
que trois corps mineurs de hauteur, font mefurées
éc enfermées dans les quatre, lignes horizontales
A B. On exceptera de cette règle la première
M , la première partie du Q , la deuxième.X , &
la première partie de l’Y grec, qui n’ont que deux
corps. Les queues ne panent que d’un corps &
demi. A l’égard des corps de largeur , ils font
exprimés par des lignes obliques tirées fur chaque
lettre. L’étoile annonce ^ comme dans les planches
précédentes, les majeures qui fe font fur la troisième
fituation. Voilà le précis'le plus néceffairé
de toutes ces lettres ,. que l’exercice fera exécuter
, avec jufteffe.
Sur Valphabet des lettres brifées.
Les lettres brifées ne font point gothiques,
comme beaucoup de perfonnes l’ont penféi Ce font
des élémens où l’on aft'eâe de produire des angles
dans le haut & le bas , lefquels élémens. forment
line écriture qui tient fouvent la place d’un titulaire
ou d’une groffe bâtarde. Pour l’ordinaire cette
écriture eft perpendiculaire ; elle eft quelquefois
penchée , mais rarement. La hauteur de ce caractère
eft de fept becs de plume, fur cinq de large , &
trois de pente lorfqu’elle eft couchée. La plume eft
tenue fur la fécondé fituation pour favoriler les angles
, & le bras éloigné du corps, de même que
dans la ronde. Les têtes ont un corps & un bec de
plume d’élévation , & les queues un corps & demi
de longueur. Ces principes généraux & plufieurs
autres, feront aifés à remarquer dans l’alphabet de
la planche onzième, où il eft mefuré & enfermé
dans les lignes horizontales A B. On peut affurer
qu’un titre ou un fous-titre de cette écriture fait un
très-bel effet ; c’eft pourquoi je confeille à ceux qui
font ufage de la plume , de la mettre en pratique
dans leurs ouvrages.
Sur Vordre dans Vécriture.
Savoir écrire félon les règles, mais n’avoir point
l’efprit d’ordre, c’eft ne pofféder qu’une partie de
l’art. Pour acquérir cette qualité, il faut avoir, ainfi
que je l’ai obfervé en plufieurs occafions, de l’in-
yention & du goût.
L’invention embellit, augmente & donne de
l ’effet. Le goût examine, difpofe, & empêche que
cet effet ne déplaife à la vue. Tout l’ordre eft renfermé
en ce peu de mots. Ainfi tout fujet qui pof-
fédera ces talens, fera fûr d’exécuter avec beaucoup
plus de régularité qu’un autre. Son ouvrage
fera fuivi, foutenu dans Ion corps , correâ dans là
diftance de fes mots & defes lignes, recherché dans
le choix de fes lettres , & dégagé de cette fuper-
fluité de parties qui laiffe prefque toujours aux yeux
la repréfentation d’objets irréguliers ou difformes.
P L A N C H E X I I .
De la Plume à traits.
La plume à traits eft ainfi nommée, parce qu’elle
fert à produire les lettres capitales ou majufcules,
& les traits que l’on appelle cadeaux. C ’eft au commencement
du fiècle dernier , que cette plume a
été employée pour les traits. Elle fe taille différemment
que les autres, & elle eft plus convenable
qu’aucune pour les grands coups de main , c’eft-à-
à-dire, pour ceux que le bras exécute , parce qu’ils
ont plus d’apparence & de complication. L’encre
étant 4a nourriture de cette plunie , on a coutume
de l’y laiffer tremper , afin qu’elle foit plus obéif-
fante à la conftruéfion des traits , en obfervant
pourtant qu’elle n’y trempe s'amollirait pas trop , parce qu’elle plus qu’il ne faut. Le point jufte de cette
plume pour opérer , confifte à n’être ni trop diire,
ni trop foible par le bout; l’un & l’autre étant contraire
à la corre&ion des traits. Après avoir donné
une idée légère de cette plume, il faut parler des
règles de fa taille & de fes pofitions particulières ;
car, fans cette, connoiffance, il eft impoflible de
bien exécuter & les traits, & les lettres capitales.
