diamant bien broyée dans un mortier d’acier avec
un pilon de même métal : on la délaye avec de
i’e au, du vinaigre, ou autre chofe que l’on met fur
le diamant, à mefure qu’on le coupe .avec un fil
de fer où de laiton, auffi délié qu’un cheveu. Il
y a aufli des diamans que l’on fend, fuivant leur
f i l , avec des outils propres pour cet effet.
Taille des autres Pierres prècieufes.
Quant aux rubis, faphirs & topafes d* Orient, on
les taille & on les forme fur une roue de cuivre
qu’on arrofe de poudre de diamant avec de l’huile
d’olive. Le poliment s’en fait fur une autre roue
de cuivre , avec du tripoli détrempé dans de l’eau.
On tourne d’une main un moulin qui fait agir la
roue de cuivre, pendant qu’on forme de l’autre
la pierre maftiquée ou cimentée fur un bâton , qui
entre dans un infiniment de bois, appellé quadrant
, parce qu’il eft compofé .de plufieurs pièces
qui quadrent enfemble & fe meuvent avec des
viffes, qui, faifant tourner le bâton, forment régulièrement
les différentes figures que l’on veut
donner à la pierre.
La taille qu’on donne préfentement au rubis,
eft la même que pour toutes les autres pierres pré-
çieufes de couleur. Le deffus eft en table, environné
de bifeaux ; & le deffous n’eft qu’une fuite
d’autres bifeaux qui commencent à la tranche, &
allant par degrés en diminuant de hauteur chacun
par égale proportion, vont fe terminer liu fond
de la culaffe. C’eft du moins ainfi qu’on eft dans
l’ufage de les tailler, au grand regret des curieux
qui voudroient qu’à l’imitation des anciens & de
tous les orientaux, on ne formât toutes les pierres
de couleur qu’en cabochon. Ils prétendent, & peut-
être eft-ce avec raifon, qu’autrement la pierre ne
fe montre point dans fa véritable couleur, &que
çe faux jeu qu’on lui procure lui devient très-nui-
fxble. Au refte, cette taille, telle qu’on vient de
la décrire , n’eft que pour les pierres prècieufes
que l’on a deffein de faire jouer & de faire briller
; car pour toutes celles qui font Amplement
deftinées à être gravées, il fuffit que les deux faces
çn foiept dreffées uniment. Qnn’en monte aucune,
quelle qu’elle foit, qu’on ne mette deffous une
feuille d’argent, peinte d’une couleur affortiffante
à celle de la pierre, afin d’en relever davantage
l’éclat. Au défaut de pareilles feuilles, on pourroit
y appliquer des fonds de velours , ou d’autres
étoffés de foie ; & l’on a vu des pierres de couleurs
qui étoient montées de cette manière ; mais
depuis bien des années cette ancienne pratique eft
tout-à-fait abandonnée.
Pour les rubis balais, fpinelles , émeraudes, hyacinthes
\ améthifles, grenats , agathes, & autres pierres
moins dures, on les taille, comme on a dit
au commencement de l’article, & on les polit en-
fuite fur une roue d’étain avec le tripoli.
Il y a d’autres fortes de pierres, comme la tur-
quoife de yiçille & de nouvelle roche, le lapis,
le gîrafol & l’opale, que l’on polit fur une roue de
bois, avec le tripoli.
Pour former & graver les vafes d’agathe, de
criftal , de lapis , ou d’autres fortes de pierres
dures , on a une machine, qu’on appelle un tour,
exactement femblable à ceux des potiers d’étain,
excepté que ceux-ci font faits pour y attacher les
vafes & les vaiffelles que l’on veut travailler, au
• lieu que les autres font ordinairement difpofés pour
recevoir & tenir les différens outils qu’on y applique
, & qui tourne par le moyen d’une grande
roue qui fait agir le tour. Ces outils , en tournant,
forment ou gravent les vafes que l’on préfente
contre , pour les façonner & les orner de relief ou
en creux,*felon qu’il plaît à l’ouvrier , qui change
d’outils félon qu’il en a befoin.
