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gles, & il tranche avec les cifailles, fig. 12. tn p i la. '
queue de la chauffe qui eft tournée du côté du genou
, & fert à empêcher qu’elle ne fe renverfe
lorfque l’ouvrier pouffe la boîte 19 contre les tronçons.
k , k', courroies de cuir feryant à attacher la
chauffé fur la cüiffe gauche.
Fig. 21, n°. 2 , élévation & profil de la chauffe.
I l , couffins qui garniffent la partie de la chauffe qui
s’applique fur la cuiffe. .
Tous ces defiins font éxaâement conformes aux
machines dont on fait ufage à Laigle en Normandie.
Les dimenfions qu’on a obmifes, fe retrouveront
facilement par le fecours. des échelles qui fontaubas
de chaque planche.
Planché I I I ; la fig, 1 repréfente le jauniffeur d’épingles
, qui agite les épingles dans un baquet fuf-
pendu à uhe f>ièce de bois fixe. Ce baquet a vingt-
un pouces de diamètre par le haut,: & quatorze
pouces de Fauteur : on y met une trentaine de livres
pelant d’épingles:, & Un feau d’eau dans laquelle
on a fait bouillir pendant une demi-heure à gros
bouillons, une demi-livre de tartre. L’ouvrier balance
c#;baquet, à. deux mains, dont une eft placée
au bord de deffus, & l’autre aux peignes d’en bas,
jufqu’à çe que les épingles foient décraffées , & que
leurs têtes foient reblanchies : ce baquet fert auffi à
éteindre les épingles.
Fig. 2 , ouvrier qui sèche les épingles dans le
barri! foncé B , qu’on appelle frottoir, dans lequel
on les a introduites avec du fon.
Fig. 3 , ouvrier qui vanne lés épingles. H
Fig, 4M S , deux ouvriers qui sèchent les épingles
après qu’elles font forties du blanchiment ; ce qui fe
fait en mettant environ quatorze livres pefant d’une
feule forte avec du fon, dans un fac de cuir cbm-
pofé de deux peaux -de mouton coufues enfemble.
Ces deux ouvriers fe renvoient alternativement les
épingles contenues dans le fac à frotter, .ou étant
ainfi agitées avec lé fon, elles font bientôt sèches.
Fi*. <5, ouvrier qui coule.l’étain fur lé coutil pour
le réduire én plaques. Il verfe dans le châffis avec
une cuiller, l’étain fondu qu’il a puifé dans la chaudière
m.
Fig. 7 h ouvrier qui fait recuire les têtes d’épingles
dans la cuiller n , dont le manche terminé comme
un chenet, foutient la cuiller, ce qui difpenfe l’ou-
yrieïr de ce foin.
Fig. 8 , ouvrier qui coupe les têtes : cette figure
éft mal-à-propos citée comme appartenant à lapl. II.
Cet ouvrier tient de la main gauche une douzaine
de moulées o n , qu’il tranche avec les cifeaux ea-
mards, repréfentés par la fig. n , pl. II. Les têtes
font reçues dans un tablier de peau, attaché à fa
ceinture & à une efpèce de fellette qu’il a devant
lui; il les met enfuite dans unefebüle que l’on voit
à côté.
Fig. p , repréfente la table ou fon coupe au compas
les plaques d’étain dont on fe fert pour blanchir
les épingles, & qui doivent entrer dans la chaudière,
fig- mÉ
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Fig. 10, repréfente ce qu’on appelle une portée
compofée d’une vingtaine de plaques d’étain de feire
pouces de diamètre, fur chacune defquelles on met
environ deux livres péfarit d’épingles après qu’elles
font forties des mains du jaunifleur. Ces plaques
ont un rebord d’environ fix lignes de haut; pour
empêcher les épingles de tomber : le tout eft porté
par line croix de fer 1 , 2 ,3 , 14 , qu’on voit au bas
de la planche.;On empile dans la chaudière autant
de portées qu’elle en peut contenir.
Fig. n , repréfente deux bâtons de bois, au milieu
defquels eft'une boucle paffée dans un anneau. Ces.
bâtons fervent à enlever la chaudière deftinée au
blanchiment, que l’on voit à côté, en paffant les
crochets dont elle eft armée dans les anneaux de ces
bâtons : on voit mieux un de ces crochets dans la
B B B I " . : ' . .
