
de quinze en quinze braffes, aux angles que le filet
doit former, on ajoute à la corde plombée qui forme
le pied, 8c qui doit être chargée d’une livre de plomb
par brade, une baude ou cablière pefant trois à quatre
livres. La tête du filet efl garnie de flottes de
liège, comme le fardinau, & il y a une bouée ou.
fignal à chaque bout.
Quand un bout de la battude efl attaché au bateau
des pêcheurs, & qu’on la tend flottante, le
pied du filet n’eft lefté que de deux onces de plomb
par brade. Au refle, la pêche s’exécute précilément
comme celle du fardineau.
On prend avec la grande battude ou l’areigpol,
de beaucoup d’efpèces de poiflons.
Le filet qu’on nomme au Martigue petite battude,
diffère de celui dont nous venons de parler, i°. par
fa hauteur, qui n’eft que de cent mailles ; par
l'armure, étant gréé comme l’aiguillière. On le tend
comme les grandes battudes , ou à pofte & féden-
taire, ou flottant.
Les battudes de Languedoc, quon y nomme aufli
amairades, ou artnaillades, tiennent beaucoup des
demi-folles. Il y en a de bien des grandeurs différentes.
Les pièces font de quinze brades, & quelquefois
leur chute n’efl: que de trente-fix pouces. '
Les bagues de plomb, ainfi que les flottes, font
diftribuées de trois en trois pans. On tend ces filets
à la mer, & dans les étangs falés. On les cale dans
des.endroits où il y a cinq à fix braffes d’eau, 8c ils
y reftent fédentaires.
Des filets, dits bouguyêres ou buguyères, dans la
Méditerranée.
Ce filet efl une Ample nappe à petites mailles. On
s’en fert à Marfeille , à la Ciotat, Calfis, Antibes,
& autres ports. C ’eft à peu près le même filet que
la battude. Il a affez communément quatre-vingt
Lraffes de longueur à Marfeille, & trois ou fix de
chûte. Mais la maille efl tantôt de douze oudres &
demi au pan, çe qui revient à environ huit lignés
en carré ; d’autres fois, quinze oudres au pan, ce
qui fait à peu près fept lignes. On calé ces filets aux
mêmes endroits & de la même manière que les battudes.
Leurs mailles étant moins grandes, ils fervent
à prendre de petits poiffons.
A la Ciotat, le filet qu’ils nomment buguyçre, a
dix braffes de çhûte ; & les mailles ont un peu moins
d’un pouce & demi d’ouverture.
A Antibes, le filet auquel ils donnent le même
nom, a cent foixante braffes de longueur fur quatre
à cinq de chûte ; 8c fes mailles ont un peu moins
d’un pouce d’ouverture.
Des aiguillières ou éguillicres.
Ce filet efl: encore peu différent dès battudes 8c
des bouguyêres. A Marfeille, fa maille efl de quinze
oudres au pan ; c’eft-à-dire ,. qu’elles ont un peu
moins d’un demi-pouce en carré. Il y a des teffures
dé cent bradés fur fix de hauteur. Les bagues de
plomb, qui font d’une demi-ônce , font diftribuées
de quatre en quatre pans ; 8c les flottes à trois quarts
de pan les unes des autres.
Outre qu’on cale ces filets comme les battudes,
on s?en fert encore pour envelopper les aiguilles,
lorfqu’on en apperçoit en nombre raffemblées dans
un endroit. Alors .le filet n’étant pas calé jufque fur
le fond, parce qu’il a moins de plombée, pn attache
çà & là des énards , au bout defquels font des flottes
de liège : & ténant les énards plus ou moins
longs, on cale le filet à la profondeur qu’on juge à
propos.
L'aiguillière du Martigue efl faite avec.un bon fil
retors : fes mailles font de treize ou quatorze au pan ;
& la chûte du filet efl d’environ foixante mailles. Les
teffures font quelquefois de quinze braffes ; d’autres
en ont foixante.
