
intérêt de s'affûter qu’il ne peut y avoir de change-
mens aux écrits qu’on en fait.
Taches d’encre d’impreffton.
L’encre des Imprimeurs n’eft point enlevée par les
acides ; mais elle ne rélifte point aux Tels, ni à
l’urine de certains animaux , telle que celle des
chats. On enlève aufli les taches de l’encre d’im-
preflion avec de l’eau qui contienne du fel marin
en diflolution.
Autre pour les taches d’encre fur le linge ou fur le
papier.
Si c’eft la faifon du verjus, on en frottera la
tache tout de fuite , tandis que l’encre eft fraîche,
& elle s’enlevera. Au défaut de verjus, on peut fe
fervir d’ofeille, mais non pas fi avantageufement.
Ou prenez de l’eau claire, dans laquelle vous
aurez fait diffoudre du fel en quantité égale à l’eau,
& frottez-en la tache.
Enfin, fi la tache eft fèche, & que les acides
nommés ci-deffus ne puiffent pas l’enlever, fervez-
vous d’eau forte, que vous mêlerez avec de l’eau
.commune pour ne pas brûler le linge, & frottez-en
la taçhe.
Taches de fruits fur le linge,
C e ft par la vapeur du foufre qu’on peut ôter les
taches que les fruits font fur le linge. Le foufre a
même une telle propriété à cet égard, qu’on emploie
fa vapeur pour donner plus de luftre aux bas
de foie blancs. Ainfi, pour ôter une tache de fruit fur
le linge, on prend une allumette bien foufrée, on
lui fait prendre flamme; & on préfente la vapeur
du foufre aux taches qui difparoiffent fur le champ.
Taches de rouille fur le linge»
Il faut prendre un vaiffeau, faire bouillir de
l’eau dedans, & à la fumée de cette eau expofer
les taches ; enfuite répandre deffus du. jus d’ofeille
avec du f e l , & lorfqiie le linge en eft bien imbibé
le mettre à la leflive. La diffolution du fel d’ofeille
dans l’eau, a aufli la propriété de faire difparoître
abfoluinent & fans retour les taches de rouille,
LeJJîve pour nettoyer les livres & eftampes imprimés,
Il eft aifé de faire fur un mauvais livre grasJ fale
& noirci, ou fur une eftampe, l’effai que nous allons
indiquer avant de l’employer fur un livre rare qui
auroit été taché, & que l’on youdroit nettoyer pour
lui rendre fon premier luftre.
On prépare une leflive avec de la cendre de farinent
ae vigne ; il ne faut point que la leflive foit
jtrop forte ; pour cet effet, on met un boiffeau de
cendres fur quatre féaux d’eau de rivière ; on la
laiffe bouillir plufieurs heures pour que l’eau fe
charge des fels de la cendre; on la laiffe repofer
Fefpace de fept à huit jours ; on la tire enfuite à clair
par inclinaifon. Qn peut alors avec cette leflive
nettoyer tomes fortes de jivrçs ou d’eftampes ,
pourvu qu’ils ne foient point écrits, ou peints avec
encre ou en couleurs gommées ; car il n’y a que
l’encre d’impreflion qui réfifte à ce blanchiflage.
On fent qu’il faut d’abord ôter la couverture du
livre qu’on veut nettoyer ; on met les feuillets entre
deux cartons, que l’on ferre avec une ficelle affez
légèrement pour que la leflive y puiffe pénétrer.
Dans cet état, on met le livre bouillir un quart-
d’heure dans la leflive préparée, on le retire en-
fuite , on ôte la ficelle, on le met fous une preffe,
fous laquelle on le comprime bien fort, pour en
exprimer toute l’eau de la leflive qui fera chargée de
fa craffe. On laiffe un quart-d’heure fous la preffe
le livre à lefliver ; on le met enfuite rebouillir de
nouveau dans l’eau de leflive, ayant foin de ne l’y
pas iaiffer plus long temps que la première fois, ce
qui pourroit altérer l’imprefnon ; on le remet enfuite
fous preffe pour exprimer toute la leflivenale.
Après cette fécondé fois , lorfqu’on a retiré le
livre encore tout chaud de deffous la preffe, on
le met dans un chaudron plein d’eau de rivière
bouillante & propre, qui achève de nettoyer parfaitement
le livre & d’enlever toutes les taches de
graifle & de craffe, fans que le papier ni l’impref-
fion en fouffre. S’il y avoit quelques endroits qui
ne fuffent pas encore bien nettoyés, il faudroit
recommencer le même procédé.
Obfervez pourtant que dans ces opérations réitérées
les leflives détachent néceffairement une bonne
partie de la colle du papier, qui alors n’ayant pref-
que plus de corps feroit fujet à fe déchirer. On y
remédie en mettant le livre par deux fois dans de
l’eau d’alun, & même il pourra fouffrir l’écriture
fans boire l’encre. On fait enfuite fécher le livre fur
des ficelles, en éparpillant un peu les feuillets, dans
un endroit qui ne foit pas expofé au grand air, ni
au foleil, car il faut qu’il fèche lentement.
Orî peut, en fuivant la même méthode, blanchir
les eftampes, & lorfqu’on veut les faire fécher,
on doit avoir les mêmes précautions & les fufpen-
dre à des ficelles, avec de petites fourchettes de
bois, comme font les marchands d’eftampes.
] Autre maniéré pour nettoyer les eftampes & le papier.
