
On dit branche hardie, en parlant de celle qui ramène.
On forgeoit autrefois une branche pour relever
, quon appelloit branche flaque: elle n’eft plus
en ufage , parce que celui des branches à genou eft
beaucoup meilleur. Pour faire une branche hardie ,
les épèronniers placent le touret au-delà de la ligne
du banquet,, à l’égard de l’encontre ; & la brànche:
eft flaque ou foible, fl le trou du touret eft placé
au-deçà de cette ligne par rapport à l’encolure.
Le coude de la branche eft cette partie de la
branche-qui prend na-iffance au bas de l’arc du
banquet, vis-à-vis du fonceau ou du chaperon, qui
forme un autre arc au deflous du. banquet. Le
coude d’une branche prend un tour plus ou moins
Ijrand , félon que l’on veut fortifier ou affoiblir la
branche.
Branche de mors.
% Les meilleures branches de mors font de l’invention
du connétable de Montmorenci, qu’on appelle,
a caufe de cela, à la connétable. De quelque côté
que. les branches du mors aillent , la bouche' du
cheval va toujours au contraire. Vous tirez la bride,
& ce mouvement tire les branches en haut,. & la
bouche va en bas. L’aéfion de la branche de la bride
reffemble à celle du levier : voici les noms de différentes
efpeces de branches ; branche droite à piflolet ,
branche a la connétable, branche à la gigotte, - branche
a genou, branche françoife.
Gargouille.
On nomme gargouille un anneau diverfemeni
contourné , qui termine les branches des mors.
Communément fa partie la plus baffe préfente une
forte de plate-forme ronde, légère-, & percée dans.
fon milieu d’un trou que l’on nomme Y oeil du touret.
Ce trou eft pratiqué dans la direéfion de la ligne
du banquet, ou parallèlement à cette même direction
, félon que la branche eft droite 7 hardie ou
flafque. Quelquefois aufli cette plate - forme eft
placée en arrière , & dans la direéfion que doivent
avoir les rênes.
Outre l’oeil deftiné à loger le touret, c’eft-à-dire,
la demi*S , qui fupèrieurement eft terminé par une
tête ronde , dont le contour repofe librement fur la
plate-forme, tandis que l’anneau réfultant inférieurement
de fa courbure, reçoit un autre anneau rond
&. beaucoup plus confidérable, auquel on boucle la
rêne ; il en eft encore Un plus petit , placé tantôt
dans la partie fupérieure de la gargouille , plus ou
moins près du lieu où elle commence, & où finit là
branche, tantôt dans fa partie inférieure, immédiatement
au deffus de la plate-forme, mais toujours
poftérieurement : celui-ci reçoit la chaînette par un
autre touret plus délié.
Etrille.
L étrillé eft un inftrument de fer emmanché de
.feois, un' de ceux que le palefrenier emploie pour ,
panfer un cheval, & que les éperonniers font dans
le droit & l’habitude de faire.
L’étrille paffée plufieurs fois à poil & à contre-
poil avec viteffe & légéreté fur toutes les parties apparentes
du corps du cheval, qui ne font pas douées
d’une trop grande fenfibilité, ou occupées par lés
racines des crins , détache la boue, la craffe, la
pouflière, ou toutes autres malpropretés qui ternif-
fent le poil de cet animal, & nuifent à fa fanté. Elle
livre, à l’effet de la broffe qu’elle précède dans le
panfement, ce,qu’elle ne peut enlever ; & elle fert
à nettoyer ce fécond inftrument, chaque fois qu’on
abroffé quelque partie.
On donne en divers lieux diverfes formes aux
étrilles ce’ i que nombre d’éperonniers françois
appellent du nom d’étrilles à la lyonnoife, femblent,
à tous égards, mériter la préférence. Nous en donnerons
une exa&e defcription, après avoir détaillé
les parties que l’on doit diftinguer dans l’étrille en
général, par comparaifon à celle à laquelle je m’arrête
: nous indiquerons les plus ufitées entre celles
qui font connues.
Les parties de l’étrille font le coffre & fes deux
rebords, le manche, fa foie empâtée, & fa virole;
les rangs, leurs dents , & leurs empatemens ; le
couteau de chaleur, les deux marteaux ; enfin, les
rivets qui lient & unifient ces diverfes pièces , pour
en compofer un tout folide.
