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Mais les donne-t-il par lui-mêmô , & eft-ce en facilitant
l’introduôion de la matière huiléufe ? C ’eft
la feule, fùfficBltè qui peut refter à réfoudre, & que
no’js examinerons dans un autre article.
Pour revenir -à nos eflais, le borax a été le feul
des autres fels que j’ai éprouvés, qui jeté fur la
fonte en fufion dans notre mélange de poudre de
charbon & d’o s , ait, comme l’alun & le vitriol,
donné de la blancheur à la fonte grife : mais il ne
l’a pas donnée fi fubitement, & il n’a pas donné
un fx grand degré de blancheur & de dureté.
Dans la fonte grife mife en fufion, avec parties
égales os & charbon, on a jeté du fiiblimé cor-
rofif ; elle eft au moins reftée grife, comme elle
l’étoit auparavant : peut-être même l’eft-elle de-,
venue davantage. Ainfx le fublimé ne la rendurcit
point, comme d’autres expériences l’ont fait voir':
il eft un puiffant fondant du fer; il peut être employé
avec fuccès lorfqu’on fe fervira de fontes '
difficiles à conferver douces pendant la fufion.
Le gypfe que j’ai effayé encore, parce que j’avois
vu tant d’autres fois qu’il agit piiiffamment fur le
fer , n’a produit ici aucun effet. Enfin tout ce que
. j’ai tenté en jetant fur de la fonte grife & douce
en fufion quelqu’ingrédient, n’a rien opéré pour
la rendre de meilleure qualité, fi on en excepte
le fel marin qui a paru produire quelque bon effet :
mais nous avons vu que le vitriol, l’alun, font très-
nuifibles dans cette circonftance ; qu’ils la rendent
dure & blanche fur-lê-champ.
Nous avons i°. donné le détail des expériences
©ù l’on a jeté quelque fel ou autre ingrédient, fur
de la fonte en fufion dans un ereufet où elle avoit
été mife feule. i° . Nous venons de parler de l’effet
des mêmes fels ou ingrédiens jetés dans de la
fonte fondue au milieu d’un mélange d’os & de
charbon. a°. Il nous refte à dire ce que nous avons
tenté en faifant fondre la fonte avec le fel même.
i° . Nous avons mis dans un ereufet cinq onces
de fonte .grife, & en même temps deux gros de
vitriol ; 2°. dans un autre ereufet, le même poids
de la même fonte, avec deux gros d’alun ; 3 0. dans
un autre, le même poids de la même fonte, &
deux gros de fel marin; 40-. dans un autre , lé
même poids de la même fonte, & deux gros de
fel de foude ; 50. dans un autre, le même poids
de la même fonte ’, & deux gros de borax. La
fonte de tous ces eflais eft fortie très-dure & très-
blanche , quoiqu’elle eût été mife dans le ereufet
très-grife '& très-douce.
Pour varier les manières d’éprouver l’effet des
fels fur la fonte, autant qu’elles le pouvoient être,
la feule qui me reftoit, étoit de mêler chaque fèl
en particulier, foit avec la poudre de charbon feule,
foit avec la poudre compofée de charbon & d’os }
& de faire fondre notre métal au milieu de cette
nouvelle compofition : les expériences a'infi retournées
ne fembloient pas beaucoup promettre ; mais
cela même fortifiera ce que nous avons avancé
tant de fois, qu’on ne fauroit trop les retourner,
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que l’on ne doit fe paffer aucune négligence en be
genre. La première de ces nouvelles épreuves fut
faite avec l’alun : j’en mêlai deux gros avec demi-
once de charbon ; je mis ce mélange dans un creu-
fet, & au milieu du mélange une once de fonte
grife. Si j’euffe eu à prédire le fuccès de cette épreuve
, j’euffe cru devoir annoncer qu’il fortiroit du
ereufet une fonte très-blanche & très-dure ; l’alun,
en toute autre circonftance, avoit toujours donné
à la fonte le plus grand degré de dureté ; cependant,
après lui avoir fait foutenir le feu pendant une demi-
heure , je la trouvai, à mon grand étonnement,
très-limable. Mais ce qui me Surprit le plus, c’eft
que cette fonte très-aifée à limer, très-aifée à percer
, avoit la blancheur & l’éclat des fontes les plus
parfaites : en un mot, cette fonte fi douce avoit
précifément la couleur que j’avois cherché à lui
donner par toutes les expériences dont il a été fait
mention jufqu’ici.
