
C INQUI ÈME SECTIO N . !
D e s deux efplces de fenderies.
P L A N C H E P R E M I È R E .
Plan général d’une fenderie dans laquelle on di-
vife les bandes de fer en plufieurs verges. La fenderie
de la première efpèce efl conflruite fur la
chauffée d’un étang , ou autre lieu convenable pour
avoir une chûte fuffifante pour l’eau qui doit faire
mouvoir les machines. A B , l’étang, canal ou bief
fupérieur qui fournit l’eau à la fenderie. a , a ,
joueières de l’empellement qui fournit l’eau à la
roue des efpatards ; les vannes ou pelles de cet em-
pellement qui fervent de portes de garde, relient
levées tant qu’il n’y a point de réparations à faire
à l’empellementparticulier de la roue des efpatards.
a a, poteau de feparation des deux vannes. On a
fupprimé dans tous les em’pellemens le chapeau qui
recouvre les potils ou poteaux, pour laiffer voir les
feuillures qui reçoivent les pelles. C , empellement
particulier de la roue des efpatards auquel l’eau efl
conduite par deffous' un pont, c', c " , bafcule pour
'Ouvrir ou fermer à difcrétion cet empellement de
dedans l’atelier, au moyen d’une bielle ©u perche
fufpendue en c" , ainfi qu’il a été expliqué dans la
feâion précédente. C D , continuation du coürfier
fouterrain qui porte l’eau à la roue. E F , la roue à
aubes dont l’arbre fe raccorde en S , avec le tourillon
de l’efpatard de deffus. G , pont dans le mur de. clôture,
fous lequel paffe l’eau qui a fait tourner la
roue. G H , fous-bief par lequel l’eau fe perd en
paffant fous le pont H I , dans le fous-canal ou
prairie I , I il
L’autre empellement b, b, b b, femblable au précédent
, fournit l’eau par deffous le pont b b K , &
le canal K , k k dans la huche L , qui, par l’empelle-
ment particulier M , la fournit à la roue N O. L’empellement
M s’ouvre & fé ferme au moyen de la
bafcule m'm" , à l’extrémité m" de laquelle une perche
ou bielle efl fufpendue. L’arbre de cette roue fe raccorde
en T avec le tourillon des taillans de deffous :
l ’une & l’autre de ces deux roues, non compris les
aubes, ont douze pieds de diamètre, font enrayées
en huit parties ; leur circonférence efl formée par
un double cours de courbes de fix pouces de large
fur quatre d’épaiffeur élégies , pour réferver des
boffages vis-à-vis les rayons. Ces courbes font pofées
en liaifon, le plein à côté du joint. Elles portent
vingt-quatre aubes de vingt pouces de large fur
douze de hauteur , foutenues chacune par deux
coyaux, comme on le voit dans le profil, planche
fuivante. L’eau , après avoir fait tourner la roue
N O , enforte que le point N paffe fous l’arbre pour
remonter en O , s’écoule par le canal dans lequel
on a placé une flèche, paffe fous la huche dans le
fous-bief H h, & s’écoule par deffous le pont H h,
I i , dans le marais ou fous-canal dans lequel elle fe
perd j l’autre roue tourne dans.le feus oppofé.
Le bâtiment qui contient, les deux roues, ou la
fenderie proprement dite, contient aufli le fourneau
de révebère dans lequel on fait chauffer les bandes
de fer que l’on veut fendre en plufieurs verges. Ce
bâtiment qui communique à l’atelier du bottelage
par la porte Z , a intérieurement environ fept toifes
de large entre les murs parallèles aux courfiers , &
fix toifes de longueur depuis le fond du fourneau
jufqû’à la porte qui communique à l’atelier du bottelage
Z Æ. Cet atelier a intérieurement environ cinq
toifes & demie de large fur cinq toifes de long de Z
en Æ , qui efl la porte charretière par laquelle on
entre dans la fenderie.
Le fourneau efl compofé de trois parties : du
fourneau Q dans lequel 011 met chauffer les bandes
de fer que l’on veut fendre, de deux toqueries ou
chaufferies P R , dans lefquelles on jette le bois. Il
y a des fenderies où il n’y en a qu’une : l’ouverture
du deffus Nde la toquerie par laquelle on jette lé
bois , efl garnie d’un châffis de fer fondu, dans les
feuillures duquel coulent des pelles de fer forgé, que
l’on ferme après avoir introduit le bois qui tombe
furune grille. R , toquerie fermée. P , toquerie ouverte.
