
comment on chauffe les moules; elle fort à ménager
les filets des vis ; elle empêche qu’ils ne fe
trouvent dans le feu pendant qu’il agit fur les moules1;
enfin elle donne la facilité de preffer, de rapprocher'les
unes contre les autres les parties d’un
moule qui eft au milieu d’un brafier.
Des moules encore d’une grandeur confidérable
font ceux de ces grands vafes chargés d’ornemens
comme-ceux de bronze, & deftinés de même à
l’embelliffempnt des jardins : outre le prix de la
matière , ceux de bronze font chers, parce qu’on
les moule ordinairement en cire perdue. Nous avons
cherché à faire mouler ceux de fer en des châflis,
comme on y moule tant d’autres ouvrages. Ces jj
châflis font un objet de dépenfe : fi leur contraction
ne diffère de celle des .autres qu’autant que
la forme des vafes le demande, alors ils doivent
être faits d’un fer dont la largeur excède au moins -
de trois pouces le plus grand demi-diamètre du
vafe : cette largeur pourtant ne leur e t pas nécef-
faire fur toute leur longueur ; les vafes ont plus de
diamètre à leur embouchure, ou un peu au def-
fous , que vers leur pied. On fera forger lè fer de „
façon qu’il foit plus étroit à un de fes bouts qu’à
l’autre , dans la proportion que les différences du
plus grand & du plus petit diamètre du vafe le
Îteuvent permettre ; les traverfes qui affembleront
es deux montans du châlîis feront aufîi inégales
que la même, proportion : au lieu que les autres
moules font des parallèlipipèdes, ceux-ci font des
pyramides tronquées à bafe reâangle.
Au lieu d’employer du fer fi large qui coûte cher
à forger, on peut en employer de la moitié plus .
étroit. Deux pièces affemblées comme le font celles
de divers ouvrages de tôle & celles des grandes
chaudières de cuivre,' tiendront lieu d’une pièce
double. Mais ce qui m’a paru de mieux pour ces
fortes de châflis que les premières dont on a fait
ufage, c’eft de ne point s’embarrafler de les faire
pleins; on les fera à jour comme des grilles ; on
les compofeta de forts montans affemblés d’efpace
en efpace par dés traverfes. J’avois appréhendé
que cette conftruâion ne permît pas de bien battre
:1e fable des moules, qu’il ne s’échappât'fous les
coups de maillets ; mais raboteux, tenace & comme
il en , il foutient l’effort dans la prefîion verticale,
fans prefque s'écarter horizontalement : aufîi n’a-t-on
• point eu befoin de fe fervir du remède que j’avois
donné pour empêcher le fable de fuir. Il confiftoit1 à appliquer & affujettir contre les côtés dii châflis, ;
des planches de bois, comme on y en met une
deffous, pendant qu’on y moule l’ouVrage. Heu-
reufement que les toiles ne font pas à craindre dans
ces fortes de moules ; comme dans ceux des balcons
; il ne feroit pas aufîi aifé de les affujettir avec
des vis : il' fuffit de les bien lier avec de'bonnes
brides. Celles qu’on emploie font fortes V elles ne
demandent pas grande façon : ce n’eft qu’un morceau
de fer recourbé à chaque bout.
1 5°. Des fourneaux propres à chauffer ou recuire lei
moules d e fa b l e .
Nous avons vu que rien ne contribue plus à la
bonne ou à la mauvaife réufïite de nos ouvrages,
que lè degré de chaleur des moules. De la fonte
excellente deviendra dure, fi elle entre dans un
moule peu chaud; & de la fonte très-médiocre,
reçue dans un moule extrêmement chaud , fe trouvera
limable. Quoique de chauffer des moules foit
en apparence une opération affez fimple, elle ne
l’eft plus autant quand on veut en venir à la pratique
, quand on a à chauffer une grande quantité
de moules à-la-fois , qu’on a à en chauffer de toutes
figures & de toutes grandeurs : un moule feul à
chauffer offrirait des difficultés. Malgré les différentes
manières dont nous avons affujetti les châflis
enfemble , le feu n’agira pas long-temps deffus fans
les faire tourmenter. Ils s’entrouvriront en quelques
endroits , par où ils laifferont échapper la fonte
qu’ils devroîent retenir. C’eft ce qui m’eft arrivé
dans mes premiers effais , & qui n’arriveroit point
fi nous pouvions mettre nos moules dans des pref-
fes , comme les fondeurs ordinaires mettent les
leurs. I c i, il nous les faudroit de fer ; mais elles
ne pourraient être bonnes que pour qui voudroit
jeter quelques pièces par curiofité-, & fans s’em-
barraffer des frais : elles ne fauroient être d’ufage
dans un travail continu & varié. La feule]vue qui
me parut être à fuivre, fut celle d’avoir des fourneaux
où l’on chauffât à-la-fois un grand nombre
de moules, & où ils fuffent ferrés comme dans
une efpèce de prefle.
