
Des poinçons, des c'tfeaux, des tenailles de beaucoup*
d’efpèce , des étaux conviennent dans fon atelier.
Il faut qu’il faffe choix de bonnes meules de grés ,
& prendre garde fur - tout qu’il n’y ait point de
calibres ni fentes, qui en rendroient l’ufage très-
dangereux.
Il en eft de même des polijfoires de bois de noyer ,
dont la moindre fêlure peut caufer de grands ac-
cidens. . ..
Il eft inutile de dire que les meules & les polijjoires
doivent être bien arrondies ; ce qui fe fait avec le
fer à régler. .
Si une meule vient à fe cafter, voici de queue
manière M. Perret dit qu’il faut réparer cet accident.
Pour faire la colle ou le maftic propre à coller
une meule, prenez de la cire blançjie & de la colo-
phone, partie égale ; faites-les fondre ënfemble dans
un poêlon de cuivre ; remuez bien, & ne les laiffez
point brûler ; il fuffit meme que les deux fubftances
fondent lentement à petit feu ; mettez avec un pinceau
, de ce maftic encore chaud fur la pierre caffee
que vous aurez fait un peu chauffer ; approchez les
deux bouts & liez-les enfemble ; quand le maftic fera
refroidi, la pièce fera maftiquéè folidement.
Une meule eft accompagnée d’une auge, qui eft
un morceau de chêne creufe pour contenir 1 eau du
chevalet, compofé de deux planches de bois de
chêne affemblées parallèlement, fur l’une defquelles
on cloue un petit couffin où s’étend l’ouvrier émou-
leur ; on le garantit de l’eau que la meule qui plonge
dans l’auge lui feroit fauter au vifage , fi on ne
mettoit pas devant la meule le rabat-eau, ou une
petite planche de bois revêtue d’un morceau de
chapeau. r
La roue qui fait tourner la meule, a cinq ou lix
pieds de diamètre ; elle eft mife èn mouvement par
le moyen d’une corde de boyau qui fe loge dans
une rainure profonde d un pouce au moins.
Les autres outils propres au coutelier , font un
archet avec un foret, pour percer toutes fortes de
matières. ,
Un chevalet qui porte le foret, pour percer les
manches de couteaux à game.
Un grattoir fait de bon acier , forgé à quatre
carres.
Un tire-filet pour les métaux , un autre pour
l’ivoire, le bois, l’écaille, &c.
Un écarrijfoir pour agrandir & arrondir les trous.
Un bonnet carré ou foret à quatre carres ; outil très-
utile pour dreffer un trou qu’on doit tarauder.
Plufieurs autres fortes àe forets de forme, de grandeur
, de groffeur différentes.
Une pointe d’acier bien trempée, pour percer le
fer & l’acier. -
U ne plane ou couteau d deux manches pour degroiiir
le b ° is* . _. . . I .<
Le grand brunijfoir & le bruntjfoir a main ; outils
d’acier trempé & bien poli.
- Des écouaines ; les unes plates, les autres triangulaires
, pour pouffer des moulures.
Des clfelets propres à tailler l’acier & lé ferJ
Une étampe à huit pans, pour étamper & coupéf
une calotte de cuvette.
Des mandrins de plufieurs formes , dont les pans
foient vifs & réguliers , propres à mandriner les
viroles.
La marque ou poinçon de bon acier, pour marquer
les ouvrages de coutellerie. ■
Un petit tas qu’on met dans l’étau pour y appliquer
l’ouvrage qu’on veut marquer a froid.
Une filière pour fairè des vis.
Un couteau fait en feie d’une lame d’acier bien
tempé pour feier des bouts de clous. 1
Des feies, des pinces, des fraifes propres à frailei?
un trou pour noyer une rivure.
Des compas dépaiffeur $L autres, & c .
Sur la manière cCémoudre 6* de polir.
M. Perret exige plufieurs qualités dans un bort
émouleur. Il faut, d i t - i l , i° . qu’il foit ambidextre
parfait ç a0, qu’il ait la main fûre 6* ferme ; 30. un
bon efiomac & une poitrine forte ; 40. une bonne vue.