Le coffre n’eft autre chofe qu’une efpèce dè gouttière
réfultante du relèvement à l’équerre des deux
extrémités oppofées d’un plan carré- long. Dans
l’étrille à la lyonnoife, il préfente un carré-long de
tôle médiocrement épaiffe, dont la largeur eft de
fixà fept pouces , & la longueur eft huit à dix. Cette
longueur fe trouve diminuée par deux ourlets plats
que fait l’ouvrier en repliant deux fois fur elles-
mêmes , les deux petites extrémités de ce carré-
long ; & ces ourlets larges de deux lignes,' & dont
l’épaiffeur doit fe trouver furie dos de l’étrille, &
non en dedans , font ce que l’on nomme les rébords
du coffre. A l’égard des deux extrémités de ce parallélogramme
bien applani , elles forment les deux
côtés égaux & oppofés de ce même coffre, lorf-
qu’elles ont été taillées en dents, & repliées à l’équerre
fur le plan de l’étrille ; & ces côtés doivent
avoir dix pu douze lignes de hauteur égale dans
toùte leur longueur.
Le manche eft de buis, d’un pouce flx ou dix
lignes de diamètre, &long d’environ quatre bu cinq
pouces. Il eft tourné cylindriquement, & ftrié dans
toute fa circonférence par de petites cannelures ef-
pacées très-près les unes des autres, pour eh rendre
la tenue dans la main plus ferme & plus aifée , & il
eft ravalé à l’extrémité par laquelle la foie doit y
pénétrer 7 à cinq ou flx lignes de diamètre, à l’effet
d’y recevoir une virole >qiii en a deux ou trois de
largeur, & qui n’y. eft pofée que pour là défendre
contre l’effort de cette foie, qui tend toujours à le
fendre. Il eft de plus placé à angle droit fur le milieu
d’une des grandes extrémités, dans un plan qui
ferpi* avec le dos du coffre un angle de vingt à vingfc-
ciiiq. degrés. 11 y eft fixé.au moyen de la patte, qui
fe termine en une foie affez longue*~pbur renfiler
dans' le fens de fa longueur, & être rivé au-delà.
Cette patte forgée avec fa foie, félon l’angle ci-deflùs,
& arrêtée fur le dos du coffre par cinq rivets au
liiôins, ne fert pas moins à le fortifier qu’a l’emmancher
: aufli eft-elle refendue fur plat en deux
lames d’égale largeur, c’eft-à-dire, de cinq ou flx
lignes chacune, qui s’étend en demi-S avec fyihétrie,
l’une à droite & l’autre à gauche. Leur union, d’où
naît la foie , & qui doit recevoir le principal rivet,
doit être longue & forte ; & leur épaiffeur, fuffifante
à deux tiers de ligne par-tout ailleurs, doit augmenter
infenflblement en approchant du manche,
& fe trouver de trois-lignes au moins fur quatre de
largeur à la naiffance de la foie , qui peut être beaucoup
plus m ince, mais dont il eft important de river
exactement l’extrémité. .
Les deux parois verticales du coffre, & quatre
lames de fer également efpacées & pofées*de champ
fur fon fond parallèlement aux deux parois, com-
pofent ce que nous avons nommé les rangs. Trois de
ces lames font, ainft que. celles qui font partie du
coffre, fupèrieurement dentées, & ajuftées de manière
que toutes leurs dents .toucheraient en même
temps par leurs pointes, un plan fur lequel.onrepb-
■ ferôitl’étrille. Celle qui ne l’eft point & qui conftitue 1
letroifième rang, à compter dès le manche, eft proprement
ce que nous difons être le couteau de chaleur.
Son tranchant bien dreffé ne doit pas atteindre t
au plan fur lequel portent les dents ; mais, il faut qu’il
en approche également dahs toute fa longueur : un
intervalle égal à leur profondeur d’une ligne plus ou
moins, fuffit à cet effet. Chacun de ces rangs eft fixé
par deux rivets qui traverfent le coffre, & deux empatemens
qui ont été tirés de leurs angles inférieurs
par le fecours de la forge. Ces empatemens font
ronds ; ils ont flx à fept lignes de diamètre , & nous
les comptons daps la longueur des lames, q ui, de
l’un à l’autre bout, eft la même-que celle du coffre.
