
La forme la plus belle de fa eriftallifation eft I
o&aèdre en pointe. Les mines renommées de dia- j
mans , font Gani ou Coulour, à fept journées de I
Golconde ; Raolconda, à huit ou neuf journées de
Vifapour ; Latawar & Soumelpour en Bengale : il
y en a aufli des mines abondantes dans File de
Bornéo , dans le Bréfil, & à Malaca.
Les diamans font plus ou moins eftimés , fuivant
leur couleur & le degré de leur tranfparence. Quelques
- uns ont une teinte de jaune ; d’autres font
bleuâtres ou de couleur d’acier ; il y en a de verdâtres
; on en a vu de noirs. On a reconnu dans ces
derniers temps que le diamant brûle , en jettant
une flamme ondulante , qu’il fe détruit, & même
qu’il s’évapore dans une coupelle à un degré de feu
moindre que celui néceffaire pour mettre l’argent
fin en fufion.
Ainfi , les lapidaires qui font dans l’ufage de
mettre au feu les diamans fins pour leur ôter leurs
taches ou pour les blanchir , doivent éviter foi-
gneufement de les expofer à un feu trop violent,
fans quoi ils rifquent de voir leurs diamans difpa-
roître entièrement & fans reflource , comme le
prouvent les expériences curieufes & intéreflantes
faites en 1770 par plufieurs Académiciens de l’Académie
des Sciences de Paris.
On expofa à un feu propre à la vitrification
de la porcelaine, des diamans fins , les uns dans
une coupelle fous la moufle, les autres enveloppés
dans une pâte de porcelaine ; ils fe volatilisèrent
tous difparurent entièrement fans laiflèr aucune
trace de leur exiftence. L’inftant où ils deviennent
refplendiflans , eft celui où commence leur évaporation
; elle ne fe fait qu’à la furface; il n’y a aucune
apparence de ramollinement, ni de fufion. Si on
retire le diamant du feu pendant le cours de l’opération
, la portion qui refte a toutes fes qualités
rimitives; il n’y a d’altération que dans le poids.
•1. Macquer , célèbre chimifte , & de l’Académie
des Sciences de Paris , n’avoit employé pour la
même expérience , qu’un degré de feu propre à
fondre le cuivre rouge.
Dans la féance de l’Académie des Sciences , du
2.9 avril 1772 , M. Lavoifier a rendu compte de
quelques nouvelles expériences fur le diamant ,
faites en fociété avec MM. Macquer & Cadet ;
defquelles il réfulte que la fubftance du diamant
n’eu pas véritablement volatile, mais qu’elle eft
au contraire abfolument fixe dans des vaiffeaux
fermés , & que fi elle s’évapore à l’air libre par la
violence du feu ^ c’eft par une efpèce de combuf-
tion, ou par une divifîon extrême des parties, occa-
fionnèe par le courant d’air.
La règle pour l’évaluation du diamant, eft que
fà valeur crotfle félon le carré de -fon poids. Âinfi ,
qu’on fuppofe un diamant brut de 2 karats, à 2
louis le karat ; multipliez 2 par 2, qui font 4 , ou
le carré de fon poids ; enfuite multipliez 4 par 2,
cela donnera 8 louis , qui feront la vraie valeur
d’un diamagt brut de -2 karats.
Si l’on veut évaluer pareillement un diamant
taillé , il faut doubler fon poids après la taille ;
parce que la diminution du poids d’un tel diamant
aura été de moitié. D’après cette eftimation , le prix
d’un beau diamant taillé, du poids d’un karat, fera
de 8 louis, prix moyen.
V o ici, d’après cette règle , une table de l’évaluation
des diamans , par Jeffries, célèbre joaillier
Anglois : au refte, on fuppofe que le diamant eft
d’une belle eau , & qu’il a toute la perfection require.