Les ouvertures des cendriers par lefquels
entre l’air extérieur qui anime la flamme pour la
lancer dans le fourneau par les ouvertures V , V,
font placées en r & p. On monte à chaque toquerie
pour y jeter le bois par trois marches ou degrés ; il
faut aufli entendre que dans cette figure, le haut
P & R des toqueries efl plus élevé que le plan du
fourneau ; plan qui efl pris au niveau de l’aire de fa
gueule. V , V , embrafures ou ouvertures qui communiquent
à l’intérieur des toqueries ; c’eft par ces
ouvertures que la flamme entre dans le fourneau.
X , embrafure de la bouche du fourneau. Y , la
bouche garnie d’un fort châflis de fer fondu, pour
préferver les parois du fourneau qui font de briques,
du frottement des barres de fer qui les aüroient
bientôt détruites fans cette précaution.
Les efpatards S & les taillans T font fixés fur
deux fortes folles, femelles ou pièces de charpente
s s, t t , encochées par le deffous pour être reçues
dans les encoches des traverfines ; il en efl de même
des pièces de charpente s‘ $' , t ' t ' 3 qui foutiennent
les chevalets & les empoiffes de fer des tourillons
des arbres des roues : les empoiffes des tourillons
extérieurs font de bois.
L’atelier du bottelage, dont on trouve les di-
menfions ci-deffus, contient les tables à botteler,
le fourneau à recuire les liens, & la forge pour radouber
les outils.' ƒ ƒ , g g, les tablesepour botteler
& redreffer la verge, i & 4 , t chevilles entre lefquelles
on redrefl’e la verge. 2 , 2 , 3 , 3 »fourchettes
dans lefquelles on met en botte de 50 liv. pefant,
y compris les liens 5 , 5. dans la table f f i , pièces
de verticales pour féparer le bottelage de deux ouvriers.
CE, la forge à radouber les outils. W , le
fouiflet. h, l’enclume, k , la bigorne ronde d’un côté,
& carrée de l’autre. Im, l ’établi auquel un étau doit
être attaché, x , porte du cabinet ou magafin.
P L A N C H E I I .
Coupe tranfiverfale 6* longitudinale de la fenderie de la
première efpèce.
La figure 1 efl la coupe tranfverfale de la fenderie
prife par un plan entre les arbres des roues & le
mur mitoyen à la fenderie & au bottelage. On voit
dans le fond, derrière les efpatards & les taillans ,
le fourneau ,-fes deux toqueries & les trois cheminées
qui les recouvrent. K , pont fous lequel paffe
l’eau qui vient emplir la huche, que l’on a fraélurée
pour laiffer voir la roue N O des taillans d en bas : -
cette roue tourne de forte que le point N defeend
par devant l’arbre a b pour fe rendre en O. On voit
à côté la cloifon qui fépare le coürfier du fous-bief,
par lequel l’eau s’écoule en paffant fous la huche. T ,
la folle fur laquelle.les taillans font établis. S, la folle
qui foutient les efpatards : on voit au deffous la
trâverfine dans laquelle elles font encochées, c d ,
l’arbre de la roue E F de l’efpatard de deffus ; cette
roue tourne de manière que le point E defeend
poflérieurement à l’arbre pour fe rendre en F. Au
deffus des lettres £ & c , on voit la coupe des bafehes
qui fourniffent l’eau pour rafraîchir les efpatards &
les taillans ; plus loin, comme il a été dit, efl le fourneau.
Y , la bouche du fourneau bordée dam châffis
de fer, & placée au milieu d’une efpèce d’arrière-
vouffure conflruite en briques, ainfi que l’intérieur
du fourneau. P , R , les deux toqueries ou chaufferies.
p r, les hottes de leurs cheminées, p p ,r r , orifices
des cheminées au deffus du toit, par lefquelles
les fumées s’exhalent. Q ,'la cheminée du fourneau
dont la hotte fufpendue par trois liens de fer à une
folive pofée fur les entraits des fermes qui foutiennent
le comble, reçoit la flamme & la fumée qui
fort par la bouche Y du fourneau, q q , ouverture de
cette cheminée au deffus du comble.
