
pour qu’elle ne paroiffe pas. On la fait agir par une
martingale lorfque le cheval bat à la main.
Le mafiigadour eft une efpèce de mors uni, garni
de patenôtres & d’anneaux , qu’on met dans la
bouche du cheval pour lui exciter la falive & lui
rafraîchir la bouche. Il eft compofé de trois moitiés
de grands anneaux faites en demi-ovales, d’inégales
grandeurs, les plus petites étant renfermées
dans la plus grande qui'doit avoir un demi-pied
de hauteur.
Le maftigadour eft monté d’une têtière & de
deux longes ou rênes.
Le bridon eft une fimple embouchure qui fe termine
par des anneaux dans lefquels on paffe les
rênes. On l’appelle bridon à la royale, parce que ce
fu t , dit-on, Louis XIV qui s’en fervit le premier
dans une circonftance où la bride de fon cheval fe
cafta.
Le bridon à fangloife ne diffère du bridon à la
royale, que par fon anneau demi-rond , monté fur
un fer ' rond , & pafte dans l’anneau qui termine
l’embouchure.
On ne mène les chevaux anglois qu’avec des bridons
, & on ne leur met des brides qu’à l’armée. Il
n’y a point de cheval sûr ou utile qui puiffe aller
avec un bridon , s’il n’eft premièrement monté avec
le mors.
Le filet eft encore une forte d’embouchure la
plus fimple de toutes, dont on fe fert pour panfer
le cheval, le conduire à l’abreuvoir, & le mener
avec la longe à la main.
Gourmette, faujfe gourmette.
La gourmette eft en partie d’autant plus effentielle
dans une embouchure , que la perfeâion de l’appui
dépend de la jufteffe de fes proportions & de fes
effets; c’eft une chaîne compofée de mailles, de
maillons, d’une S & d’un crochet.
Les maillons font des chaînons pris.de verges de
fer rondes, de divers diamètres, repliés en cr>, dont
les extrémités, un peu plus minces que la panfé, font
amenées, de manière qu’elles en outrepaffent le
milieu, l’une fur un plan, & l’autre fur un plan
perpendiculaire au premier, & que chacune d’elles
laiffent une ouverture en forme d’anneau d’epviron
cinq ou fix lignes de diamètre, pour recevoir librement
d’autres mailles femblables.
Celle du milieu eft ordinairement plus forte &
plus nourrie que celles auxquelles elle eft affem-
blée de droite-& de gauche; elle a depuis trois juf-
qu’à cinq lignes de diamètre, félon le cheval pour
lequel la gourmette eft forgée.
Celles qui fuivent fes deux voifines font plus
minces : car tous ces chaînons décroiffent toujours
à mefure qu’ils approchent des maillons , qui ne
font autre chofe que de petits anneaux alongés,
& quelquefois légèrement tordus furie plan. Toutes
ees mailles doivent au furplus être pliées dans le
même fens & du même côté , afin qu’il en réfulte
trois faces , dont l’une n’ayant que de légères éminences
, eft en quelque façon applatie ; c’eft cette
face que l’on nomme le plat de la gourmette &
qui doit porter fur la barbe.
Les maillons font au nombre de trois. L’un d’eux
eft affemblé avec la dernière maille d’un côté & une
S , qui l’eft elle - même par fon autre extrémité ’
mobilement & poftérieurement à l’oeil du banquet!
Les deux autres, égaux en forme & en groffeur, terminent
l’autre côté de la gourmette, & peuvent être
pareillement reçus dans un crochet'-mobilement
engagé dans l’oeil du banquet de l’autre branche.
Ce crochet n’eft proprement qu’une S , non fermée
dans fa partie pendante ; la pointe en doit être non-
feulement émôuftee & arrondie, mais encore rejetée
en dehors par un contour qui commence, &
que l’on apperçoit feulement au milieu de la longueur
de la partie relevée. Quant à l’S , quoique
le nom qu’on lui conferye paroiffe y répugner,
l’une & l’autre de fes extrémités formant chacune
un anneau , doivent, être recourbées extérieurement.
