
L’a.’/ n’eft autre chofe que l’ouverture dans laquelle
la courroie ou l’étrivière qui fufpend l’ètrief
eft paffée;
Le corps comprend toutes les parties de l’anneau
qui le forme, à l’exception de celles fur lesquelles
le pied fe trouve âflisV
Celles-ci compofent la planche, c’eft-à-dire, cette
efpèce de cadre rond , ou oval, ou carré lo n g , ou
d’autre forme quelconque , dont le vide eft rempli
par la grille.
La grille eft cét entrelâqs de verges de même
métal que l’étrier , deftinée- à fervir d’appui aux
pieds du cavalier , & à empêcher qu’ils ne s’engagent
dans le cadre réfui tant de la planche avec
laquelle elles font fortement Soudées.
Il n’y a pas' long-temps que nos étriers étoieni
fàns grille. Des accidens fréquens perfuadèrent de
leurnèceflitê.;. quelquès êperonniers cependant fe
éohtentèrent de ramener contre le centre les parties
de la planche, qui forment l’avant & l’arrière de
l’étrier ; mais ce moyen endommagea d’un autre
côté le Soulier de là botte , & rendit la tenue'des
étriers beaucoup plus difficile.
On en cara&érife allez Souvent les differentes
fortes, eu égard aux differentes figures qui naiffent
de divers enlacemens des grilles. Nous difons des
étriers à coeur, :à carreaux., en trèfles , à armoiries,
lorfque les grilles en font formées par des verges
contournées en coeur, en trèfles , en carreaux , ou
lorfqu’elles représentent les armoiries de ceux à
qui les-étriers appartiennent.
U oeil doit être Situé au haut du corps, & tiré de
la même pièce de métal par la forge. On le perce
d’abord avec le poinçon, pour faciliter l’entrée des
bouts ronds & carrés de là bigorne par le Secours
de laquelle on l’agrandit. Sa partie Supérieure faite
pour repofer fur l’étrivière, doit être droite , cylindrique
, & polie au moins dans toute la portion de
fa Surface, qui doit porter & appuyer Sur lé cuir :
elle doit être droite; parce que la courroie naturellement
plate ne Sauroit être pliée en deux Seps
Sous la traverfe qu’elle Soutient, Saris que lés bords
n’en Soient plus tendus que le milieu , oit le milieu
plus que les bords. Il faut qu’elle Soit cylindrique ,
parce que cette forme eft la moins difpolée à couper
ou à écorcher ; & c’eft par cette même rai Son
qu’elle doit être polie : il eft de plus très-important
que les angles intérieurs Soient vidés a l’équerre
pour loger ceux du cuir, & que les faces intérieures
ioient arrondies & liffées, puifque ce même cuir
y touche & frotte fortement contre elle. Du rèfte,
la traverfe ne peut avoir moins de deux lignes de
diamètre ; autrement elle Seroit expofée à manquer
"de force ; & naoiiis d’un pouce & quelques lignes
de longueur dans oeuvre , l’étrivière que l’oeil doit
recevoir ayant communément un pouce au moins
-de large. - _
Il eft encore des étriers dont l’oeil eft une partie
Séparée & non forgée avec le corps ; il lui eft Simplement
aflemblé pàr tourillon. Cette méthode eut
Sans doute lieu en faveur de ceux qui chauffent
leurs étriers fans attention ; peut-être efpéroit-on
que l’étrivière tordue ou tournée à contre-fensife
détordroit elle-même , où reviendront dans Son Sens
naturel dans les inftans où le pied ne chargeroit pas
l’étrier : mais alors le trou qui traverfe le corps dans
le point le plus fatigué -, l’aftoiblit néceflairement •
eh Second lieu, le tourillon, foible-par Sa nature
eft expofé à un frottement qui en hâte bientôt la
deftruftion ; enfin le cavalier a le défagrément,
pour peu qu’il n’appuie que légèrement fur la planche
, de voir l’étrier tourner fans ceffe à fon pied,
l’oeil préSenter Sa carne à la jambe , & y porter
Souvent des atteintes douloureufes.
Le corps nous offre une efpèce d’anfe dont les
bouts feroient allongés , & dont l’oeil eft le Sommet
àinfi que le point de SuSpenfion. Il faut que de l’un
& de l’autre côté de cet oeil les bras de l’anfe Soient
égaux par leur forme ,■ • leur longueur, leur largeur
& leur épaifleur , & qu’ils Soient pliés également.
