
qu'on v e u t, on peut par cette méthode obtenir
l’efprit volatil le. plus fort & le plus concentré.
La meilleure manière que j’aie trouvée, dit l’éditeur
de Neuchâtel, pour faire l’efprit de fel ammoniac
avec la chaux v iv e , eft de prendre huit
onces de fel ammoniac en poudre, de l’introduire
dans une cornue, & d’y ajouter huit onces d’eaû
chaude. On introduit pour lors dans la cornue, feize
onces de chaux pulvèrifée, & ayant un peu agité le
mélange, on y ajoute une livre d’eau chaude. En
diftillant le tout à ficcité, on obtient vingt-huit
onces d’efprit de fel ammoniac très-cauftique.
Polir faire l’efprit de fel ammoniac avec l’alkali
fix e, continue le même chimifie, je prends huit
onces de fel ammoniac en poudre , & douze à
quatorze onces d’alkali fixe. Je mets le fel ammoniac
& l’alkali dans une cornue", j’y ajoute dix
onces d’eau ; & la diftillation achevée, je retire
feize onces & demie &plus d’efprit de fel ammoniac
très-fort.
Cet efprit alkali volatil eft une liqueur faline
aufti légère que l’efprit de vin foible.
La grande volatilité de la partie faline de cet
efprit la fait monter la première dans la diftillation.
C%ft par cette raifon que, quoique le mélange contienne
une quantité d’eau allez grande, on peut obtenir
un efprit volatil très-fojt & très-concentré.
‘En ménageant beaucoup le feu, & mettant à part
les premiers produits de la diftillation, la partie
la plus aqueufe & la moins faline refte alors né-
cenairement la dernière.
Ce que l’on trouve dans les vaifleaux après la
décompofition du fel ammoniac, par un intermède
quelconque propre à dégager fon alkali volatil, eft
toujours un fel neutre, compofé de l’acide marin
du fel ammoniac * & de l’intermède qui a fervi à la
décompofition*
Com m u n a u t é d e s D is t il l a t e u r s d 'Ea u x -
FORTES.
Les ordonnances & réglemens de police qui ne
permettent la diftillation des eaux-fortes qu’à ceux
qui en ont obtenu des lettres , font anciens, & ont
été fouvent renouvelles ; mais la communauté des
diftillateurs d’eaux-fortes , qu’on nomme aufti diftillateurs
en chimie, ^eft aflez nouvelle.
L ’arrêt de la cour des Monnoies, qui a érigé
cette communauté en corps de jurande, & qui lui
a donné des ftatuts fous le bon plaifir du r o i,
comme il eft dit, eft du 5 avril 1639. Les maîtres
y font qualifiés maîtres de l’art & métier de
diftillateurs d’eaux-fortes, eaux-de-vie, & autres
eaux, efprits & eflences , circonftances & dépendances
, dans la v ille , fauxbourgs & banlieue de
Paris.
Leurs ftatuts font compofés de vingt-cinq articles.
Deux jurés, dont l’un eft élu chaque année, font
chargés de les faire exécuter conjointement avec
deux des plus anciens bacheliers. *
Ces jurés ont droit de vifite chez tous ceux qui
fe mêlent de diftillations chimiques.
Nul ne peut exercer le métier de diftillateur s’il
n’eft maître, ni être reçu maître s’il n’a fait appren-
tiflage.
Les apprentis ne peuvent être obligés pour moins
de quatre ans, & ne peuvent afpirer à la maîtrife
qu’ils n’aient encore lervi deux ans en qualité de
compagnons.
Tout apprenti, s’il n’eft fils de maître, eft tenu
au chef-d’oeuvre pour être reçu à la maîtrife. le
fils de maître doit même juftifier de fes quatre ans
de fervice, ou chez fon père, ou chez un autre.
Le chef-d’oeuvre doit fe faire en prèfence des
jurés, & d’un confeiller de la cour des monnoies.
Outre ce qui regarde la diftillation, l’afpirant
doit encore favoir lire & écrire , & juftifier par fon
extrait baptiftaire, qu’il eft âgé de vingt-quatre ans.