Il eft bon d’obferver que ;ces quatre lames ainfl appliquées
, doivent être forgées de façon que, tandis
que leurs empatemens font bien aflis * il y ait un ef-
pace d’environ deux lignes entre leur bord inférieur
& le fond du coffre, pour laiffer un libre paffagè à
la craffe & à la pouflière que le palefrenier tire du
poil du cheval, & dont il cherche à dégager & à
nettoyer fon étrille, en frappant fur le pavé ou
contre quelqu’-autre corps dur.
C’eft pour garantir fes rebords & fes carnes des
împreflions de ces coups , que l’on place à fes déux
petits côtés, entre les deux rangs les plus diftans du
manche ,.un morceau de fer tiré fur carré, de quatre
ou cinq lignes , long de trois ou quatre pouces,
refendu, félon fa longueur, jufqu*à;cinq lignes près
de fes extrémités, en deux lames d’une égale épaiffeur
, & affez féparées pour recevoir & pour admettre
celle du coffre à fon. rebord. Ces morceaux de
feç forment les marteaux : la lame fupériqure en eft
coupée & raccourcie, pour qu’elle ne recouvre que
ce même rebord ; & l’autre eft couchée entre les
deux rangs , & fermement unie au coffre par deux
ou trois rivets. Les angles de ces marteaux font abattus
& arrondis comme toutes les carnes de l’inftru-
ment, fans exception, & afin de parer à tout ce qui
pourroitbleffer l’animal en l’étrillant. Par cette même
raifon les dents qui repréfentent le fommet d’un
triangle ifocèle affez alongé ', ne font pas aiguës
jufqu’au point de piquer : nulle d’entre elles ne s’élève
au deffus des autres. Leur longueur doit être proportionnée
à la fenfibilité de l’animal auquel l’étrille
eft deftinée. Elles doivent, en paffahtau travers du
poil, atteindre à la peau, mais non la' déchirer. La
lime-à tiers-point, dont on fe fert pour les former,
doit aufli être tenue par l’ouvrier très-couchée fur
le plat des lames , afin que leurs côtés & leur
fond dans l’intervalle qui les fépare , préfentent un
tranchant tel que celui du couteau de chaleur, c’eft-
à-dire , un tranchant fin & droit, fans être affilé ou
en état de couper, & elles feront efpacées de pointe
à pointe d’une ligne tout au plus.
Toute paille ,.cerbe, fauffé ou mauvaife riviire,
faux-joint ou dent fendue, capable d’accrocher les
crins du cheval ou le p oil, font des défeéhiofités
nuifibles , & qui tendent à donner atteinte au plus
bel ornement de cet animal.
Entre les efpèçes d’étrille les plus ufitées, il en eft
dans lefquelles on compte iept rangs-, le couteau de
-chaleur en occupant le milieu : les rebords en font
ronds, le dos du coffre voûté, & les rangs élevés
fur leurs empatemens, jufqu’à laiffer flx ou fept
lignes d’efpace entre eux & le fond du coffre. Leurs
marteaux n’ont pas deux lignes de groffeur & de
faillie, & ils font placés entre le deuxième & troi-
flème rang. La patte du manche eft enfin refendue
en trois lames , dont les deux latérales ne peuvent
être cofidérées que comme une forte d’enjolive-.
ment.
Il eft évident, i°. que ce feptième rang n’eft bon
qu’à augmenter inutilement le poids & le volume
de cet inftrument. 20. L’efpace entre le fond & les
rangs eft non-feulement exceflif, puifque, quand il
ferait d’une feule ligne, cette ligne liiffiroit pour
empêcher l’adhéfion de la craffe, & pour en faciliter
l’expulfion ; mais il eft encore réellement préjudiciable
, parce que les rangs peuvent être d’autant
plus facilement couchés & détruits, que les tiges de
leurs empatemens font plus longues. 30. Les mar-
, teaux étant aufli minces & aufli courts, ne méritent
| pas même ce nom ; fitués entre le fécond & le troi-
fième rang, ils ne fauroient par leur pofltion &
par leur faillie , garantir les rebords & les carnes.
4°. Ces rebords ronds n’ont nul avantage fur les
rebords plats, & n’exigent que plus de temps de
la part de l’ouvrier. Enfin, la patteme contribuant
pas à fortifier le coffre, ne remplit qu’une partie de
fa deftination.
Il eft encore d’autres étrilles dans lefquelles les
rangs font feulement dentés jüfqu’àla moitié de leur,
K k k ij