En effet, il faut être ambidextre ou adroit egalement
des deux mains, pour rendre le tranchant d une
lame aufli v if Sc aufli régulier d un cote que de
l’autre ; il faut avoir la main fûre & ferme , parce
qu’un tranchant fait en tremblant, ne^ peut couper
parfaitement. La fituation d’être couché à plat ventre
fur une planche , ne convient qua une poitrine
forte ; & la diftance de l’oeil du rémouleur à la
pièce qu’il rémoule,. demande une bonne vue pour
bien diriger le trayail. On doit, outre cela, avoir
attention que la meule foit jufte & bien montée ;
car fi elle eft montée trop lâche, elle fe démonté ,
elle fe caffe, & caufe de grands accidens. Si au contraire
les pointes font trop enfoncées dans le bois ,
le tourneur fatigue & tourne par fecouffes ; ce qui eft
nuifible au travail. La meule doit d’ailleurs tremper
toujours dans l’eau, pour être toujours nette , &
pour empêcher le tranchant de trop s echauffer.
Un bon rémouleur doit tenir la pièce ferme entre
les doigts, en donnant un peu dé liberté aux poignets ;
placer la lame bien d’équerre fur la meule, & fur-
tout avoir foin que le dos de la lame foit toujours en
en-bas & le tranchant en en-haut.
On dégraiffera de temps en temps la meule avec
le grès, ou avec le fer à régler, pour en ôter les par-,
ticules de métaux qui s’y attachent.
Les matières graffes font nuifibles, & ne doivent
approcher ni de là meule, ni de l’eau dans laquelle
elle trempe, parce que la pièce graiffée gliffe avec
une rapidité qui trompe l’ouvrier, & fouvent le
bleffe. v 1
Comme un rémouleur ou un coutelier eft quelquefois
expofé à recevoir des coupures aux mains, il n’eft
pas hors de propos d’avertir ici que le remède le plus
prompt & le plus fûr que M. Perret ait trouvé contre
les bleflures légères, c’eft dé tenir auflitôt f endroit
offenfé 7 ou 8 minutes dans l’effence de. térében-
thine.
G O U
Continuons ce qui regarde la manière
La délicate'ffe&la fureté du coup de meule dépendent
déda façon de tenir là pièce entre le pouce 8c 1 index,
to g ê n e r le coude, ni le poignet ;le rémouleur eft
couché à plat ventre fur un-plan inchné, ayant les
pieds arrêtés à la traverfe du bout de la planche. Son
corps doit être d'ailleurs libre, pour qu il puiffe fe
prêter aifément à l’écartément des bras, pour le
prêter à l’étendue du tranchant. ^ v
Il convient de regarder l’ouvrage cpi on a tait a
chaque coup de meule, pour que i’emoulure foit
éeale par-tout, & que la pièce foit bien dreflee.
S’il s’agit d’une lame de couteau, on leve un biiaeu
fur le tranchant ; ce bifeau fait lever un petit mor£l
qui doit être égal, v if , régulier : apres cela, on arrondit
ce petit bifeau; on affemble tous les coups de
meule pour n’en faire qu’un ; enfin , on abat légèrement
les angles du côté du dos. jj
Pour un rafoir, les coups de meule doivent etre
appliqués dans le milieu de la lame, entre le bifeau
& le tranchant» C ’eft en fuivant la même ligne qu ou
évide régulièrement un rafoir & qu on emporte 1 e-
paiffeur qu’il a de trop : quand il n’y a que très - peu
de bifeau d’un côté, on change te rafoir de main
pour faire une pareille opération à l’autre coté.
Quant aux ci féaux, il faut appliquer le coup de
meute fur 1e dedans de chaque lame pour blanchir &
bien dreffer ; il faurdonner de la même main un coup
de meute fur l’entablure, changer enfuite de main
pour lever le morfil par un bifeau, &. faire enforte
qu’il n’y ait que 1e tranchant qui porte feul fur la
. meule. , . .
Pour polir tes inftrumens tranchans, on doit les
paffer fur la roue de lapoliffoire qui emporte tes traits
que la meute a faits.
Comme la poliffoire n’agit que par 1 emeri délayé
avec l’huile , la pièce eft fujette à s’ échauffer au point
.de brûler les doigts, parce que la roue ne trempe
point dans l’eau comme la meute : c’eft afin d obvier
à cet inconvénient qu’on a une petite rognure de
chapeau qu’on appelle curé ; on la retient entre la
pouce & l’index, & la pointe del’inftrument a polir
porte deffus. ■ „ .