Sur la taille de la plume à traits.
La plume à traits fe partage , ainfi que les autres
plumes, & comme la planche douzième le fait voir,
en trois parties égales, & entre les quatre lignes
horizontales A B . La première depuis i jufquaa,
où font les carnés ; la fécondé depuis 2 jufqu’au
3 , milieu de la grande ouverture ; & la troifième
depuis 3 jufqu’au 4 , commencement de cette grande
ouverture. Le canon de cette plume n’eft point
cavé ; il eft enfauffet& fe termine en pointe, comme
on peut le remarquer au chiffre 1. Les angles de
l’extrémité• du bec font égaux, tant en largeur
qu’en longueur. La fente, fi effentielleà cette plume,
doit être nette , & ne contenir que toqte la longueur
de la première partie. Cette plume fert aufli pour
l’écriture expédiée , avec cette différence qu’elle eft
un peu moins fendue , & que les carnes font un
peu plus gavées.
Sur la première pofition.
La première pofition eft celle que l’on appelle
à face, parce que la plume eft tenue prefque vis-
à-vis le corps , & de manière qu’elle produit fur la
ligne perpendiculaire, ou fur l’oblique , des pleins
en defcendant. La démonftration expofe non-feulement
la pofition de cette plume , mais encore
les effets qu’elle procure dans les lignes mixtes,
courbes & fpirales, où tous les pleins marqués par
les lignes perpendiculaires A B , fe trouvent en
defcendant, foit fur la gauche, foit fur la droite.
Dans cette pofition , le bras eft peu éloigné du
corps. Si cependant on vouloit former des contours
plus vaftes , il faudrait l’écarter davantage.
Cette pofition eft employée dans les traits, &
fur-tout pour plufieurs lettres capitales,
Sur la fécondé.
La deuxième pofition eft de côté, parce que la
plume eft tenue de façon que le bec eft dans la di-
reéfion dé la ligne horizontale, pour produite des
• "'-.v< *“* ,v '’pleins
pleins dans cette même ligne, ainfi qu’au deffus
& au deffous des parties courbes. La planche douzième
exprime cette pofition & les effets qui en
dérivent, lefquels effets font voir les pleins que les
lignes horizontales A B expofent placés pofitive-
ment comme je viens de le dire. Le bras dans cette
pofition eft un peu éloigné du corps. Lès doigs qui
tiennent la plume , font dans une forme circulaire.
A l’égard de la main , elle doit être plus ou moins
renverfée en dehors , fuivant ce qu’on veut lui faire
exécuter ; plus renverfée pour des lignes mixtes,
fpirales , queues d’y grec & autres traits , & moins
pour des bouts de lignes & autres effets de plume.
Cette pofition eft la plus ufitée ; elle fert dans tous
les traits & dans le plus grand nombre des lettres
capitales. '
Sur la troifième.
La troifième pofition eft appelée inverfe, .parce
que la plume, de la manière dont elle eft tenue ,
produit des pleins en remontant. On voit dans la
planche douzième, la pofition de la plume avec
les effets qui en réfultent. Les pleins que ces effets
produifent', font annoncés par des lignes obliques
À B. Le bras eft un peu plus éloigné du corps que
dans les deux autres pofitions, & la main fait la
forme circulaire, en avançant fur le devant du
papier.
Cette pofition eft la moins ufitée de toutes. Elle
fervoit autrefois pour exécuter l’écriture à la du-
çheffe, qui ne fe fait plus actuellement.
Sur les Traits
Les traits ou cadeaux; font des coups de plume
qui fervent aux maîtres écrivains pour embellir
leurs pièces d’écrituràs , & aux commis , pour donner
de l’éclat à un titre &: à toutes fortes d’ouvrages.
L’origine des traits , à ce qu’on prétend , vient des
Arabes & des Maures. Dans les X V Ie & X VIIe
fiècles , on les exécutoit avec la plume groffe ou*
moyenne ; mais depuis on s’eft toujours fervi d’une '
plume taillée èxprès pour cela , comme je l’ai déjà
dit.
