
jours , de la remuer fouvent avec un petit bâton ,
fans la faire bouillir : elle fera bien blanche en écrivant,
& d'un noir fuffifant vingt-quatre heures
après.
Encre en poudre.
O n a imaginé, pour la commodité de ceux qui
voyagent, foit à 1 armée, foit au-delà des mers,
Y encre en poudre , qui ne paraît être autre chofe que
les matières qui entrent dans la compofition de
l’encre ordinaire, mais concaffées & pulvérifées.
Pour en faire ufage dans l’inftant, il ne s’agit que
de délayer cette poudre dans de l’eau.
Encre de communication.
On appelle ainfi une encre qui fert pour les écritures
que l’on veut faire graver : elle fe détache du
papier, & fe fixe fur la cire blanche que le graveur
a mife fur la planche.
Cette encre eft compôfée de poudre à canon à
volonté, réduite en poudre très-fine, avec une
même quantité du plus beau noir d’impreflion ; à
ces deux chofes, on ajoute un peu de vitriol romain
: le tout le met dans un petit vafe avec de l’eau ;
il faut avoir le foin , lorfqu’on fait ufage de cette
liqueur, de remuer beaucoup à chaque lettre le vafe
dans lequel elle fe trouve. Si cette encre devènoit
trop épaiffe , il faudroit y mettre de l’eau; & fi
au contraire elle étoit trop foible, on la laifferoit
repofer, pour en ôter après un peu d’eau.
Encre rouge,a
Il faut avoir quatre onces de bois de Bréfil-, un
fou d’alun de Rome , un fou ou fix liards de gomme
arabique , & deux fous de fiicre- candi : on fera
d’abord bouillir les quatre onces de bois de Bréfil
dans une pinte d’eau, pendant un bon quart d’heure ;
puis on y ajoutera le relie des drogues que l’on laif-
fera bouillir encore un quart d’heure.
Cette encre fe conferve long-temps, & plus elle
eil vieille , plus elle eft rouge.
Encre blanche pour écrire furie papier noir.
Il y a deux fortes d’encres blanches ; la première
confifte à mettre dans l’eau gommée une fuffifante
quantité de blanc de plomb pulvérifé , de manière
que la liqueur ne foit ni trop épaifle , ni trop fluide;
la fécondé eft plus compofee, & elle vaut mieux;
la voici.
Prenez coquilles d’oeufs frais bien lavées & bien
blanchies ; ôtez la petite peau qui eft en dedans de
la coque, & broyez-les avec de l’eau claire fur
un marbre bien nettoyé ; mettes-les enfuite dans un
vafe bien net, & laiflez-les repofer jufqu’à ce que
la poudre foit defcendue au fond ; videz enfuite légèrement
l’eau qui refte deflus,& faites fécher la
poudre au foleil ; & lorfqu’elle fera bien sèche,
vous la ferrerez proprement.
Quand vous en voudrez faire ufage , prenez de
la gomme ammoniac , de celle qui eft en larmes.
& en morceaux ronds ou ovales , blancs dans leur
intérieur, & jaunâtres au dehors , très-bien lavée
& émondée de la peau jaune qui la couvre ; met-
tez-la enfuite détremper l’efpace d’une nuit* dans
du vinaigre diftillé, que vous trouverez le lendemain
de la plus grande blancheur ; vous pafferez
le tout enfuite à travers un linge bien propre, &
vous y mêlerez de la poudre de coquilles d’oeufs
Cette encre eft fi blanche, qu’elle peut fe voir fur
le papier.
E n c r e s d e c o u l e u r s .
Rien de plus facile que de fe procurer des em
cres de toutes fortes de couleurs. On le peut faire
avec de fortes décoéfions des diverfes fiibftances
colorantes que l’on emploie en teinture ; il ne s’agit
que de la mêler avec un peu d’alun & de gomme arabique
, qui leur fournit l’adhérence néceflaire pour
s’attacher fur le papier.
Encre bleue. ,
On peut fe la procurer en délayant de l’indigo &
du blanc de cerufe dans une eau gommée.