L’armure ou le gréement de l’aiguillière confifte
en deux lignettes d’un quart de pouce de circonférence,
qui bordent ce filet haut & bas. Celle du bas
porte deux onces de plomb par braffe , féparées en
deux bagues ; 8c celle du haut, environ un quarteron
de liège, divifé en fix parties. Comme on veut
que la nappe forme une bourfe ou panfe, on ne
l’attache pas à la' lignette de la tête-, maille par
maille ; on fait enforte que quand le filet efl tendu,
il y ait un efpace de trois mailles & demie entre
chaque anneau ou pimpignon. On ne prend avec ce
filet, qui efl flottant, que des aiguilles , & rarement
quelques muges.
L’aiguillière de Provence fe nomme fqrcieta à
Alicante. Ce filet, qui occupe un quart de lieue de
longueur, fe tend à une demi-lieue de la côte fur fix
braffes d’eau.
Vdlignolle.
Ce filet dont on fait ufage à Fréjus, à Saint-Tropez
& ailleurs, eftûne fimple nappe, qui n’a que
‘ vingt-cinq braffes de longueur , fur trois de chûte.
Il efl fait d’un fil très-fin. On s’en fert pour prendre
de petits poiffons.
La rijfolle ou reiffolle.
La riffolle de Marfeille ne diffère des filets pré-
cédens, que parce que fes mailles font fort étroites,
Elles ont environ quatre lignes d’ouverture en
carré.
La focletière.
Les pêcheurs du Martigtiç nomment focletière un
filet à nappe fimple , dont le fil, qui efl retors , efl
très-fin , 'oc de lin ou de chanvre. Sa maille efl de
vingt-quatre à vingt-huit au pan. Ce filet n’a point
de hauteur ni de longueur déterminées ; elles dépendent
de l’étendue & de la profondeur de la
nappe d’eau. Il y a des focletières dont la chûte efl
de cent maillés ; & d’autres, de deux cents. Celles
de cent mailles font armées comme l’aiguillière ; 8c
celles de deux cerits le font à tous égards comme les
fardinaux.
Des maillades , tremaillades, entremaux , 8cc.
On fait grand ufage des filets auxquels les pêcheurs
des côtes de la Méditerranée donnent leS
noms de maillades, entretnaux, tremaillades, entre-
maillade, 8cc. & qu’ils tendent pierrés & flotés.
Le terme de tifle fimple équivaut, en Provence,
à celui de rets ou teffure, dont fe fervent les Ponan-
tais. Mais ce que les Provençaux nomment tijfe d'en-
tremaillade efl le tremail de l’Océan. Dans quelques
endroits, les pêcheurs fuppriment le furnom d'en-
tremaillade ; & alors le mot tis ou tijfe, fignifie un
tremail : c’eft affez l’ufage du Martigue. ^
L’entremaillade a fes deux nappes extérieures formées
de grandes mailles, dont le fil efl gros : au lieu
de nommer ces nappes hamaux, comme en Ponant’,
on les appelle entretnaux dans les ports de la Mediterranée.
Le filet du milieu, qui efl fait de fil fin ,
dont les mailles font affez petites, 8c qui s’appelle
fiue dans l’Océan , n’a pas d’autre nom fur les côtes
de la Méditerranée, que celui de nappe..
Dans les ports de ces deux mers , le pied du filet
efl lefté de plombs ou de pierres, 8c la tête efl garnie
de flottes ou nattes de liège, qu’on attache aux
ralingues, nommées bruimes en Provence.
Quelques pêcheurs Provençaux ajoutent au haut >
de leur filet trois rangs de fort grandes mailles, dont
le fil efl très-gros. Ils nomment cette efpèce de lifière
gancette ou far don.
La longueur 8c la chûte de ces tiffes, de même
que la grandeur de leurs mailles, varient beaucoup,
fuivant l’efpèce de pêche qu’on fe propofe de faire.
Cependant les pièces d’entremaillades ont affez fou-
vent trente à quarante braffes de longueur ; quelquefois
fix à fept pieds de hauteur, formée par dix
mailles ; d’autres fois une braffe 8c demie de chûte.
Selon l’intention qu’on a en faifant cette pêche, on.
joint bout à bout, tantôt quatre pièces de tiffe, tantôt
jufqu’à vingt-cinq. Elles font affemblées par des
attaches, que les pêcheurs nomment efiaquets.
Les mailles de la nappe ont affez fouvent un pouce
d’ouverture en carré, ou , comme on dit en Provence
, neuf oudres au pan. Celles des entremaux ont
quelquefois plus d’un pan d’ouverture.
