
l’odeur de gérofle ; appellés vulgairement oeillets à
rat a fiat.
Quand on a fait choix de-ces fleurs on les monde
de leurs piftils ; on en pèfe douze livres qu’on met
dans un vaifleau de grès, avec neuf pintes d’eau-
de-vie reâifiée.
On b o u c h e , o n lute bien herm étiquem ent ce
V aifleau, & o n laifle infufer p endant u n mois.
On coule la liqueur au travers d’un tamis de
crin, on exprime le marc avec les mains, on jette
ce marc dans une cucurbite avec quatre ou cinq
pintes d’eau de rivière, on la place dans fon bain,
on la couvre d’un chapiteau, on ajufte le ferpentin
avec le récipient, on lute les jointures, on fait
diftiller jufqu’au degré de l’eau bouillante,; on démonte
l’appareil ; on verfe le produit dans la teinture
d’oeillet ; on y fait infufer demi-once de ca-
nelle ; & un mois après cette opération, on pafle
à la compofition.
Pour cet effet, on fait clarifier & on convertit
vingt-une livres de fucre en huile, qu’on expofe
pendant cinq ou fix jours à un air libre, puis on
délaie ce firop avec deux pintes de notre eau dif-
tillée d’oeillet, aromatifée de gérofle; on y verfe
enfuite la teinture fpiritueufe qui a été mife en
réferve ; on agite fortement le mélange ; on le
verfe dans de greffes bouteilles de verre ; on laifle
repofer pendant quinze jours ; on colle & on fait
éclaircir fuivant la méthode.
Huile de Rofes.
Cette liqueur eft compofée avec l’eau diftillèe
oes rofes pâles, & l’efprit-de-vin aromatifé par
le bois de rofe.
Lorfqu’on a fait choix d’une livre de bois de
rofe, on le râpe ; on le coupe par petites lames
très-fines ; on le jette dans un mortier; on hume&e
de temps à autre avec un peu d’eau, & on pile
jufqu’à ce que ces particules de bois foient groflière-
ment réduites en poudre ; puis on jette cette poudre
dans une cucurbite avec neuf pintes & demie
d’efprit-de-vin commun ; on la place dans fon bain ;
on la couvre de fa calotte aveugle ; on lute la jointure
; on échauffe & on entretient le liquide pendant
trois jours au foixante - onzième degré de
chaleur.
On démonte la calotte, à laquelle on fubftime
le chapiteau armé de fon réfrigèrent; on ajufte le
ferpentin avec le récipient; on lute les jointures,
& on fait diftiller jufqu’au degré de l’eau bouillante.
On démonte l’appareil ; on rejette le réfidu ; on
nettoie le vaifleau ; on y verfe le produit avec trois
ou quatre pintes d’eau de rivière, & on échauffé
le liquide comme ci-devant; on démonte la calotte
on couvre la cucurbite de fon chapiteau ; on ajufte
le ferpéntin avec le récipient, & on fait diftiller
jufmi’au quatre-vingt-unième degré.
On change de récipient ; on laifle couler la liqueur
jufqn au degré de l’eau bouillante ; on démonte
le tout ; on nettoie le vaifleau ; on y verfe
le produit avec la même quantité d’eau ; on [e
recouvre de fon chapiteau ; on échauffe, & on pro-
cède à la fécondé rectification qui doit s’exécuter
depuis le foixante-quatorzième jufqu’au foixante-
dix-neuvième degré.
On change de récipient ; on continue la diftilla-
tion jufqu’au degré de l’eau bouillante ; on met ce
dernier produit avec celui qui a été laiffé en réferve
pour n’en faire ufage qu’après avoir été reétifié dans
une fécondé opération.
Au moyen de ces rectifications, on a un efprit de
rofe fort agréable , & dépouillé de toute âcreté
étrangère. Nous obfervons néanmoins que cet efprit
aromatique acquiert plus de qualité en vieil-
liflant, ou en le faifant circuler pendant quatre ou
cinq jours au 70e degré de chaleur.
