
moins de temps, félon qu’on veut avoir* du verd
d’une teinte plus ou moins forte.
Teinture en Violet.
Le violet fe fait avec la décoélion de bois d’Inde,
à laquelle on a mêlé de l’alun de Rome. On peut
avoir des violets plus ou moins foncés, en teignant
d’abord les bois en rofe, enfuite dans le bleu ; ce
qui donneroit un violet clair.
Si au contraire on vouloit avoir du rouge brun
tirant fur le v iolet, on teindroit les bois d’abord
dans la décoéfion de bréfil, enfuite dans celle de
bois d’Inde.
Teinture en Rouge.
Voici une méthode peu coûteufe pour teindre
les bois blancs en rouge.
On prend du crotin de cheval qu’on met dans un
baquet dont le fond eft percé de plufieurs trous, &
qu’on place au deffus d’un autre baquet dans lequel
tombe l’eau de crotin à mefure qu’il fe pourrit ; &
quand il ne fe pourrit point allez vite , on l’arrofe
avec de Furine de cheval, ce qui l’aide beaucoup,
& donne en même temps une eau rouge, qui non-
feulement teint la furface du bois , mais en pénètre
l’intérieur à trois ou quatre lignes de profondeur.
Des Nuances.
La manière d’obtenir les nuances de couleurs dont
on a befoin, eft de teindre les bois dans une couleur
primitive, puis dans une autre plus ou moins
foncée, afin que la teinte qui réfulte de ces deux couleurs
, tienne plus ou moins de chacune d’elles ; c’eft
ce qui demande beaucoup d’attention & d’expérience
de la part des ébénifies.
Le mélange du bleu & du rouge dans différentes
proportions, donne les nuances du pourpre, du cra-
moifi, de l’amaranthe, du violet.
Le bleu & le jaune donnent, par leur différente
«ombinaifon, les nuances du verd.
Le mélange du rouge & du jaune procurent le
jaune couleur d’o r , les couleurs defouci, d’orangé,
de grenade.
Le rouge avec le fauve fournît les couleurs de
canelle, de marron, de mufc.
Le jaune avec le fauve donne les différentes couleurs
de feuilles mortes, &c.
De plus, la manière de couper les bois de couleur
* & de les employer, met encore beaucoup de
variété dans les nuances qui réfultent de la conformation
& de la difpofition de leurs fibres.
Obfervations fur ces Teintures..
En général, toutes ces teintures s’appliquent à
bains Froids, quoique plufieurs d’entre elles puif-
fient être employées à chaud ;. mais cela exigeroit
beaucoup trop de temps.; d’ailleurs la teinture froide
a fur les bois beaucoup plus de brillant..
Les ébénifies teignent n©n-feülement leurs bois
pour les plaquer & les employer à la place des bois
de couleur naturelle, mais encore ils fontufage de
ces mêmes teintures pour imprimer diverfes parties
de leurs ouvrages, lorfqu’elles font travaillées. Alors
ces teintures , comme le rouge de bréfil, le violet de
bois d’Inde, le noir s’emploient à chaud ; ce qu’il eft
aifé de faire , puifqu’il fuffit que la furfacè du bois
foit colorée.
Il faut bien obferver que les bois , pour recevoir
une couleur égale & parfaitement femblable, doivent
être de la mêméefpèce & d’une même denfité.
De la Refente des bois propres, à VEbénijlerie.
Comme la plupart des bois étrangers qu’on emploie
en ébénifterie font fort chers, on a intérêt de
les ménager ; c’eft pourquoi on a imaginé de refendre
ces bois par lames ou feuilles très-minces, qu’on
applique fur des bâtis faits avec du bois ordinaire.
U y a des ouvriers qui s’adonnent uniquement à
cet ouvrage & qui refendent non-feulement pour
les ébénifies, mais encore pour les luthiers & pour
tous ceux qui emploient du bois mince.
Ces ouvriers ou fcieurs font ordinairement payés
à la livre, c’eft-à-dire, à raifon de la pefanteur de la
pièce de bois qu’on leur apporte.
5 Le bois de placage fe refend à environ une ligne
d’épaiffeur au plus. On va même jufqu’à tirer dix
a onze feuilles d’un pouce d’épaiffeur ; mais c’eft
trop , parce qu’avant que le placage foit poli, il n’a
pas une demi-ligne d’épaiffeur qui fe trouve réduite
prefque à rien lorfque l’ouvrage efi fini.
Quand on veut débiter une pièce de bois pour
faire du placage, on commence par choifir le côté
le plus droit, & s’il eft pofîible le plus étroit, pour
y donner des coups de fcie & y faire les refentes,
afin d’approcher davantage de la rive du bois, &
d’avoir des feuilles d’une plus grande.largeur.
On met enfuite la pièce de bois dans la preffeà
fcier debout, & on la refend de l’épaiffeur qu’on
juge à propos.
La fcie propre à refendre le bois des Indes , qu’on
nomme fcie àpreffe, eft, comme nqus l’avons déjà
obfervé, compofée de deux montans, & a deux
traverfes ou fommiers dont les bouts failliflent &
font arrondis , pour que ceux qui s’en fervent puif'
fent la tenir aifément. La feuille de la fcie doit avoir
quatre pouces de largeur au moins , fur une petite
ligne d’épaiffeur au plus dans la denture, en
diminuant infenfiblement fur le derrière. Elle eft
arrêtée dans des chapes de fe r , dans lefquelles paf-
fent les. traverfes du châfîis. Il faut que les dents
de cette fcie foient parfaitement égales.en hauteur,
pour qu’elles prennent toutes également, & qu’elles
ne creufent pas dans l’épaiffeur du bois. Ces dents
doivent avoir cinq à fix lignes d’ouverture de l’une
à l’autre, & être difpofees de manière que leur
partie Inférieure fe préfente prefque de niveau.
