
tures ont encore l’avantage d’épargner beaucoup fur
la dépenfe de la charpente ; mais elles ne conviennent
point dans les fermesnon-feulement parce
qu’elles font expofées à être incendiées, mais encore
parce qu’elles font fujettes à être endommagées par
les pigeons & les volailles; de plus, elles fervent
de réduit aux fouines, aux fouris, aine rats, qui
cherchent toujours les habitations où il y a du
grain & des volailles.
Des couvertures de rofeau.
On fait de fort bonnes couvertures avec les
rofeaux qui croiffent dans les marais. Comme le
terrein ou ils viennent eft ordinairement rempli
d’eau, on attend l’hiver, & on les coupe dans
cette faifon pendant la gelée ; ils ont alors fix
pieds de hauteur : on les coupe par la moitié avec
la faucille, & l’on en fait des bottes que l’on lie
avec de la paille ; ces bottes tiennent lieu de javelles
de chaume. La manoeuvre en ell la meme, mais
ces fortes de couvertures exigent plus dadreffe que
celles de chaume, aufli coûtent-elles une fois plus
de façon ; mais elles réfiftent beaucoup plus au
vent, & elles durent quarante ans de plus, fans
être obligé d’y faire aucune réparation. On couvre
auili les murailles avec du rofeau ; & cette couverture
n’exige d’autre attention que de becheveter
le rofeau , afin que la couverture foit aufli épaifle*
d’un côté que de l’autre.
Ces fortes de couvertures de chaume ou de rofeau
font faciles à entretenir & à réparer; il fuffit
de fubftituer des javelles à celles que le vent ou
quelqu’autre caufe ont pu dégrader, & de lier ces
javelles neuves aux chevrons pour les rendre fondes.
Mais lorfque la négligence & le nombre des
années ont laiffé la fuperficie de la couverture fe
détruire au point que l’herbe & la moufle y croiffent,
alors fi l’on veut prévenir la perte totale de la
couverture, il faut y faire la grande réparation,
qu’on nomme le manteau, ce qui confine a mettre
fur toute la fuperficie une couche neuve^de
chaume ou de rofeau. Il faut d’abord oter tout le
chaume pourri jufqu’à ce qu’on ait découvert^ le
chaume fain; enfuite, en commençant par l’égoût,
ou fourre avec/la palette des javelles de chaume
dans toute la longueur, du bâtiment ; puis en remontant
par des orgnes ou lignes horizontales, on
garnit toute la couverture de javelles neuves que
l’on preffe entre les anciennes, en les appuyant
avec le genou & les frappant avec la palette. Après
quoi on retire avec les mains tout le chaume fu-
perflu; on peigne le manteau comme on a fait
aux couvertures neuves ; on remet fur le faîte des
javelles faîtières neuves, on les charge de terre,
on égalife l’égoût, on répare enfin les rives ou
bordures. On peut aufli faire fervir pour la couverture
une partie de l’ancien chaume, dont on a ôté
ce qui étoit pourri, & qu’on a remplacé par du
chaume neuf.
Des couvertures en tuileJ
Les tulles font des carreaux dé terre culte', qui
ont environ cinq lianes d’épaifleur. Nous avons
parlé dans un détail ftffifant des tuiles fabriques, en
décrivant l’art du Briquctier-Tuilier la première
partie de ce Dictionnaire ; nous y renvoyons nos
lecteurs qui voudront en cpnnoître les bonnes ou
mauvaifes qualités. Il y a différentes formes de
tuiles, de plates, de creufes, en f . Elles ont toutes
leur emploi.
Nous obferverons que pour avoir une couverture
folide en tuiles, il faut 1a conllruire, ni trop plate,
ni trop inclinée. L’ufage ordinaire eft de donner
en hauteur aux combles couverts en tuile, le tiers
de leur largeur. Il faut, au refte, avoir égard à
la pefanteur de là tuile , & faire les charpentes
d’autant plus fortes qu’elles ont un plus grand poids
à fupporter.
Dans quelques provinces les tuiles plates portent
à un de leurs bouts, une petite éminence 'qu’on
nomme crochet ou ne^3 laquelle fert à les retenir à la
latte. Il y a d’autres provinces où , en place de] ce
crochet, on pratique deux trous pour les clouer.
