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On fe fert de moulins ou d’autres inftrumens
pour donner aux dents la même épaiffeur, & pour
les couper de longueur égale.
Il faut examiner avec foin ces dents , les re-
dreffer fi elles ont contraâé un peu de courbure,
& les rejetter fi l’on y remarque des pailles, des
fentes, ou des gerçures ; ou fi ces défauts font légers
, on les fait difparoître, en les frottant avec
de la pierre ponce en poudre.
Les ouvriers ont la précaution, pour empêcher
la rouille, d’enterrer les dents dans du fon ou elles
fe confervent très-bien. Si quelques-unes font légèrement
attaquées de la rouille , on l’ôte par le procédé
fuiv<vnt. On enduit ces dents d’huile d’o liv e,
enfuite on les met dans une boîte avec de la farine
, & on les expofe deux jours de fuite à l’ardeur
du foleil ou du feu.
Quand on voit que la farine attachée autour de
chaque dent eft un peu tachée par la rouille , on
les retire, & en les eflùyant, on a la fatisfa&ion
de voir difparoître presque toute cette rouille. Cette
opération réuffit dès la première fois ou à la fécondé.
On monte ces dents fur un métier, foit par le
fecours de machines, ou Amplement par celui des
doigts.
Quand un peigne eft monté , il faut le polir.
Quelques ouvriers employant de la pierre ponce
en poudre ; d’autres un bouchon de liège qu’ils
font un peu brûler à la chandelle. On prend en-
fuite une vergette à longs poils qu’on infinue de
tout fens dans l’intervalle des dents pour en faire
Sortir la ponce ou le liège.
Barres d’acier aimantées.
La facilité avec laquelle le fer*, & fur-tout l’acier
peut s’aimanter , a fait imaginer de s’en fervir pour
faire des aimans artificiels , qui ont beaucoup plus
de force que les naturels.
L’aimant artificiel fe fait par la communication
de la vertu magnétique qu’une barre d’acier fortement
aimantée communique à une qui ne l’eft pas.
La meilleure manière d’y procéder, eft de choifir
plufieurs' lames d’acier bien trempées, bien liftes
& bien calibrées , enforte qu’elles foient égales en
longueur, largeur & épaifleur ; c’efL à-dire j qu’elles
aient environ fix pouces de longueur, fur cinq
lignes de largeur & une ligne d’épaiffeur.
Dans le cas où l’on voudroit avoir plus de longueur
, il faudroit augmenter proportionnellement
les autres dimenfions , afin qu’elles y fuffent relatives.
On commence par aimanter féparément chaque
lame fur le pôle d’un excellent aimant bien armé ,
& on prépare une armure qui puiffe contenir toutes
ces lames appliquées les unes fur les autres, qui les
ferre & les embraffe par les boutons qui font pofés
vers les extrémités.
L’épaifTeur des jambages de l’armure, ainû que
celle des boutons, doit être d’autant plus grande
qu’il y a un plus grand nombre de barres.
Toutes les barres étant difpofées entre les deux
jambages de l’armure, de manière que les pôles du
même nom foient tous du même côté , on les affu-
jettit dans cette fituation par le moyen de quelques
vis : pour lors l’aimant artificiel eft fait.
Lorfqu’on veut donner plus de force à ces aimans
artificiels , on peut fuivre la méthode de M. Mitchel,
& leur donner ce qu’on appelle la double touche, qui
s’opère de la manière fuivante.
On prend douze barres d’acier plates , égales,
longues de fix pouces , larges de fix lignes, ayant
foin que par leur épaiffeur , elles ne pèfent environ
qu’une once trois quarts. Après les avoir bien limées
& ajiiftées, on les fait rougir à un feu modéré ; on
les trempe ; & avec un cifeau ou un poinçon , on
marque une de leurs extrémités , afin qu’on re-
connoiffe le pôle qui doit fe tourner vers le nord.
Ges barres étant ainfi préparées, on en met fix
fur une table, dans une même ligne droite, à peu
près fuivant la dire&ion du méridien magnétique.
