
deux drogues ; après quoi on coiffera la bouteille
avec un parchemin mouillé, qu’on affujettira autour
du goulot avec une ficelle bien ferrée ; &011 fera un
trou au parchemin avec une épingle qu’on y laiffera,
pour donner de l’air à la bouteille, quand il fera né-
ceuaire ; enfuite on mettra fur le feu un chaudron
** y*ne grandeur convenable pour contenir la bouteille
, & on mettra du foin au fond du chaudron,
pour que la bouteille n’y touche pas, & foit, en
quelque manière, ifolée au milieu de l’eau qu’on
met dans le chaudron en quantité fuffifante pour que
la bouteille trempe bien dedans ; & pour que cette
dernière ne fe renverfe pas , on en affujettit le goulot
à un bâton ou un fer placé en travers du deffus du
chaudron, deffous lequel il faut faire un feu fuffifant
pour que l’eau foit toujours très-chaude, fans ce-
•pendant'qu’elle bouille.
A mefure que l’eau chauffera , on ôtera de temps
en temps l’épingle , pour que l’efprit-de-vin qui fe
raréfié ne faife pas caffer la bouteille , que l’on doit
tirer du chaudron de demi-heure en demi-heure , &
toujours prés du feu , de peur que l’air froid ne faffe
caffer la bouteille. A chaque fois qu’on l’ôtera du
chaudron , on l’agitera un moment, en obfervant
toujours d’ôter l’épingle pour y donner de l’air: on
continuera la même manoeuvre pendant quatre à
cinq heures » après quoi on ne fera plus de feu, pour
laitier refroidir l’eau du chaudron, & par conféquent
la bouteille.
Quand elle fera bien refroidie, on la retirera, on
la découvrira pour y mettre les autres drogues, c’eft-
a-dire, la gomme laque, le fafran & le fang de dragon,
& on la rebouchera comme auparavant : on
la remuera & on la remettra dans l’eau qu’on aura
fait chauffer un peu auparavant, & on recommencera
comme ci-deffus , pendant quatre à cinq
heures ; enfuite on laiffera refroidir la bouteille
lans la remuer davantage ; & au bout de quatre à
cinq jours , on verfera bien doucement le vernis
dans une autre bouteille , tant qu’il viendra clair;
& ce qui reftera , on pourra le paffer an travers
d’un linge fin. Enfin, on bouchera bien exactement
la bouteille.
Si onvouloit faire une plus grande quantité de
vernis, il faudroit prendre une bouteille ou tout
autre vafe de verre , grand à proportion , en obfervant
toujours que le vernis n’occupe que lë quart
de la capacité du vafe ; autrement il cafferoit lorf-
que les drogues feroient échauffées.
Si on vouloit dorer de l’argent ou de l’étain avec
ce vernis, il faudroit doubler ou même tripler la
dofe du fafran ou du fang de dragon.
. Quant à la manière d’employer le vernis, on
s’y prend comme il fuit.
( Lorfque la pièce aura été bien polie, il failt ja
dégraiffer en la frottant avec de la poudre à p0ll.
drer , détrempée dans un peu d’efprit-de-vin ; ou
bien au lieu de poudre, on peut fe fervir de blanc
d’Efpagne , réduit comme cette dernière, en poudre
impalpable ; puis on la fera chauffer fur une plaqn«
de tôle placée fur un fourneau, en obfervant qu’elle
chauffe bien également par-tout, & à tel degré de
chaleur , qu’on ne puifle pas aifément la toucher
du deffus de la main ; puis on verfera du vernis
dans un petit v a fe , dans lequel on trempera un
pinceau de poil de blaireau bien doux ; & après
l’avoir /un peu effuyé fur le bord du vafe, on le
prefièra légèrement fur la pièce fans beaucoup
l’appuyer ; il faut le faire affez adroitement pour
que les reprifes ne paroiffent point , & qu’il n’y
ait point d’ondes & de taches fur la pièce vernie.
Si cependant il y avoit quelques ondes, on pour-
roit les faire difparoître , du moins en partie en
approchant la pièce vernie de la plaque de tôle
du côté où feroient les ondes, en évitant fur-tout
que la pièce touchât à la plaque.
