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au deffous de la tuyère, il doit être affez profond
pour contenir tout le métal en fufion.
On met rougir un gâteau, on le retourne plu-
fieurs fois ; & quand il eft bien rouge & bien chauffé
jufqu’au centre, on le porte avec les tenailles fur
l’enclume ; on fait jouer le gros marteau q u i, en
quelques coups, applanit l’endroit qu’on veut couper
, & un ouvrier pofe deffus une tranche : ce gros
marteau, en frappant fur cette tranche » entame le
gâteau qui eft bientôt coupé.
On coupe en premier lieu la tranche i ; puis la
tranche 2 ; enfuite la tranche 3 , &c. A mefure que
ces tranches font coupées, un ouvrier les reporte
au feu; & comme elles font encore très-chaudes,
elles font bientôt en état d’être recoupées par morceaux
plus petits.
On reporte ces morceaux au feu ; un ouvrier en
prend un qu’il porte fur l’enclume ; il commence par
rabattre les angles fous le gros marteau ; puis faifif-
fant le morceau avec deux petites pinces , il l’appla-
t it , en le tournant continuellement fur l’enclume &
fous le gros marteau, dont le côté qui frappe eft
arrondi. Si l’on fe propofoit de faire une table
quarrée , on n’abattroit pas les angles ; mais après
l’avoir réduite à peu près à fon épaiffeur, on la
porteroit fur l’enclume, dont la table eft bien dref-
fé e , ainfi que le marteau qui eft plat. La table fe *
trouve planée affez régulièrement tous ce marteau;
mais pendant qu’elle eft encore chaude., on la met
fur une forte plaque de fonte fixée fur le plancher,
& avec des marteaux à main on renfonce les boffes
qui pourroient y être.
. Soit que les tables foient rondes ou quarrées, il
le s faut rogner. Cette opération fe fait à bras, parce
qu’on ne rogne à la fois qu’une pièce qui n’a pas
ordinairement beaucoup d’épaiffeur.
Un ou deux ouvriers, fuivant la groffeur des
pièces, préfentent chaque pièce aux taillans de la
cifaille : un , deux ou trois hommes, fuivant l’épaif-
feur du ijiétal, appuient fur la branche, & font agir
le taillant mobile. Quand les pièces font rognées,
fuivant les traits qu’on y a précédemment tracés, on
les porte au magafin, fi elles doivent refter plates ;
mais fi elles doivent être embouties ou creufées,
comme celles pour les* cafferoles, les chaudrons, &c.
on prend fa plus grande de toutes, fur laquelle ori
en met fix, fept, huit, ou un plus nombre d’autres.
La plus grande plaque fe nomme la mère, les autres
les filles. On les fait rougir; après quoi deux ouvriers
les portent fut l’enclume. Un de ces ouvriers
commence à relever les bords de la mère avec un
petit marteau à main ; le gros marteau achève d’ap-
platir les bords qui ont été relevés, & qui fervent à
affujettir toutes les filles. On met rougir le paquet
entier de ces pièces, & on le porte fur l’enclume à
emboutir, dont la table eft inclinée à l’horizon.
L’ouvrier étant aflis , & tenant le paquet avec
deux pinces, fait frapper le marteau à emboutir,
d’abord au milieu du paquet, enfuitè vers les bords ;
& en tournant continuellemçnt ce paquet, il le
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creufe, foit en rond, foit en ovale, félon qu’il le
juge à propos. Mais comme il faut incliner plus ou
moins ce paquet, & qu’il ne pourroit pas le gouverner
avec ces deux pinces, il s’aide d’un châilîs
de fe r , qui eft à charnière dans le boulon, & qui
vers le bout eft attaché par une corde qui paffe dans
une poulie, & au bout de laquelle eft un étrier que
l’ouvrier paffe dans un de fes pieds. Il eft évident
que quand cet ouvrier appuie fur l’étrier , il élève
le châffis ; & comme la pile d’ouvrage eft couchée
fur fe châffis, il peut l’incliner plus ou moins fur
l’enclume. Comme il y a des pièces plus ou moins
grandes à emboutir, l’ouvrier fubftitue des châffis
plus petits lorfque les pièces font plus petites. On
eft étonné de voir avec quelle promptitude fept ou
huit pièces font embouties à la fois par ce gros
marteau, qui leur donne la forme d’une calotte.