Fig. 12M13, deux frappeurs qui mettent les têtes
aux épingles. La fig. 12, n°. 2 , au bas de la planche,
& les fig. 17-, 18 & 19, font toujours relatives au
même objet. La fig. 18 eft le plan du métier à fix
places;, A B C D E F pour fix frappeurs. C ’eft un
billot de bois o«u tronc d’arbre, de trois pieds neuf
pouces de diamètre & feize pouces de haut, fur
lequel font élevés fix poteaux s s s , s t , s t , fig. 12,
n°. 2, affemblés par les traverfesr*, dans lefquelles
paffent les broches x ‘x & l’outibot b c. Les broches
terminées en pointes repofent par leur pâme inférieure
fur des plaques de plomb 5, 7 , place B,
fig. 18, en.caftrées dans des creux 1 , 3 , place A ,
pratiqués dans le billot. L’outibqt eft guidé par la
moife de fer y y , enforte que le poinçon Z dont
fi>n. extrémité inférieure eft armée, tombe jufte fur
l’.enclume 6, places B & C , dont 1a queue entre
dans le trou %, place À. L ’entêteur, a fils à fa
placé, les coudes appuyés fur les barres de bois
G H , prend dans la broche ou calotte o ç , places
E , F , qu’il a devant lui, une hampe ou corps d’épingle
placé en Z , comme on voit place D , & la
pouffe dans un grand nombre de tètes placées en
0, où elle ne peut manquer d’en enfiler une ou plu-
fieurs. Il place enfuite l’épingle chargée d’une feule
tête fut j ’enclume 6 ; & lâchant le pied de deffus la
marchette g ƒ , fig. 12,'n°.2 , le poids a dont l’ou-
tibot eft chargé , le fait defcendre fur l’enelurne &
comprime la tête autour de •l’épingle , qui, après
qu’elle eft façonnée, eft jetée dans l’efpace 3 , 10,
place D ou Z ? place C ,fig. 18.
Fig. 14, Chaudière à blanchir, de cuivre rouge,
de dix-huit pouces cfe diamètre & deux pieds & demi
de hauteur.
Fig. i f , partie d’une portée empilée fur la première,,
& deftinée à entrer dans la chaudière.
Fig. 1.6, repréfente le plan de la moife y y qqi
guide le mouvement vertical de l’oiiribot. Ou voit
par cette figure, deftinée, ainfi que les deux fui«
vantes , fur une échellee quadruple de celle qui
eft fur la planche, que les broches x x de fix lignes
de gros, ne rempliffent pas exa&ement les trous
dans lefquelles elles paffent. -On laiffe un vide de
^eux
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, cllX ou trois lignes-, que l’on remplit de parchemin
huilé pour faciliter le mouvement de la moife le
lone des broches : on met aufli du parchemin dans
le trou de latraverfe, par lequel paflè le bout de
^ ° / S 17, repréfente en grand l’outibot fur l’échelle
quadruple, c’eft-à-dire, que quatre pieds ne font
compte que pour un. On voit en Z comment la partie
inférieure eft creufée fur neuf lignes de profondeur
& fix en carré pour recevoir le poinçon 1 a , de
fix lignes en carré , & dix lignes de long réduit
à cinq lignes en carré par les extrémités. A côté
en * eft le plan du poinçon, le long des quatre
rives duquel font des cavités hémifphériques, dans
une defquelles la tête de l’épingle fe forme : ces cavités
font faites avec le poinçon émouffé, que l’on
voit de l’autre côté de l’outibot.
Fig. 18, voyez ci-deffus, fig. 12.
Fig. ip, repréfente le canon & l’enclume deftinée
fur l’échelle quadruple, a 6_, l’enclume. 6, le canon
qui la reçoit, & qui eft recreufé , comme les lignes
ponftuées le font v o ir , de fix lignes en carré fur
autant de profondeur. Ce canon , dont la queue 7
entre dans le trou 2 , place A , fig. 18, reçoit l’enclume
a 6 , d’un pouce de long, fur fept lignes en
carré par le haut & quatre lignes par le bas : la face
fupérieure a quatre cavités hémifphériques, comme
le poinçon, ainfi qu’on peut voir par le plan y qui
eft à côté. Ces cavités communiqùent à des gouttières
dans lefquelles le corps de l’épingle trouve
place.
Fig. 20, repréfente le poinçon ou peigne avec
lequel on pique les papiers dans lefquels on place
les épingles, après qu’elles font achevées. On voit
au deffous le profil du même poinçon, & la manière
dont le papier eft plié en plufieurs doubles
quand on le pique.
Principales fabriques d'épingles.
On tire beaucoup d’épingles d’Angleterre, qui
font fort eftimées.