Il arrofe auffi fes outils & fa befogne avec de
l’émeril détrempé dans de l’eau, ou avec de la
poudre de diamant délayée.avec de l’huile , félon
le mérite de l’ouvrage & la qualité de la matière ;
car il y a des pierres qui ne valent pas qu’on dé-
penfe la poudré de diamant à les tailler, & même
qui fe travaillent plus promptement avec l’éme-
r i l, comme font le jade , le girafol, la turquoife,
& plufieurs autres qui paroifient être d’une nature
graffe. .
Lorfque toutes ces différentes pierres font polies
, & qu’on veut les graver, foit en relief, loit
en creux; fi ce font de petits ouvrages, comme
médailles ou cachets, l’on fe fert d’une machine
appellée touret, qui n’eft autre chofe qu’une petite
roue de fe r , dont les deux bouts des. eflieux. tournent,
& font enfermés dans deux pièces de fer
mifes debout,.comme les lunettes des tourneurs,
ou les chevalets des ferruriers, lefquelles s’ouvrent
& fe ferment comme l’on veut , étant pour cet
effet fendues par la moitié, & fe rejoignant par
le haut avec une traverfe qui les tient & les gouverne.
A un bout d’un des eflieux de la roue
l’on met les outils dont on fe fert, lefquels s’y enclavent
& s’y affermiffent par le moyen d’une vis
qui les ferre & les tient en état. On fait tourner
cette roue avec le pied, pendant que d’une main
l’on préfente & l’on conduit l’ouvrage contre l’outil
, qui eft de fer doux, fi ce n’eft quelques-uns
des plus grands, que l’on fait quelquefois de.
cuivre. ' -, * - V ‘ ' f .’.f
Tous les outils, quelque grands ou petits qu’ils
foient, font ou de fer , ou de cuivre , comme je
viens de dire. Les uns ont la forme d’une petite
pirouette, on les appelle des f des ; les autres, qu’on
nomme bouts, bouterolles, ont une petite tête
ronde comme un bouton. Ceux qu’on appelle de
charnière, font faits comme une virole, & fervent
à enlever les pièces : il y en a de plats, & d’autres
différentes fortes que l’ouvrier fait forger de di-
verfes grandeurs, fuivant la qualité des ouvrages.
On applique l’outil contre la pierre qu’on travaille »
foit pour ébaucher, foit pour finir, non pas di*
reélepaent oppofée au bout de l’outil, mais à côte,
enforte
enforte que la fcîe ou bouterolle Pufe en tournant
contre, & comme la coupant. Soit qu’on faffe des
figures, des lettres, des chiffres, ou autre ouvrage,
l’on s’en fert toujours de la même manière, les ar-
rofant avec de la poudre de diamant & de l’huile
d’olive ; & fouvent , lorfqu’on veut percer quelque
chofe, on rapporte fur le tour de petites pointes
de fer , au bout defquelles il y a un diamant ferti,
c’eft-à-dire enchâffé.
Après que les pierres font gravées, ou de relief,
ou en creux , ©n les polit fur des roues de broffes
faites de poil de cochon, & avec du tripoli, à caufe
de la'délicateffe du travail; & quand il y a un
grand champ; on fait exprès des outils de cuivre
ou d’étain propres à polir le champ avec le tripoli,
lefquels on applique fur le touret de la même
manière que l’on met ceux qui fervent à graver.
T)es machines & manoeuvres propres à la taille des
pierres prècieufes.
Nous nous fommes étendus, nous avons même
! wififté à plufieurs reprifes fur les procédés de la
taille des diamans ; cependant, pour ne rien laiffer
à defirer à cet égard, nous devons encore paffer
I en revue quelques machines particulières , &
[ certaines manoeuvres propres à l’art que nous dé-
I crivoris.
