
d’autres qui n’en ont pas ; enfin, il y en a de douces, j
& d’autres un peu acerbes. Les meilleures de toutes
font celles qu’on appelle dattes royales.
Lorfque les dattes font minces, on en diftingue
trois clafles, félon les degrés de maturité. La première
eft de celles qui font prêtes à mûrir, ou qui
font mûres à leur extrémité ; la fécondé contient
celles qui font à' moitié mûres ; la troifième renferme
celles qui font entièrement mûres.
On cueille ces trois clafles en même temps, de
peur qu’elles ne fe meurtriffent en tombant d’elles-
mêmes. On ne peut pas différer de cueillir celles
qui font entièrement mûres; à l’égard de celles qui
approchent de leur maturité, elles tomberoient en
peu de jours, fi on n’avoit pas foin d’en faire la
récolte en même temps.
Les payfans montent donc au haut des palmiers,
cueillent avec la main les dattes qui font parvenues
à l’un des trois degrés de maturité, & ils laiffent
feulement fur l’arbre celles qui font encore vertes,
pour les cueillir une autre fois. Quelques-uns fe-
couent les grappes , & font tomber les dattes dans
un filet qui eft au deffous ; cette manière s’obferve
pour les palmiers qui font les moins hauts. On
fait la récolte des dattes à l’automne, en deux ou
trois reprifes, jufqu’à ce qu’on les ait toutes cueillies
, ce qui prend deux à trois mois.
On fait trois tas de ces fruits, félon leur degré de
maturité, & on les expofe au foleil fur des nattes
de feuilles de palmier pour achever de les fécher.
De cette maniéré elles deviennent d’abord molles
& fe changent en pulpe ; bientôt après elles s’épaif-
fiffent de plus en plus, jufqu’à ce qu’elles ne foient
plus fujettes à fe pourrir. Leur humidité abondante
fe diflipe ,“fans quoi on ne pourroit les conferver
facilement; au contraire, elles fe moifiroient &
deviendroient aigres.
Dès que les dattes font fèches, on les met au
preffoir pour en tirer le fuc mielleux, & on les renferme
dans des outres de peaux de chèvres , de
veau, de mouton, ou dans de longs paniers faits
de feuilles de palmier fauvage, en forme de facs.
Ces fortes de dattes fervent de nourriture au peuple
; ou bien, après en avoir tiré le fuc, on les arrofe
encore avec ce même fuc avant de les renfermer ;
ou enfin on ne les prefle point, & on les renferme
dans des cruches avec une grande quantité de
fyrop ; ce font celles-là qui tiennent lieu de nourriture
commune aux riches.
Tous ces différens fruits s’appellent par les Arabes
Tamar, & par les médecins latins Caryotot, mots
qui lignifient Amplement dattes.
Les dattes qui ont été féçhées fur l’arbre même,
ou cueillies lorfqtfelles étoient prêtes à mûrir, &
enfuite percées, enfilées , & fufpendues pour les
faire fécher, font apportées de Syrie & d’Egypte
en Europe. _
Après avoir fait la récolte de ces dattes, & les
avoir féchées de la manière qui vient d’être dite,
pn en tire par l’expreffion un firop gras &• doux.
qui tient lieu de beurre, & qui fert de fauce & d’af-
laifonnement dans les alimens.
On tire ce firop de plufieurs façons. Les uns
.mettent une claie d’ofier fur une table de pierre
oû de bois inclinée, & font un creux au plancher
pour y placer un vafe de terre propre à recevoir le
firop ; enfuite ils chargent ces claies d’autant de
dattes fèches qu’elles en peuvent contenir. Ces
dattes preffées par leur propre poids, & macérées
pendant quelques jours par la chaleur , laiffent
échapper beaucoup de liqueur qui, coule dans le
vafe de terre. Ceux qui veulent avoir une plus
grande quantité de firop, ferrent de temps en temps
les claies avec des cordes, & mettent deffus de greffes
pierres. Ces dattes étant ainfi dépouillées entièrement
de la plus grande partie de leur miel, font
renfermées dans des inftrumens propres à les conferver.