Encre jaune.
Il fuffit de prendre du fafran, de la graine d’Avignon
ou de la gomme gutte, toujours délayée dans
une eau gommée.
Encre verte.
Cette encre fe fait avec de la graine de nerprun
bouillie dans de l’eau, dans laquelle on fait difloudre
un peu d’alun de roche.
Encre de diverfes couleurs avec le jus de violette.
Trempez un pinceau de poils de chameau dans
quelque acide fort , comme l’efprit de vitriol ; paf-
fez-le fur une partie du papier , & quandil eftfec,
écrivez deflus avec une plume trempée dans le jus
de violette : l’écriture paraîtra aufli-tôt d’une belle
couleur rouge.
Si vous écrivez Amplement avec du jus de violette
, récriture fera d’un bleu tirant fur le violet.
En frottant l’autre partie du papier avec un pinceau
de cheveux , trempé dans quelque fel alkalin,
tel que le fel d’abfynthe , diflbus dans de l’eau, en
écrivant deflus quand il eft fe c a v e c du jus de violette
, vous aurez une écriture d’une belle couleur
verte ^
En écrivant avec du jus de violette par deffus une
teinture d’acier, vous aurez une écriture noire.
Ou fi vous écrivez avec du jus de violette, &
que d’un côté de l’écriture , vous paffiez de l’huile
de vitriol, & de l’autre , de l’efprit de corne de
cerf ou du fel d’abfynthe diffous dans de l’eau,
vous aurez du rouge & du vert.
En l’expofant au fe u , vous aurez une écriture
jaune.
Si vous écrivez fur du papier avec quelque fuc
acide (le jus de limon eft aufli propre pour cela que
.mit autre'), & qu’enfuife vous le laiffiez fécher,
l’écriture reliera invifiblé', jufqu’à ce que vous 1 approchiez
du feu ; alors elle deviendra auffi noire que
JL l’encre. Le jus d’oignon produit le meme eilet.
Plus ces écritures vieilliffent, plus la couleur en
eft belle ; de même aulîl, plus on a laiffé de temps
l’efprit de vitriol, le fel d’abfynthe diffous, &c. fur
le papier, avant d’écrire par deffus , plus les cou-
On prend du criftal réduit en une poudre impalpable
; délayez-le dans de l’eau de gomme ; formez
avec ce mélange des lettres fur du parchemin ;
prenez enfuite un petit morceau d’or bien pur , &
frottez-en fortement à plufieurs fois l’écriture., après
l’avoir fait bien fécher : l’or s’y'attachera, & les
caraâères paraîtront fort brillans.
Autres.
Il y a deux autres moyens pour écrire en lettres
d’or. Voici le premier qui eft fimple.
Prenez vingt feuilles d’or & quatre gouttes de
miel, & les mêlez enfemble; puis mettez-les dans
un cornet de terre Ou de verre ; & quand vous
voudrez vous en fervir, détrempez le tout avec de
l’eau gommée.
Le fécond t qui demande plus d’apprêt, eftpré-
cifémenr un mordant pour l’or & l’argent en relief
fur le papier ou le parchemin.
Prenez gomme arabique , de la plus blanche &
de la plus nette que vous pourrez trouver , & mife
en poudre très-fine, une once.
Du fucre candi bien ehoifi ,.une once, auffi réduit
en poudre très-fine.
Faites fondre votre fucre dans un poiffon de
bonne eau-de-vie ou d’efprit-dé-vin ; joignez-y en-
fuite votre gomme bien pulvérifée, & l’y laiflez
jùfqu’à ce qu’elle foit bien fondue ; vous remuerez
de temps en temps la bouteille ; enfuite vous y
mettrez gras comme une fève de bon miel de
Narbonne ; fi vous le trouvez trop coulant, vous
y ajouterez gros comme un pois de gomme gutte.
Si ce mordant eft deftiné pour l’o r , vous y mettrez
du carmin , autant qu’il en faut pour faire un
rouge un peu foncé. Si c’eft pour l’argent, vous y
ajouterez de beau bleu de Pruflè , tout ce qu’il y a
de meilleur, & ce qu’il en faut.
