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de diftance en diftance des barreaux de fer x qui font
traverfés dans leur milieu par un ou plufieurs autres
barreaux. On pôle fur cette efpèce.de châflis de la
tôle de la plus f orte épaiflèur ; on garnit le tout, deflùs
& défions , avec de la terre corroyée ., de manière à
recouvrir entièrement les deux furfaees de la tôle.
Depuis cette tô le , on n’élève les murs latéraux,
de la galère que de fix pouces, au lieu de neuf que
portent ceux des galères ordinaires , & en élevant
ces deux murs, on en diminue l’èpaifleur infenfi-
blement du côté de leur furface intérieure , de manière
à fe terminer par une épaifleur de cinq à fix
pouces.
A l’extrémité de cette galère, on ménage un trou
rond, dont le diamètre doit être proportionné à
l’ouverture de la porte ou bouche.
Cette forte de galère pouvant être confirai te
depuis les proportions des galères ordinaires, juf-
qu’à deux pieds de longueur, les épaiflêurs , ouvertures
& hauteurs doivent être dans le même ordre.
Sur la tôle dont le lut eft bien féché, on verfe du
fable, dans lequel fe pofent les vaifleaux de verre ,
néceflaires pour le travail qu’on s’y propofe.
Comme dans cette conftrufiion, les murs latéraux
ne peuvent fervir à foutenir les récipiens ; s’il en
étoit befoin , on feroit faire par le menuifier deux
bans , de la longueur de la galère, & d’une hauteur
propordonnée pour remplir cette fonction.
D e l’E s p r i t d e s e l ou a c id e m a r in .
L ’acide marin , ou l’efprit de fe l, eft la matière
faline acide, qu’on tire du fel commun.
Pour cela, on fait un mélange d’une livre de
fel marin, & de huit livres d’argile féchée, & réduite
en poudre groffière.
On met ce mélange dans une cornue , femblable
à celles dont nous avons parlé à l’article de la diftil-
lation de l’eau-forte ; on prépare pareillement vingt
ou trente cornues femblables , ou autant qu’il en
peut tenir dans le fourneau. On les arrange dans le
même fourneau qui fert à la diftillation de l’eau-
forte , & on procède de même pour tout le refie de
l’opération.
Ce qui refte dans les cornues , après la décompo-
fition du fel marin , eft de la terre & du fel de
Glauber , formé par la combinaifoa de l’acide vi-
triolique contenu dans l’argile, avec l’alkali qui fert
de bafe à l’acide marin.
Ce fel eft également adhérentà la terre argileufe ,
©n peut le féparer par le lavage.
M. Baume a reconnu qu’il falloit également y
ajouter une certaine quantité d’alfcali marin ou d’al-
kali fixe, pour détruire fbn adhérence avec cette
terre , & le faire criftallïfer ; ordinairement on ne
tire pas plus-de fel de Glauber de cette matière, que
de fe l de duobus du cajrut-mortuum ou réfidu de
l’eau-forte.
Cette même matière eft également employée par
les paveurs, en guife de ciment.
11 faut pour la décompofition. du fel marin, une
plus grande proportion d’argile, que ponrdécnm;
> pofer le nitre. La quantité qui vient d’en être pref.
crite, n’eft pas même fuffifante pour déconipoferlà
totalité de ce fel; il en refte toujours une partie mêlée
avec dqla terre, qu’on peut féparer par le lavage.
On décompofe également le fel marin, par l’in.
termède du vitriol de mars , calciné en blancheur-
l’acide qu’on en tire eft plus fort.
Il refte dans la cornue, après cette décompofi.
tion, du fel de Glauber, formé par l’acide vitriolique
du vitriol, avec l’alkali marin ; on le retire de la
même manière que 1 e fe l de duobus , par la diffolu.
tion, filtration, & criftallifation.
Il refte fur les filtres du fer calciné, & privé de
tout fon phlogiftique. Il fert à polir les glaces.
L a ‘ préparation en grand des matières pour la
fabrication de l’efprit de fe l , & le gouvernement
du feu, fe rapportent à ce qui.a été dit de la dif-
tillation de l’eau-forte. Il n’y a de différence que
pour les fubftances qu’on décompofe , & pour l’in-
tenfité ou degré de feu qu’on eft quelquefois obligé
de donner.