S’il arrivoit qu’on voulût vernir des pièces qui,
par leur forme ou pour toute autre raifon ne
puffent pas être chauflees, on les verniroit à froid,
& on les approcheroit tout de fuite du feu , pour
qu’elles priffent une chaleur capable de faire cuire
également le vernis , & de donner le luftre à la
pièce.
Lorfque le poli viendra à fe falir, on le nettoiera
avec de l’eau tiède & Un linge blanc & fin ; mais
il ne faut jamais fe fervir d’aucunes pierres ou
poudres à polir , comme le blanc d’Efpagne , le
tripoli, &c.
Ce vernis efl dur & très-beau ; il ôte l’odeur du
cuivre , lui donne une belle couleur brillante ,
approchant de celle de l’or , & le préferve du
verd-de-gris, en empêchant l’effet de l’humidité;
de forte qu’on peut toucher une pièce de cuivré
ainfi vernie , fans craindre d’y faire des taches t
ni d’en gâter le poli.
Communauté des Ébénifies.
Les ébéniftes ne font pas à Paris une commit
nauté particulière. Ils font du corps des maîtres
menuifiers ; mais pour les diftinguer de ceux qu’on
nomme menuifiers d’ajfemblage, on les appelle- menuifiers
de placage ou de marqueterie , & communément
ébénifies.
L’édit du mois d’août 1776 , réunit dans un
feul corps les menuifiers - ébéniftes, tourneurs &
layetiers, & fixe les droits de réception des maîtres
à 500 livres*
, É B E
Y O C A B U L A I R E de l’Art de l'Èbeniflerie-Marqueterie. A CAJA-; afbre de Ceylan, dont le bois eft rouge ]
& acajou ; efpècc de noyer qui croît dans le Ma-
k Aigle ; ( bois <T) bois étranger, pefant & dur,
'd’une couleur roufle. . , ,
A l iz ie r ; arb re d e F r a n c e , d o n t le b o is e ft d ur o c
p le in , & d’un g ra in fin & fe rré.
F A lOÈS ; arb re é tran g er d o n t il y a plu fieu rs eipe -
ces qui fe rv e n t d ans f é b é n i f le r ie , te lle s q u e le ca -
lombac, le b ois d 'a ig l e , le calam b ou r.
A m a r a n t h e ; b o is é t ra n g e r , d une c o u leu r v io -
A m o u r e t t e ; b o is é t ra n g e r , d u r & p e fa n t , d’une
coiileur ro u g e â t r e , v e in é de b run I
A ne ; nom qu e l’o n d on n e a d in e ren s é tau x d on t
fe fervent les ébéniftes. ■
A n is ; bois étranger, d’une couleur gnfatre.
A r m o ir e ; m eu b le o rn é d’é b é n ifte r ie , ainfi ap-
pellé parce qu’ il fe r v o it autrefois, à fe r re r les a rmes ;
aujourd’hui on l ’em p lo ie a differen s autres u fa g e s ,
comme la linge rie , & le s b a s d 'a rm o ir e p o u r le fer-
v ice ;de la t a b l e , & c .
A s s em b l a g e d e M a r q u e t e r i e ; c’ e ft la r é u nion
de plufieurs m o r c e au x d e b o is c o lo r é s & de
pièces de ra p p o r t , p o u r en fa ire des com partimens
& des d eflins.
A uln e ; arbre aquatique, commun en France,
d’un grain fin, & de couleur rouffatre.
B a m b o u ; efpèce de canne qui croît dans les
pays maritimes des Indes orientales ; fon bois eft
très-dur -, & d’un blanc veiné de rouge & de gris.
B â t is ; c’e ft le fo n d prépa ré à r e c e v o ir l’afiem-
blage & le pla ca g e d e l’ébén ifterie.
Be c -d ’a n e , petit cifeau à bifeau, qui fert à faire
des mortaifes.
B ib l io t h è q u e s ; a rm o ire o u m eu b le d’ éb én ifte r
ie , qui ferfe à retirer d e s liv r e s d ans les cab in e ts .