Lorfqu’on pafle à la compofition, on fait clarifier
, & on convertit vingt-une livres de fucre en
huile , qu’on expofe à un air libre pendant qu’on
prépare la partie colorante. Pour cet effet, on me-
fure trois pintes de bonne eau de rofe, dans lef-
quelles on jette d’abord deux onces de cochenille
entière, & enfuite deux pierres de tournefol enveloppées
dans un linge.
On agite deux ou trois fois chaque jour , jufqua
ce que la liqueur foit fortement imprégnée de la
couleur rouge ; puis on la coule au travers d’un
tamis ; on la met en réferve ; on jette le marc dans
le vaifleau qui contient l’efprit de rofe, qu’on agite
également jufqu’à ce que cet efprit fe foit chargé
de toute la partie colorante : alors on délaie fon firop
huileux avec les trois pintes d’eau de rofe colorée.
On coule 'l’efprit aromatique de rofes au travers
d’un tamis ; on y fait diffoudre environ demi-gros
d’eflence de cédrat, & fept ou huit gouttes d’ef-
fence d’ambre ; on exprime légèrement le mire de
cochenille, qu’on rejette enfuite comme inutile ;
©n mêle & on agite fortement ces liquides enfem-
ble; on verfe la liqueur dans de groffes bouteilles
de verre; on laifle repofer pendant huit jours, &
on fait éclaircir fuivant la méthode»
Huile de Vénus-.
Ceft à feu M. Sigogne, médecin, qu’on cft.re-
devable de cette excellente liqueur, ainfî que de
l’art de convertir le fucre fous la forme d’une huile
onâueufe. On a donné différentes recettes pour
faire ou imiter fon huile de vénus. Nous indiquerons
feulement les deux compofitions fuïvantes;
l’une indiquée dans Fart du liquorifte ; l’autre dans
le traité de M. Dubuiffon.
Première compofition*
Prenez dix pintes d’eau-de-vie, dix gros de carvi,
cinq de daucus, cinq fcrupules de macis ; apres
cinq jours d’infufion, diftillez & retirez dix pintes;
ajoutez, onze pintes & demi-feptier de firop fimple:
légèrement cuit, & donnez la couleur d’huile d’o-
live avec une infufion de fafran ; filtrez à la chauffe.
Obfervez que l’infufion de ces drogues dans le
firop chaud, auquel on ajoute de l’eau-d e -v ie ,
donne en vingt- quatre heures une liqueur plus
inoëlleufe & moins âcre.
Second'e compofition de M. Dubaifion.
Faites choix de bonne vanille ; coupez-en deux
onces par petits morceaux ; jettez-les dans une eu-,
curbite qu’on place dans fon bain , & dans laquelle
on verfe huit pintes d’eau-de-vie rectifiée.
On la couvre d’un chapiteau aveugle ; on échauffe
& on entretient le liquide pendant fept ou huit
jours au 7 1e degré; on le laifle dans le vaifleau
encore autant de temps , pendant lequel on fait
clarifier, & on convertit vingt-une livres de fucre en
huile.
Quand l’opération eft finie, on retire le vaifleau
du feu ; on l’expofe pendant quatre ou cinq jours à
un air libre, puis on verfe une pinte d’eau de ca-
nelle orgée, & la même quantité d’eau d’oeillet
diftillèe & aromatifée de gérofle, dans le firop qui
a été préparé, & dont la totalité ne doit produire
que onze pintes de liquide.
Le tout étant ainfi difpofé, on démonte le vaif-
feau qui contient la teinture de vanille ; on la verfe
dans le firop avec une chopine d’efprit d’orange ;
on agite fortement le mélange ; on le verfe dans de
groffes bouteilles de verre, & on fait éclaircir fuivant
la méthode.
Huile de Cythère.
Faites un firop avec fept livres de fucre & quatre
pintps d’eau ; verfez dans ce firop cinq pintes d’e f prit
de canelle, ajoutez au premier mélange une
pinte de fcubac, plus dix gouttes d’huile effentielle
de cédrat, autant d’huile effentielle de citron, quatre
gouttes d’huile effentielle de gérofle, deux gouttes
d’huile effentielle de bergamotte ; remuez bien
le mélange , ajoutez-y du blanc d’oeuf, parce que
le mélange deviendra laiteux; placez-le au bain-
marie pendant douze heures, mais à une chaleur
très-tempérée ; eafuite vous le filtrerez.