Pour dégager ces pièces des plis faits à la mère
pour les retenir, on coupe les bords de ce paquet ;
mais comme il faut trancher une grande épaiffeur
de cuivre, il ne feroit pas poflible de faire agir
la cifaille à bras, telle que celle qui a été décrite
en parlant de la façon de rogner les tables fimples.
Pour faire mouvoir cette cifaille, on emploie à
Namur un grand levier, auquel font appliqués cinq
ou fix hommes : ici il n’en faut aucun pour -faire
agir la cifaille; c’eft l’eau qui opère cette force.
On ajufte au même arbre qui fait jouer les marteaux
, trois cames ou levées, qui en appuyant fur
la branche mobile de la cifaille, fuppléent à la force
néceffaire pour faire baiffer & fermer les lames
qui coupent le cuivre ; de forte qu’un feul homme
peut rogner une pile de cafferoles ou de chaudrons.
Quand une pile eft rognée, on tiré & on fépare
toutes les pièces qui la rormoient ; & afin que le
fond des chaudrons ou cafferoles foit moins arrondi
, & prennent la figure qu’on veut leur donner,
on les bat les uns après les autres avec le marteau
fur une enclume plate, ou fur une qui eft creufée
en gouttière.
Pour tous les ouvrages qu’on fait fous les gros
marteaux, il faut qu’ils frappent plus ou moins
fort & plus ou moins vite.. Pour y parvenir, un
ouvrier élève ou abaiffe le levier qui répond à la
vanne, & qui donne plus ou moins d’eau fur la
roue : ce qui précipite ou ralentit le mouvement
des marteaux.
On a foin de ramaffer dans l’atelier tous les fra-
gmens de cuivre ; mais comme il n’eft pas poflible
qu’il n’en refte dans les ordures, & fur-tout dans
les craffes de la fonderie ; pour ne rien perdre de
ce métal, on pulvérife & on lave les craffes. Pour
cette opération, on ménage un petit courant d’eau,
dans lequel on jette peu à peu les craffes, qui font
pilées , dans leur pàffage , par un marteau qui agit
lentement. Comme ce courant d’eau ne coule pas
rapidement, les craffes légères font emportées par
l’eau, & le métal refte dans un enfoncement destiné
à le recevoir. Une manivelle que l’arbre fait tourner,
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tourner, fait mouvoir des foufflets par des renvois
qui'diffèrent peu de ceux que. l’on voit dans les
autres ufines. I - ,, .
Outre deux ateliers pareils a celui que 1 on vient
de décrire, & dans lefquels on travaille jour &
nuit il y a encore dans la manufacture de M. Raf-
faneau une forge, & un taillandier entretenu pour
faire les étriers, les brides, les cames, &c. & pour
réparer les oiitils. On y voit aufli des magafins où
l’on dépofe les matières, & les ouvrages qui ont
été travaillés.
Différentes autres compofitions du cuivre.
Après avoir parlé de la converfion du cuivre
rouge en laiton, nous devons terminer cet art
par les procédés qui donnent de nouvelles modifications
au cuivre & au laiton, qui en exaltent la
couleur, qui les rapprochent davantage de l’o r , &
qui les rendent propres à fabriquer à un prix modique,
divers uftenfiles & bijoux d’ufage.
Ces nouvelles métamorphofes du cuivre & du
laiton fe rapportent prefque toutes au tombac; mais
le tombac prend enfuite, d’après quelques change-
mens dans les compofitions & les réfultats, divers
noms , comme métal du Prince Robert ; tombac
façon de laiton; tombac blanc ; galons faux ; pinf-
beck ; tombac de Siarn ; or de Manheim ; fimilpr, j
airain y bronze, potin.
Tous ces métaux font des compofitions de zinc &
de cuivre, ou d’autres.mélanges analogues. Leur
différence confifte dans la couleur & la malléabilité
qui déterminent aufli leur bonté. Ces qualités
dépendent; i° . de la proportion des métaux entre
eux ; 2°. de leur différente compofition; 30. de
leur pureté ; 40. du degré de fineffe du cuivre.
Nous allons en donner ici les procédés.
Tombac.
Le tombac eft un alliage métallique dont le cuivre
fait la bafe; fa couleur eft,jaune & approchante
de celle de l’or. On en fait des boucles , des boutons',
des chandeliers , & d’autres uftenfiles &
ornemens.
