée d’un peu d’eau; rebroyez de nouveau pour
bien incorporer le tout enfemble, & donnez à ce
compofé la forme de boules ou telle autre ; laiffez
bien fécher; vous aurez alors une excellente pierre
à détacher.
On gratte cette pierre avec un couteau pour en
faire tomber de la pouffière fur une tache nouvellement
faite ;, on frotte cette pouffière avec le doigt
pour la faire pénétrer dans l’étoffe ou le drap, afin
qu’elle puiffe abforber toute la graiffe, ou l’huile
quj forme la tache. On l’y laiffe quelque temps,
enfuite on frotte l’étoffe avec les doigts pour enlever
la pouffière, ou bien avec une broffe, & la
tache difparoît entièrement.
‘Mais fi la tache eft ancienne que la graiffe ou
l’huile fe foit defféchée deffus, ou que la poudre y
ait fait une craffe, comme les matières qui forment
la tache ne feroient point affez onétueufes pour être
abforbées par la pouffière de là pierre, il faut alors
délayer cette pouffière dans de l’eau chaude, &
en former une efpèce de pâte que l’on applique
fur la tache : la chaleur fait pénétrer la pouffière de
la pierre avec l’eau dans le tiffu de l’étofte, en même
temps qu’elle ramollit les matières graffes & huileufes
, qui alors font facilement abforbées par cette
pouffière ; on laiffe fécher feulement le tout à l’ombre,
parce que ce n’eft qu’en féchant & avec le
temps que les parties huileufes font abforbées. On
frotte enfuite l’étoffe_, & la tache difparoît entièrement.
Savon pour, toutes fortes de taches.
Il faut prendre fix jaunes d’oeufs , urfs demi-cuillerée
de fel écrafé, & une livré de favon blanc de
Venife; mêlez le tout enfemble avec du jus de
poirée, & formez-en des pains que vous ferez
fécher à l’ombre.
Lorsqu’on veut s’en fervir, on trempe avec de
l’eau claire l’endroit du drap ou eft la tache ; & avec
ce favon on frotte bien le drap des deux côtés,
on lave enfuite, & la tache s’en va.
Savonnettes pour les taches.
Pouf faire ces favonnettes, on prend du favon mon
ou du favon à fouler ; il faut le mêler & l’incorporer
• avec des cendres de vigne paffées au tamis de foie,
& de la craie pulvéritee , de l’alun & du tartre en
l poudre ; on met le tout dans un mortier de fonte ;
I on en fait des favonnettes que l’on fait fécher à l’ombre
& dont on fe fert en frottant les taches, qu’on
lave bien après, avec de l’eau claire.
Boules pour les taches.
Pour compofer ces boules, il faut prendre une
once de chaux v iv e , une' demi-livre de favon, &
Quatre onces d’argille, détremper le tout avec un
peu d’eau ; on en fait enfuite de petites boules dont
on frotte les taches, qu’on lave enfuite avec de
l’eau fraîche. .
Taches de cire fur les étoffes.
Pouf enlever ces taches fur les étoffes, 11 ne faut
que les imbiber avec de.l’eau-dé-vie ou de l’efprit-
de-vin; quoique ces liqueurs ne diffolvent point
entièrement la cire , elles en abforbent la partie
onftueufe, & laiffent les autres fans liaifon , qui fe
divifent, fe féparent alors facilement, & tombent
à terre quand on les frotte.
Taches de cire fur la foie & le camelot.
Prenez du favon mou ; frottez-en les taches de
cire; faites fécher au foleil jufqu’à ce que la chaleur
foit fenfible; lavez enfuite avec de l’eau fraîche l’endroit
de là tache ; & elle dlfparoîtra.
Taches de cire fur le velours de toute couleur 3 excepté
le cramoifî.
Prenez un pain de bonne pâte, & qui foit haut en
«lie & dur; coupez-le en deux; faites-le rôtir fur
le gril, & étant bien chaud & bien nettoyé, mettez
fur l’endroit où eft la tache de cire; il faut
remettre un autre morceau tout chaud, lorfque le
premier a fait fon effet, & continuer ainfi jufqu’à ce
que toute la cire foit enlevée.
Taches de graiffe, d'huile, de cambouis..
