
Le grenat occidental eft d’un rouge fonce, plus
ou moins v if félon le degré de dureté qu’il a. On ne
peut guère jouir de fa couleur qu’au grand jour, car
elle paroît noirâtre à la lumière d’une bougie.
Cependant le grenat de Bohême eft d’un beau rouge
de fang très-vif, & affez dur pour prendre un beau
poli. On le taille ordinairement en cabochon. Sa
couleur paroît alors avec plus d’éclat. On en voit
de fort gros & d’un jeu refplendiflant.
On rencontre des grenats dans les ardoifes &
autres pierres feuilletées & talqueufes , dans la
pierre à chaux, dans le grès, dans les roches. On
en trouve aufli de détachés dans les montagnes &
dans le fable des rivières.
Les grenats participent en général beaucoup du
fe r , dont ils tirent leur couleur.
On eftime au prix du faphir, & même davantage
, le beau grenat Oriental oîï Syrien.
Le grenat vermeil & celui de Boheme, font un
peu moins chers, quoique très-recherchés.
On voit à Fribourg des moulins & des machines
employées à tailler, percer & polir le grenat.
L’Hyacinte.
L’hyacinte eft d’une belle couleur orangée ou
aurore, tirant fur le ponceau, fans points, & d’une
limpidité parfaite. Quand la pierre réunit toutes
ces qualités , on l’appelle l'hyacinte la belle. Les
plus eftimèes yiennent de l’Arabie, de Calicut,
de Cambaye.
L’hyacinte occidentale eft moins dure que 1 hyacinte
la belle ; elle eft d’une couleur plusfafranée , plus
orangée, moins éclatante, & tirant fur la fleur de
fouci ou fur la fleur d’hyacinte. Elle vient du Bréfil ?
en criftaux quadrilatères, terminés par les deux
bouts en une pyramide du même nombre de pans.
Il y a une hyacinte d’un blanc jaunâtre, & ref-
femblant à l’ambre , ce qui l’a fait nommer chryfieleêlrum.
. , 1 H
Il y a une autre hyacinte, qu on appelle miellee,
parce qu’elle .eft d’une couleur foible, terne & ref-
femblante au miel.
U hyacinte la belle, & l’occidentale, s évaluent a
peu près comme l’amèthyfte.
Crifial de rçche, 8ç Cailloux crifiallifés.
Le crifial de roche eft d’une belle tranfparence,
affez dur, & non coloré. Sa çriftallifation varie.
La plus ordinaire eft en prifme hexaèdre dont
les côtés font égaux, terminé à l’une & l’autre
extrémité par une pyramide aufli hexaèdre, dont
les plans font triangulaires.
Le plus beau criftal fe tire de la Bohême & de la
Suiflfe. La mine la plus riche eft celle.de Fifchbach
dans le Wafiais. ' t _
*Le quartz eft comme la matrice du criftal.
Cailloux de Médoc, d’Alençon, du Rhin.
Lçs cailloux de Médoc, $ Alençon, du Rhin, &c.
font des portions de criftaux de roche roulées ou
arrondies, & apportées accidentellement par les
eaux dans les endroits où on les trouve.
Il y a de ces criftaux colorés & dans toutes les
nuances des pierres précieufes. Ces couleurs leur
font communiquées par des fubftances métalliques;
on leur donne alors les noms de.faux rubis, de
faux faphir s , &c. mais ces criftaux confervent toujours
la figure hexaèdre affeâée au criftal de roche;
& leur couleur, qui n’eft qu’accidentelle, fe perd k
la foible chaleur du bain de fable.
Pafîbns préfentement à la defeription des pierres
fines ; nous donnerons enfuiteles procédés par lef-
quels l’art cherche à imiter ces brillantes productions
de la nature.
Des Pierres fines.
Les pierres fines (ont des cailloux qui, parleur
beauté, leurs couleurs, leur éclat, leur tranfpa-
; rence , leur finefle, leur dureté, figurent avanta-
geufement après les pierres précieules. Les pierres
fines peuvent fervir aufli d’ornement & de joyaux,
étant façonnées par l’art du joaillier & d u metteur-
en-oeuvre. Ces pierres fines font, les agates 3X onyx %
la fardonyx ou fardoine, les cornalines, la calcédoine
, le girafal, l’opale, les pierres chatoyantes,
le jade, Yaventurine, la turquoife , &c.
