
& longue, fuivant la grandeur & la grofleur des I
pièces. On joint les deux pièces l’une fur l’autre ; on !
les attache par'deux gouttes avec le fer chaud : puis
on conduit ce fer fur ce qu’on appelle la foudure ,
qui eft un cordon qui vient en moule à une pièce ,
foit du haut & du b a s & dans lequel il y a un degré
pour introduire juftementd’autre pièce, & qui fournit
en même temps la matière fumfonte pour faire la J
foudure : on fait marcher le fer eii tournant la pièce |
fur fes genoux ; on appuie le fer affez fort, afin
qu’elle foit bien trèfondue ; enfuite on retire fon
feutre avec un petit crochet.
La foudure pour l’étain fe fait en fondant en-
femble parties égales d’étain & de plomb ; mais la
foudure eft d’autant plus forte, qu’il y entre plus
d’étain : on y ajoute quelquefois du bifmuth.
Il faut avoir foin de paffer légèrement du fuif autour
de la foudure avant de-fonder.
Souder à la foudure légère. N
Souder à la foudure légère en étain, c’eft faire ;
tenir une anfe, ou charnière, ou autre morceau , à .
une pièce d’étain, foit de poterie ou menuiferie, |
fans la jeter fur la pièce.
Pour cela on attache, avec une goutte d’étain, j
l’anfe ou autre morceau qu’on a jeté à part fur la ;
pièce où on le veut unir ; puis on met du charbon
allumé fur une plaque de fer échancrée, qui, échauffant
l’anfe & la pièce où elle eft pofée, fait fondre
la foudure légère qu’on y met adroitement, & foude
la pièce proprement ; après quoi on retire le feu.
La foudure légère en compofée de trois parties ,
une d’étain fin, une d’étain de glace & une de plomb.
Cette foudure fe coule par petites branches fur une
râpe à étain ; elle eft fort tendre à fondre, c’eft ce qui
fait qu’elle fond fur une pièce chaüde, fans que la
pièce fonde.
On foude aufii , à la foudure légère, des pièces
fortant du moule , encore affez chaudes pour
fondre la foudure , principalement des chandeliers
d’étain, pour éviter de les fouder au fer : c’eft une
diligence.
Tourner T étain.
On tourne l’étain en lui ôtant, par le moyen des
outils , la couleur brute qu’il a prife en moule ,
pour lui donner le v if & le brun dont il a befoin
pour être perfeâionné , & pour lui donner une
figure plus nette & plus parfaite que celle qu’il a
déjà reçue;
L’ouvrier qui travaille au tour, commence par
dreffer fon empreinte qui eft pour tourner la vaif-
felle, ou fon calibre pour de la poterie ou menuiferie
; ces outils font de bois, tournés & formés à
la figure & proportion des différentes pièces, foit
pour les dehors ou les dedans; ou autrement, ils
ont une gaine ou trou carré, revêtu d’étain, formé
par le mandrin de l’arbre du tour dans lequel il
entre ; puis on fait tenir fa pièce fur ces empreintes
ou calibres, fi c’eft de la vaiffelle , par le moyen
de trois petits crampons de fer qui tiennent la
pièce fur l’empreinte par l'extrémité du bord, en
commençant par les derrières, & après les dedans
fur la même empreinte qui doit être creufée de la
grandeur & de la forme de la pièce ; ainfi il en faut
avoir autant qu’on a de moules de différentes grandeurs
: ou bien on tourne à la belouze, qui eft
une manière d’attacher les pièces en les foudam à
trois gouttes fur le bord avec le fer , fur une pièce
d’étain montée fur' le tour , và qui on donne ce
nom de belouze. Si c’eft de la poterie, on la dreffe
fur le calibre qu’on a monté fur le, mandrin , &
qui eft tourné proportionnément à la groffeur de
la pièce qu’on veut mettre deffus ; on la fait tenir
en frappant d’un marteau , fur une planche appuyée
contre la pièce pendant qu’elle tourne ,
jufq-u-à ce quelle tienne & tourne rondement ; cela
s’appelle tourner à la volée. Mais il y a une autre
manière plus diligente & plus fûre, fur-tout pour
d e sp è c e s longues , qui eft de tourner à la pointe ;
c’eft une vis qui marche dans un écrou enclavé
dans la poupée de la droite du tour, à peu près
comme la vis d’un étau de ferrurier , & par le
moyen d’une manivelle ou d’un boulon, on avance
& retire cette v is , dont le bout prefque pointu
jpint un morceau de bois ou de plomb qui s’emboîte
au bout de la pièce qu’on tourne , enforte qu’elle
la met ronde , & la tient fans qu’elle fe dérange
ni qu’elle puiffe s’échapper.