■ Il eft défendu par les ftatuts des maîtres couvreurs
de Paris, d’employer des chevilles de bois pour
clouer ou attacher ces fortes de tuiles , mais il leur
eft permis d’y mettre des clous de bateau.
On fait encore communément aux tuiles de
grand moule, des trous à côté du crochet pour avoir
une double fureté.
Former un égout, pendant, & le plein couvert.
Quand la tuile eft montée , on doit former l’é-
goût , en pofant fur la chanlatte un rang de demi-
tuiles , qu’on nomme un fous-doublis , qui doit déborder
la chanlatte de quatre pouces. Sur ces demi-
tuiles on pofe le doublis, qui confifte en un rang
de tuiles, qui s’accrochent au cours de lattes qui
eft immédiatement au-deflùs de la chanlatte, & dont
le bord doit arrafer le fous-doublis fans laiffer de
pureau; mais le milieu des tuiles du doublis doit
couvrir les joints des demi-tuiles du fous-doublis. Le
fécond rang de tuiles s’accroche au fécond cours de
luttes ; il recoüvrp les deux tiers de la longueur
des tuiles du premier rang, dont il refte quatre
nouces de découvert, fi c’eft du grand échantillon;
*& trois pouces feulement, fi ç’eft du petit moule:
cette partie découverte forme ce qu’on nomme le
pureau. Au refte, il faut que le' milieu de la largeur
des tuiles du fécond rang recouvre les joints
au premier rang : en continuant à accrocher ainfi
en liaifon des rangs de tuiles fur tous les cours
de lattes, le plein toit fe trouve couvert.
Faire Us égoûts retroujfés.
Pour les égoûts retrouffés, on fait "aboutir les
chevrons fur le milieu de l’épaiffeur du mur. Ce
mur doit être terminé par un entablement de pierre
de taille, ou par quelques rangs de brique. Suppofous
que l’entablement ait deux pouces de faillie, SU
oofe en mortier ou en plâtre un fous-doublis de
miles qui doit faillir de quatre pouces fur l’entablement
; il faut que celles qui forment le fous-
doublis aient un,peu de pente vers le dehors; on
couvre le fous-doublis d’un doublis, formé dun
rang de tuiles pofées avec plâfre ou mortier, fuie
n t l’ufage du pays ; ce doublis doit arrafer le
fous-doublis, en couvrir les joints, & avoir un
tant foit peu plus de pente.
Quand l’égoût eft achevé, on tait quelquefois
un folement de plâtre de quatre pouces de large
à la tête de cet égoût, pour recevoir des coyaux
que le charpentier fournit, & qu’il taille fuivant
la rondeur du comble : plus Je comble eft plat,
plus il faut que les coyaux foient longs; & alors
on defcend les lattis jufqu’au pied des coyaux :1e
premier pureau d’après l’égoût s’accroche fur le premier
cours de lattes, & continue jufqu’en haut.
Nous expliquerons plus au long ce que c’eft que
les coyaux, lorfque nous parlerons de la couverture
en ardoife ; en attendant, nous nous contenterons
de dire ici que ce font des bouts de chevrons
, qu’on attache avec des clous à l’extrémité
d’en-bas des chevrons.
