
unes & lesautres d’un bois léger, tel que le coudrier ^
le fiifairi^Üe faule, le peuplier. Elles fe terminent
en pointe par un bout, où elles forment un angle
aigu : il faut que la pointe foit moufle , & que
toutes les parties de l’aiguille foient arrondies, pour
qu’il n’y ait point d’arêtes qui endommagent le fil.
Ces aiguilles font évidées à jour dans une longueur
de deux pouces & demi ou trois pouces, fuivant
la grandeur des aiguilles ; & l’on ménage au milieu
de cette partie évidée , une baguette qui ne s’étend
pas jufqu’au haut. Beaucoup de pêcheurs la nomment
languette : quelquefois on la forme avec une
broche de fer.
L’extrémité de l’aiguille , oppofée à la pointe, eft fourchue ou entaillée d’environ un quart de
pouce : cette partie s’appelle la coche ou le talon.
Maniéré de couvrir les aiguilles.
Pour charger ou couvrir l’aiguille , prenez un
peloton de fil ou de ficelle , & mettez-en le bout
fur l’aiguille, pofant le pouce de la main gauche
deflùs, & tenant le refte du fil de la main droite ;
vous le ferez pafler par l’ouverture, pour en faire
deux tours deflùs le tenon de l’aiguille : ce qui étant
fait, menez le fil dans la coche, & tournez l’aiguille
de l’autre côté pour faire pafler le fil fur le tenon
par l’ouverture ; puis le remenez dans la coche pour
repaffer encore ce fil, & continuez de même tant
que l ’aiguille foit affez chargée. Toutes les fois
qu’on voudra faire pafler ce fil deffus le tenon, il
ne faudra que le pouffer du pouce, la pointe du
tenon fortira ; ce qui donnera la facilité de pafler
le fil par derrière, fans le mettre en double dans
l ’ouverture de l’aiguille.
Quelques-uns trouvent plus commode de tourner
l’aiguille de la main gauche, plutôt que de remonter
le-fil, tantôt par devant, & tantôt par derrière
l’aiguille.
On a aufli un morceau de bois qui porte à chacun
de fes bouts un crochet : on le nomme valet. Quelques
mailleurs s’en fervent pour tenir le filet tendu.
Pour cela, on paffe un des crochets dans une maille ;
& l’autre, ou dans quelqu’autre maille de filet, ou
dans quelque crochet ou corde qui fe trouve à
portée de celui qui travaille.
Des moules.
Afin que les mailles foient d’une grandeur uniforme
, on les travaille fur un monceau de bois rond
ou plat, qu’on appelle moule.
Pour faire les mailles qui ont peu d’ouverture,
on fe fert de moules cylindriques ou d’une petite
régie de bois. Si les mailles font grandes, comme
celles des hamaux, par exemple, les moules cylindriques
feroient trop gros pour être tenus entre
les doigts : c’eft pourquoi on les fait avec une petite
planche, qui a aux bouts un ou deux petits talons
pour empêcher le fil de couler fur le bout de ces
moules : car le fil qui doit faire la maille enveloppe
ici le moule-fuivant la longueur.
Ces fortes de moules ne doivent avoir que trots
à quatre lignes d’épaiffeur , & être faits d’un bois
fort léger, parce qu’il faut les tenir entre le pouce &
le doigt index de la main gauche.
Les moules les plus grands, fur les côtes de
Normandie & de Picardie, font deftinés à faire les
hamaux de la drège; ils ont neuf pouces de longueur
, non compris les talons ; il y en a de beaucoup
plus grands. Lés moules pour les foies ont
fept pouces de longueur totale, & fix pouces un
quart fans comprendre les talons. Si l’on fe fait une
idée de ces moules & de leur jifage, on concevra
que le pourtour du moule donne l’ouverture de
la maille de ces fortes de filets, qui eft égale à deux
fois la longueur du moule.