Premier Procédé.
" Lorfqu’on peut fe procurer des eaux-mères ou
fures, qui font partie du réfidu de la diftillation des
eaux-fortes par les argiles, on s’en fert avec avantage
pour la préparation de l’efvrit de fel. On en
imbibe une quantité d’argile sèche, proportionnée
de manière à en équivaloir trois parties contre une
de fel; on charge les cuines de ce mélange , on
garnit la galère, on procède enfin avec les mêmes
précautions que pour l’eau-forte.
Dans ce procédé, on n’a pas befoin d’un feu plus
violant, on ne confume pas plus de bois, la même
durée fuffit ; en forte que dans la même galère on
peut mener enfemble l’eau-forte d’un 'côté, & l’efprit
de fel de l’autre.
Il eft, dit dans une note fur l’art traité par M. de
Machy que la meilleure manière de faire l’acide
de fel avec Xeau-mère, eft de la deffécher & de la
diftiller fans addition.
Il faut ©bferver que les eaux-mères qui ont pour
bafe une terre calcaire, pouvant fournir de l’acide
de fel fans feu , Amplement en y verfant goutte à
goutte de l’huile, de vitriol, jufqu’à ce que toute
la terre calcaire en foit féparée ; il ne faut que
mêler l’eau-mère avec parties égales d’eau, avant
que d’y verfer l’huile de vitriol. On doit cette découverte
à M. Weber, célèbre chimifte allemand.
Lorfqu’on emploie le fel marin m êm eq ui a
pour bafe un alkali fixe particulier, on eft obligé
pour en obtenir l’efprit, d’humeâer-beaucoup le
mélange, & de donner vers la fin de la diftillation.
un feu affezn violent.
G’eft une mauvaifè pratique d’ajouter au mélange
une portion de fel ammoniac, d’autant que c’eftle
même efprit de fel- combiné avec l’alkali vola-
t i l , & qu’il ne rend l’efprit de fel qu’on retire, ni
plus fumant, ni plus pénétrant que l’autre*.
Deuxième Procédé.
Dans le fécond procédé, où l’on traite le falpê-
. ... ie fei marin avec le vitriol martial, non-
feulement, dit M. deMachy, il eft indjfterent d employer
le fel marin le plus pur mais on remarque
qull ne faut pas plus d’effort de la part du feu, pour
nnèrer fa décompofition.
PSur quoi l’éditeur de Neuchâtel obferve que la
diftillation du fel marin avec le vitriol , n’eft pas
aufli facile que celle du falpètre avec le v itriol,
à caufe de la grande affinité de 1 acide de ce lel
jvêc 1® fer. j v j-A"Tia.
Par la même raifon, on ne peut guere diltiller
un acide dans le fer. Mais cette diftillation fe fait
très-bien en prenant, au lieu de vitriol, du fel car
tar&ique amer.
Troifième Procédé.
Dans le troifième procédé on peut ajouter à ce
qui a été dit pour l’efprit de nitre fumant, que toute
la différence eft, qu’en fubftituant le fel marin on
retire un efprit de fel fumant. _
La proportion de l’huile de vitriol a* fe l, obferve
l’éditeur de Neuchâtel, eft la même que celle dé
l’huile de vitriol au falpètre. Dans cette diftillation,
plus grande il faut diriger le feu avec prudence
& lutér avec beaucoup de foin. Il faut aufli des
récipiens aufli grands que poflible, & des cornues à
long col.
Le choix de l’efprit de fel ne s’établit que par la
couleur plus ou moins fafranée, & fur les vapeurs
blanches & abondantes qu’il répand à l’air libre ;
enforte qu’après l’efprit de fel fumant dont les vapeurs
fortent fpontanément des flacons dé criftal,
dans lefquels on l’enferme , le meilleur efprit de
fel eft celui dont on fait fortir plus de vapeurs blanches
en pouffant fon haleine vers le goulot de la
, bouteille.
D e l’h u i l e de Vi t r i o l ou a c i d e
V l T R I O L I Q.U E.