Dès que la pièce eft bien dreffée , l’ouvrier
tenant fon- crochet fous le bras & pofé; fur la barre
qu’il tient enfemble avec la main gauche , il le1
conduit de là droite par un mouvement égal &
réglé. , en le faifant couper l’étain : ce qui forme ce
qu’on nomme ratures: ; on appelle cette première
façon ébaucher. Oh fe fert enfuite de crochets qui1
coupent moins , parce qu’on les paffe fur* îin cuir
où on a mis de la potée d’étain'; ces crochets fe
nomment planes ; enfin on achève avec un bru-
niffoir. Lorfqu’on s’en fert , ,.il faut auparavant
répandre avec une patrouille de l’eau de favon fur
la pièce , & ne point appuyer le bruniffoir trop
f or tni s’arrêter pour ne point faire d’ondes ; il
fuffit d’effacer feulement les traits du crochet, &
ôn effuie l’eau de favon , après qu’on a bruni, avec
un linge doux qu’on appelle polijjoir, pendant que
la pièce tourne encore.
Il faut remarquer que les bons outils dans la
main d’un habile ouvrier , contribuent à faire le
bel ouvrage. Chacun a fa manière pour leur donner
un taillant propre à fon gré ; mais généralement
les crochets carrés , carrés demi-ronds; à deux
côtés , en pointe , &c. font préférables à toutes
autres formes. Les crochets, grattoirs & bruniffoirs
doivent être acérés du meilleur acier d’Allemagne.
Il faut une meule pour les émoudre, & une bonne
pierre d’Angleterre pour les affiler.
Il y a des bruniffoirs de différentes figures pour
la vaiffelle ou poterie., & pour réparer & achever.
Pour tourner des plats d’une, grandeur extraordipaire,
ou des jattes ou grands baffîns, qui pèfeht
jufqu’à 2.0 ou 2.5 livres pièce , ou enfin d’autres
pièces d’un trop gros poids , au lieu de faire aller le
tour avec la roue, ce qui n’eft prefque pas poffible,
on emmanche une manivelle dans le bout de derrière
de l’arbre du tour, par le moyen de laquelle
on tourne une pièce comme on tourne une meule
de taillandier, & par ce moyen on en vient plus
àifément à bout : cela s’appelle tourner à la guinguette.
Il faut obferver que pour tourner la vaiffelle ,
l’ouvrier conduit fes crochets •& bruniffoirs prefque
perpendiculairement, tantôt du bas de fa pièce au
milieu en montant, & tantôt du milieu en defeen-
tlant en bas, appuyant fur fes outils, afin de couper
l’étain également par-tout, & que la pièce ne foit
point fauffe, c’eft-à-dire, forte à un endroit &
mince à un autre. Lorfqu’on veut rendre une pièce
mince , on repaffe plufieurs fois le crochet qui
ébauche ; & pour la poterie , on conduit le crochet
fous la-pièce horizontalement, tantôt de droite à
gauche & de gauche à droite , & le-bruniffoir de
même., mais moins en deffous que le crochet ;
la meilleure manière eft de ne le paffer qu’une
fois.' :
Autrefois on tournoit toute la vaiffelle fur un outil
nommé croifée, compofé de trois branches de fer &
de trois crampons coulans fur ces branches ; on
avance & recule ces crampons fuivant la grandeur
des pièces , & on les arrête par le moyen d’un coin
qui eft derrière chaque crampon ; en ne s’en fert
plus guère à préfent depuis l’invention de tourner à
la belouze, fi ce n’eft pour tourner des jattes ou
grands baffins, cette manière étant dangereufo pour
l’ouvrier qui y travaille.
Tour du potier d1étain.
Le tour du potier d’étain eft un infiniment ou un
outil compofé de différentes pièces , qui fert à tourner
tous les ouvrages en étain.