V *
Nous dirons encore que çette S & ce crochet font
légèrement coudés en contrebas, & fur plat, immédiatement
au point de la formation de l’anneau par
lequel ils font affemblés à l’oeil : par ce moyen , ces
mêmes anneaux, quand la gourmette eft en place,
ne déverfent ni d’un côté ni d’autre. De plus, le
peu de tige qui Jui refte doit être néceffairement
pliée; de façon que tous les deux fuivent avec
exactitude le contour extérieur des parties fur lesquelles
ils doivent paffer en defcendant jufque fur
l’arc du banquet.
Quelques perfonnes ordonnent à Féperonnier de
fixer, par un rivet, à l’extrémité fupérieure du crochet
, un petit reffort dirigé en contrebas, & courbé
de manière qu’il appuie par fon autre' extrémité
contre la portion relevée de ce même crochet. Cette
précaution eft excellente, fur-tout eu égard à des
chevaux qui battent fans ceffe à la main; car quels
que foient le mouvement & l’aétion de leur tête, ils
ne peuvent fe dégourmer , puifque la gourmette ne
peut être décrochée qu’autant que le' reffort preffé
immédiatemeut avec le doigt, ne s’oppofe plus à la
fortie du maillon.
La longueur de cette chaîne doit fe rapporter aux
proportions de la barbe & des portions intérieures
de la bouche ; il en eft de même de fa groffeur. Si
la furface de la partie des mailles qui repofe fur la
barbe , lorfque la gourmette eft placée, eft confidé-
rable , elle porte fur un plus grand nombre de points
fenfibles, qui , partageant entre eux l’imprefiion
qu’auroit fupportée un plus petit nombre de points,
en font chacun moins affeétés. : ainfi les groffes gourmettes
conviennent en général à des chevaux dont
la barbe eft maigre, élevée & fenfible; & les plus
minces à ceux dont cette partie eft charnue & garnie
de poil,. Dans le cas d’une fenfibilité & d’urie déli-
cateffe exceflive , ’ on en émouffe & l’on en diminue
l’aétion par le moyen d’un feutre. On appelle de ce
nom indifféremment toute bande, foit de cuir, foit
d’une
d’une étoffe foulée telle que le feutre : on préfère
néanmoins la première à celle-ci, qui fut d’abord en
ufage, mais dont l’épaiffeur prendit trop fur la longueur’des
gourmettes, & mettoit encore la partie
fenfible trop à l’abri de leurs effets. Cette bande qui
d’ailleurs doit être d’une longueur proportionnée,
doit être coupée de manière qu’elle ait dans fon
milieu environ un pouce & demi de largeur, &
qu’elle décroiffe toujours à mefure quelle approche
de fes extrémités que l’on, arrondit, & auxquelles
on pratique une fente deftinée au paffage de la gourmette
, qui y eft engagée de manière qu’étant mife
en place, elle porte immédiatement fur le feutre ,
tandis que le feutre repofe immédiatement fur la '
barbe.
Il n’eft pas douteux que cette portion du mors ,
inconnue dans les fiècles reculés, n’y a été adaptée
qu’enfuite de l’addition des branches , dont l’inutilité
eft évidente, fi l’on ne fournit au levier qui en
réfulte un fécond point d’appui, fans lequel l’embouchure
ne_peut faire une impreflion fumfante fur
les barres: outre que cette chaîne effe&ue ce point
d’appui, elle exerce une aftion néceffaire & plus ou
moins vive , fur la partie contre laquelle elle eft extérieurement
appliquée. , . ..
Rien n’eft plus fingulier que de voir les écuyers,
qui nous ont précédés, s’épuifer en recherches fur
les moyens de varier les formes des gourmettes , &
s’éloigner toujours davantage de la forte de conf-
truâion dont ils auroient pu retirer une utilité réelle.
Les unes étoient d’une feule pièce, polie .avec
foin, & à peu près contournée comme le fer des
caveffons : les autres, que l’on nommoit gourmettes
à la figuette, différoient peu de celle-ci par la figure ;
mais le ,côté qui portoit fur la barbe étoit taillé
en dents plus ou moins aiguës, & toujours capables
d’eftropier ranimai. Il y en avoit des plates & à.char-
nière; quelques-unes étoient faites de chaînons repliés
carrément ; plufieurs ne confiftoient qu’en une
verge de fer. formant un anneau, & attachée au
fommet du montant de l’embouchure, ainfi que dans
le mors à la genette. Quelquefois on fubftituoit à
cette verge de fer de petites chaînes très-légères,
des cordons de foie ; fouvent auffi on employoit
des gourmettes de cuir, de chanvre treffé, de fangle
doublée. O r , qu’annoncent tous ces travaux & tous
ces efîais, fi ce n’eft l’ignorance dans laquelle ils
étoient du véritable objet qu’ils dévoient fe propo-
fer, relativement au principal ufage de cette pièce
ou de cette partie ?