On faifoit aufli autrefois beaucoup d’épingles à
Paris; & celles qu’on y fabriquoit, y étoient en
grande réputation. Il y a lieu de penfer que la main-
d’oeuvre étant devenue trop chere dans cette capitale,
à raifon du prix des vivres -, les fabricans de
province ont été en état de donner leur travail à
meilleur compte ; & ils ont fait tomber les fabriques
de Paris , en fourniffant des épingles aufli belles &
à meilleur marché. Mais pour conferver la réputation
des épingles de Paris, les fabricans de province
, boutent celles qu’ils envoient dans des papiers
timbrés dé la marque de Paris ; ce font les marchands
de Paris eux-mêmes qui les leur envoient.
La ville de Limoges étoit autrefois célèbre pour
la fabrique des épingles. : ©n n’y trouve prèfente-
ment que quelques pauvres fabricans. On fait aufli
des épingles à Bordeaux ; mais les plus belles fabriques
de ce temps-ci font à Laigle, à Rugles, &
dans quelques autres endroits de la Normandie.
Arts & Métiers’. Tome //, Partie II,
É P I 4 6 5
Remarques générales fur le métier d'epinglier , par
M. v e Ch ALOuziERF., avocat en Parlement, juge
de police de Laigle.
Le métier d’épinglier eft très-malpropre, & il eft
aufli fort contraire à la fanté. La matière qu’on emploie
y contribue : tout le monde fait que la rouille
du laiton eft du verd-de-gris, c’eft-à-dire, un poi-
fon. Ce poifon agit fur les ouvriers plus ou moins,
félon la place qu’ils occupent dans la fabrique. Les
plus expofés font les empointeurs. La meule fur
laquelle ils travaillent, tire des épingles qu’elle ai-
guife, une limaille très-fine qui fe répand dans
l’air , de manière que les empointeurs ne peuvent
fe difpenfer d’en refpirer par la bouche & par le
nez ; on fait cependant qu’ils mettent, pour s’en garantir,
un verre encadré devant leur vifage ; & c’eft
à travers ce verre qu’ils voient l’ouvrage qu ils font ;
mais cette précaution ne les préferve pas entièrement
du fâcheux effet des particules cuivreufes.
L’air qu’ils refpirent eft toujours rempli de la plus
fubtile limaille qui vole ; elle entre par le nez &
par la, bouche. Il en defeend fans doute quelque
partie dans la poitrine par la trachée-artère. Ces
particules de limaille s’attachent aux endroits où
elles s’arrêtent, & y contra&ent leur rouille ordinaire
:,delà vient que tous les ouvriers d’épingles,
& les empointeurs plus que tous les autres, ont
prefque toujours les gencives d’un noir tirant fur
le vert ; leurs dents font de même tout obfcurcies.
La crafle qui s’amafle dans la jointure des dents ,
eft noire & d’un noir verdâtre ; elle fe mêle avec
la falive, & tombe dans l’eftomac. La limaille s’attache
fi fort au vifage , qn’il eft en quelque forte
impoflible aux ouvriers de fe décrafler parfaitement.
Il eft très-probable qu’il en defeend dans la poitrina
& dans l’eftomac, comme on vient de le dire : les
effets qu’elle y caufe font très-dangereux. Les empointeurs
qui ne font pas bien robuftes, meurent
pulmoniques & de bonne heure : tous abandonnent
l’empointage, quand ils parviennent à un âge
un peu avancé, comme de quarante ou cinquante
ans ; peu de ceux que la néceflité contraint d’y travailler
plus long-temps, en échappent.
Il y a encore dans ce métier une chofe fingulière |
qui dérive de la même caufe. La limaille qui vole
en l’air, s’attache aux cheveux des ouvriers & fur
ceux des empointeurs plus que fur ceux des autres.
En s’y attachant ainfi, elle y produit quelquefois
un effet affez extraordinaire. Elle rend les cheveux
des ouvriers ahfolument verts , & d’un vert aufli
v if & aufli beau que celui des arêtes do l’orphis.
Tous les cheveux ne reçoivent pas cette im-
preflïon ; les blonds en font plus fufceptibles que
les bruns ou les noirs : quoi qu’il en fo it, il eft certain
que plufieurs empointeurs ont les cheveux du
plus beau vert du monde ; & ce vert ne paroît point
une couleur fuperficielle ajoutée à la couleur naturelle
des cheveux, mais bien celle des cheveux
mêmes i elle paroit provenir de la fubftance des
N nn