Bois f e rm e s ; on nomme ainfi le s bois des Indes
, & autres bois étrangers qui ont les pores tres-
ferrés.
B ô is’r u s t iq u e s ; le s ébén iftes n om m en t ainfi des
bois durs & ple in s d e noe u d s d o n t il fo n t u fa g e .
B o is t e n d r e s : le s ébén ifte s ap p e llen t ainfi les
bois François qu’ils em p lo ien t dans leu rs o u v r a g e s ,
pour les d iftingu er d es b o is é tran g ers q u i fo n t b e au coup
plus durs.
B o it e a r a p p e l ; c’eft la pièce la plus effentielle
de Xétabli à l 'A l lem a n d e pour travailler les ouvrages
délicats.
B o it e d e p e n d u l e d e m o n t r e ; o u v r a g e d’é bénifterie
, d e fo rmes & de gran d eu r s d iffé r e n te s ,
p ou r y pla cer des p e n d u le s , d es montres.
B r é s il ; b o is é t r a n g e r , d u r & c om p a t t e , d’un
rouge tirant fu r le jaun e. '
B r e t u r e s ; raies fo rm é e s fu r le b o is p a r des o u tils
dentés*
Buis ; bois commun en France, d’un grain fin
& ferré, & de couleur jaunâtre. J Bureau ; meuble d’ébénifterie , en forme de
table , ‘avec des tiroirs à l’ufage des cabinets.
Bu r g a u ; coquille qui a la couleur &.le brillant
de la nacre de perle.
C alam bo ur ; bois étranger, poreux & réfineux,
d’une couleur verdâtre.
C anelle ; ( bois de ) arbre de File de Ceylan,
dont le bois a le fil dur & blanchâtre.
C ayenne; (acajou de) bois de couleur rougeâtre
, ou marbré de jaune & de blanc.
C èdre; arbre étranger, dont il y a deux fortes
, lé rouge & le blanc.
Cerisier; arbre commun en France : fon bois
eft dur & plein, & fa couleur rougeâtre.
C harme ; arbre commun en France : fon bois
eft blanc, & fes fils font entrelacés, ce qui le rend
difficile à travailler.
C hifonnière ; petite table ou commode d’ébénifterie
, dont les femmes fe fervent pour le dépôt
de leurs ouvrages ou chifons, dont ce petit meuble
a tiré fon nom.
C hine ; (bois de) bois dur & d’un rouge brun.
C iseau ; outil de fer qui a un bifeau tranchant
pour couper le bois.
C itron ; arbre de l’Amérique, d’une couleur
& d’une odeur citrine : fon bois, quoique réfineux ,
prend bien le poli.
C itronnier ; arbre commun dans les pays
chauds ; fon bois eft blanc & fans odeur.
C oins ; fe dit d’efpèces de, petites armoires ou
tablettes qui fe placent dans les angles des appar-
temens. Ceux qui fe fufpendent en tablettes, font
d’une menuiferie ou d’un bois de marqueterie léger
; l’angle que forment les côtés, eft égal à celui
que forment les murs ; la face antérieure en eft
. cintrée ; la. partie inférieure fe ferme à porte & à
ferrure ; la lupérieure eft ouverte & fert à placer
des morceaux de porcelaine. Ceux qui fe placent à
terre & qui font à pied comme les commodes, font
affez fouvent couverts de marbre, & décorés d’or-
nemens en cuivre doré: la partie antérieure en eft
auffi cintrée ; elle eft divifée en deux ou trois parties
, fermée à l’extérieur par autant de ferrures &
de portes. Ces meubles font de nouvelle invention.
C olorer ; c’eft donner de la couleur aux pierres
& aux bois qu’on emploie dans les ouvrages de
l’ébénifterie , fuivant les teintes dont l’ouvrier a
befoin , ou pour fes clairs, ou pour fes ombres.
C ommode ; meuble orné d’ébénifterie, de grandeur
& de forme différentes , avec des tiroirs, qui
fe place dans les appartèmens.
C ompartiment; affemblage de plufieurs pièces
ou figures difpofées avec fymétrie.
C ompas ; infiniment qui fert à prendre ou me-
furer des intervalles.