
de ceux-ci, où les ouvrages deviendront blancs en
peu de temps. On en pourroit faire de femblables
à ceux des ouvriers qui fondent le cuivre en grand » -
comme pour des canons, des cloches, &c. Cependant
j’emploierois volontiers des fourneaux pareils
à un dont je n’ai encore fait ufage qu’en pe.it, &
dont je vais donner la defcription. Il me paroît
raffembler à peu près les avantages qu’on peut
défirer ; il doit être chauffé avec le charbon de
bois , & par le feul cours de l’air libre. On en
proportionnera la grandeur à la quantité d ouvrages
qu’on voudra adoucir à-la-fois ; on en peut faire
de fort petits , & de très-grands fur les mêmes
principes. On en variera la plupart des dimenfions
à fon gré ; les petits pourront être faits par les potiers,
& des mêmes terres dont ils font d’autres
fourneaux à l’ufage des.orfèvres : pour les grands ,
on les bâtira de briques.
Le fourneau fera ifolé, de façon qu’un homme
puiffe tourner tout autour commodément. Sa partie
inférieure fera un cendrier de profondeur allez
arbitraire ; ce qui ne l’eft pas , c’eft que les murs
de ce cendrier foient percés de plufieurs trous qui
auront chacun leur regiftre : félon que ces regiftres
feront plus ou moins tirés , l’air aura de plus ou
de moins faciles entrées dans le cendrier. Le fond
du fourneau fera immédiatement pofé fur le cendrier
; il peut être compofé d’une ou de plufieurs
plaques de fer fondu, percèes^de quantité de trous,
par où l’air qui entre dans le cendrier montera
continuellement dans le- fourneau. Ce fond peut
auffi être de plaques de terre cuite ; ou fi on le
veut bien folide , il fera une voûte furbaiifée,
compofée de briques, dans laquelle on ménagera
les trous dont nous venons de parler. Il eft indifférent
qu’ils foient ronds, carrés, obîongs; mais
ils ne doivent jamais être affez grands pour laiffer
paffer les charbons d’une médiocre grodeur.
La forme quarrée eft celle qui me paroît le mieux
convenir au corps du fourneau, qui s’élèvera fur la
bafe que nous venons d’établir: les angles neanmoins
en pourroient être abattus ou remplis. On
donnera de-l’épaiffeur à fes murs , félon quon aura
envie de les rendre plus folides : plus le fourneau fera
grand, &' plus il leur conviendra d’en avoir.
Ce que fa confinaétion a de plus particulier, ce
qui lui eft propre, c’eft que fon intérieur fera occupé
par divers rangs de tablettes. Chacune des-tablettes
dont nous parlons fera foutenue par deux des faces
oppofées de ce fourneau , & fa longueur fera égale
à celle des autres faces , & leur fera parallèle : elles
feront difpofées par rangs, tant horizontalement
que verticalement. Le nombre des tablettes d un
rang horizontal & celui des tablettes d’un rang vertical
, & la largeur de chaque tablette, feront encore
déterminés par la capacité qu’on fouhaite au
fourneau -, & fur-tout par la largeur des ouvrages
qu’on y voudra recuire ; car, quoique nous ne
l’ayons pas dit, on a apparemment imaginé déjà
que chaque tabletto eft une petite table fur- laquelleles
ouvrages enduits feront pofés. Dans celui que
j’ai fait conftruire , nous n’ avons mis que deux tablettes
dans chaque rang horizontal, & trois dans
chaque rang vertical ; on conçoit de refte qu’on peut
multiplier àïon gré celles des uns & des autres rangs,
quand on élargira ou quand on élèvera davantage
le corps du fourneau.
Ces tablettes, dans tous les fourneaux de quelque
capacité, feront des arcs furbaiffés. Onlesconftruira
de briques plus ou moins épaiffes, félon la charge
qu’on voudra leur donner. Comme l’effort de chacune
de ces tablettes tendra à écarter les parois dans
l’endroit où elles s’appuient contre le fourneau * on
les liera de fer à cette hauteur. Des liens affemblés
à vis & à écrou , pareils à ceux que nous avons fait
mettre aux couvercles des fourneaux à acier, feront
ici très-convenables.
Ces liens font d’autant plus nécefiaires , que le
fourneau fera même affoihli un peu au deflùs de
chaque tablette. Là doit être une porte par où l’on
fera entrer les ouvrages, & par où on les retiendra
pour ménager la force du fourneau : la porte d’une
tablette fupêrieure. fera ouverte du côte oppofe à
celui où l ’on a ouvert la porte de la tablette inférieure.
