
785 F I L
bras qui aboutirent à une manche. Le tout eft
compofé de plufieurs pièces de filets qui ont leurs
mailles de différentes grandeurs. Les bras font formés
, i°. de douze pièces dites alas, dont les mailles
font de deux pouces d’ouverture en carré ; 20. de
quatorze pièces dites de deux doigts, dont les mailles
ont un pouce & demi en carré ; 3 °. dix pièces de
poufal, poufaux, pouceaux, ou peufaoul, dont les
mailles ont neuf lignes d’ouverture : le tout forme
depuis cent vingt jufqu’à cent quatre-vingt braffes
de longueur. Le corps de la manche ou bourfe, qu’ils
nomment aulîi le coup , efl compofé, i°. de fix
pièces dites de quinte-vingt, dont les mailles ont
fix lignes d’ouverture ; 20. de huit pièces de brajfade,
dont les mailles font d’environ quatre lignes.’
Suivant l’ordonnance de 1728, les plus petites
mailles de ce filet devroient avoir au moins neuf
lignes; mais depuis 1733 j o n a toléré celles de
fix lignes , à compter du premier mai jufqu’à la
fin de feptembre, pour que les pêcheurs puiffent
profiter du paffage des fardines.
La totalité de cette teffure forme en mer une
étendue, tantôt de cent vingt, de deux cents trente
braffes, tantôtauffi de trois cents foixante; car les
bouliers ne font pas tous dë la même grandeur. Les
bras , ou ailes, ont communément fept braffes &
demie ou huit braffes de chûte; cependant on la
proportionne à la profondeur de l’eau ; ainfi on la
diminue pour pêcher dans les étangs. Chaque bague
de plomb pèfe une demi-livre , & elles font à dix-
huit pouces les unes des autres; ce qui fait deux
livres partoife, excepté à l’ouverture de la manche,
où on les met de.quatre en quatre pouces. Ce filet
eft donc beaucoup plus chargé de plomb que l’aif-
faugue. La longueur de la bourfe ou fac n’eft pas
aifée à mefurer* à caufe de Falongemerit des mailles.
Il y a des pêcheurs qui mettent à l’avant'de la bourfe
quatre plombs attachés tout près les uns des autres,
& qui pèfent tous enfemble trois livres : à une petite
cîiffance, fur les ailes , ils mettent encore quatre
plombs , qui font à quatre pouces & demi .les uns
des autres, & qui pèfent tous enfemble deux livres
& demie.
Sur la ralingue d’en haut, vis-à-vis de chaque
plomb, eft une flotte de liège , à peu près de même
grandeur que celles de l’aiffaugue , c’eft-à-dire,
environ de neuf pouces de largeur.
Sur la côte d’Aigue-morte , la bourfe ou le coup
eft formé de mailles plus ferrées cfùe celles qu’on
emploie à Narbonne. On y nomme jambes ou traits,
ce que d’autres'appellent bras ; les halins y font
nommés mailles, de même qu’en quelques autres
endroits.
Aux environs de Cette, on pêche depuis le mois
d’avril jufqu’en novembre, avec un filet qu’ils nomment
boulier ou boiiliche , qui reffemble beaucoup à
J aiffaugue de Marfeille. Chaqùe aile a cent vingt-
cinq braffes & plus de longueur, fur fept à huit de
chûte. La tête du filet eft garnie de flottes, & le pied
l’eft de plombs. A l’extrémité des ailes, font des
F I L
halins faits de cordes menues, ordinairement de
chanvre , qui ont jufqu’à*' quinze cents braflés de
longueur. Pour faire la pêche , on laiffe, comme à
Narbonne, le bout d’un halin à terre entre les mains
de quelques hommes, & le patron s’embarque avec
des matelots dans un bateau ; ils fe portent au large,
& lâchent toujours du halin. Lorfqu’ils font au bout,
ils jettent le filet à la mer par le travèr> d elà côte.
Enfuite ils ramènent à terre l ’autre halin, & fe partagent
fur les deux cordages pour tirer le filet à
terre , & prendre le poiffon.
A Gibraltar, on pêche les fardines avec un filet
de même genre , qui a deux bras de cent trente
braffes chacun, lefquels aboutiffent à une manche
d’environ dix braffes de long , qûe les Efpagnols
nomment couvo ; & tout le met, havega où reddes
reales. Les mailles de cette manche font très-ferrées ;
& celles des ailes, auprès de la manche jufqu’à la
moitié de fa longueur, ont environ un pouce d’ouverture
en carré ; elles vont en augmentant toujours
d’ouverture, jufqu’3. l’extrémité des filets qui forment
les ailes.