On les affujettit de manière que toutes les extrémités
marquées foient tournées vers le nord , &
touchent à l’extrémité de la barre voifine qui n’eft
pas marquée. Après quoi on prend une bonne pierre
d’aimant armée ; on place fes deux pôles fur une
des barres, de forte que le pôle du nord foit tourné
vers le bout marqué de la barre qui doit devenir
pôle auftral, & que le pôle auftral de l’aimant foit
tourné vers l’extrémité de la barre qui n’eft pas
marquée , & qui doit devenir pôle boréal. On
gliflë alors l’aimant de côté & d’autre, d’une extrémité
à l’autre de la ligne formée par les fix
bdrres, & on répète trois ou quatre fois la même
opération , en prenant bien garde de les toucher
toutes.
En ramenant l’aimant fur une des barres du milieu
, on ôte les deux barres qui font aux extrémités,
& on les place dans le milieu de la ligne , dans la
même fituation qu’elle^étoient ; après quoi on pafîe
trois ou quatre fois la pierre d’aimant par defius,
fans aller jufqu’au bout de leur ligne, parce que
les barres qui font aux extrémités étoient auparavant
dans le milieu ; qu’elles ont plus de vertu qu’elles
n’en pourroient recevoir aux extrémités de la ligne,
& qu’elles perdroient une partie de leur vertu, fi
on les repauoir encore.
Après qu’on a fait ces premières préparations , on
retourne toutes ces barres fçns defius deflous , on
les retourne de l’autre côté, excepté celles’des extrémités
, qu’on ne retouche point, mais qu’ôn ramène
dans le milieu pour les retoucher après les autres :
c’eft ce qu’on appelle donner la double touche. Les
fix premières barres étant aimantées , on difpofe
les 'fix antres de la même manière que les précédentes.
La vertu magnétique, qu’on communique à un
morceau de fer du d’acier, y réfide autant que ces
corps ne font expofés à aucune aélion violente qui
puiffe la difïiper. *
Il y a cependant des circonftances ©il l’aimant
artificiel le mieux fait peut perdre en peu de temps
toute fa force magnétique , comme , i°. lorfqu’on a
aimanté un morceau de-fer ou d’acier fur un aimant
vigoureux , & qu’on le paffe enfuite fur le pôle d’un
aimant plus foible ; a0, lorfqu’on paffe une lame
d’acier ou de fer dans une dire&ion contraire au
pôle de l’aimant fur lequel on l’a déjà aimantée ;
30. lorfqu’on fait fupporter une pereuflion violente
à un aimant artificiel; 4 0. qu’on le fait rougir
dans le feu de forge jufqu’au blanc ; 50. qu’on le
ploie ou qu’on le tord avec violence.
On peut faire encore un aimant artificiel, fans
qu’il touche à aucun aimant, i°. parce qu’un morceau
de fer ou d’acier quelconque, qui demeure
long-temps dans une pofition verticale, ainfi qu’on
l’a déjà dit, acquiert cette vertu à proportion de ce
qu’il a refté plus ou moins dans cette pofition.
20. Le tonnerre communique encore une vertu
attraâive au fer qu’il touche ; & ce qu’il y a de particulier
, c’eft que le fer non aimanté acquiert une
•vertu magnétique par une pereuflion violente , dans
le même cas que celui qui eft aimanté la perd.
Les outils qui fervent à percer & couper le
fer , s’aimantent en s’échauffant par un long travail.
4°. On aimante encore un morceau de fer ou
d’acier doux & flexible, & d’une largeur proportionnée
à fon épaiffeur, en le rompant par l’une ou
l’autre de fes extrémités à force de le plier, ou même
fans le rompre , en le pliant à des diftances égales
du milieu.