Quand le'foumeau fera chargé, l’efpace qui eft
entre les tablettes d’un même rang vertical fera occupé
par les ouvrages ; il ne refte donc de place au
charbon, qu’entre les rangs des tablettes & les cotés
du fourneau , à qui leur longueur eft parallèle.
Une: des chofes de plus de conféquence ic i, c’eft
donc de bien efpacer les-tablettes de chaque rang
! horizontal, & autrement ou;confommeroit trop ou
trop peu de charbon: Deux pouces & demi d’intervalle
m’ont paru fùffire entre deux tablettes d’un
même rang horizontal : il eft néeefiaire qu’il y ait
un demi-pouce de plus entre la face du fourneau &
la tablette qui en eft la plus proche.
Le haut de notre fourneau fera terminé par un
dôme ; cette figure eft toujours propre à faire tirer
meilleur parti de l’aéiion du feu. Ce dôme aura plus
ou moins d’ouvertures , félon que le fourneau aura
plus ou moins de tablettes dans chaque rang hori-
I zontal ; & cela, parce' que le haut du dôme fera
compofé d’autant de parties qu’il y a de tablettes
en chaque rang horizontal, &-chacune pofée immédiatement
au défions d’une tablette ; elles feront
convexes par dehors , & par dedans ceintrées &'
faites en efpèce- de gouttières.
Si le haut du dôme éfôit entièrement ôuvert îorf-
qu’on jetteroit des charbons, ils tomberont immé-f
diatement fur les ouvrag'es de la tablette fupérieiire;
les coups de leur chûte pourroient emporter les enduits
ou au moins les faire fendre. Par la difpofi-
tion que nous venons ^expliquer-, les charbons ne
peuvent tomber que dans les intervalles qui reftent
entre les tablettes, ou entre les tablettes & les
I parois du fourneau : d’ailleurs, la figure que nous
avons donnée aux pièces qui partagent l’ouverture
du dôme en plufieurs parties, étant compofée de
plans inclinés, la defcente du charbon s’en fait plus
facilement.
Que notre fourneau foit rempli d’ouvrages & de
charbons ; que l’air qui entre par les ouvertures du
cendrier, & par celles du fond du fourneau, ait
allumé ces charbons ; leur chaleur fe communiquera
promptement aux ouvrages ; ils les entourent, &
même touchent toujours les bords de quelques-uns.
Rien ici n’arrête l’effet du feu, que l’épaiffeur des
tablettes, & cet obftacle n’eft pas bien confidéra-
ble. Aufii l’adouciffement fe fait-il vite dans ce fourneau
; pour l’accélérer encore, outre les regiftres du
cendrier, on peut en ménager quantité d’autres
dans le corps même du fourneau. Diftrîbués à di£
férentes hauteurs, on les tiendra ouverts quand on
voudra rendre l’ardeur du feu plus violente; & fi
on veut feulement qu’elle le foit du côté de certaines
tablettes , on n'ouvrira que ceux qui peuvent
donner de l’air aux charbons qui les entourent.
Il feroit affez inutile d’avertir qu’on peut boucher
les ouvertures qui permettent l ’entrée de l’air,
celles par où l’on met & retire les ouvrages, foit
avec de là tôle, foit avec des bouchons de terre. Il
n’eft guère plus néeefiaire de répéter que l’on pourra
avoir, dans ce fourneau, des baguettes d’eflai pareilles
a celles qu’on pofe dans le fourneau où
l’on recuit avec des poudres de charbon & d’os :
ces baguettes font toujours nécefiaires lorfqu’on
veut fe conduire avec certitude.
Le corps des petits fourneaux pourra être de plufieurs
pièces quife rapporteront les unes fur les autres
, comme celles du fourneau à fondeur ; & dans
ce cas, on l’affoiblira moins par les ouvertures
deftinees à mettre & à retirer les ouvrages. Il ftif-
fira alors que ces ouvertures foient afiez grandes
pour donner paffage aux baguettes d’effais ; car
avant de charger le fourneau , l’on ôtera de place
toutes lès pièces qui font au deflùs de celles qui
portent les tablettes inférieures. On garnir^ ces tablettes
d’ouvrages ; alors on remettra en place la
pièce qui porte le fécond rang de tablettes ; on les
garnira d’ouvrages ; ainfi de fuite , on achèvera.de
charger le fourneau.
