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d’un moulin. Ce moulin eft compofé de deux meules
roulantes, fig. $ , I , L ,pl. I I , dont les effieux
font fixés à l’arbre vertical, M , N , qu’un cheval
dont on mafque la vue fait mouvoir. Ces meules
portent fur un gros bloc de pierre P , qui eft
enterré ; ce bloc eft revêtu fur fon pourtour de
douves de bois S , S , S , arrêtées avec des cerceaux
de fe r , & des appuis de bois R. Le tourillon
d’en bas N , tourne dans une crapaudiné de
fonte, enchâffée dans un marbre quarré placé au
centre du bloc. Le tourillon d’en haut M , fe meut
en un fommier du bâtiment, & eft arrêté en V
par deux boulons qui traverfent le fommier. .
L’ouvrier employé au moulin remue continuellement
la calamine avec une pelle, & la chaffe fous
lés meules. Le cheval doit faire quatre tours par
minute, & moudre vingt mefures par jour; chaque
mefure de quinze pouces fix lignes de diamètre
en haut, & de treize pouces fix lignes dans le fond,
fur treize pouces de hauteur. Cette mefure ou
efpèce de baquet cerclé de fe r , contient cent cinquante
livres, & les vingt mefures font trois mille
livres : ce poids eft le travail ordinaire.
Le même moulin moût quatre de ces mefures de
terre à creufet dans une heure, & trois mefures de
vieux creufets, matière cuite & plus dure. On écrafe
encore fix mannes de charbon de bois dans le même
intervalle de temps, & ces fix mannes fe réduifent
à trois manne§ de charbon pulvérifé. Les pierres
qui forment ce moulin font tirées des carrières voi-
fines de Namur ; elles font très-dures , d’un grain
fin & bien piqué : les meules s’ufent peu ; bien
choifies & bien travaillées, elles fervent 40 à 50
ans. Le bloc fur lequel elles portent, & qui fait la
plate-forme , dure, beaucoup moins.
Blutage de la calamine.
La calamine & le charbon étant écrafés au moulin
, on les place au blutoir A B , fig. 6 , pl. II. C ’eft
un cylindre conftruit de plufieurs cerceaux affem-
bles fur un marbre, & couverts d’une étamine de
crin ; il eft enfermé dans une caiffe C , D , pofëe fur
des traverfes & inclinée de A en E. Il a une manivelle
qui le fait mouvoir; le fon ou les parties grof- *
fières qui peuvent palier au travers de l’étamine
tombent en F , & le gros & le fin féparés s’amaf-
fent deffous. le blutoir ; la matière à tamifer eft en
G , & l’ouvrier qui eft au blutoir la fait tomber d’une
main dans la trémie H , qui la conduit dans le blutoir
, tandis que de l’autre main il meut la manivelle.
Les deux fonds du tambour étant ouverts , le
gros deicend vers la planche E., d’où on le ramaffe
pour le reporter au moulin. La calamine paflée au
blutoir eft en poudre très-fine.
La calamine de Lembourg paflée au blutoir, &
preflée dans un cube d’im pouce, a pefé une once
un gros dix-neuf grains, & la même quantité dé
Namur, a pefé une once vingt-quatre grains; leur
différence étoit de fcixante-fept grains. Celle de
Lembourg était d’un jaune fort pâle, & celle de
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Namur d’un jaune tirant fur le rouge, toutes 1« I
deux pulvèrifées.
De l’alliage de foixante livres de calamine avec I trente-cinq livres de vieux cuivre , & trente-cinq I livres de rofette, il provient quinze à dix-fept livres I d’augmentation, non compris Yarco, matière qu’on I fépare des cendres par des leflives , comme on le I dira ci-après.
Fonderie.
Une fonderie eft ordinairement cômpofée de trois I
fourneaux A , B , C , fig. 7 , pl. I. conftruits dans I
un maflif de maçonnerie E F , fig. 8, n°. 2, pl. /ƒ/, I
enfoncés de manière que les bouches de ces four-1
neaux D , ne foient que de trois à* quatre pouces I
plus élevées que le niveau du terrain. Qu pratique I
en avant deux foffes G H , fig. 8', pl. I. de deux I
pieds neuf pouces de. profondeur, ou l’on jette les I
cendres, ordures, & craffes qui proviennent de la I
fufion.