Il y a plufieurs diffolvants de l’huile que l’on peut
appliquer fur le papier ; mais il eft à craindre que
| ce diflolvant, fi on s’en fert pour les eftampes, n’en
attaque l’impreflion.
M. Papillon, dans fon Traité pratique de la gravure
en bois, indique,à cet égard, un fecretfort
fimple.
Ce fecret confifte à faire brûler des os de moutons
, à les pulvérifer : on en frotte de chaque côté
l’endroit tacué, Enfuite on met l’eftampe entre deux
feuilles de papier propre , & on la laiffe quelques
heures fous la preffe. Lorfqu’on l’en retire la tache
a difparu ; fi elle paroiffoit encore un peu, il fou-
droit recommencer le même procédé. Mais il fout
pbferver que cette poudre efface les caractères ÂH»
primés, lorfqu’on laiffe trop long-temps la feuille
* M Papillon ajoute qu’il a ôté des taches d’huile
& dé graifle de deffus le papier*, en le laiffant un
peu tremper dans la drogue avec laquelle les graveurs
en bois lavent leurs planches, & l e mettant
enfuite dans de l’eau nette. Cette drogue, dit-il,
ôte parfaitement toutes fortes de taches ; mais elle
détruiroitl’impreflion d’une eftampe ou des lettres,
fi le papier y reftoit trop long-temps.
Autre pour ôter tes taches des eftampes.
On prend une table ou des planches; on attache
de petits clous des deux côtés ; on y paffe des
fils en travers, afin d’empêcher que le vent ne les
dérange ; on étend du papier, de crainte que les
pores du bois venant à s^ouvrir, ne communiquent
à l’eftampe la rouffeur de l’eau qui s’y attacheroit
& qui feroit plus difficile à ôter que les taches
d’huile. Il n’eft pas néceffaire qu’il y ait plufieurs
feuilles de papier les unes fur les autres ; il fuffit
que la table & les planches en foient entièrement
couvertes. On y placera les eftampes fur lefquelles
on veut faire l’opération, & on verfera deffus de
l’eau bouillante ; il faut avoir l’attention d’en verfer
par-tout, & comme il y à des endroits ou les eftampes
fe recoquillent, & que les plus élevées fe fèchent
plus vite, on aura une éponge fine, & on fe fervira
de l’eau qui eft dans les plis des eftampes, pour en
mouiller les endroits qui fe fèchent : après avoir
verfé trois ou quatre fois de l’eau bouillante, on
s’appercevra que le roux ou le jaune de l’eftampe
s’attachera deffus ; mais il ne faut point s’en in-
V O C A B U L A I R E
A - L K A L i ; fubftance faline qui fert de diffol-
vant.
B o u l es p o u r les t a c h e s ; elles font compo-
fées de chaux, d’argille & de favon.
C a m b o u is ; matière gluante provenant du vieux
oing, dont on graille les roues.
G e n d r e g r a v e l é e ; c’eft la cendre âlkaline du
marc & de la lie de vin brûlés.
' D é g r a is s e u r , D é t a c h e u r ; ç’eft celui qui
enlève des taches de deffus différens fonds, par des
procédés convenables.
quîèter ; plus les eftampes blanchiront, plus cette
efpèce de rouille augmentera. Quand les eftampes
feront .blanchies, on les mettra dans un vaiffeau
carré,; de cuivre ou de bois, de la capacité d elà
plus grande eftampe. Ori vèrfera deffus de l’eau
bouillante, & on couvrira le vaiffeau avec du linge
ou quélqu’étoffe pour bien conferver la chaleur.
Au bout de cinq ou fix heures cette rouille fe détache
& s’éyapore dans' l!eau : il faut obferver avant
de verfer cette dernière eau , d’étendre fur les
eftampes déjà mouillées , une feuille de fort papier
blanc, de crainte que l’eau bouillante ne les déchire
; cela fait, on lés étendra fur des cordes pour
en exprimer l’eau, & quand elles feront à moitié
fèches, on les mettra dans des feuilles de papier
ou entre des cartons qu’on chargera de quelque
chofe de pefant, pour qu’elles ne fe recoquillent
point.
Il faut que les eftampes foient bien rouffes ou,
! bien jaunes pour être deux jours à blanchir; car
elles blanchiffent ordinairement dans un jour.
Le même procédé ôte toutes fortes de taches
d’huile , mais il faut y employer plus de temps.
Ces opérations fê font à la chaleur du foleil ; plus il
eft chaud, plus elles font promptes. Ainfi, les mois
de juin', de juillet & d’aout, font les plus favorables.
Quand il y a des taches d’huile, il faut quelquefois
huit jours pour les ôter, fur-tout quand elles font
invétérées.
On doit, avoir la précaution de ne point expofer
au foleil le côté de la gravure ; on retourne, au
contraire, l’eftampe, de crainte que l’ardeur du
foleil n’en enlève la fleur.
de l'Art du DégraijTeur.
E t h e R ; liqueur très-fpiritueufe , faite par lé
mélange d’un acide & de l’efprit-de-vin.
G o u d r o n ; efpèce de gomme & de poix.
P ie r r e a d é t a c h e r ; c’eft une compofition de
terre glaife, de foude & de favon.
P o ix ; matière gluante & noire, faite de rèfine
brûlée & de fuie de bois.
P o t a s s e ; c’eft la cendre alkaline provenant de
bois & de plantes qu’on a fait brûler.
S a v o n & S a v o n n e t t e ; c’eft un compofé
d’huile & de fubftance s falines diffolubles dans l’eau*
T é r é b e n t h in e ; c’eft une réfine.