Je n’ai pas manqué de répéter cette dernière fur
une quantité de fonte plus confidèrable, & ç’a toujours
été avec le même fuccès. J’en ai fait d’autres,
où j’ai varié les dofes de l’alun, par rapport à celles
du charbon ; & d’autres où j’ai aufli mêlé l’alun en
differentes dofes , avec la poudre compofée d’os
& de charbon : le.réfultat de toutes a été que l’alun
ainfi employé donne de la blancheur à la fonte,
qui la met en état de paroître brillante après qu’elle
aura été limée. Si pourtant on outroit la dofe de ce
fe l, au lieu d’une fonte douce, on en auroit une
très-dure. Je voudrois fort preferire les bornes dans
lefquelles on doit la renfermer : mais cela ne me
paroît nullement pofiible. Selon que les fontes font
naturellement plus douces , ou qu’elles ont moins
de difpofition à s’endurcir, on pourra les fondre
avec une plus grande quantité d’alun. La première
expérience donne un exemple d’une des proportions
dans lefquelles on peut mêler cç fel. Il fera
. aifé de s’affurer par des expériences ert petit, fi elle
conviendra aux fontes qu’on veut jeter en moule;
mais fi on commence les eflais fur des ouvrages,
il fera prudent de pécher plutôt par le trop peu
que par le trop ; on aura toujours un ouvrage lima-
ble : s’il n’a pas une couleur affez vive & allez blanche,
on ajoutera du fel dans la compofition qu’on
fondra dans la fuite pour en couler de femblables
ouvrages.
Quand nous difons que les fontes que ce procédé
nous donne ont de la blancheur , nous ne
voulons pas faire entendre qu’elles en ont une
femblable à celle des fontes blanches ; elles ont aufli
une tiflure toute différente. Leur caffure paroît grai-
née à grains fins , bien détachés , égaux & d’une
eouleur d’un gris léger ; en un mot, cette caffure
eft femblable à celle de quelques aciers trempés:
aufli dès. qu’elle a été limée , paroît-elle avec le
blanc & le brillant des plus beaux aciers.
Quoique l’alun qui a été jeté fur de là fonte grife
tenue en fufion , foit au milieu de la poudre de
charbon, foit au milieu de celle d’os & de charbon,
l ’ait foudainement rendue dure, il femble fuivre des
dernières expériences , que fi on ne jetoit fur cette
fonte qu’une très-petite quantité d’alun, on pourroit
lui ôter de fa couleur grife, fans lui faire perdre
fa douceur. Mais cette expérience feroit toujours
fort incertaine ; quelque peu de poudre qu’on jetât
dans le ereufet, elle fe trouveroit en trop grande
quantité par rapport aux endroits de la fonte qu’elle
toucheroit, parce qu’il feroit impoflible de mêler
affez bien cette poudre. Quand heureufement on
réufliroit quelquefois par ce moyen, on ne devroit
jamais y avoir recours dans la pratique ; il expo-
feroit à trop de variétés.
Le fuccès qu’a eu la fonte rendue fluide dans la
poudre compofée d’alun & de charbon, ou d’alun,
de' charbon & d’os , qui eft. même celle qu’il faut
prendre par préférence ; ce fuccès, dis-je , ne per-
mettroit pas de douter que le vitriol ne pût être
fubftitué à l’autre fel : il le peut aufli. J’ai fait beaucoup
d’expériences pour comparer leurs effets ; fi
l’un des deux a paru mériter quelque préférence,
ç’a été l’alun. Ordinairement la fonte a été confer-
vée plus long-temps douce dans la compofition où
il eft entré , que dans celle où eft entré le vitriol :
d’ailleurs l’alun eft à meilleur marché, autre raifon de
le faire préférer.
Le borax me parut aufli mériter d’être éprouvé ,
puifqu’il avoit produit le même effet que l’alun &
le vitriol, quoique plus foiblement, lorfqu’il avoit
été jeté fur la fonte grife en fufion. Cependant,
lorfque je l’ai fait entrer dans la compofition delà
poudre dans laquelle la fonte a été fondue, cette
fonte s’eft toujours trouvée très-dure & très-blanche,
quoique tenue peu de temps en fufion.
J’ai aufli mêlé le fel marin avec cette poudre ;
j’y ai mêlé aufli du fel de foude. La fonte qui a été
fondue dans l’une & l’autre de ces compofitions,
afenfiblement confervé fa couleur grife; peut-être
pourtant que le fel marin l’a rendue un peu plus
blanche, fans lui ôter de fa douceur.