Il fuffit en général pour faire du tombac, de
mêler du zinc avec du cuivre, ou feulement du
laiton & du cuivre.
Le tombac que l’on fait par la feule cémentation
eft toujours plus beau. On fait fondre tous les in-
grédiens enfemble ; & il importe affez peu qu’on
y emploie la calamine ou le zinc , parce-que le
plomb qui eft quelquefois renfermé dans le minerai
, ne fe volatilife pas avec les particules du
zinc, lorfqu’il eft contenu dans des vaiffeaux fermés.
On trouve dans un grand nombre de livres , différentes
manières de faire du tombac, & l’on y
fait entrer quelquefois des fubftances entièrement
inutiles , & même nuifibles ; telles font le verd-de-
gris , l’étain, le vitriol, le mercure , la tutie ou la
chaux de zinc, le curcuma, &c.
On prefcrit aufli d’y employer différents fels,
Arts & Métiers, T°V\s JL Partis
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tels que le fel ammoniac, la foude , le fiel-de-
verre, le borax, le tartre & lenitre, &c. ;^&lon
dit dé faire diffoudre ces fubftancès, tantôt, dans
de l’huile, tantôt dans du vinaigre, tantôt dans de
l’huile de navette ; mais fans s’arrêter à faire voir les
défauts de la plupart des procédés que les livres
indiquent pour faire le tom b a c , on va donner celui
qui a paru le plus fur & le plus raifonnablé ; il eft
tiré des*(Euvres chimiques de M. de Ju fii, publiées
en allemand en 1760.
Cet auteur examine d’abord quelles doivent etre
les qualités d’un tombac bien fait. Il trouve; 1 . qu il
ne doit être que peu ou point fujet à fe couvrir dé
verd-de-gris , inconvénient qui accompagne .toujours
le cuivre , & dont il eft difficile de le dépouiller;
20. il doit être d’un grain plus fin & plus compare que le cuivre, & avoir plus d’eclat que
lui; 30. il doit être d’un jaune rougeâtre comme
l’or qui eft allié avec du cuivre, & non d’un jaune
pâle comme le cuivre jaune ; 4®. enfin, il faut que le
bon tom b ac ait une certaine duéülite, afin que les
uftenfiles qui en font faits ne fe caffent point trop
aifément, comme cela n’arrive que trop fouvent
lorfqUè l’alliage n’a point été fait convenablement.
Cela pofé, M.. de Jufti paffe au procédé, & il
dit que pour remédier au premier inconvénient,
qui- eft celui du verd-de-gris, auquel^ le cuivre eft
fu-jet, il faut enlever à ce niétal l’acide qu il contient,
& qui eft, félon lui, lacaufe principale de
cette efpèce de rouille. Pour cet effet, il faut purifier
le cuivre : on y parviendra , ajoute cet auteur,
en prenant un quarteron de potafle bien feche, un
quarteron de fiel de vçrre, & trois onces de verre
blanc ; on pulvérifera les matières, on les mêlera
enfemble, & on partagera ce mélange en deux parts
égales. Alors on mettra une livre & deux onces
de cuivre dans un creufet, que fon placera dans
un fourneau a vent ; on donnera un feu affez vio*
lent, vu que le cuivre n’entre que difficilement en
fufion. . x
Lorfque ce métal fera fondu, on y joindra peu a
j&u & à differentes reprifes, la moitié du mélange
dont on vient de parler ; on couvrira le creufet, on
pouffera le feu pendant environ un quart-d heure ;
au bout de ce temps on- ‘vuldera le cuivre fondu
dans une lingotière frottée de fuif, ou bien on laif-
fera refroidir le creufet, on le caffera enfuite pour
en ôter le cuivre que l’on féparera des fels qui formeront
une çfpèce de fcorie a la furface.
On réitérera la même opération avec l’autre moitié
du mélange que l’on avoit mife à part.
M. de Jufti a trouvé que cette purification rén-
doit le cuivre beaucoup plus doux, plus duftile,
plus brillant. Il affure que ce métal eft dégagé par-là
d’une portion de fon acide q u i, fuivant fon opinion
, produit fe verd-de-gris; & il a^reconnu ,
par plufieurs expériences, que cet acide s étoit combiné
avec les fels alkalis qu’il avoit employés pour
la purification. _ .
Dans cette opération le cuivre ne perd que deux