La longueur commune de la nappe efl de foixante
à foixante-cinq braffes. Mais on la réduit à la même
longueur que les entremaux, c’eft-à-dire , de trente
à quarante braffes, par la manière dont elle efl montée
: un fil nommé trentraille paffe dans chaque,
maille de cette nappe, 8c efl attaché fur le bruime
du haut 8c celui du bas, ainfi qu’aux deux entremaux
ou nappes extérieures, parle moyen de pïufieurs
anneaux du même fil, qu’on nomme pinpignons» 8c
qui font diftribués de trois en trois mailles lur les en-
tremaux, mais de fix en fix fur la nappe, pour former
les bourfes.
Quand on vent que ces filets foient fédentaires ,
on amarre à un de leurs bouts une pierre ou baude,
8c une bouée à l’autre extrémité qui efl au large, 8c
qu’on laiffe flotter au gré du vent 8c des courans.
Quelquefois aufli l’on attache des bouées aux deux
bouts, afin de retrouver plus facilement les filets.
On les cale en ligne droite, ou , comme difent ces1
pêcheurs , tous d’une filière. Mais enfuite ils prennent
toutes fortes de dire&ions, par l’effet des courans
8c du vent, auxquels on les abandonne. Cette
manière de tendre fe nomme à pofte, terme qui répond
en partie à celui de fédentaire. Il y a d’autres
circonftances où tout le filet s’en va à la dérive.
Ce qu’on appelle au Martigue la tijfe ,.ou le tis ;
efl femblable à l’entremail de ce port, le même que
nous venons de décrire : à cela près , que les mailles
du tis font des fept au pan.
A ce filet, 8c à l’entremail, on laiffe un efpace de
trois, pinpignons entre chaque natte de liège, qui
pèfe environ une demi-once. Chaque pièce porte
aufli quinze livres de plomb, partagées en bagues
de quatorze à la livre.
Les filets qu’on nomme entremaux à S. Tropez',
8c tramaillades ou tremaillades à la Ciotat, ne diffè-4
rent prefque pas de la tiffe d’entremaillade, décrite
ci-devant. Et après tout, les différens filets de ce
genre , dont on fe fert en Provence 8c en Languedoc
, fe reffemblent beaucoup ; mais des chan-
gemens fouvent peu confidérables, ont donné lieu
de diverfifier les noms.
Comme on s’eft apperçu que les mailles des err-
tremaux ordinaires ne pouvoient pas arrêter les
langouftes , les homars , 8c d’autres gros cruftacés %
on a imaginé de faire des tiffes d’entremaillades ,
dont les mailles de la nappe fuffent de quatre oudres
au pan. Les homars 8c les langouftes , paflànt leurs
pattes dans ces larges mailles , ils reftent embar-
raffés dans le filet. On donne à cette entremaillade |
félon les différentes côtes, les noms de langouftière
8c croupatière.
On pratique cette pêche tant en Provence qu’en
Languedoc , nommément à Cette 8c à Agde. Les
pêcheurs d’Agde appellent ce filet armaillade.
Les pièces ont ordinairement trente braflès de
longueur, 8c une de hauteur.
Ce qu’on nomme faillole au Martigue, ne diffère
de la tiffe commune d’entremaillade, qu’en ce que
premièrement fon fil efl plus fin , 8c fouvent de foie j.
Secondement 3 les mailles font plus ferrées ; enfin ,
les pièces ont moins de chûte.
Lorfqu’elles font de f i l, la nappe du milieu a fes
mailles de neuf au pan , à peu près comme dans la
tiffe d’entremaillade. Mais quand cette nappe efl de
foie, les mailles font de dix au pan.
La fegetière ou -fagetière, efl encore très-reffem-
blante à la tiffe d’entremaillade. Chaque pièce de
ce filet a trente braffes de longueur , 8c plus d’une
braffe de chûte. Les mailles de la nappe font de cinq
oudres 8c demi au pan : celles, des entremaux ont un
pouce 8c demi d’ouverture. U faut fouvent trente,
pièces jointes enfemble pour former une fegetière..
Pour caler ces filets, on choifit de grands fonds *
où il y ait cinquante à foixante braffes d’eau ; 8c
par préférence, ceux de v afe , de fable, ou d’algue,.