Il y a trois meules I , K , L r fig, p , pl. I. qu’on I
manoeuvre avec des pierres, & qu’on couvre & I
ferme au moyen du treuil M , N , même fig.
Sur la roue N , s’enveloppe une corde qui vient I
fe rouler fur , le tour O;
La cifaille P , fig. 10, fert à couper & à diftribuer I
le cuivre.
On a un mortier enterré qui fert à faire des
paquets 4e vieux cuivre. Pour cet effet, on étend I
fur les bords un morceau de vieux cuivre le plus I
large & le plus propre à contenir le refte de la mitraille.
On bat bien le tout; l’on en forme ainfi une I
efpèce de pelotte du même calibre que le creufet, I
Les ouvriers appellent cette pelotte ou boule, poupe. I
La poupe pèle environ quatre livres.
Il y a un baquet qui contient la calamine; on
fait des amas de rofette rompue par morceaux d’un I
pouce ou deux en quarré ; & on a une palette dî I
fer pour enfoncer la rofette dans là- calamine, & I
battre le tout dans le' creufet. '
On fe fert d’un infiniment appelle la mèe ou lu I
mai, pour mélanger la calamine avec le charbon de I
bois pulvérifé; on jette le tout dans le creufet, foie I-
avec des pelles , fbit à la main.
Trois lits font autour des fourneaux pour les fon-1
deurs , qui ne doivent quitter leur travail que deux I
jours feulement dans la femaine.
I l faut, que la hotte Y , de 72 la cheminée,, fig. 8, 1 °. 2 , pl, III. dépaffe le bord du folié H , afin que I
ce qui s’exhale des creufets fuive la fumée des foui' I
neaux.
, On doit être pourvu de moules pour former les I
creufets :
De couvercles pour les: fourneaux :
Des inftrumens de la poterie :
De pinces pour arranger les creufets dans les
fourneaux, exporterie charbon ou il faut, vers les
bords des creufets ; on les appelle pinces, ou etnets,
pl. I I I , fig.. /„
De pince coudée pour retirer les creufets, les
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L a n ie r , tranfverfer la matière d’un creufet dans un
E r e , les redreffer, &c. On appelle cette.forte de
’âince attrape, fig. 2 & 3-
■ D’une pince ou ethet droit pour, retifer la table
ïdu moule, & l’ébarber tout de fuite, lorfque la ma-
Æière s’eft èxtravafée entre les lames de fer & de
jp D ’un fourgon pour attifer le feu , & eritaffer la
îcalamine dans le creufet, fig. p f i 0.
■ D ’un crochet qu’on emploie à difterens uiages ;
SI s’appelle havet , fig. f- . '
B II doit encore y avoir dans 1 atelier de la ronderie ,
l in caillou plat en forme de cifeaux de menuifier ,
l& emmanché de bois , pour tirer les craffes & les
^tendres du creufet, lorsqu’on, vuide la matière du • itreufet où elle eft en fufion , dans celui d’où on doit
l a couler dans le moule. On appelle cet inftrument
le tioul ou caillou .* '.$?■ . ■ ; v ' t V
B Un bouriquet ou banc pour foutenir les branches
de la tenaille , lorfqu’il s’agit de tenir à plomb le
B reufet qu’on charge , fig. $' > pjg
M Une palette de fer, pour entaffer les matières dans
ilê creufet, fig. \6.
■ ■ Une tenaille double, pour tranfporter le creufet &
le verfer dans le moule ,fig. 7 , n°. 1 & 2.
B Un inftrument coudé & plat par le bout , eh
|forme de hoyau , emmanché de bois, pour former
le lit d’argile, ou le raccommoder fur les barres ■ du fourneau , lorfque lés trous du regiftre qu’on y
à pratiqués deviennent trop grands ; on l’appelle
polichinelle , fig. 8 , n . /.. -
H Des ci failles pour couper & diftribuer les tables
de cuivre :
B Un etnet ou pince à rompre le cuivre , qui vient
;de l’arcot :
K Une enclume avec fa maffe, pour rompre la
l«tofette : B Des mannes à charbon:
B Des bacquets pour la calamine & autres ufages :
B Des mefures pour les. mélanges : B Des brouettes.