Fig. 2 , coupe longitudinale de la fenderie & du
bottelage. A , étang ou bief fupérieur qui fournit
,l’eau aux roues de la fenderie. a , queue des pelles
de garde à l’entrée du pont, qui fournit l’eau à l’em-
pellemeut de la roue des efpatards. aa , bb , bbb , I ,
tond du coürfier de la roue des efpatards. E F ,
cette roue, cc , le bafehe qui fournit l’eau aux
efpatards ; l’eaü efl portée dans le bafehe par une
gouttière ou chanlatte qui reçoit une partie de celle
que la roue en tournant lance de tous côtés , & l’eau
du bafehe efl diflribuée aux efpatards par de petites j
gouttières particulières, que l’on verra dans les
figures fuivantes. Il en efl de même de l’équipage
des taillans qui a fon , bafehe particulier. T , l’équipage
des taill ns projeté fur celui des efpatards. t t ,
la folle ou femelle fur laquelle l’équipage des taillans
efl établi. Cette femelle efl encochée en deffous
pour recevoir les quatre traverfines que l’on voit
dans la figure. Ces traverfines font aufli encochées
en deffus vis-à-vis les folles de l’équipage des taillans
& de l’équipage des efpatards, pour les recevoir
ainfi qu’elles reçoivent les chantiers qui portent les
chevalets & les empoiffes des tourillons des deux
arbres des roues. Q , le maffif du fourneau, q q ,
orifice de la cheminée. P , la toquerie. V , la grille
fur laquelle tombe le bois. Au-deffous de la même
lettre , on voit le cendrier par lequel l’air extérieur
entre dans la toquerie, pour animer le feu, & en
lancer la flamme dans le fourneau, p , hotte de la
cheminée do la toquerie. p p , ouverture de cette
cheminée au-deffus du toit.
La fenderie communique à l’atelier du bottelage
par la porte Z. On voit dans cet atelier le fourneau
à recuire les liens , formé par deux piliers de briques
dd, adoffés au mur : chacun de ces piliers a
quinze pouces de large & vingt pouces de faillie
hors le nu du mur. Entre ces deux piliers , qui font
efpacés de douze pouces , efl établie à dix-huit
pouces de hauteur , une grille de fer fur laquelle on
pofe les liens & les charbons deftinés à les faire
rougir. On verra dans une des planches fuivantes,
la manière d’en faire ufage. Æ , porte d’entrée de
la fenderie par l’atelier du* bottelage.
P L A N C H E I I I .
La vignette repréfente une vue du fourneau Sc
des équipages des efpatards & des taillans. Plufieurs
ouvriers font occupés à l’opération de fendre une
barre de fer en verges.
Les bandes que l’on veut fendre étant coupées de
longueur convenable ^.pour pouvoir être placées
dans le four , & y être arrangées les unes fur les autres
en forme de la lettre X , comme on le voit dans
la planche IX ci-après , on allume le feu dans les toqueries
P & R , ou dans l’une des deux feulement,
obfervant de boucher la communication de l’autre
toquerie avec le four ; le feu allumé , on l’entretient
avec du bois que l’on jette par les ouvertures
P & R du deffus des toqueries, ouvertures que l’on
referme auffi-tôt que le bois efl introduit avec les
pelles de fe r , ainfi qu’il a été dit ci-devant. Le bois
que-l’on emploie eft de l’échantillon de trois pieds
& demi à quatre pieds.
La flamme des toqueries, lancée par l’air extérieur
dans la capacité du four, a bientôt échauffé les
barres qui font renfermées , & font comme ifolées
les unes au deffus des autres ; une heure fuffit ordinairement
pour que la fournée foit chauffée à
blanc ; en cet état, & ayant modéré le feu , ou
fermé en totalité ou en partie les cendriers des toqueries
, fi la flamme fort avec trop de violence
par la bouche Y du fourneau, on tire les barres les
unes après les autres du fourneau , pour les paffe r
entre les efpatards, & fucceffivement entre les
taillans qui les fubdivifent.
Fig. 1 , ouvrier en chemife , qui, avec de longues
tenailles,tire les barres hors du four, pour les prefen*
ter aux efpatards CD,entre lefquels la barre s’applatit
&s ’alonge d’environ un tiers, & fort du côté d’aval,
pour être reçue par l’ouvrier fig. 2 , qui, avec des
tenailles , la paffe par deffus les équipages au troi-
fième ouvrier , qui, de la même chaude , la préfente
aux taillans, Pendant cette opération, les ef