Le tour eft premièrement compofé d’une folle de
bois forte & folide, formée de deux pièces de bois
qui font féparées l’une de l’autre environ de quatre
pouces, pour y introduire trois poupées ; cette folle
eft portée fur quatre pieds d’environ un pied & demi
de haut, & eft longue de quatre à cinq pieds ; fur
cette folle font pofèes les poupées , favoir, deux à
main gauche pour l’arbre du tour, & une à main
droite pour porter un bout de la barre qui eft devant
le tour, pour forvir d’appui à l’ouvrier : ces poupées
ont environ un pied & demi ou deux pieds d’élévation
au.defl'us de la folle, dans laquelle elles ont un
tenon qui paffe par deffous, & qui a une mortaifo
ou on paffe un coin de bois qui l'es arrête. L ’arbre
du tour qui eft de fer , paffe horizontalement dans
•es deux poupées à gauche, dans une échancrure
au haut de chaque poupée : cette échancrure eft
garnie de deux collets d’étain, un à chaque poupée,
dans lefquels les deux oignons de l’arbre font en-
termes fur lefquels ils roulent; l’àrbre eft garni d’une
poulie entre les deux poupées ; il fort hors de la
poupée en dedans du tour environ trois ou quatre
pouces, & ce bout eft ordinairement creux pour y
introduire un morceau de fer carré, qui s’ôte & fe
remet quand on veut : ce morceau de fer fo nomme
mandrin; il fort à faire les gaines des empreintes &
calibres qui fo montent fur le tour pour toutes fortes
de pièces ; car il faut favoir qu’il faut autant d’empreintes
& calibres de bois, qü’il y a de différentes
pièces à tourner ; & comme les gaines font faites
avec le même mandrin, on monte tontes les empreintes
fur lui. Les collets qui font ordinairement
■ coupés ou de deux pièces , par lefquels l’arbre du
tour paffe, doivent être arrêtés par un boulon de
fer qui les traverfe chacun par deffns , ou par deux
liens de fer qui couvrent les collets par deffus
avec chacun deux vis & écrous pofës fur le haut des
poupées que l’on ferre ou lâche à fon gré. L ’ouvrier
foui ne peut rien faire fans avoir un'homme qui
tourne une roue qui fait aller le tour, par le moyen
d’une corde de boyau qui paffe croifée dans la
poulie de l’arbre ; cette roue eft montée fur unè
chaifo comme celle des couteliers, ou entre deux
poteaux»bien folides,
Il y a des tours de potiers d’étain dont la forme eft
un peu différente, & des poupées tout d’une pièce
qui portent l’arbre.
Forger Vétain.
Chez les potiers d’étain, forger c’eft, après que
la vaiffelle eft tournée, la battre, avec différens
marteaux, furie tas. Pour cet effet, 011 a des morceaux
de cuivre jaune en plaques, de largeur r
longueur & épaiffeur convenables , écrouies ou
ferrées & polies au marteau ; on les nomme platines»
Les platines font planes pour les fonds de vaiffelles ,
contournées pour les côtés. On commence par
frotter légèrement fo pièce de vaiffelle, avec un
linge enduit de fuif en dedans & en dehors : cela
s’appelle enfuefer. On pofo enfuite une platine fur
l’ènclume, qui eft couverte d’une peau de caftor
gras. On fait tenir la platine fur la peau , avec une
colle faite de poix-réfine graffe & de fuif; on frappe
là-deffus fo pièce à coup de marteau,. & on lui fait
prendre une forme plus régulière que celle qu’elle
a reçue des moules ; on atteint les inégalités du
tour ; on rend l’ouvrage compà&e, uni, brillant, Sa
d’un meilleur forvice ; on le dégraiffe & on le polit
avec du linge & un blanc d’Efpagne en poudre : mais
ce travail n’a lieu que fiirTétain fin.
L’étain commun fo forge autrement. On enfuife fo
pièce, on la monte, c’eft-à-dire , qu’on la bat fur
l’enclume nue. Les coups de marteau paroiffenr en
dedans & en dehors ; ils s’étendent du milieu en
ligne fpirale , mais empiétant toujours les uns fur
les autres, jufqu’à la circonférence de l’ouvrage :
c’eft pourquoi , à chaque coup dé marteau que
donne l’ouvrier d’une main, de l’autre il fait un
peu tourner fo pièce fur elle-même. Cette opération
s’appelle monter».