On pèfe le diamant au karat. Le karat eft un
poids imaginaire, compofé de quatre grains, un
peu moins forts que ceux du poids de marc ; car
il faut 74 grains y j de karat, pour équivaloir aux72
grains du gros d’or. Chacun de ces grains de karat
fe divife en demi , en quarts, èn huitièmes* en
feizièmes, &c.
En terme de joaillerie , un diamant qui pèfe 20
grains, eft un diamant qui pèfe 5 karats.
Les petits diamans le vendent au poids du karat;
; & le prix du karat varie felon le temps & la qualité
des pierres.
Au deflùs de 4 grains, les pierres fe vendent à
la pièce, & non au karat.
T A B L E D U P R I X
DE S D I A M A N S T A I L L E S .
Le karat eft de 4 grains.
karats. louis. liv. karats. fouis. liv.
1 8 8 542
1 1 q. 12 22 8 rq . 544 i l
1 2 18 8 2 578
1 3 24 22 8 3 012 ■ 12
2 32 9 648
2 1 40 12 9 I é8^ 12
2 2 5° 9 2 722
2 3 60 12 9 3 760 II
3 7 2 10 8ôO
3 1 84 12 10 I 84O •12
3 1 98 1© 2 882
3 3 112 12 tb î 924 II
4 228 11 ' 968
4 * 144 12 i f 1 1012 ' -Il
4 * 162 11 2 105.8
4 3 280 12 11 3 1104 w
5 200 12 1152
5 1 220 12 12 1 1200 f i
5 * 242 12 •2 125©
T 3 264 22 12 $ 1300- 12
é 288 *3
6 1 3 I2 22 I3 . 1 1404 12
f> 2 338 *3 2 1458
6 3 364 12 ’ 3 3 •1512
7 • '39* M 1568
7 1 . 420 12 24 1 1624 *2
7 2 450 M 2 1682
7 3 480 1% *4 3 ■ 1740 12
D I A
P r i x des D i a m a n s t a i l l e s .
louis. liv. karats. louis. liv.
15 1800 22 I q. 3960 12
15 i q. i860 12 22 Z 4050
15 .2 1922 22 3 4140 12
15 3 1984 12 23 4232
16 2048 23 I 4324 12
16 1 2112 12 23 2 4418
16 2 H78 *3 3 4512 12
16 3 2244 12 24 4608
17 2312 24 I 4704 12
17 1
P 00 0
12 24 2 4802
17 2 2450 24 3 4900 12
17 3 25 20 12 25 5000
.s 2591 25 I 5IOO 12
18 1 2664 12 2 5202
>8 2 . 273® 25 3 33°-4 12
18 3 28l2 12 26 5408
IQ 2888 26 I 5512 12
l 9 1 2964 I I 26 2 5618
J9 2 3°42 z 6 3 57*4 12
'9 3 3120 12 27 3832
20 3200 27 I 5940 I 2. 20 1 3280 12 27 2 OO5O
20 2 3362 2 7 . 3 6lOO 12
20 3 3444 12 28 6272
21 3528 28 I 6384 12
21 1 3612 1 12 28 2 6498
21 2 I 698 29 6728
21 3 3784 12 29 2 6962
22 3872 1 3° 7200
Si le diamant a quelque imperfection dans fa
forme & dans la couleur de l’eau, ou s’il a quelque
glace ou quelque point noirâtre , il doit perdre
beaucoup de fon prix.
O r , pour évaluer un diamant qui a des défauts,
on peut multiplier fon poids , que nous fuppofons
de 10 karats , par autres 10 karats , ce qui donne
un réfultat de 100 ; puis multiplier ce produit par
la moitié de la valeur d’une pierre taillée, d’un
karat ; ce qui ne fera ainfi que 4 louis , au lieu
de 8 par karat. L’eftimafion du diamant défectueux,
de 10 karats, fera dès-lors de 400 louis.
Appliquons ces règles de proportion aux plus
beaux diamans connus , pour en avoir une forte
d’eftimation.