Nos êperonniers les arrondiffent en jqnc de trois
lignes de diamètre pour les Selles de chaffe, & de
quatre lignes'pour les chaifes de pofte. L’anfe eft
en plein ceintre ; les côtés Sont droits & parallèles,
le tout dans le même plan que l’oeil.
Communément- & au bout des deux bras au dèf-
fus des boutons de même diamètre qui les terminent
, on Soude la planche & la grille.
La planche eft alors faite de deux demi-cerceaux
de verge de fer équarrie , Sur trois ou quatre lignes
de hauteur , & deux & demie de largeur. Ils composent
ènfémble un cercle ou un ovale peu différent
du cercle , ’ dont le grand diamètre ne remplit pas
l’entre-deux dés bras par lui-même ; mais il Se trouve
pour cet effet prolongé de cinq-ou fix lignes par les
bouts de ces cerceaux repliés, pour former un collet
avéc la principale pièce de la grille Soudée avec eux
& entre eux deux. Il eft effentiel, dans cette conf-
tmétion, que les parties qui forment la grille Soient
Soudées d?une même chaude pour chaque côté. Si
l’éperonnier ufe dé rivets pour affembler les portions
de la grille, -il ne doit pas fe difpenfer de les
Souder de même -fl peut néanmoins en affembler
quelques pointes-avec la planche par mortaife,
pourvu que ce ne Soit pas près du corps.
Le fer de la grille eft ordinairement tiré Sur lofan-
ge , & pofé Sur les angles aigus. L’angle d’où naît
la Surface où le pied doit prendre'Son appui, fera<
néanmoins ravalé, pour ne pas nuire à la Semelle
de la botte. Il eft bon que le milieu de la grille Soit
médiocrement bombé en contre-haut, la ténue de
l’étrièr en devient plus"àifée. Quant à la planche,
elle Sera horizontale, lès bras du corps s’élèveront
perpendiculairement, leur plan la divifera également
par moitié, l’oeil enfin fe trouvera dans ce
même plan & dans la direction dû "centre de gravité
du tout; Sans-ces conditions , l’étrier Se pre-
Senteroit toujours 1 défeflueufement au cavalier, o£
il teridroit plutôt à le fatiguer qu’à le Soulager &
à l’affermir. -
L’étrier que nous appelions étrier quarrl, ne tire
pas Sa dénomination de la forme quarrée de Sa
olanche ; car elle pourroit être ronde ou ovale, &
nous ne lui conferverions pas moins ce nom. Il ne
diffère des autres étriers dont nous avons parlé, que
parce que Sa planche eft tirée du corps même, &
non Soudée à ce corps. Pour cet effet, les bras fe
bifurquent à un pouce ou deux au deffus de la
planche , chacun dans un plan croifé à celui du
corps ; & les quatre verges qui résultent de ces
deux bifurcationséquarries comme celle des planches
ordinaires, Sont repliées en dedans pour imiter
le collet de la planche Soudée : à Six,lignes de-là,
elles Sont encore repliées d’équerre en dehors : à
quinze ou Seize lignes de ce Second angle, elles
Sont encore repliées d’équerre pour être abouties
par Soudure. Tous ces plis Sont dans le même plan.
La traverfe principale de la grille eft aufli reféndue
en fourche par les deux bouts. Ses fourchons Sont
Soudés aux faces intérieures des parties qui représentent
les Collets , c’eft-à-dire, qui font comprifes
entré le premier & le Second retour d’équerre depuis
la bifurcation du corps. Les autres pièces de la grille
font affemblées par Soudure avec la traverfe, & par
mortaife dans la planche.
La largeur de l’étrier, melurée fur la grille entre
les deux bras du corps , doit furpaffer de quelques
lignes feulement la plus grande largeur de la Semelle
de la botte. A l’égard de la hauteur, entre le ceintre
& le milieu de la grille, il, faut qu’elle Soit telle
qu’elle ne Soit ni trop, ni trop peu confidérable.
Dans le premier cas-, le pied pourroit paffer tout
entier au travers ; & le talon feroit alors l’office
d’un crochet, qu’un cavalier defarçonné dans cette
conjoncture ne pourroit deffaifir Sans Secours ; &
dans le Second, le pied plus épais à la boucle du
Soulier qu’ailleurs, pourroit aufli s’engager. Cette
mefure ne peut donc être déterminée avec jufteffe ;
mais chacun peut aifément reconnoître fi les étriers
qu’on lui propofe lui conviennent. Il ne s’agit que
de les préSenter à fon pied chauffé de Sa botte dans
tous les Sens poflibles ; & fi l’on fe Sent pris &
engagé, on doit les rejetter comme des inftrumens
capables de caufer les accidens les plus funeftes.