Au lieu de plomb, la ralingue du pied du filet eft
garnie de boules de terre cuite, groffes comme des
-oeufs de dinde, enfilées comme des grains de chapelet.
La tête du filet eft garnie de flottes de liège.
On fe fert ordinairement, fur les plages fablon-
neufes de toutes les côtes du royaume de Naples ,
de filets longs de mille pas ou environ , fuivant la
fituation des endroits ou on les tend. Ils font faits
de fil de chanvre, & leurs mailles font d’une médiocre
grandeur. Aux deux extrémités, font attachées
de longues cordes, groffes comme lè doigt.
On tend le.filet à deux ou trois milles au large. De
diftance en diftance, font attachées à la tête du filet
des morceaux de liège,:qui indiquent l’endroit où
le filet eft établi ; & le pied du filet eft lefté de
plomb. Ces filets fe tendent en demi - cercle, les
deux bouts vers la terre. Au milieu eft un grand fàe,
de huit à dix pieds de. profondeur. Deux barquettes,
armées chacune de cinq à fix hommes ,, halent le
filet vers le rivage, où elles fe rapprochent l ’une de
l’autre, à une diftance de trente à quarante pas. Les
hommes defcendent à terre pour y tirer le filet, &
enfin le la c , où prefque tout le poiffon fe trouve
raffemblé.
Le filet qu’on nomme à Narbonne petit boulier ;
eft, à la. grandeur près, tout comme fé grand ; & là
manoeuvre de fa pêche eft la même.
On diftingüe trois fortes de ces filets, dont on
fait ufage dans des temps & des lieux différens. Lè
plus grand , dont on fe fert en mer près des côtes
depuis le mois de mars jufqu’à la mi-août, a fes ailes
compofées de vingt pièces de deux doigts , de fix de
poufal, & de deux de quinte-vingt, ayant en tout
qùatre-yingt braffes de longueur^ & cinq de chûte.
La manche eft faite de deux pièces de quatre-vingt.,
& de deux pièces de brajfade ; elle fe termine en
pointe ; on la lie par le bout avec une petite ligne ,
qu’on dénoue quand on yeut retirer le poiffon, On
F I L
emploie, pour lefter ce filet, quatre-vingt livres de
plomb, & on met cinquante livres de liège fur la
ralingue d’en haut. Les halins font beaucoup moins
longs que ceux des grands bouliers.
Du bregin.
Le filet qui porte à Marfeille le nom de bregin,
reffemble beaucoup au petit boulier, & il fe tend
de même. Les ailes des plus grands bregins ont
foixante-quinze braffes de longueur ; favoir ,/oixante
braffes de mailles dites aureras, qui forment dans le
bregin les plus grandes mailles ; enfuite dix braffes
de mailles qu’on nomme bouguyères -9 qui ont neuf
lignes d’ouverture en carré. Ainfi les bouguyères
tiennent lieu, dans le bregin, des aureras de l’aif-
faugue. Les cinq dernières braffes font de majours
entièrement femblables à celles de l’aiffaugue. Les
bouguyères & les majours de bregin font bordées
d’un galon de chappe , comme les aureras & les
majours le font dans l’aiffaugue.
La chauffe du bregin eft la partie qui diffère le
plus effentiellement de l’aiffaugue : i°. cette manche
n’étant pas faite pour les grands fonds, on n’y met
point de flancs ou pointes : ce qui fait que cette
manche conferve dans l’eau plus de longueur que
celle de l’aiffaugue, & elle y a toujours la forme
d’un fac : 20. on ne doitdiftinguer que deux pièces
dans la manche du bregin, favoir, le cul-de-fac ,
& les majours. Le cul-de-fac eft plus long & plus
étroit que celui de l’aiffaugue. Le fac de l’aiffaugue
en pleine eau, n’a pas une braffe 'de profondeur ;
celui du bregin en a cinq. Les mailles du cul-de-fac
de l’aiffaugue ont plus d’ouverture que celles du
bregin, qu’on fait avec un fil plus gros, qui eft retors
en trois : ce qui rend cette manche fi ferrée ; qu’il
n’y a point de petit poiffon qui puiffe s’échapper ;
de forte que, quand on a tiré le filet hors de l’eau,
& qu’on en a ôté le gros poiffon , on en laiffe fur
le rivage un tas qui devient la pâture des oifeaux.