On réitère cette opération qui fe fait en
plein air, jufqu’à ce qu’on ait exprimé le fuc de
toutes les dattes..
Les» Bafréens & lés autres Arabes qui ont. une
plus grande quantité de palmiers , ont bien plutôt
fait, car à la place de preffoirs ils fe fervent de
chambres ouvertes par le haut, plancheyées ou couvertes
de ^plâtre battu , dont les murailles font enduites
de mortier , qu’ils recouvrent de rameaux
pour éviter la mal-propreté : ils y portent les dattes,
& ils en tirent le firop qui tombe dans des baflins
qui font pratiqués au deffous. Si la quantité' de
firop ne répond pas à leurs defirs, ris verfent de
l’eau bouillante fur ces dattes, afin de rendre plus
fluide le fuc mielleux & épais qu’elles contiennent.
Ceux qui habitent les montagnes & qui n’ont
pas de palmiers, tirent le firop d’une autre manière.
Ils pilent les dattes que les habitans du pays des
palmiers ont déjà fait paffer au preffoir ; ils les font
bouillir dans une grande quantité d’eau, jufqu’à
ce qu’elles foient réduites en pulpe, dont ils ôtent
les ordures, & qu’ils font bouillir jufqu’à la . con-
, fiftance de firop ; mais, ce firop n’eft pas comparable
pour la bonté à celui que l’on retire par le mpyen
des claies.
Les dattes fourniffent aux habitans des pays
chauds, foit fans apprêt, foit par les différentes
manières de les confire, une nourriture falutaire &
très-variée. Les anciens, félon le témoignage de
Strabon, jettoient de l’eau fur les dattes pour en
tirer du vin ; ce qu’on pratique encore dans la
Natolie , rarement, à la vérité, & en cachette,
parce que cela eft févérement défendu par la religion
de Mahomet. Mais on en diftille plus fou vent
un efprit ; & quoiqu’il foit aufli défendu, on le fait
pafier fous le .nom de remède, pour foulager les
crudités & les coliques d’eftomac ; & afin de mieux
guérir ces maux, lès gens riches ajoutent avant la
diftillation, de la fqûine, de l’ambre , & des aromates
; mais le commun du peuple y met de la
racine de régliffe & de l’abfynthe , ou de la petite
racine du vrai jonc odorant ou de la féinentine
de Turquie»
t e neltar des dattes que boivent les fouvefains
de Congo, eft h pure liqueur fpiritueufe de dattes
fomentées. , , . . , ,
La moelle dn fommet du palmier & les tendres
branches fouillées qui font en forme de cône au
fommet des jeunes palmiers, fourniffent une nourriture
très-délicate. Les jeunes grappes mâles ou
femelles font très-bonnes à manger crues, ou cuites
avec de la viande de mouton. Mais les dattes elles -
mêmes font d’un goût bien fupèrieur aux branches,
à la moelle, & aux grappes du palmier ; & elles
fourniffent une diverfité de mets agréables. Lorf-
qu’elles font récentes, elles font un aliment très-
felutaire, fur-tout à ceux qui ne boivent que de l’eau.
V O C A B U L A 1R E de
Deffechées, elles font d’une digeftion plus difficile;
Le firop de dattes fert aux peuples qui le font,
de beurre pour la pâtifferie, pour affaitonner le riz
& la fine farine, lorfqu’on veyt fe régaler dans le*
feftins & les jours de fêtes.
On fait bouillir les noyaux des dattes, & ils
fervent alors de nourriture aux. boeufs qu’on veut
laifler repofer. Ces noyaux étant brûlés, entrent
dans la compofition de l’encre de la Chine. En
Efpagne , on en fait ce qu’on appelle le faux ivoire
brûlé, & une poudre, propre à nettoyer les "dents.'