L’intérieur du premier que j’imaginai de conf-
truire, étoit unè cavité carrée longue., entourée
de murs de brique; Les moules y étoient pofés
verticalement & appliqués les uns contre les autres
, comme le font les livres rangés fur une tablette.
Le premier touchoit immédiatement un des bouts
du fourneau ; le dernier étoit peu éloigné de l’autre
bout. Contre celle de ces faces qui en étoit le plus
proche, on appliquoit'une plaque de fer fondu ou
de fer forgé, qui lui étoit égale en dimenfions. Le
' eu d’efpace qui reftoit entre cette plaque & le
out du fourneau, étoit rempli par du fable détrempé
, & par des tuileaux qu’on faifoit entrer à
force. Cès tuilèaux tenoient lieu de coins pour pref-
fer enfemble tous les moules les uns contre les autres.
Entre cette file de moules & chaque côté du
fourneau, il reftoit un efpàce d’environ deux policés
& demi, deftiné à recevoir le charbon : on les
en recouvrait aufli par deffus. On pouvoit encore
les chauffer par deffous; les traverfes inférieures
des moules ri’étoient foutënües qu’en quelques endroits1;
une grille de barres de fer pouvoit leurfef-
v ir d’appui ; je leur en fis donner encore un d’une
autre forme, en faifant bâtir le long de chaque côté
du fourneau une petite banquette, fur chacune desquelles
portoit urte partie du moiile : au deffous de
ces ■ moules il reftôit un efpace' o ù 1 l’on pouvoit
mettre, foit du bois, foit du charbon.
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Cette difpofition eft fimple ; ce n’eft même que
fa fimplicité qui m’a engagé d’en parler, parce qu’il
y a des circonftances où l’on y pourra avoir recours.:
mais elle a fes inconvéniens ; de la façon
dont les moules y font chauffés , ils n’expofent
chacun qu’une petite furface à l’aâion du feu. La
chaleur a loin de toutes parts avant d’avoir gagné
jufqu’au centre; ainft ils chauffent lentement : d’ailleurs
les châlîis feuls fouriennent l’aâion immédiate
du fou, & s’en ufent plus vite.
C ’eft la pratique ordinaire des fondeurs, qui
jn’avoit conduit à difpofer ainfi les moules ; les
preffes dans lefquelles ils mettent les leurs , les ferrent
par-tout, & j’avois voulu que les miens le
fuffent de même. Mais je penfai depuis, que la
preflion pourrait bien n’être néceffaire qüe pour
maintenir les châlîis l’un contre l’autre ; que celle
qui tombe fur le fable étoit inutile dans les petits
moules ; que le fable même du moule ceffe d’être
preffé fi on le fait chauffer jufqu’à un certain point ;
car les châlîis s’étendent, & au contraire le fable
qui a été mis humide dans le moule , en s’échauffant,
fe retire:-loin d’acquérir du volume ; il en
perd : ainfi il ne tend nullement à fortir des châlîis :
il n’a donc nul befoin-d’y être maintenu. Le fable
encore humide , comme il l’eft dans les moules
des fondeurs ordinaires, ne réfifteroit pas à'l’im-
pétuofité du liquide qu’on y verfe, au lieu que
notre fable fe cuit & prend la confiftance des parois
d’un creufet. L ’expérience s’eft accordée avec ce
raifonnement ; les petits moulés ï confervent parfaitement
leur forme, pourvu que les châflis &
pourvu même que trois de leurs côtés foiertt bien
affujettis les uns contre les autres.