On emploie fouvent le favon pour enlever les
taches de graiffe fur les habits & les étoffes, parce
qu’étant compofé d’hüile & d’alkali il diffout les
graiffes, & enlève les taches ; mais il y a des couleurs
vives ou délicates qui font altérées par ce
favon ; o r , voici un petit procédé qui a l’avantage
d’enlever les taches de graiffe, d’huile, de cambouis
, fans altérer les couleurs des étoffes^
Il faut prendre un jaune d’oeuf & en mettre fur
la tache ; on fe fert enfuite d’un linge blanc qu’on
appliquepar deffus, & onhumefte ce linge avec de
l’eau auffi chaude qu’on la peut fupporter ; on frotte
le tout enfemble un inftant, en recommençant ainfi
deux ou trois fois, & imbibant chaque fois la fer-
viette d’eau chaude ; on ôte enfuite le linge qui aura
attiré le jaune d’oeuf & avec lui enlevé la tache ; on
lave bien avec de l’eau claire l’endroit où étoitla
tache, & onflaiffe fécher l’étoffe; & lorfqu’elle eft
fèche , on voit que la tache a été entièrement
enlevée.
Si on enlève cette tache fur une étoffe qui ait fon
premier Iuftre, on le détruit dans cet endroit par
cette opération ; mais on peut lé lui rendre facilement.
Pour cela on fait délayer un peu de gomme
arabique dans de l’eau ; & fi c’eft à du drap qu’on
veuille rendre le Iuftre, on trempe uiie broffe dans
cette eau légèrement gommée, & on la paffe fur
l’endroit du drap où on a enlevé la tache, ayant foin
de paffer la broffe dans le fens où les pôils du drap
font couchés ; on applique enfuite fur cet endroit
une feuille de papier blanc, & par deffus un morceau
de drap, ou autre étoffe qu’on charge d’un
poids : en laiffant ainfi fécher l’étoffe fous preffe ,
elle recouvre fon premier Iuftre. Si c’eft de deffus
une étoffe de foie qu’on ait enlevé la tache, alors
pour rendre à cette étoffe fon premier Iuftre, au
lieu de paffer deffus la broffe, on la trempe finalement
dans l’eau gommée , & en paffant la main
fur les poils de la broffe, on fait jaillir l’eau fur
l’étoffé en forme de petite vapeur : la raifon en eft
que fur les étoffes de foie, il n’y a point de poils à
faire coucher comme fur les étoffes de drap.
Autre.
Voici la compofition d’une eau qui enlève de
même les taches , fans altérer les couleurs , & que
l’on peut avoir toujours toute prête. On met dans
une bouteille deux livres d’eau de fontaine bien
nette & bien pure ; on y fait diffoudre gros comme
une noix de cendres gravelées, ou gros comme
une noifette de potaffe, & deux citrons coupés en
tranches ; on laine digérer le tout environ vingt-
quatre heures ; on filtre enfuite cette liqueur ; &
lorfqu’on veut enlever quelques taches, on ne fait
qu’en verfer deffus ; on la frotte, on la lave dans
de l’eau bien chaire, & la tache difparoît.
Autre pour les taches de cambouis.
Il faut mettre du beurre fur l’endroit où eft la
tache, frotter enfuite avec du papier gris, & une
cuiller d’argent dans laquelle on met du feu. On
lavera le tout enfemble de même que l’on fait pour
la cire.
Taches de goudron ou de poix.
Le goudron ou la poix eft une réfine diffoluble
dans l’efprit-de-vin. Ainfi, on enlève ces taches
très-facilement en les imbibant d’efprit-de-vin.
Comme les réfines font auffi diflolubles dans
l’huile effentielle de térébenthine, on peut avoir
recours à cette liqueur qui, lorfqu’elle n’eft point
mélangée avec des huiles graffes, ne tache point les
étoffes.
Si l’on veut s’affurer que l’huile effentielle ne
contient pas d’huile graffe, il faut imbiber un papier
blanc de cette huile effentielle ; fi elle en contient,
il paroîtra une tache fur le papier ; f i , au contraire,
elle n’en contient point, le papier reftera tel qu’il
étoit avant qu’on l’imbibât de cette huile.
Taches de poix & de térébenthine.
Il faut enduire de bonne huile d’olive l’endroit
; de la tache ,■ & le laiffer fécher pendant vingt*
. S i )