Des Fo urneaux-.
f’ Chaque fourneau contient huit creufets, qui font
[rangés dans le four fur un lit d’argille , de quatre
[pouces d’épaiffeur, étendu fur les barres ; ce lit eft
[percé de onze trous..
t Le cendrier eft au deffoùs des barres, qui ont deux pouces en quarré , & qui. font rangées , tant plein que vuide, excepté dans les angles , où L’ef- •pace eft plus grand. On y a ménagé quatre regiftres
[plus ouverts que lès autres.
| 1 On appelle tilla, la première aflîfe du fourneau.
Le tilla eft une efpèce de brique faite de. terre à
: creufet, qui fert à h. conftrùâion du fourneau. Les
[pieds-droits du fourneau s’établiffent fur la grille,
& de la hauteur de deux pieds quatre pouces. La : calotte qui ferme la voûte du four, eft compofée
| de quatre pièces,. & s’afiied fur la dernière portion
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, du tilla. On travaille ces pièces de la calotte , comme
les creufets , au .tour. . *
Lorfque les cendriers & fourneaux font conftruits
, on remplit d’argille bien battue , les intervalles
des voûtes feulement; il n’y a qu’un parement
de maçonnerie du côté de la fofle.
Les voûtes , les creufets , & le tilla , font tous
d’une même nature que le creufet.
La terre à creufet le prend à Namur, au deffus
de l’abbaye de Geronfart ; on la coupe en plein
terrein. Elle eft noire , forte, fine & iavonneufe ;
elle pèfe une once le.pouce cube. Cette terre
détache lés étoffés. Les ouvrages qu’on en forme,
étant recuits, font très-durs. On en fait des chenets
qui durent trois à quatre ans , des contre-coeurs de
cheminée. La neuve fe mêle avec la vieille dans la
compofition des creufets.
La terre blanchâtre qui fe trouve à Andenne, a
une confiftance femblable ; les Hollandois viennent
la chercher pour faire leur faïence fine & leurs
pipes. Elle pèfe un once le pouce cube.
Des voûtes & des tilla,.
On mêle la terre neuve avec la vieille ; & dans
la compofition des creufets, des voûtes de four 8c
des tilla, on fait entrer deux tiers, de terre neuve ,
& un tiers de vieille. Cette dernière provient des
creufets caffés, & autres ouvrages détruits. On la
garde en magafin , & quand on en a amaflé une
certaine quantité, on l’écrafe au moulin , on la
paffe dans une bafîine pereéte de trous, & on
l’emploie. -
La terre à creufet fe tient à couvert & en manne
aux environs des fourneaux, où elle sèche pendant
l’hiver. Au commencement du printemps on la.
moud, puis on fait le mélange que l’on vient de
dire. On en prépare quarante à cinquante milliers
sà la fois ; on l’étend enfuite à terre , on la mouille ,
& deux hommes, pendant douze jours ,1a marchent
deux fois par jour , une heure chaque fois ; on la
laiffe enfuite repofer quinze jours fans y toucher..
Ce temps écoulé , on recommence à l’huine&er &
à la marcher encore douze jours ; alors elle eft en
pâte très-fine & propre à être mife en oeuvre ,, au:
tour ou autrement.
On met à fécher & -à s’efiùyer les ouvrages qu’on
a préparés , dans les greniers , & non. au foleil 1
quand on veut s’en fervir , on les cuit. Les voûtes
du fourneau fe cuifent en place ; cependant elles
ont été paflées au feu deux ou trois heures avant:
que d’être placées. On laiffe le tilla & les chenets,
aux fourneaux, depuis le famedi jufqu’au lundi
les creufets fe cuifent à mefure qu’on en a hefoin
Des moules,,
Chaque moule eft compofé de deux pierres
pofées l’une fur l’autre. Chacune de ces pierres a
communément cinq pieds de longueur, deux pieds,
neuf pouces de largeur ,& u n pied d’épaiffeur;. elles
, font entaillées vers le milieu de. leur égaiffeur, &.