Nous allons,les parcourir & les examiner, mais
toujours relativement,à l’art que nous traitons, &
ayant fouvent recours, dans cette partie comme
dans la précédente, au Traité de M. Dutens.
Des Agates.
Vagate eft une pierre plus ou moins tranfparente^
remarquable par fa dureté, fa netteté, la beauté de
fon poli, & fa finefle. Il y e n a de deux fortes,
l’orientale & l’occidentale.
L'agate orientale eft pommelée & blanche. Si fa
couleur eft laiteufe, mêlée de jaune & de bleu,
c’eft une calcédoine ,* mêlée de couleu? orangee,
c’eft la fardoine ; fi elle eft rouge, c’eft une cornaline
; fi elle eft verte & un peu opaque, c’eft le jade.
L’agate occidentale, au contraire, aplufieurs couleurs
différemment nuancées ; mais comparée à l’agate
orientale , elle paroîtra inférieure, fur-tout
par le peu de vivacité de fes couleurs.
Il y a des agates grifes, dont le fonds eft gris
avec des zones, rubans ou filets contournés en
fpirales, ---r■ "•-■ IvVJJ
agate léontine, ou fauve, ou de panthère , eft
de couleur de lion, remplie d’ondes, & quelquefois
mouchetée comme une panthère.
Il y a des agates avec des veines rouges.
D’autres font ondulées à veines blanches.
D’autres font d’un beau noir.
D ’autres font de quatre couleurs, ou , comme on
d it , des quatre élémens,
On voit fur certaines agates des configurations
d’arbrifleaux, de buiffons, de moufles, de nuages,
d’étoiles, d’oifeaux, d’animaux, &c. Ces jeux de la
nature font dus pour la plupart aux exhalaifons
d’une fubftance métallique fubtile, colorée & infil'
très
trée dans les interftices des agates ; & félon qu’ils
font plus diftinâs & mieux formés, ils donnent
plus de prix à ces pierres.
L’Onyx.
Onyx vient du mot qui fignifie ongle. On
nomme onyx une efpèce d’agate demi-tranfp^rente,
difpofée par couches de diverfes couleurs, arrangées
en manière de cercles, ou par lits les uns au
deflùs, des autres. Le prix des onyx augmente fuir
vànt que les zones font plus tranchées, plus dif-
tinftes, & les couleurs mieux oppofées. Cette pierre
eft dure, & fufceptible d’un beau poli. On en distingue
de plufieurs fortes.
■ L’onyx orientale, ou Y onyx d’Arabie, à deux ou
trois couleurs arrangées par lits ou cerclés, dont
l’un eft tanné brun oU bleu, l’autre blanc, l’autre
noir. Les plus belles ont ces trois couleurs dif-
tinftes, fans mélange, pofées par couches les unes
fur les autres. La première ou la fupérieure eft ordinairement
fauve ; & mife entre la lumière & l’oeil,
elle femble rougeâtre. La fécondé couche eft communément
d’un gris laiteux ou blanché, qu’on
appelle onglet. La trôifième eft d’un beau noir ou
d’une teinte enfumée, Ces zones doivent être très- 1
diftinCteS, bien féparées, tranchantes & oppofées.
Plus les couleurs font v ive s, & plus les pierres font
rares & curieufes. Les plus belles viennent de l’A rabie
& de Ceylan. Quelquefois les onyx même
orientales n’ont que deux eoùleurs , mais bien
prononcées. Elles font moins précieufes alors que
celles à trois couleurs.
L’agate onyx orientale eft de la nature de Y onyx ;
mais on l’appelle agate onyx, lorfqu’èlle n’eft com- j
pofée que de deux couchés l’une fur l’autre, dont i
la première ou la fupérieure eft d’un beau blanc, & !
l’inférieure d’une couleur grife d’agate, qui en fait
le fond quand on la travaille en camée.
Les plus célèbres graveurs Grecs ont fait des
chefs - d’oeuvre par préférence fur cette forte de
pierre. On en voit dans différeras cabinets. La plus
belle connue, eft au cabinet du Roi de France.