Les dattes paient vingt pour cent de leur valeur
pour droits d’entrée en France, fuivant l’arrêt du
confeil, du 2.2 décembre 1750.
l’Art de préparer les Dattes.
D attes, fruits du palmier dattier. | des dattes fermentées.
. Nectar des dattes , c’eft la liqueur fpiritueufe | T am ar ; nom que les Arabes donnent aux dattes*'
D É G R A I S S E U R. ( An du )
L ’Art du dégraifleur confifte à enlever les taches
de deffus les étoffes, fans altérer la couleur qui y
eft appliquée.
Comme l’eau toute fimple ne fuffit pas pour ôter
les taches, & que les anciens ne connoiflbient point
le favon, ils y fuppléoient par différens moyens.
Job dit, chap. p , verf. 30, qu’on lavoit les vêté-
mens dans une foffe avec l’herbe de borith, qu’on
croit être la foude.
Dans le fixième livre de l’Odyfîee , Homère dépeint
Naüficca & fes compagnes, occupées à blanchir
leurs habits en les foulant aux pieds dans des
fpffes.
Les Grecs & les Romains, au lieu de favon, fe
feryirent de différentes fortes de plantes & de terres
argilleufes. *
Les Sauvages font ufage de certains fruits.
Les femmes de l’Iflande leffivent leurs étoffes
avec de la cendre & de l’urine.
. Les Perfans les nettoyent avec des terres bolaires
& marneufes, qu’ils font délayer dans de l’eau.
On peut diftinguer deux fortes de taches ; les
unes qui couvrent l’étoffe fans l’altérer; les autres,
au contraire, qui l’altèrent en tout ou en partie,
en détruifant la matière colorante, ou en changeant
fon état.
Ainfi, il faut confulter la nature de la tache, &
la couleur de l’étoffe, & choifir les drogues convenables
, toutes n’étant pas également propres pour
le même ufage. En effet, une drogue qui enlève
une tache de graiffe fur une étoffe de telle couleur,
ne peut fervir indiftinftement à enlever une pa-
Arts & Métiers, Tome II, Partie 1%
reille tache de graiffe fur une étoffe d’une autre
nature & d’une couleur différente.
Parmi les matières que les dégraiffeurs emploient,
les unes ont la propriété de détruire la fubftance qui
forme la tache, & de l’enlever comme par une forte
de lavage , ou plutôt de diflolution ; telles font pour
les taches de graiffe l’éther, l’effence de térébenthine
très-reâifiée, le favon, le fiel de boeuf, l’eau chargée
d’un peu de fei alkali ; & d’autres drogues de
'même nature.
Il y a des matières qui ont la propriété d’abforber
les taches de graiffes ; telles font la craie, la chaux
éteinte à l’air, les différentes terres glaifes, le papier
brouillard, &c.
C ’eft au dégraifleur à favoir bien choifir parmi ces
fubftances celle qui peut s’aflbrtir à la nature de l’étoffe
& à la couleur, qu’ilfatit prendre gardecle détruire
; autreméîit, ce feroit enlever la tache pour y
en fubftituer une autre. Par exemple le favon ote très
bien la graiflede deffus les étoffes ; mais fi l’on fe fer-
voit de favon pour enlever la graifle d’une étoffe
teinte en couleur de rofe ou de cerife, on altéreroit
alors confidérablementla teinture,&le remède feroit
pire que le mal. On réuffira, au contraire, à faire dif-
paroître la tache de graifle de deffus ces étoffés fans
offenfer la couleur, en fe fervant d * éther vïtriol'ique.
Il eft fouvènt affez facile au dégraifleur d’enlever
la matière tachante, niais très-difficile & prefque
impoflible de rétablir la couleur. Alors le dégraif-
feur ne connoït pas d’autre moyen que de peigner
l’étoffe avec des cardes ou des chardons, afin d’arracher
le poil renfermé dans l’épaiffeur de l’ètoffç t
& de remplacer celui qui était taché. -