J’ai fondu de notre fonte grife , & trop grife dans
une compofition propre à convertir le fer en acier ;
elle étoit faite de deux parties de fuie , de deux
parties de charbon & d’une partie de fel marin.
Après qu’elle a été tirée du ereufet, je l’ai trouvée
très-limable ; & les endroits limés ont été blancs &
brillans. La compofition à alun m’a pourtant paru
faire mieux : d’ailleurs, lorfque j’ai réitéré l’ufage
de cette compofition, j’ai trouvé que la fonte s’y
endurcit plutôt qu’elle ne s’endurcit dans celle dont
l’alun fait partie.
Quoique le fer fondu forgeable ne foit plus fufible
étant feul, il peut être fondu avec le fecours de divers
fondans , & la fonte même peut lui en tenir
lieu. Du fer devenu forgeable, mêlé avec de la
fonte, femble devoir compofer une nouvelle fonte
qui, refroidie, fera plus limable, aura plus de corps
& une plus belle couleur que la fonte grife ordinaire.
Cette idée eft fi vraifemblable , que quoique
le fer mêlé avec la fonte, m’eût déjà mal réufli dans
les expériences du premier mémoii'e de cette troi-
fième partie , je n’ai pas cru qu’il fallût renoncer à
de nouvelles épreuves. Dans les autres, la fonte &
le fer étoient dans un ereufet où je n’avois mis aucune
compofition ; je ne connoifîbis pas pour lors
la nécefiité de la compofition , ou plutôt la nécefllté
de la poudre de charbon, pour empêcher le fer de
fe brûler avant de fondre. J’ai donc recommencé
les épreuves : j’ai mis dans un ereufet un mélange
égal de poudre d’os & de charbon , & j’ai fait entrer
dans cette poudre compofée , des fragmens de fonte
très-grife & de la limaille de fer. Le tout a été parfaitement
mêlé , favoir , deux parties de fonte grife
& une partie de limaille. L’expérience a été répétée
bien des fois; la fufion a toujours été longue à fe
faire : la fonte, qui feule eût été liquide èn moins
d’une demi-heure, mêlée avec le fer, n’a été en
liqueur qu’au'bout de deux heures ; & cette liqueur
refroidie a toujours été une fonte dure & .blanche.
Au lieu de la poudre d’os & de charbon , j’ai
pris enfuite de la poudre de charbon feule , & j’y
ai mis de même deux parties de fonte , & une
partie de limaille ; la fufion a été faite plus prompte-,
ment. Mais la fonte qui a été tirée en différens temps,
a toujours été blanche & dure.
Quatre parties de fonte grife fondue dans le charbon
avec une feule partie de limaille , ont été encore
fondues plus - vite : après une demi-heure de
feu, j’ai retiré de la fonte grife ; mais celle qui a
été retirée après étoit blanche : probablement le
fer n’étoit pas encore fondu lorfque la première à
été tirée, & c’eft pour cela qu’elle étoit grife ; la
fécondé étoit blanche, parce que la limaille fondue
en faifoit partie. De même dans une autre expérience
où j’ai fondu quatre parties de fonte grife
avec une de limaille de fer dans une compofition
faite d’une partie d’os,une partie de charbon, &
un quart d’une de ces parties de vitriol, j’ai coulé
de la fonte grife après une demi-heure de feu , &
la fonte étoit blanche après une heure de ce feu.
Il paroît par ces expériences que le fer forgeable
mis en fufion, non-feulement devient une fonte
blanche dure ; mais devient une foiite de telle qualité
que peu fuffit pour durcir celle qui eût été douce.
Au refte , par le poids de la fonte retirée des creu-
fets, je me fuis toujours affuré que le fer avoit été
fondu dans les expériences que je viens de rapporter.
Quoi qu’il en foit des différens moyens par lef-
quels on pourroit rendre la fonte d’une belle couleur
, en lui confervant la propriété d’être limable,
il ne paroît pas qu’on doive, fonger à recourir à
d’autres matières que l’alun , puifqu’il fait très-bien,
& qu’il eft à bon marché. Nous ajouterons feulement
une remarque qui conduira: à l’employer fans
rifque. Si l’on jette un morceau d’alun, ou une
petite maffe de poudre d’alun, dans de la fonte qui
eft fluide âu milieu même de la compofition d’os
& de charbon, l’on ôte foudainement à cette fonte
la difpofition qu’elle avoit d’être limable. Si au