Des différentes maniérés de couvrir les arrëtiers. , '
Pour former la couverture aux arrëtiers, il eft
fènfible que fi l’on conduifoit quarrément toutes lès
tuiles, ilrefteroit à placer près l’arrêtier une tuile
triangulaire qui manqueroit de crochet, & que
par conféquent, on ne pourroit attacher à la latte ;
pour éviter cet inconvénient, les couvreurs font ce
qu’ils appellent une approche s une contre-approche,
& la tuile de l’arrêtier, ayant une certaine largeur,
peut conferver fon crochet. Quand on n’a pas de
tuiles échancrées, que l’on nomme tuiles dépecées 9
comme cela arrive fouvent, on échancre par le
haut la contre-approche ; on échancre encore l’approche
qu’on place joignant la contre-approche ,
& il ne refte plus qu’à èchancrer la tuile de l’arrê- 1
fier, pour qu’elle porte fur une des faces de l’ar-
rêtier; ainfi celle-ci peut s’accrocher à la latte,
finon on la cloue fur l’arrêtier. Ges tuiles échancrées
, à l’approche de l’arrêtier, forment par en-
bas une ligne un peu courbe ; mais quand cette
ligne eft bien conduite, elle n’eft pas défagréable,
parce qu’elle eft peu fenfible à la vue ; du refte,
on continue de même la couverture de bas en-
haut , en confervant les pureaux comme au plein
couvert. Comme les tuiles ne fe joignent jamais
aflez exaélement fur l’arrêtier pour empêcher la
pluie d’y pénétrer, on garnit le deflus des arrê-
tiers, avec un filet de plâtre ou de mortier ; & ce
filet qui entame fur les tuiles de l’arrêtier, forme de
chaque côté une plate-bande de deux pouces de
largeur.
Quand les toits font fort plats , au lieu d’un
Ample rivet de mortier, on pofe des tuiles fur l’arrêtier,
& on les noie dans le mortier, faifant en-
forte que leur pureau réponde à celui du toit.
Des noues.
Pour fe former l’idée d’une noue, il faut fe repré-
fenter un corps de bâtiment PI. I l du Couvreur, À B , fig. i7 , qui tombe, fi l’on veut, à angle droit fur
le milieu d’un autre bâtiment C D , & que le toit
du bâtiment A B fe jette fur la couverture du bâtiment
C D. Il y a des noues où un des bâtimerts
fe trouve avoir un toit plus plat que l’autre ; d ailleurs
les bâtimens ne tombent pas toujours l’un fur
l’autre à angle droit. De quelque façon qu’ils foient
difpofés, on couvre les noues de différentes ma-
| nières que je vais détailler.
• La méthode la plus aifée à exécuter & la plus propre
, fe fait en garniffant le noulet qui eft la pièce de
charpente qui forme le fond de la. noue, avec une
dofle ou madrier, fur lequel on cloue des ardoifes;
ou l’on y afleoit avec du mortier ou du plâtre des
tuiles Creufes, renverfées pour faire une gouttière,
qui fe*trouve former le fond de la noue; enfuite
on fait aboutir les tuiles des deux toits fur cette
efpèce de gouttière comme un trànchis.
On appelle trànchis, le rang de tuiles qui termine
un toit en aboutiffant fur un pignon C G ,
| fig. 17 , _ où un arrêtier. O r , on voit que les tuiles
font alternativement entières, & que d’autres ne
font que des demies, ou des deux tiers de tuiles;
il n’y a pas un grand inconvénient à cela, quand
ce font des toits qui aboutiffent fur les pignons,
parce qu’on borde le trànchis avec un rivet de plâtre
ou de mortier : il n’en feroit pas de même pour
le trànchis d’iiii toit pareil à celui de la fig. 18 ; les
demi-tuiles pourraient tomber ou fe renverfer dans
la noue. On peut éviter ces inconvéniens en formant
les trànchis comme les arrëtiers, avec des
tuiles rompues, dont on fait des approches-& des
contre-approches, en donnant au trànchis trois pouces
de recouvrement fur le fond de la noue, qui
doit avoir dix-huit poiices de largeur, afin qu’il
refte un pied de diftance d’un trànchis à l’autre dans
toute la longueur de la noué-, ou de pied en tête.
Des ruellées.
Quand un toit aboutit à un mur qui eft plus élevé,
on fait, en approchant du mur, un franchis ; mais
on a l’attention qu’il s’élève un peu en cette partie
& on recouvre le trànchis d’un filet de mortier
ou de plâtre : c’eft ce qu’on appelle une ruellée.
Dans les endroits où le plâtre ne manque, pas,'
on en fait un parement pour donner les devers aux
tuiles : & par deflus la tuile, on fait un folin le long
du mur fupérieur.
Comment on couvre le faîte avec des faîtières ou des
enfaîteaux.
Quand le toit & les arrëtiers font couverts, &
qu’on a formé les noues, les trànchis & les niellées
, il ne refte plus à couvrir que le faîte. Les