, Les traits fe font du bras & à la volée ; on les,
fait aufli quelquefois des doigts, Les traits qui re-
préfentoient des figurés d’hommes , des oifeaux,
ont été recherchés dans le fiècle dernier, & même
dans celui qui l’a précédé ; mais, dans celui où nous
viyons, on les veut plus fimples & plus naturels.
La beauté des traits, confifte dans une grande
jufteffe, & dans la néceflité de les approprier au
caraftère de chaque écriture, Il faut que dans la
ronde, ils foient plus riches & un peu plus com-
pofés que dans les autres écritures. Dans la bâtarde
, au contraire , ils doivent être de la plus
grande fimplicité ; & pour la coulée ,, ils doivent
tenir le milieu entre les deux ; elle ne veut ni du
trop fimple , ni du trop chargé.
. Il faut, pour réuflir dans les traits, avoir de
l inveijtion , du goût, de l’ordre & de l’adreffe. De
■ dns 6* Métiers. Tome IL Partie I.
l’invention , pour varier & ne pas faire des répétitions
; du goût, pour difcerner ce qui peut être
convenable ; de l’ordre, pour éviter la confufion ;
de l’adreffe enfin, pour placer toutes chofes dans
le tour le plus régulier & le plus agréable.
S’il eft vrai que la ' jufteffe des traits annonce
une main habile il eft vrai aufli qu’ils donnent
beaucoup d’effet & de luftre à une pièce d’écriture.
Quands ils manquent, tout paroît nu , & ne fa-
tisfàit pas les yeux. C’eft beaucoup qu’un excellent
caraCtère , mais il faut qu’il foit décoré ; c’eft par
les traits que l’on y parvient. Ils font à récriture ,
ce que font les habits à une belle perfonne, qui
ajoutent à fes grâces naturelles ; ils ne font pas l’ef-
fence d’une piece d’écriture, mais ils la font paraître
, & lui donnent un brillant qui féduit.
En terminant, je dirai que dans l’exécution des
traits, il eft important-, pour que l’oeil ne foit point
offufqué , de favoir que deux pleins ainfi que deux
déliés , ne fe coupent jamais , & que l’on doit
éviter , le plus qu’on peut, le mefquin & le colifichet.
Il eft des occafions où un trait fimple frappé
avec feu , vaut mieux qu’un autre où la compofi-
tion fe fait fentir.
P L A N C H E X I I I .
Des lettres capitales & des pajfes.
Les lettres capitales , qui font aufli nommées
majufcules , fe placent toujours au commencement
d’un titre & de tel ouvrage que’ ce puiffe être. On
les appelle encore lettres d’apparat, parce qu étant
plus grandes que toutes les autres, elles font un
bel effet, & qu’on peut les embellir de traits ou
de cadeaux. Le grand exercice de ces lettres donne
beaucoup de légèreté à la main ; car , comme elles
fe font du bras & à la volée , elles accoutument ce
même bras à ne fe foutenir que fur le bec de la
plume. La grandeur de ces lettres fe règte fur la
, groffeur des caraâères que l’on trace ; c’eft-à-dire,
que fi le cara&ère eft gras, les majufcules feront
grandes ; fi au contraire le caraâère eft- petit,' les
majufcules feront aufli petites. Les traits fe gouvernent
fur le même principe. On doit favoir que
toutes les parties qui compofent une pièce-d’écriture
doivent être proportionnées & faites les unes pour
les autres ; fans cela, point de grâce & d’harmonie.
Ces lettres fuivent encore le caraâère diftinâif de
chaque écriture ; elles font droites & plus Ornées
pour la ronde ; elles font penchées & fimples pour
la bâtarde. Enfin, tout ce que l’on peut dire de
plus touchant ces lettres, c’eft qu’elles demandent
du génie & de l’adreffe. Du génie , pour les diver-
fifier fuivant les occafions ; de l’adreffe, pour les
jeter fur le papier dans une forme gracieufe, &
qui annonce un principe.
Sur les lettres capitales.
Les lettres capitales fe mefurent pour l’ordinaire
par les principes mêmes des lettres majeures. Elles
B b b