Huile de Café.
Cette liqueur eft compofée d’efprit-de-vin rectifié,
de.la teinture qu’on tire de la graine du café
grillé, & de fucre. Voici le procédé de M. Du-
bnifloh. *
On fait clarifier dix livres de fucre ; & quand le
firop eft cuit au ca fé , on le retire promptement
*l/* , ’ on a§*te fortement avec une fpatule, &
jufqua Ce que ce firop foit converti en poudre auffi
feche & aufli folide que le fucre en pain.
Quand cette première opération eft finie, on
expofe le vaifleau pendant quatre ou cinq jours
dans un lieu fe c , & à un air libre : puis on fait
choix de deux livres-de graines de café Moka trié;
on le torréfie à un feu modéré ; quand il a acquis
une belle couleur de marron claire , tirant fur le
violet, on le jette dans un vaifleau; 011 le vanne,
tant à l’effet d’expulfer toutes les pellicules qui s’en
font détachées en le grillant , que pour faire éva-
pôrer toute la fumée qui s’en exhale.
On jette cette graine toute chaude dans une cucurbite
, dans laquelle on a préalablement verfé
quatre pintes d’eau tiède; on la place dans fon
bain ; on la couvre d’un chapiteau aveugle ; on
échauffe & on entretient le liquide pendant deux
heures au 782 degré.
On laifle refroidir pendant demi-heure ; on dé>-
monte la calotte ; on coule la liqueur au travers
d’un tamis ; on rejette la graine comme étant fans
vertu, & on verfe cette teinture de café fur le
fucre qui a été préparé. •
Quand il eft totalement fondu & refroidi, on le
mêle avec quatre pintes d’efprit-de-vin reétifié ;
on agite fortement le mélange; on le verfe dans
de groffes bouteilles de verre ; on laifle repofer
pendant quatre ou cinq jours, puis on colle ; &
quand cette liqueur eft éclaircie , on foutire & on
pafle le dépôt à la chauffe.
On peut aufli bien, & peut-être mieux, tirer la
teinture du café fans le fecours de cet appareil : pour
cet effet, on jette la même quantité de cette graine
encore toute chaude, dans une cafetière remplie
de quatre pintes d’eau tiède, puis on échauffe &
on entretient le liquide pendant deux heures au
80e degré de chaleur..
Elixir de Garus.
Cet élixir eft compofé de myrrhe, d’aloès, qu’on
fait préalablement diffoudre dans l’efprit-de-vin rectifié
, de la canelle, du gérofle, de la noix mufeadè
& du capillaire.
On choifit deux onces de myrrhe, de celle qu’on
appelle tro+lotide, qui, à caule du pays d’où elle
vient, pafle pour la meilleure de toutes ; elle eft un
peu verdâtre, tranfparente, & femble écorcher la
gorge lorfqu’on la goûte.
On nous apporte une autre efpéce de myrrhe
blanche qui eft la plus eftimée après la troglotide ,
& pâlit lorfqu’on la touche ; elle eft d’une odeur
forte, & croît dans les lieux raboteux.
On doit être fur fes gardes lorfqu’on fait choix de
cette fubftanee, car les autres efpèces font défa-
gréàbles & prefque fans vertu.
. Comme la myrrhe fe diffout très-difficilement '
lorfqu’on a fait un bon choix, on la réduit en poudre,
on la jette avec quatre pintes d’efprit-de-vin
re&ifié, dans une cucurbite qu’on place dans fon
bain ; on la couvre de fa calotte aveugle ; on lute
la jointure ; on échauffe & on entretient le liquide
pendant deux jours au 70e degré.
On choifit quatre onces d’aloès fuccotrin le phis
pur, d’un roux tirant fur le rouge, ou jaunâtre ,
brillant & tranfparent : on le réduit groflièrement
en poudre ; on le jette dans le vaifleau où eft la
myrrhe a avec deux dragmes de noix mufeade x