Les foins qu’ils fe donnoient pour vaincre la difficulté
de la fixer fur le lieu où elle doit agir, en
offrent une nouvelle preuve. Les uns en lioient les
deux maillons aux arcs du banquet; d’autres atta-
choient de petites chaînes à 1 amaille du milieu, & arrêtaient
ces deux chaînes aux chaînettes des branches ;
quelques-uns avoient recours à une petite fourche
de fer dont le manche étoit engagé par vis dans un
ecrou porté par l'a fous-gorge, & qui, defcendant le
long de l’auge, appuyoit par fes deux fourchons fur
Arts & Métiers Tome. II. Partie IL
la gourmette. On laiffe à juger du mérite de ces expédions
, & je crois qu’il eft permis de douter de celui
des maîtres à qui l’invention en eft due.
On nomme faujfe gourmette, deux petites longes
de cuir, coufues aux arcs du banquet.
. L’une d’elles, ainfi attachée à celui de la branche
droite, eft munie d’une boucle Jbredie à fon extrémité
, pour cette boucle être enfilée par l’autre longe ,
qui eft fixée de la même manière au banquet de la
branche gauche, & qui dans fa longueur un peu
plus confidérable que celle de la première , eft percée^
de quelques trous propres à recevoir l’ardillon.
I f eft encore une autre efpèce de faujfe gourmette
compofée de quatre bouts de chaînettes, d’une S
ou quelquefois d’une petite pièce de fer applatie ,
ronde, ou carrée, & percée, de quatre trous. Ces
quatre chaînettes font engagées par une de leurs
extrémités, chacune dans un de ces trous , ou deux
d’entre elles dans chaque anneau réfultans de la
courbure de la verge de fe r , dont l’S eft formée.
Leur autre extrémité eft fixée par tourets : favoir ,
celles des deux chaînettes les plus longues aux arcs
du banquet, & celles des deux chaînettes les plus
courtes, au bas des branches, de.façon qu’il en
réfulte une forte de croix, dont l’S ou la pièce de
fer occupe le plein ou le milieu.
En ferrant, par le moyen de la boucle, la première
faillie gourmette .au deffus de la véritable ,
on maintient les branches du mors en arrière, & l’on s’oppofe à ce que l’animal puiffe les faifir avec
les dents. La-fécondé fauffe gourmette produit le
même effet , par l’impoflibilité dans laquelle elle
met le cheval d’ouvrir la bouche fans attirer les
branches pareillement en arrière, &fans fe les dérober
à lui-même. Celle-ci eft infiniment préférable à
l’autre, qui endurcit l’appui & amortit le fentiment;
mais il eft très-fâcheüx d’être obligé de recourir à
de femblables expédiens , "dont, à la vérité, nul
_ homme de cheval ne fait ufage.
La défenfe dont il s’agit eft défagréable, & peut
même devenir dangereufe, fur-tout fi , au moment
où l’animal s’y livre , le cavalier a l’imprudence de
le châtier, car ce feroit exciter & inftruire l’animal
à fuir, dans l’inftant où l’on eft dans l’impuiffance
de le maitrifer ; mais on peut efpèrer de réprimer
ce vice & de lui faire perdre cette habitude , ou en
le montant pendant quelque temps avec un bridon
anglois feulement, ou en profitant du bridon à la
royale, pour le défarmer quand la Branche eft prife,
ou enfin, en faififfant avec tant de précifion le temps
où il la veut prendre , qu’on la lui iouftraie par un
• léger mouvement de main ; ce qui demande autant
de patience que de fubtilité.
Branche de la bride & des mors.
Les branches de la bride font deux pièces de fer
courbées, qui portent l'embouchure , la chaînette,
la gourmette , & qui font attachées d’un côté à la
têtière, & de l’autre aux rênes pour affujettir la
tête du cheval.
K k k