Le diamant du grand Mogol pèfe 279 karats.
Il eftd’ une eau parfaite ; la forme en eft bonne; elle
n’a pour défaut qu’une petite glace à l’arête du
tranchant, au bas du tour de là pierre.Tavernier
eftime que fans cette glace , il faudroit mettre le
premier karat à 160 livres , mais à caufe de fon
petit défaut, il réduit le karat à 150 livres ; & félon
cette règle, qui eft à peu près la même que celle
de Jeffries, il fait monter la valeur du diamant du
grand Mogol, à onze millions fept cents vingt-trois
mille deux cents foixante & dix-nuit livres.
karats - ; il eft net, de belle forme, taillé de tous
les cotés à facettes ; mais comme l’eau tire un peu
fur la couleur de citron , Tavernier ne met le premier
karat qu’à 135 liv. ; & fur ce pied, ce diamant
doit valoir deux millions fix cents huit mille trois
cents trente-cinq livres.
Deux autres diamans appartenans au Roi de
France font : l’un, le Sancy, de 5 5 karats. Il tient
fon nom de M. de Harlay , baron de Sancy , am-
bafladeur de France à Conftantinople , qui l’apporta
au Roi ; ce diamant a coûté fix cents mille livres ,
& vaut beaucoup davantage. L’autre, dit le Pitte
ou le Régent ; parce qu’il a été acquis pour le Roi
par le Duc d’Orléans, Régent, d’un Anglois nommé
Pitt, pendant la minorité de Louis X V . Ce diamant,
dis-je , pèse 136 karats \ ; il eft taillé en
brillant, & a coûté deux millions cinq cents mille
livres ; il vaut le double.
Le diamant que l’Impératrice de Ruflie a acheté
en 17 72 , d’un négociant G rec, pèfe 779 karats;
il eft d’une belle eau & très-net. Ce diamant a été
payé deux millions deux cents cinquante mille livres
comptant, & cent mille livres de penfion viagère *
& n’a pas été acheté, à beaucoup près, ce qu’il
vaut. Il eft d’une belle eau, fort net, -de la grofleur
d’un oeuf de pigeon, & de forme ovale applatie. On
dit que ce diamant formoit un des yeux de la
fameufe ftatue de Scheringam, dans le temple de
Brama, & que ce fut un grenadier François au
bataillon de l’Inde, q u i, ayant déferté, & s’étant
mis au fervice Malabar, trouva moyen d’arracher
cet oeil précieux à la pagode , & de fe fauver à
Madras. Il vendit fon diamant cinquante mille
livres , à un capitaine de vaifleau ; celui-ci le céda
pour trois cents mille livres à un Juif. Ce dernier le
donna pour une plus grande fomme à un marchand
Grec. Enfin. l’Impératrice en fit, comme on vient
de le dire, l’acquifition.
Ce diamant eft le plus gros qui foit connu à prè-
fent. Il eft placé au haut du fceptre de l’Impératrice
au defîous de l’aigle.
Des Rubis. -
On met 1© rubis au fécond rang ; parce que c’eft:
la pierre précieufe la plus dure après le diamant.
Il réfifte à la liine. Henckel dit que le feu folaire
amollit cette pierre, au point de lui faire recevoir
l’empreinte d’un cachet de jafpe.
La belle criftallifation du rubis oriental eft oftaèdre ,
comme celle du diamant. Les rubis du Bréfil, crif-
tallifent en prifmes à plufieurs pans inégaux & cannelés
, & le terminent en pyramide. On en voit
aufli d’arrondis , mais qui ont été roulés par les
eaux. On croit que cette pierre tient fa couleur
rouge du fer. En effet, on la trouve Je plus fouvent
aux Indes, dans des ocres ou dans des fables rouges.
En Bohême & en Silèfie , il y en a qui font enveloppés
de grès & de quartz.
On diftingue dans le commerce quatre efpèce©
T ij