Le moule cylindre qui fert pour faire les mailles
de la flue de la drège, a fept ou huit lignes de diamètre
; celui pour les mailles des manets hors la
Manche, dont le fil eft plus gros que dans la Manche,
a douze lignes de diamètre. Celui qui fert pour
les manets dans la Manche, a onze lignes de diamètre.
Celui qui fixe les mailles pour la drège de
la v ive , qui eft permife en Normandie pendant le
carême, & dont le tiflù eft très-délié, a huit lignes
deux tiers de diamètre. Celui qui fert à faire les
mailles pour la pêche du hareng à Yarmouth, &
dont le fil eft plus gros que pour la pêche dans la
Manche, a huit lignes un tiers de diamètre. Celui
qui fert pour faire les filets deftinés à la même pêche
auprès des côtes, a huit lignes de diamètre : &
celui qui fert pour faire de petites laines très-
légères , dont les mailles font fort petites, & qu’on
nomme varnettes en Normandie, n’a que fept lignes
& demie de diamètre.
Les bouteux font du nombre des rets les plus
ferrés. Leurs mailles font faites fur un moule qui
n’a que trois lignes de diamètre, plus ou moins ;
car les bouteux n’ont pas exactement leurs mailles
d’une même grandeur.
La circonférence des maillés d’un filet eft le tour
de fon moule, dont le quart donne la grandeur
d’un des côtés de la maille. Pour rendre la chofe plus
fenfible, donnons un exemple. On fuppofe que la
maille d’une faine doive être d’un pouce en carré ;
c’eft-à-dire, que chacun des quatre fils qui en forment
le contour, a un pouce de longueur d’un
noeud à un autre. Le moule ayant feize lignes de
diamètre , fa circonférence eft de quarante - huit
lignes, dont le quart eft douze, qui eft, fuivant
notre fuppofition, la longueur que doit avoir chacun
des côtés de la maille de la faine : bien entendu
qu’il ne s’agit pas ici d’une précifion géométrique.
Pour fe difpenfer d’employer de gros moules qui
font difficiles à manier, & cependant ne pas laiffer
de faire de grandes mailles , on fait quelquefois
deux tours de fil fur le moule pour chaque maille.
Des diverfes parties du filet. ,
Quand un filet eft tendu verticalement, le bord
d’en haut fe nomme la tête, & le bas s’appelle le
pied. Souvent la tête du filet eft bordée d’une corde
garnie de morceaux de liège, qu’on nomme flottes ;
& le pied eft pareillement bordé d’une autre corde
garnie de bagues de plomb : c’eft ce qu’on nomme
la plombée.
La levure d’un filet eft le premier rang de mailles
ou de demi-mailles par lefquelles on le commence.
Ainfi, quand on dit lever un filet, c’eft le commencer
, ou former la levure. Et quand on d it,
pourfuivre un filet , c’eft continuer à former les
mailles.
On nomme accrues, des boucles qu’on fait fervir
de mailles pour augmenter l’étendue d’un filet.
Comme cet article eft important, nous en donnerons
un détail particulier.
Les mailles doubles fe font en mettant fur l’aiguille
deux fils au lieu d’un ; ce qui fournit le
moyen de détacher un filet d’un autre, comme
quand on veut faire un goulet-dans un verveux.
On verra, dans la fuite, que cette pratique a de
grands avantages.
Enlarmer un filet, c’eft le border d’une efpèce
de lifière formée de grandes mailles qu’on fait avec
de la ficelle. Il y a de ces lifuères qui ont affez de
largeur, & qui font faites de mailles une fois plus
grandes que celles du filet : elles ne fervent que
pour fortifier le filet. D’autres Mères font étroites,
& formées de très-grandes mailles ; elles fervent à
recevoir une corde qui, y étant paffée, tient lieu
comme d’une tringle de rideau j & en ce cas les
mailles fervent d’anneaux.
En Provence, on appelle chape une efpèce de
galon dont les mailles font d’un fil plus fort que
celui du filet, & ont quinze lignes en carré.