Pour polir, ou frotte la lame fur la pohiioire ,
allant & venant du bas du manche a la pointe , environ
fept ou huit fois, ce qu’on appelle frayer. Ce
mouvement emporte' tes plus grosvtraits ; en meme
temps il éparpille l’émeri fur toute la circonférence
de la poliffoire, ainfi que fur toute la iurface du couteau.
Enfuite, il faut appliquer la lame fur la polif-
'■ foire, tout près du manche , & donner 1e coup 1e
long du dos, jufqu’à la pointe , en fuivant une tnarche
régulière & lente : on continue la meme operation
t dans 1e milieu , & près du tranchant, de façon qu’il
ne paroiffe ni émeri, ni ondulation fur la lame.
Si l’on veut pôlir à la main, on ferre la pièce dans
un étau, entre tes mordaçhes de bois. Ori a un ou
deux bois de noyer à polir , d’un pouce de large , &
de 4 à 5 lignes d’épaiffeur; on étend fur le bois &
fur la pièce, de l’émeri délayé âY§c de l’huile d olive.
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& on frotte en long. Il faut, félon les ouvrages,
changer la forme des bois à polir, qui doivent imiter
à peu près tes limes dont on s'eft fervi pour faire tes
façons. j
Si l’on veut donner du brillant au p o li, on prend
une partie {d’étain & deux de potee d acier , qu on
mêle 8c qu’ôn délaye avec de l’eau-de-vie. On polit
auffi avec du buffle imbibé de cette p o t é e 8 c colle ,
foit fur du bois, foit même fur la roue d’une poltf-.
On polit auffi avec une brofie dont les crins font
imbibés , foit d'émeri, foit de la potée dont on vient
de parler. ■
De la manière d affiler.
Le terme d'affiler (e prend en deux fens fort diffé-
rens. i° . Affiler, c’eût donner à un infiniment tranchant
, tel qu’un couteau , la dernière façon, en enlevant
après qu’il eft poli, cette barbe menue et tres-
coupante qui le horde d’un bout à l'autre, que les
ouvriers appellent morfil. a°. Affiler, c eft paffer lur
la pierre à affiler un inftrument dont le tranchant veut
être réparé, foit qu’ily ait brèche, foit qua force de
travailler il foit émouffé ; en un mot, un tranchant
qui ne coupe plus affez facilement. Il y a généralement
trois fortes de pierres à affiler ; une groffe pierre
bleue, couleur d’a rdoife,& qui n’en eft quunmor-
ceau fur laquelle on ôte 1e morfil aux couteaux
quand ils font neufs, 8c fur laquelle on repare leur»
tranchans quand ils ne coupent plus. Cette pierre ne
fert guère qu’à affiler les inftrumens dont il n eft pas
néceffaire que le tranchant foit extrêmement fin.
Pour les inftrumens dont ie tranchant ne peut etre
trop fin , comme les rafoirs, on a une autre pierre
blanchâtre, plus tendre 8t d’un grain plus fin que la
première, qui fe trouve en Lorraine; celle-ci iett
à deux ufages. Le premier, c’eft d’enlever Je morfil ;
le fécond, c’eft en ufant peu à. peu les grains de 1 a-
cier, à rendre le tranchant plus fin qu’il n'a pu 1 etre
au fortir de deffus la poliffoire ; auffi la pierre d’ar-
doije n’a-t-elle pas plutôt enlevé le morfil des couteaux
& des autres inftrumens auxquels elle fert, cpie
ces inftrumens font affilés. Il n’en eft pas de même
de valoir, ni des autres'outils qui veulent être paffés
fur la fécondé pierre blanche qu’on appelle pierre à
rafoir. L’ouvrier fait encore aller 8c venir doucement
Ion rafoir fur cette pierre long-temps après que le
i morfil eft emporté. Il y a une troifième pierre quon
appelle pierre du Levant, dont la couleur eft ordinairement
d’un verd très-obfcur, très-fale ,& tirant
par endroits fur le blanchâtre ; fon grain eft fin, &
elle eft ordinairement très-dure ; mais pour qu elle
foit bonne, on veut quelle foit tendre. C eft une
i trouvaille pour un ouvrier, qu’une pierre du Levant
d’une bonne qualité. Cette pierre eft à 1 ufage des
I graveurs ; ils affilent fur elle leurs burins : elle fert
! fux couteliers qui affilent fur elle tes lancettes: en
I général elle paroît par la fineffe du gram, propre pour
i les petits outils & autres dont le tranchant doit etre
i fort Ÿif 9 & à qui on peut Si on doit donner cette