Sardonyx ou Sardoine.
On appelle également fardonyx ou fardoine, une
onyx dans laquelle un des cercles eft rouge, &
l ’autre couleur de corne, ou de l’une des couleurs
propres à Y onyx. La dénomination de fardonyx
ou de fardoine vient du mo*t farde, qui défigne la
couleur rouge de la cornaline, qui s’allie avec une
des couleurs de l’onyx.
On diftingue dans le commerce’, la fardoine orientale
, la. fardoine occidentale , & la farde agate ; Y agate
OU fardoine cêîllée.
La fardoine orientale eft la plus dure, & la plus
tranfparente. Elle eft pommelée, bien nuancée, fufceptible
d’un poli brillant. On la- tire des Indes,
de l’Egypte, de l’Arabie, de l’Arménie, & de Baby-
lorie , ou on l’appelle pierre de Memphis.
Li. fardoine occidentale , que les Italiens nomment
Arts 6* Métiers,. Tome II. Partie I.
niccolo, eft parfemée de taches, fourdes, bleues,
& environnée de cercles laitéux. Elle eft moins dure
que l’orientale. On en tire de Bohême.'La farde
agaihe tient de la cornaline & de l’agate proprement
dite. Sa teinte participe du rouge de la fardoine, &
du blanc de l’agate.
L’agate ou fardoine oeillée, eft une agate dont lès
zones tournent.autour d’un 'centre commun,, avec
une tache au milieu, qui reffemble en quelque façon
à un oeil. Lès àrtiftes profitent quelquefois de cet
accident, ils creuferit la pierre au deffous de la
tache qui formé Yoeil, & mettent deffous une feuille
d’o r , qui donne du jeu & dé l’éclat à cet èii droit
de la pierre.
L’onyx & la fardonyx font dès. pierres eftimèes
pour faire des cachets.
Cornaline.
La cornaline défignée fous le nom de farda dans
Pline, .eft une efpece d’agate dèîîii-tranfparente *
d’un grain fin, & fufceptible d’un beau poli. Elle
eft communément rougeâtre, ou de coiileiir de
b ë b 1 .
La cornaline orientale eft très-dure , également
tranfparente ; & vue entré la lumière & l’oeil, elle
eft d’un éclat v if & rayonnant, foit qu’elle fe trouve
d’un rouge foncé, tirant fur le grenat, ou de couleur
orangée fafranée, ou d’un jaune clair & brillant*
La cornaline orientale vient des Indes, de l’A -
rabie, de l’Egypte.
j La belle cornaline ordinaire eft d’un rouge v if,'
tirant un peu fur l’orangé, ou dé couleur de chair
vive. La plus parfaite vient dé Perfe, & approcha
en quelque forte du grenat par la couleur & la tranf-
pfrence.
La cornaline blanche a une nuance de bleu qui la
fait paroître laiteufe.
La Caroline panachée eft rougeâtre ou jaunâtre ^
bariolée de lignes blanches, onglées , rouges oit
noires. Il y en a aufli de pâles, dé blanchâtres, &
quelques-unes /ont tachetées de gouttes de fang;
Celle de cette dernière efpècé s’appelle cornaline
fiigmitte, ou gemma fanEli Stephani.
On diftingue encore dans le commerce, les cor*
nalines onyxs, les' cornalines aàllées, les cornalines
herborifées ou dendrites, fuivant qu’elles font. re<
marquables par ces caractères.
La cornaline herborifée ou arborifée eft précieufe*
& plus eftimée que l’agate arborifée , parce que feS
ramifications d’un rouge vif fur un fond blanc , font
plus rares, & ont bien plus d’éclat.
Calcédoine.
La calcédoine eft une pierre demi-tranfparente j
nébjileüfe, d’un, bléu laiteux. Il y en a aufli dé
lüifantes , & même de chatoyantes. Sa dureté approche
de scelle de l’agate, & rend cette pierre fufceptible
d’un beau poli. On en trouve des morceaux
affez grands pour faire dés bijoux & des
vafes. On diftingue pliifieurs efpèces de calcédoine.