Border un filet, c’eft l’entourer d’une corde
qu’on attache au filet, de trois en trois pouces,
avec des révolutions d’un bon fil retords. Cette
corde, qu’on peut appeler en termes de marine,
une ralingue, fert à fortifier le filet. Ceux qu’on
traîne en ont fur-tout befoin.
Coudre un filet, c’eft joindre plufieurs filets en-
femble pour en faire un grand.
Monter un filet, c’eft le garnir des cordes & apparaux
qui le mettent en état de fervir. .
Nous remarquerons en paffant ; qu’on nomme
corde en aujfière celle qui eft formée de plufieurs
faifeeaux de fils commis les uns avec les autres ;
& corde câblée ou en grelin, celle qui eft formée de
plufieurs auflières commifes enfemble.
Enfin, on appelle goulet l’embouchure, en forme
d’entonnoir, de filets ou verveux ; laquelle fait que
le poiffon y entre aifément, & ne peut prefque
jamais en fortir.
De la différente forme de mailles.
On fait deux fortes de mailles : les unes font
carrées, les autres en lofange. Quand les filets à
mailles carrées font tendus, tous les fils qui forment
les mailles font parallèles entre eux * & encore
parallèllés à la tête ; de forte que toutes re-
préfentent comme un damier. On peut faire les
hamaux des tramaux en mailles carrées. Il y a cependant
des hamaux en lofange.
Ces deux fortes de filets fe travaillent bien différemment.
De la manière dont fe font les différens noeuds qui
joignent les fils les uns avec les autres.
Il y a deux façons d’exécuter les noeuds. L’une
fe nomme deffus le pouce ; elle fert principalement
pour les grandes mailles des hamaux , ainfi que
pour les r’habillages ; & dans certaines circonf-
tances, ce noeud eft fort commode.
L’autre forte de noeud fe nomme fous le petit
doigt. Ce noeud eft d’ufage-pour toutes les efpèces
de filets. Il a l’avantage d'être expéditif, fort aflùré,
& de former des mailles bien régulières.
Comme il faut varier la grandeur des mailles
fuivant l’efpèce de filet qu’on fe propofe de faire,
il eft néceffaire de choifir un moule proportionné
à la grandeur qu’on veut donner aux mailles, &
avoir une aiguille chargée d’un fil plus ou moins
gros, fuivant l’efpèce de filet qu’on fe propofe de
travailler. Ces préparatifs font nécenaires , de
quelque efpèce de noeuds qu’on veuille faire ufage*
Manière de faire le noeud fur le pouce.
Pour faire le noeud fur le pouce, il faut pafler
dans un clou à crochet, un bout de ficelle, qu’on
noue pour en former une anfe. On paffe dans
cette anfe le fil avec lequel on veut faire le filet ;
on forme avec ce fil un noeud fimple, qu’on ne
ferre pas juiqu’auprès de la corde , mais on s’arrête
à une diftance proportionnée à la grandeur
qu’on veut donner aux demi-mailles par lefquelles
doit commencer le filet.
Souvent les laceurs font les demi-mailles qui
forment la tête du filet, fans fe fervir du moule ;
& l’habitude qu’ils ont contrariée par un long ufage ,
fait qu’ils leur donnent une grandeur aflez uniforme.
Mais le mieux eft de les faire fur un moule ;
il fuffit qu’on fâche former le noeud fimple fur le
moule, & qu’on n’abandonne pas le moule, en
affurant ce noeud fimple par le noeud fur le pouce.
Manière défaire le noeud fous le petit doigt.
Pour faire le noeud fous le petit doigt, fuppofons
qu’il y ait des demi-mailles de faites : on tient le
moule entre le pouce & le doigt index ; de forte
qu’un des bouts du moule s’appuie contrôle pli
que le pouce fait en s’articulant avec la main, &
que l’autre bout du moule excède un peu le doigt
index.
Que le moule foit rond , ou qu’il foit applati
fa longueur doit être placée fort près des noeuds
des demi-mailles ou des mailles qu’on a formées en
premier lieu.
Suppofant le moule faifi, comme nous venons
de le dire, on paffe d’abord le fil par deffus le
D d d d d ij