Ce mordant s’emploie avec une plume ou un pinceau
, pour tous ouvrages en lettres, deffins , &c.
& lorfqu’ii a un certain degré de féchereffe, il
faut pofer votre or ou argent, qui doit être coupé
de la grandeur néceflaire ; s’il arrivoit qu’il fût un
peu trop fe c , en happant ce mordant avec l’haleine,
il rem ordrait.
S’il s’épaifïit, il faut y mettre un peu d'eau-de-vie,
& un peu de miel pour le faire couler ; & s’il ne
mordoit point afîez, il faudroit y ajouter un peu de
gomme gutte.
Il ne faut employer que de l’or & de l’argent
fin , que l’on coupe avec un couteau à l’or fur un
couflin de cuir. Deux jours après on ôtera la fupér-
ficie de l’or ou de l’argent, en paflant deflus un
coton légèrement. Au bout de trente jours, l’on
peut, en bruniflantavec une bonne dent de loup,
donner le beau brillant à l’ouvrage.
Moyen d*écrire en lettres d’or de relief.
Il n’y a perfonne, dit M. Pingeron, qui ne foit
frappé de l’éclat & du relief des lettres majufcules
de la plupart des anciens manufcrits. La vivacité
des couleurs, & le beau poli de l’or , font defirer de
connoître ces procédés ,/qu’on n’imite plus qu’im-
parfaitement. Cette confïdération m’a engagé à faire
des recherches dans les bibliothèques étrangères,
préfumant que j’y trouverais la recette de ces petits
fecrets. Voici ce que j’en ai appris dans un ouvrage
anglois, intitulé : Haud Maid to the Arts.
Prenez des blancs d’oeufs , que vous battrez
jufqu’à çe qu’ils aient pris une confiftance pareille à
celle de l’huile, mêlez-y une quantité fufnfante de
vermillon , pour en compofer une efpèce de pâte.
C ’eft avec cette matière que vous formerez vos lettres
ou ornemens en relief ; lorfque cette pâte commencera
à fécher , hume&ez-la avec un pinceau
trempé dans une eau de gomme très-forte ; ob-
fervez de ne pas vous écarter des bords dé la lettre.
Quand cette eau gommée fera prefque sèche, appliquez/
une feuille d’or que vous comprimerez
légèremeut avec du coton ou un morceau de drap.
Çes lettres ou ornemens étant bien fecs, vous les
brunirez avec la dent de loup , pour leur donner un
beau poli. Ce procédé fuffit lorfqu’on ne veut pas
écrire avec beaucoup de relief. Dans le cas contraire
, on réduit du criftal de roche en poudre impalpable
, dont on forme une pâte en la mêlant avec
1 de l’eau de gomme. On s’en fert pour tracer les
lettres , que l’on frotte avec une pièce d’or de ducats.
On remarquera que ce mélange doit être bien
fec avant d’y appliquer i’o r , que l’on brunit enfuite
avec la dent de loup. '
Si l’on veut un relief encore plus confidérable ,
on découpe des lettres- ou ornemens dans du parchemin
d’une certaine èpaifieurque l’on humeéle
avec de l’huile. Cette découpure s’applique fur le
vélin ou papier, & l’on en remplit la cavité avec
la pâte que l’on vient de décrire. Il eft évident que
ces lettres ou ornemens feront auffi cpais que le
parchemin de la coupure. Te l eft à peu près le
procédé dont fe fervoient les fcribes des xiii" , x iv*
& X V e. fiècles pour décorer leurs manufcrits.
On fait auffi un or liquide , dont ori peut fe fervir
comme de l’encre, & brunir enfuite.
Ce fecret étoit connu fous François I , comme
on peut le voir par le portrait de ce prince fait en
miniature par Nicolo Dellabate, que l’on conferve
dans le cabinet d’eftampes du roi.
Les draperies y font rehauflèes d’or par des traits
prefqu’imperceptibles qui n’ont pu être faits qu’avec
I un or très-liquide.