Il y a encore d’autres moyens de faire des aimans
artificiels , en frottant une lame d’acier ftir fa longueur
& toujours dans le même fens , fur le pôle
d’une enclume, avec une groffe barre de fer mife
dans une pofition verticale , dont l’extrémité foit
arrondie & bien polie, & en répétant ce frottement
fur toutes les faces de l’acier qu’on veut aimanter.
VO C A B U L A I R E de l’A n du
■ A g ie r , fer perfe&ionné , qui contient fous un
même volume plus de parties métalliques & de
principe inflammable , ayant le grain plus fin que le
fer. On diftingue Y acier naturel qu’on tire de lamine,
& Xacier artificiel qui vient du fer perfectionné.
A d o u c ir le f e r f o n d u ou le f e r f o r g é ;
c ’eft le rendre plus flexible, plus aifé à limer , &
plus facile à couper au cifeau.
A f f il e ; c’eft un nouet de toile, dans lequel il
y a un morceau de graiffe ou de lard. On fait paffer
le fil de fer à travers ce nouet, pour lui- faciliter le
paffage dans la filière.
A im a n t a r t if ic ie l , ou b a r r e d ’a c ie r a im
a n t é , qui fe fait par la com unication de la
Moyen de préferver le fer 6* l’acier de la rouille.
Le moyen le plus ufité pour garantir les ouvrages
de fer & d’acier de la rouille , c’eft de les frotter
d’huile ou de graiffe, & de réitérer de temps en
temps.
M. Homberg a donné la recette fuivante pour garantir
les inftrumens de fer ou d’acier de la rouille.
Prenez huit livres de graiffe de porc, quatre onces
de camphre : faites-les fondre enfemble en y mêlant
du crayon en poudre, en affez grande quantité
pour donner à ce mélange une couleur noirâtre.
On fait chauffer les inftrumens de fer ou d’acier,
qu’on veut préferver de la rouille, enfuite on les
frotte & on les oint de cet onguent.
On prétend auffi que l’huile exprimée d’une anguille
que l’on a fait frire dans une poêle, a la propriété
de garantir le fer & l’acier de la rouille ,
quand même on les mettroit dans un lieu humide.
On dit que l’huile dans laquelle on a verfé du
plomb fondu , a les mêmes propriétés.
Quoiqu’on emploie l’huile pour garantir de la
rouille; cependant elle occafionne elle-même de la
rouille au bout d’un certain temps ; mais on a ob-
fervé que les huiles rances rouillent encore moins
que les graflés, parce qu’elles ont perdu, en s’altérant
, une partie de l’air libre qu’elles contiennent;
c’eft pour cela que les armuriers, les horlogers les
préfèrent à des huiles nouvelles ; d’ailleurs elles fe
figent moins par le. froid.
Voici encore la compofition d’une huile à laquelle
on attribue la propriété de garantir le fer &
l’acier de la rouille. ■
Prenez de lalitharge, triturez-la avec foin fur une
pierre après l’avoir humeâée avec de l’huile d’olive ;
mettez ce mélange dans une boîte de bois de tilleul
qui foit fi mince par le fond , qu’on puiffe voir le
jour au travers : expofez cette boîte à la chaleur du
foleil ; il fe filtre au travers une huile très-pure, 8c
très-propre à préferver le. fer & l’acier de la rouille.
Fer, des groffe s Forges, de l’Acier.
v e rtu m agnétique , qu’une barre d ’acier fortem ent
aim antée com m unique à une qui n e l’eft pas.
A ir e ; c’eft le defius d ’une groffe enclum e où on
b ât ie fer.
A g r é y e u r ; ouvrier qui fait paffer avec force
le fil de fer p ar la filière.
A l l em a n d e r ie ; atelier o ù l’o n forge fous un
p etit m artin et le fer , p o ur le réd u ire de groffeur à
paffer par les plus grands trous de la filière.
A l u m e ;,( 1’ ) c’eft une partie de petits bois q ui
fert*allumer ou à m ettre en train le feu des fo u rneaux
de forges.
A m o r c e r ; c’eft arrondir & am incir les baguettes de fer q u ’on v eu t faire paffer par la filière.