Pour que ce filet caufât moins de- défordre, il faudrait
réduire le fac à une braffe ou une braffe &
demie, faire les mailles au moins de cinq lignes
d’ouverture en carré , & que le filet fût d’un fil
moins gros , comme feroit le même fil retors en
deux. A l’égard du refte de la manche, qui eft compofé
de majours , lefquels ont un peu moins de fix
lignes d’ouverture , on feroit mieux de leur en
donner fept, confervant à l’embouchure de cette
manche quinze braffes de circonférence.
* Ajoutons que le bregin eft plus chargé de plomb
que l’aiffaugue. Il entre en tout, pour le bregin,
trois quintaux de plomb, & autant de liège ; pendant
que l’aiffaugue, qui eft un plus grand filet,
n’eft chargé en tout que de deux cents livres de
plomb. On emploie trois quintaux 4e liège pour le
bregin , & ce n’eft pas trop pour contrebalancer le
grand poids du le ft, & tenir les mailles plus ouvertes.
Il eft fenfible que l’embouchure de la manche ,
que les pêcheurs nomment fouvent la gorge, ou la
F I L 787
tnafgut1, augmente ou diminue, fuivant qu’on écarte
ou. qu’on rapproche l’une de l’autre les ailes , en
traînant le filet.
.Au Martigue ,les noms de bourrin 8c boulier font
fynonymes ; c’eft le même filet ; car , quand on
pêche dans' les étangs., on dit faire le bourgin ; & à
la mer fur les plages , c’eft le boulier, qu’on pourrait
pommer grand bourgin. Quelques-uns en diftinguent
de trois efpèces : favoir, i°. le martégal ; 2.0. le
grand bourgin ou boulier ; 3 °. le petit bourgin ; mais
ces filets ne diffèrent abfolument, que par leur plus
ou moins d’étendue en longueur & en hauteur, 8c
par les mailles plus ou moins ouvertes.
Dans le royaume de Grenade, on fe fert beaucoup
, pour la pèche des fardines , d un filet à
mailles ferrées, femblable au bregin. Sur les côtes
de Malaga & de Marveilha , on le nomme xabega
& bolichc. Il y en A , comme par-tout ailleurs, de
différentes grandeurs.
Le filet que les pêcheurs du Martigue pomment
foret, eftuneefpèce de petit bourgin. Ses alas ont
trente cannes de longueur ; & là margue, manche ,
ou poche, eft de trois cannes, tant en longueur
qu’en largeur. La canne de Provence , oit eft fitué
le Martigue, a fix pieds neuf lignes dé Paris , ce qui
fait une aune & deux tiers. Ainfi trente cannes font
cinquante aunes de Paris. Chaque alas eft compofé
: de trois pièces ; la première, qui eft au bout oppofê
à la manche, & qui porte le clava, a fes mailles de
vingt-quatre au pan, dix cannes de longueur , 8c
deux cents mailles de hauteur la fécondé a fa maille
de trente au pan, même longueur que la première ,
& trois cents mailles de hauteur ; enfin la troifième
pièce, dont la maille eft de trente-ftx au pan, a la
même hauteur que la fécondé ; mais elle eft d'une
canne & demie plus longue. La margùe ou poche
du foret, qui fe termine carrément comme le fond
d’un fa c , a trois cannes en longueur & en largeur ,
favoir , une canne & demie, faifant partie de la
troifième pièce d’alas, & une cifene & demie d’autre
filet, qui eft de même hauteur, & dont lés mailles
font de quarante au pan. Les deux guirons , qui fe
trouvent placés immédiatement après la dixième
canne de la troifième pièce , n’ont que trois pans
en longueur : leurs mailles font de vingt-cinq au
pan. Ils commencent par trente mailles vers l’ouverture
de la manche, & finiffent par vingt-cinq
vers le fond du fac. •
Le foret diffère des autres filpts traînans en ce
qu’il eft monté, haut & bas, fur des fardons dans
toute l’étendue des alas. Le fardon du liège a trois I quarts de pan de hauteur, & fa maille eft de vingt-
cinq au pan , & d’un fil plus fort que la nappe. Le
fardon du plomb a un pan & demi de haut, avec
fes mailles de quatorze au pan. On met ces fardons
pour conferver le filet, q u i, à caufe de la petitefle
de fes mailles, eft fort cher.
| Vu gangui ou guanguil & tartane.
I Le filet du gangui eft formè d’une manche, naflë
Gggggïj