[ La machine pour forer, dans toutes fortes de pierres
1 dures & prècieufes , confiôe en une cage de bois,
I compofée de deux montans, de fix pieds de haut,
| qui font de fortes planches de bois pofées verti-
t calement & parallèlement ; elles font affermies en
I cette fituation par d’autres planches, pofées hori-
I zontalement, & arrêtées par des clavettes qui tra-
I verfént leurs tenons, après que ceux-ci ont tra-
l verfé les montans. Elles peuvent auffi, au moyen
[ de leur conftruélion, fe lever ou s’abaiffer à vo-
' lonté , & fe fixer où l’on veut, dans les couliffes
■' des faces latérales. Ces planches font chacune per-
[ cées d’un trou quarrè d’environ fix. ou fept pouces
de large , au travers defquels paffe un foret,
lequel eft compofé de plufieurs pièces. Un crochet
mouflé laiffe tourner le foret fans tourner
lui-même, au moyen de la boucle que fon tenon
traverfe ; vers le milieu de la tige du foret eft
une bobine ou cuivrot-, qui peut fe mouvoir le
il long de la tige fur laquelle on le fixe par le moyen
de la clavette qui arrête tout à-la-fois la bobine
& la tige*, qui pour cet effet eft percée de trous
| de diftance en diftance : cette bobine eft appuyée
contre une autre, dont Feflieu eft horizontal &
fixé dans les parois latérales de la cage ; la cordé
qui donne le mouvement au foret, paffe fur ces
deux bobines. A la partie inférieure du foret eft
une boîte, qui reçoit la queue de la fraife qui y
eft retenue par une clavette qui la traverfe, & la
boite dans Laquelle elle eft entrée; cette fraife
appuie par fa partie inférieure fur l’ouvrage que
1 on veut creufer, te l, par exemple, qu’un étui de
f &oche.
Arts & Métiers, Tome 11. Partie L,
Mais comme le poids de la monture du foret eft
trop confidèrable, & que le laiffant appuyer fur
l’ouvrage on courroit rifque de le brifer, on allège
ce poids par le moyen d’un contrepoids fufpendu
à une corde' qui pafle par deffus une poulie ; comme
ce poids fe peut augmenter ou diminuer à diferé-
tion, on fait appuyer la fraife fur l’ouvrage , autant
que l’on veut.
Pour faire mordre la fraife fur la pièce que Ton
veut creufer, on fe fert d’une poudre convenable
à la matière que l’on veut creufer, foit de l’émeri
ou de la poudre de diamant.
Le drille, efpèce de porte-foret, eft une branche
de fer ou d’acier garnie vers les deux tiers d’iwie
boule de cuivre, au deffous de laquelle la branche
devenue plus groffe & limée quarrément, eft
percée de même à l’intérieur, pour y emmancher
le foret que l’on enchâfle avec un repouffoir qui
s’introduit par un trou qui traverfe la branche au.
deffus du foret.
Au deffus de la boule eft un morceau de bois,
qui traverfe la branche , aux deux extrémités duquel
s’attache une peau d’anguille qui paffe par u a
anneau qui eft en tête de la branche. Pour mettre
le drille en jeu, il faut faire tourner l’arbre de fer
jufqu’à ce que, reployant la peau d’anguille fur
lui-même, la traverfe de bois fe foit élevée jufqu’à
l’anneau de la tête. On appuie enfuite fur leSj
deux extrémités de la traverfe , & on la fait descendre
rapidement. Entraîné pour lors par la force,
du mouvement orbiculaire , il n’a befoin qu@-
d’être aidé dans fon aéfion, en appuyant fur la
traverfe lorfqu’elle fe dévide, & allégeant la
main lorfqu’elle fe relève. Le foret mu par cette
force, agit directement & rapidement fur les par-?
ties que l’on veut percer ; on s’en fert particulière-«
ment pouf percer les appliques.
Le moulin à pierres prècieufes, eft une machine
de bois compolée de quatre montans, aflembléff
les uns avec les autres par des traverfes qui forment
en bas & en haut des châffis.qui affermiffent
les quatre montans. Ces barres font affemblées par
des vis qui traverfent les montans, & fe viffent dans?
les écrous placés dans l’intérieur des traverfes à-
trois ou quatre pouces de leurs extrémités, enforte
que tout cet affemblage a la formé d’un parallélipi-
pède plus long que haut & plus haut que large. La;
longueur eft de fept ou huit pieds, la hauteur de
fix., & la largeur ou épaiffeur de deux. Nous appellerons
cette dernière dimenfion le côté de la machine+
Les côtés, outre les deux traverfes, en ont encore
trois autres. La première porte le foinmier du chef,,
qui eft une forte pièce de bois qui traverfe la cage
dans le milieu de fon épaiffeur. Cette pièce eft affem-
blée à tenons & mortoifes dans le milieu de chaque
traverfe. La traverfe porte la table, qui eft un fort
madrier de chêne, ainfi que tout le refte de la machine.
Les traverfes portent encore le fommier du
bas, affemblè de même que le premier. Celui-ci
eft foutenu dans le milieu de fa longueur par ua.