Les veuves reftant en viduité , peuvent avoir des
fourneaux , & faire travailler des compagnons
mais non pas obliger des apprentis.
Il eft permis aux maîtres diftillateurs de faire
toutes fortes de diftillations d’eaux-fortes, huiles
efprits & eflences, à la réferve des eaux-régales,
qu’il eft défendu à toutes perfonnes, de quelque
qualité qu’elles foient, de faire ni vendre , à caufe
qu’on peut s’en fervir pour altérer les monnoies
d’o r , fans altérer la'figure.
Les maîtres doivent tenir regiftre de la quantité
des eaux-fortes qu’ils vendent, & de la qualité,
noms & demeures des perfonnes à qui ils les ont
vendues, ne pouvant en débiter plus de deux livres
à la fois fans permifîion- de la cour , finon aux maîtres
de la monnoie & aux affineurs.
Ils ne peuvent prêter leurs fourneaux, ni laifter
travailler des étrangers dans ceux qu’ils ont chez
eux, fans avoir pareillement obtenu permiflïon ; &
ils font même obligés de donner avis à la cour des
monnoies, des perfonnes qui tiennent laboratoire,
& ont des fourneaux , fans avoir, ou lettres, ou
permiflion.
Les marchandifes foraines doivent être apportées
par les marchands au bureau de la, communauté
, pour y être vifitées ; nul diftillateur de Paris
n’en pouvant acheter, ni le marchand forain leur en
vendre avant la vifite.
Ces diftillateurs àvoient été fixés au nombre de
douze par ce réglement ; mais le roi & la cour des
monnoies, fous le bon plaifir de fa majefté, donnent
quelquefois , des permiflions de travailler aux
diftillations.
Le roi, par arrêt contradictoire de fon confeil,
rendu le 23 mai 1746, a ordonné que les diftillateurs
demeureront immédiatement fournis à la ju-
rifdidtion des juges ordinaires, en ce qui concerne
la préparation des drogues & remèdes , & à la cour
des monnoies, en ce qui concerne les métaux,
& la confection des eaux-fortes, propres à leur
diflblution.
Par ce même arrêt, il eft fait dçfenfes aux diftil-
- lateurs-
..(.„„.limonadiers de s’immifcer dans aucune des
opérations appartenantes à l’art de la chimie.
*Cette communauté fait prefentement corps avec
les limonadiers-vinaigriers , & les droits de recep-
tion font de 600 livres. •
Explication des Planches de la diftillation & fabrique
de l'Eau-forte ou Efprit de nitre,& des autres acides
minéraux. Tome I I des Gravures*
Planche I. Elle repréfente un laboratoire garni de
fix galères, dont deux font actuellement en travail.^
J A vue du laboratoire, en fuppofant qu’on foit
placé fur le'feuil de la porte.
r B charpente formant le toît du laboratoire. Elle
eft recouverte en tuile, dont quatre douzaines de
l’efpèce de celles qu’on nomme faîtières, font quelquefois
diftribuées aux deux extrémités du toît.
C , fenêtres très-larges , ordinairement fans vit •
treaux; elles éclairent le laboratoire*, & donnent
îffue à la fumée.
D , D , D , galères de relais, ou qui ne travaillent
pas. La galère eft le nom du fourneau propre à la
diftillation des eaux-fortes.
E , galère qu’on prépare pour travailler le lendemain
; elle eft garnie de fes cuines ou bêtes, noms •
que portent les vaiffeaux de terre qui contiennent
les matières qu’on doit diftiller.
F , galère travaillante : le dôme cache les cuines, .
on ne voit que les pots, vafes deftinés à recevoir
le fluide qui diftille.
G , ouvrier occupé autour de la galère qui travaille
; il répare les fentes du dôme , &c.
H , fécondé galère qui finit de travailler j on n’y
touche' plus.
I , 1 , cheminées poftiches, ménagées fur le dôme,
pour donner iïïùe à la flamme.
K, K , K , K , K , contre-coeurs ou contre-murs
des galères, adoffés contre les murs latéraux du laboratoire.