U acide vitriolique a été ainfi nommé, parce qu on
le retiroit autrefois du vitriol de mars, en le diftil-
lantdans dés vaiffeaiix de grès à l’aide d’un grand
feu; mais depuis quelques années on a abandonné
ce procédé, parce qu’ôn retire ce même acide du
foufre avec plus de bénéfice & en plus grande quantité
qu’on ne le retiroit du vitriol de mars.
On favoit depuis long-temps, dit M. de Machy,
que lé foufre n’eft, pour ainfi dire, qu’une huile de
vitriol rendue concrète par la préfence d’un' trente-
deuxième de fon poids de matière phlogiftiquée ;
mais on favoit Aufli que ce foufre rie fe décompofe
que par l’inflammation ; & des expériences fans nombre
fembloiçnt prouver que cette inflammation ne
pouvoit fe faire qu’à l’air libre : d’où il réfultoit une
déperdition confidérable de cet acide , à laquelle fe
joignoit l’inconvénient des vapeurs fuffocantes, incommodes
en proportion que l’opération s’exécu-
toit plus en grand. Les artiftes étoient par conféqnent
bien éloignés de fonpçonner jamais qu’on-
pût tirer du foufre fon huile de vitriol avec avantage.
C’eft cependant ce qu’ont exécuté avec un
fucéès inattendu les artiftes Anglois, les Hollan-
'dois, & l’auteur de la. fabrique de Rouen.
M. D o z y , célèbre chimifte Anglois, a donné
dans fon traité des fecrets & fraudes de U chimie dévoilés
, le procédé de tirer l’huile de vitriol du fou-
fre. Je vais , continue M. de Machy, donner la
defeription qu’en a faite M. D o z y , avec d’autant
plus de confiance que je me fuis affuré de fa valeur
par ma propre expérience. Ce fera donc , ajoute
cet habile chimifte, l’expofé de mon travail particulier
calqué fur les circonftances du travail des
Anglois décrit par M. D o z y , & comparé au travail
aftuel des Liégeois, dont il va être queftion.
Il faut fe procurer des ballons de verre de la plus
grande capacité poflible, comme de foixante, cent
pintes & au - delà. L’auteur Anglois fait entendre
que le tour de main par, lequel on fait dans les
verreries, ces ballons d’une capacité démefurée, eft
une chofe de nouvelle invention. II. confifte, ce
tour de main, à charger la canne d’une quantité
fuffifante de verre, fouffler d’abord comme l’on
fait toutes les bouteilles, & enfuite pouffer par la
canne de fer une once ou deux d’eau que le verrier
tient dans fa bouche. Cette eau eft réduite en
vapeurs avant d’arriver dans la capacité déjà fonf-
flée de la maffe de verre, & la grande quantité
d’air qui fe forme par ces vapeurs, ou fi l’on veut,
la très-grande dilatation dont eft fufceptible leatt
en vapeurs, réagit fur la maffe molle du verre, la
diftènd de toutes parts, & lui procure fur le champ
une capacité confidérable. (
On a vu de ces ballons dont chacun tenoit près
d’un muid. On fait faire des efpèces d’efcabelles
carrées en bois bien équarri, d’a-plomb & folides ,
furmontées d’une planche epaiffe , echancree vers
fon milieu d’un trou rond, ayant un pied & plus
de diamètre. On n’attache cette planche fur l’ef-
cabelle que d’un côté par deux charnières, enforte
qu’elle peut fe hauffer & s’abaiffer comme un cou-,
' vercle. '
C’eft dans l’échancrure de c site planche que 1 on
place les grands ballons, en ayant foin d’adoucir
fa tranche du trou ; & même d’y clouer des morceaux
de feutre. Le ballon eft placé de manière
que fon col foit horifontal à la planche, & tourné
du côté où font les charnières, ce qui donne la
facilité de vuider ce ballon fans y toucher, en fou-
levant feulement la planche, fur laquelle çn a eu
d’ailleurs la précaution de l’affujettir d’une manière
U1Sur les traverfes du bas de l’efcabelle fe pofe
une autre planche deftinée à porter un petit fourneau
bas , évafè & furmonte d un large bain de
fable qui remonte jufqu’à un doigt près de la plan-
che échancrèey II eft aifé de fentir que toute la por;
tion du ballon pofée fur cette échancrure fe trou,
I yera plongée dans le fable du bain. ..
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