Suivant çette idée, je fis conftruire un fourneau
qui, comme ceux que nous avons employés à la
cqnvérfion du fer, en acier, ou à l’adouciffement
de la fonte ? avoit des çopliffes verticales réfervées
dans les faces intérieures de fes côtés : chacune de
celles d’un coté, étpirvis-à-vis une de celles de l’autre
côté. Leur largeur étoit au moins, égale à l’épaif-
feur d’un moule ; deux de ces coulifles enfemble
fervoient à le maintenir. La diftance de l’une à l’autre
étoit plus petite d’environ un pouce & demi que
la largeur du moule,; &. elles a voient chacune autant
de hauteur que ce moiile ; ainfi étant pofé dans
deux cQuliffes, leurs bords, étoient recouverts de
chaque, côté d’environ trois quarts de pouce. Le
bas de cé même moule étoit reçu dans une troi-
fième couliffe qui fervoit de fond au fourneau. Elles
etoient chacune plus larges que ce moule, afin qu’il
s’y logeât fans peine; mais enfuite on rempliffoit
avec de la terre & des tuileaux qu’on faifoit entrer
à force , les vides qui pouyoie.nt y refter : ainfi
trois des.côtès du moule le trouvoient gênés comme
s’ils euffent été dans une preffe.
Un autre moule étoit-femblablement pofé dans
trois autres couliffes. La diftance entre celle-ci &
les précédentes , ou , ce qui eft la même chofe , le |
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vide qui reftoit éntre lès deux moules, étoit le foyer
où la cheminée où l’on mettoit le charbon qui, étant
allumé, échauffoit une des faces de chaque moulé.:
On ménageoit dans les murs les ouvertures péçef-
faires pour donner entrée à l’air qui devoit fouffler
fur les charbons. On peut alonger à volonté un tel
fourneau, & par conléquent le rendre capable de
contenir telle quantité ;:de moules qu’on voudra,
qui peuvent y être rougis affez vîte.: Mais il. n’eft
pas aifé de les en retirer auflitôt qu’ils ont été remplis
; il y a de la difficulté à les dégager des couliffes
où ils ont été en quelque forte maçonnés;
quoique même on les en retire froids, fouvent on
abat les bords des cou liffe so u au moins on les
fatigue beaucoup : il y a trop fouvent à y refaire ;
de forte qu’après avoir fait faire ufage de ce fourneau
pendant quelque temps, & après y avoir fait
faire divjerfes additions qui don noient néanmoins
des facilités pour en retirer les moules, fans, trop
ébranler les couliffes, je confeillai de l’abandonner
pour un autre,- dont j’imaginai la conftruâion telle
que les moules font chauffes plus v ite , qu’ils peuvent
être arrangés en moins de temps , & qu’on
les en retire-encore plus aifément qu’on ne les y
arrange : c’eft aufîi celui dont,on avoit enfin adopté
l’ufage à la manufaâure de Cône. Peut-être néanmoins
,n’a-t-il pas été inutile de rapporter la eonf-
truâion de l’autre , quand ce ne feroit que pour
empêcher qu’oii n’y revienne : j’ai vu même , dans
cette manufaâure , qu’on a tenté de fe fervir.de
certains fourneaux que l’expérience m’avoit déjà
montré n’être pas convenables.
Celui auquel on s’eft arrêté en dernier lieu eft
parfaitement femblable au. premier que nous avons
décrit. Il ne confifte qu’en quatre murs de brique,
qui renferment un efpace carré long. Ses mefures
doivent être déterminées par la.quantité des moules
qu’on y voudra chauffer à-la-fois, par la largeur
& la hauteur de ces. moules. Pour leur épaifleur,
ici elle eft indifférente,; .tout le changement qu’elle
peut apporter, c’eft qu’on y en mettra moins lorfi
qu’ils feront plus épais. Ils feront tous placés verticalement,
comme nous les avons vus dans les
autres fourneaux. La largeur intérieure de celui-
ci , ou la diftance d’un de fes côtés à l’autre, fur-
paffera d’environ cinq pouces là largeur de chaque
moule; & la hauteur de fes murs furpaffera celle
de chaque moule .d’environ fix à fept pouces. Il y
aura ici, comme dans le premier fourneau, le long
de chacun de fes côtés, une banquette haute de fix
à fept pouces, qui aura pour largeur celle d’une brique.
Dans une manufaâure , on lui donnera affez
d’étendue pour contenir au moins vingt-cinq moules
de l’êpaiffeur de ceux des fondeurs ordinaires en
fable ; & fi l’on v eut, & fi le terrain le permet f
on lui en donnera l’étendue néceffaire pour en contenir
le double ou le triple.
Sa conftruâion eft fi fimple, qu’elle eft déjà décrite,
à quelques jours près qu’on doit réferver
dans les murs, & dont la pofition pourra être dé