Ces contre-coeurs s’élèvent de trois à
quatre pieds, en forme de pyramide tronquée au
deflus de la galère.
L , L , manteaux de cheminée avec leurs tuyaux,
que quelques àrtiftes conftruifent au deflus de leiirs
galères* •' .rs. ; '
M , M , deux auges creufes , dont l’une reçoit les
teûôns des cuines caftees, & l’autre l’argile du dôme,
lorfqu’ôn le défait.
N , lampe de cuivre à deux mèches, fufpendue au !
milieu du laboratoire , pour éclairer l’ouvrier lorf- !
qu’il commence fon travail avant le jour, ou qu’il 1
ne le finit qu’à' nuit clofe.
O , tas de bois tout fendu & Léché, pour le fervice
des galères allumées.
P , rable de fer , pour attifer le bois dans la
galère.
Planche II. Différentes coupes de la galère, deffinèes
en partie fur fa longueur , avec les vafes & uftenftles
qui lui appartiennent eftentiellement.
Fig- 1 * coupe tranfverfale d'une galère.
•Arts é* Métiers Tome. II. Partie I.
À , maflïf établi en moëlons fur le fo l , & terminé
par un lit de briques, pofées debout.
B , B , première portion des murs latéraux, conf-
truits en briques ; ils font élévés jufqu.à la hauteur
où pofent les cuines.
C , C , fécondé portion des mêmes murs, diminuée
d’epaiffeur.
D , D , on a coupé deux cuines, repréfentées avec
la matière à diftiller.
E , E , pareille coupe de deux pots, contenant le
fluide diftillé.
Fig. 2 , tête de galère.
A , maflif vu en plein.
B , porte de tôle, avec fon cadre, fes gonds oc
fon loquet.
C , mur de face, bâti en plein.
D , tête du dôme qui recouvre les cuines.
E , vue des. deux premiers pots , comme on les»
voit lorfque la galère eft garnie.
Fig. 3 , galère chargée de fes cuines.
A , murs latéraux, dans leurs êpaiflfeurs. B , contre
mur de la galère , oppofè à fa tête. f _
C , foyer ou efpac'e qui reçoit le bois, lorfqu on
échauffe la galère. •
D , châflis de fer fondu & mobile, fur lequeL
pofent les cuines.
E , cuines en place, & prêtes à être recouvertes
par le dôme.
Fig. 4 , commencement de la conftru&ion du
dôme.
A , murs latéraux de la galère ; B , fon contre-
mur ; C , fol ou foyer. .
D , 'châflis de fe r , qui foutiennent les cuines E.
F , F , teffons placés fur & entre les cuines, pour
donner appui à la terre détrempée qui doit les rer
couvrir.
G , G , G , G , quatre tuiles carrées, placées fur
les dernières cuines, de manière à ne toucher chacune
que par deux de leurs angles, d’ou refulte le
trou carré H , qui fert de cheminée poftiche.
Fig. ƒ , chevrette de fe r , qui fe pofe fur le devant
du fo l , pour foutenir en l’air les morceaux
de bois qu’on introduit dans le foyer ; elle eft com-
pofée d’une forte tige A , foutenue fur deux pieds
B , B. m
Fig. 6 , A , anciens châflis de fer fondu , compofé
de deux barres , qui ont en longueur le diamètre
intérieur de la galère , d’un mur latéral a 1 autre y
& d’une traverfe qui les tient unies dans le milieu
de leur longueur.
B , les mêmes plus modernes & plus folides , ea
ce qu’ils ont trois traverfes, une au milieu , & une
à chaque extrémité. ^ £
Fig. 7 , çuine ou bête en grès de Savigny. On y
remarque fon corps A , & fon collet B.
Fig. 8, goulot de pareil grès, ou efpèce d’entonnoir
, qui fert à réunir les cols des cuines , avec
le trou des pots ; il eft compofé de deux parties dif-
tinâes, une large & évafèe , formant le godet A 5
& une plus étroite en forme de tuyau B.
P P