L’étrier ébauché de près à la forge , doit être fini
à la lime douce ; & enfuite , s’il eft de fe r , étamé ,
argenté ou doré, & enfin bruni. S’il eft de quelque
beau métal, il n’eft queftion- que de le mettre
en couleur, & de le brunir ; car après cette der-
mere opération , il donnera moins de prife à la
boue, & fera plus facilement maintenu dans l’état
de netteté qui doit en faire le principal ornement.
Dans quelques pays, comme en Italie & principalement
en ESpagne, quelques perfonnes fe fervent
d’étriers figurés en efpèce de Sabot, & formés
par l’affemblage de fix bouts de planche de quelque
bois fort & léger. Les deux latérales font profilées
pour en recevoir une troifième, qui compofe la
traverfe par laquelle le tout eft SuSpendu. Une quatrième
recouvre le deffus du pied. La cinquième termine
le Sabot en avant ; & le pied tout entier trouve
Sur l’inférieure ou fur la fixième , une afliette commode.
On peut doubler de fourrure ces fortes
d’étriers ,,qui peuvent avoir leur utilité malgré le
peu d’élégance de leur forme.
Les Selliers appellent étriers garnis , ceux dont
la planche eft rembourrée. Cette précaution a Sans
doute été Suggérée par l’envie de flatter la délica-
teffe des perfonnes du Sexe.
Dans nos manèges nous comprenons, Sous le
nom Seul de chapelet, les étrivières & les étriers-
Uétrivière eft une-courroie par laquelle les étriers
Sont SuSpendus.
Les courroies que l’on emploie communément
à l’effet de fufpendre.& de fixer les étriers à une
hauteur convenable , & qui varie Selon la taille du
qavalier , Sont de la longueur d’environ quatre pieds
& demi, & leur largeur eft d’environ un pouce.
Piufieurs perfonnes donnent au cuir d’Angleterre
la préférence, & prétendent que les étrivières faites
de cuir réfiftent beaucoup plus , & font moins Sujettes
à s’allonger. On conviendra de ce premier
fait d’autant moins aifément ,. qu’il eft démenti par
l’expérience. Le cuir d’Angleterre n’eft jamais à
cet égard d’un aufli bon ufage que le cuir de Hongrie
rafé, paffé en alun , au Sel & au i Suif ; & fi
quelques-unes des lanières que l’on en tire paroif-
Sent Sufceptibles d’allongêment , ce n’eft qu’aux
ouvriers que nous devons nous en prendre. La
plupart d’entr’eux Se contentent en effet de couper
une Seule longueur de cuir, dont ils forment une
paire d’étrivières. Celui qui a été enlevé du côté
de la- croupe, a îine force plus confidérable que
celui qui a été pris du côté de la tête ; & de-là
l’inégalité confiante des étrivières. Chacune d’elles
doit donc être faite d’une feule lanière coupée dans
le cuir du dos & de la croupe à côté l’une de l’autre
, pour être placée enfuite dans le même Sens;
& comme l’étriyière du montoir, chargée du poids
entier du cavalier, Soit qu’il monte à cheval , Soit
qu’il en defcende, ne petit conféquemment à ce
fardeau que Subir une plus graade extenfion , il
eft bon de la porter de temps en temps au hors-«
; montoir, & de lui fubftituer celle-ci : par ce moyen,
i elles parviennent toutes les deux au période dernier
& poflible de leur allongement, & elles maintiennent
dès-lors les étriers à une égale.hauteur.
A une des extrémités des étrivières , c’eft-à-dire
à celle qui naît du cuir pris dans la croupe, eft
i une boucle à ardillon fortement bredie. On perce
l’aütre d’un nombre plus ou moins confidérable de
. trous. Pour cet effet, on marque avec le compas
^ Sur une de ces lanières, la diftance de ces trous
que l’on pratique avec l’emporte-pièce. Cette diftance
n’eft point fixée, & l’ouvrier à cet égard ne
Suit que fon caprice ; il doit néanmoins confidérer
que fi tous les trous font efpacés d’un pouce dans
toute la longueur du cuir percé , il fera bien plus
i difficile aù cavalier de rencontrer le point jufte qui
‘ lui convient, que s’ils étoient faits à un demi-pouce
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