9 • Attentions pour empêcher les ouvrages de fe
voiler dans le recuit : manières de redrejfer ceux qui
fe font voilés.
Un des inconvêniens des plus à craindre dans
toute efpèce de recuit, c’eft que les ouvrages ne s’y
tourmentent & ne s’y voilent ; c’eft à quoi font ex-
pofes ceux qui font plats & minces , & fur - tout
ceux dont la forme tient de celle des boîtes. Il n’y
en a que de courts & maflifs, tels que les marteaux
de porte, qui foient à l-’abri de ce rifque. Je n’ai pas
affez appris ci - devant comment on peut les en
garantir, ni comment on peut réparer les defauts
accident aura produits. Je n?en avois pas
allez fenti la conféquence ; j’avois fait mes. effais,
ou fur des ouvrages épais , ou fur des ouvrages
flui > quoique minces, n’étoient pas d’une gr^ndeux
considérable ; mais on en a fait pins d’épreuves
qne je n’euffe voulu , dans une manufacture où
l’on s’étoit principalement propofé de fondre &
adoucir de magnifiques palâtres de ferrures. La
plupart de ces palâtres' lortoient du recuit très-
courbes ; lorfqu’on vouloit lesredreffer, on en cafloit
la plus grande partie ; les frais de la fonte & de
l’adouciffement étoient perdus, & dévoient être d i t
tribués fur ceux qui avoient mieux réuffi : ce qui ne
pouvoit qu’en augmenter le prix confidérabiement.
Les pièces fur iefquelles le recuit agitavec fuccês„
font ramollies ; le feu les a mifes dans une confit
tance approchante de celle de la pâte: pour peut
qu’elles portent à faux, trop foibles alors pour
foutenir leur propre poids , elles fe ploieront vers
le côté où elles ne font pas foute'nues.
On préviendra cet accident dans les recuit»
qui fe font félon la méthode enfeignée ci - defiiis.
Dans les recuits où les ouvrages font environnés
de notre poudre compofée d’os & de charbon
fi, à mettre qu’on aura mis une couche de cette
poudre on la bat avec des maillets , comme les fon-
deiirs-bâttent- le fable de leurs moules , alors la poudré’
fera avec lés ouvrages un maflîf capable de fe
foutenir; au lieu que quand la poudre a été mife
négligemment , elle fuit les plaques lorfqu’elles
viennent à s’écarter, ou à prendre des formes irrégulières.
Elle s’échappe en partie d’autour des ouvrages
; & comme elle s’en échappe inégalement*
elle efl caufe qu’ils portent à faux en bien des endroits.
Pour donner encore plus de folidité à cette
maffe, il fera peut-être à propos d’humeéler la poudre
avant de la mettre dans les creufets ; il en fera
-d’autant plus facile de la rendre plus comoaâe &
do la mieux lier. 1
Mais il eft bien difficile 'd’empêcher que les ouvrages
qui ne font qu’enduits ne fe voilent dans lé
recuit, au moins fi dans la vue de profiter de laça*
pacité du fourneau, on fes arrange en pile les uns
fur les autres : car il fera prefque impoffible qu’ils
foient afiezjourenus par-tout.
Il y a encore une autre caufe que celle que nous
venons d’indiquer, qui altère quelquefois confidéra-
blement la figure des ouvrages, fur-tout de ceux qui
approchent de la forme de boîtes, comme font des
palâtres de ferrures, des pieds de grille ; c’eft l’inégalité
avec laquelle leurs différentes parties s’échauf-
r"ent , puifque plus le fer eft échauffé, plus il s’alonge*
le côté de l’ouvrage le plus échauffé tendra à s’alon-
ger davantage ; fi la difpofition des autres parties
s’oppofé à cet alongement ; üprendra fous une forme
courbe la longueur qu’il n'a pu avoir en reftant:
droit. Les pièces en font quelquefois très-contrefaites
;.une partie rentre en dedans, l’autre (ort e a
dehors : les courbures fe font dans des plans dif—
férens.
Si la fonte des ouvrages-étoit de bonne qualité ,
& fl on l’adouciffoit toujours, jufqu’à la ramener ài
Fét at du fer forgé, on redrefferoit tous les ou vrages
au marteau, après les avoir fait chauffer. „ comme ora