Nous avons donné la defcription de la preffe à
fcier debout..
Quand on refend à la greffé,, on commence par
la rive de la pièce., afin que les premières lames
refendues ploient & facilitent le paffage de la fcie.
Les fcieurs à la preffe ne tracent pas la piece qu ils
veulent refendre, mais après avoir commencé le
bout avec la fcie ordinaire, ils continuent le refte à
la vue, ce qu’ils font très-habilement pour la plupart;
Inexpérience leur apprend à refendre les lames
non-feulement très-droites, mais encore parfaitement
égales d’épaiffeur entre elles.
Comme les ébénifies font beaucoup de petits ouvrages
délicats, ils ont des précautions à prendre
en les conftr'uifant, c ’eft pourquoi on a imaginé
une forme d'établi d’un ulage plus commode que
Rétabli ordinaire dont nous avons donné ci-devant
la defcription.
Cet établi fe nomme établi à VAllemande. Il eft
compofé, comme tous les autres, de quatre pieds,
d’un fond, & d’un deffus à l’extrémité duquel eft
placée une boîte à rappel, fervant à retenir les bois
en place fur l’établi, de telle longueur que foient les
pièces, fans avoir befoin de valet, ce qui fe fait par
le moyen de deux mentonnets ou crochets de fe r ,
dont un eft placé dans la'boîte, & l’autre dans
l’établi, & qu’on change de place félon qu’on le
juge à propos.
La boîte ou rappel qui fait la partie la plus effen-
tielle de cet établi, a quatorze ou quinze pouces
de longueur, fur trois pouces & demi de largeur,
ayant une épaiffeur égale à celle de l’établi qui eft
ordinairement de quatre pouces.
Cette boîte eft vide en dedans pour le paffage
de la vis & de fon écro.u, & eft compofée de quatre
pièces ou côtés, d’une tête, & d’une autre forte
pièce, au travers de laquelle paffe Je crochet de
fer ; cette pièce eft difpofée de manière qu’elle eft
entaillée au nud du deffous de l’établi, où elle paffe
en forme de queue d’environ huit à dix pouces de
longueur, & eft retenue en place par une"tringle
dans laquelle elle entre en entaille. Cette tringle
/ert à foutenir le deffous de la boîte à l’endroit du
crochet, & à foulager les languettes de la pièce
de derrière , qui, fans la queue de la pièce , fup-
porteroient feuls tout le poids de la boîte.
Les languettes de la pièce de derrière doivent
avoir peu de hauteur pour ménager la force de la
joue qui les retient, dont on augmente la folidité
par des vis à tête fraifée qu’on y place de diftance
en diftance.
La tête de la boîte eft affemblée dans la pièce de
deffus & dans celle du deffous à rainure & languette
, & y eft arrêtée avec des v is , ou du moins
des chevilles à colle. La pièce de deffus paffe en
entaille par deffus la principale pièce, & y eft pareillement
arrêtée , & celle de deffous y eft affem-
blée à tenon & mortaife.
La pièce de derrière eft attachée avec des vis fur
la tête de la boîte, & fur la principale pièce.
La pièce de devant qui fert de porte, s’attache
pareillement avec des vis qu’on n’arrête à demeure
que lorfqu’on a placé l’écrou.
La vis qui fert à faire mouvoir cette boite , fe fait
en fer, ainfi que fon écrou, ce qui eft le plus fo-
lide. Cependant, lorfqu’on veut é con om ife ron
fait la vis en bois & l’écrou en fer, garni de plomb
mêlé avec de l’antimoine.
Que la vis foit faite en bois ou en fe r , il eft
néceffaire qu’elle foit de toute la longueur de la
boîte, afin qu’elle porte également des bouts comme
du collet, qui alors eft moins fatigué, lorfqu’elle fait
preffion contre la boîte , & par conféquent cette
dernière contre l’établi.
Le collet de la vis doit être arrêté dans la tête de
la boîte , afin de la rappeller, c’eft-à-dire de l’ouvrir
; ce qui fe fait en obfervant une rainure d’environ
deux lignes de profondeur dans le collet, dans
laquelle on fait entrer deux clavettes de fer ou de
cuivre, ou même de bois très-dur, lefquelles arrêtent
la vis & la boîte d’une manière fixé.
Quand la vis eft de fer, on l’arrête de même;
huit à neuf lignes de diamètre lui fuffifent. Lorfqu’elle
eft en bois, il faut, pour qu’elle foit folide ,
qu’elle en ait au moins quinze.
Les écrous des vis en fer fe font à l’ordinaire , &
on y fait une queue longue d’environ fix pouces,
laquelle entre dans une mortaife pratiquée dans
l’épaiffeur de l’établi, avec lequel on l’arrête par
le moyen de deux boulons à vis qu’on éloigne l’un
de l’autre le plus qu’il eft pollible , afin que l’écrou
foit moins fujet à être ébranlé.
En faifant ces fortes' d’écrous, il eft bon d’y faire
deux épaulemens, l’un deflus & l’autre deflous,
lefquels fervent à retenir la boîte & à foulager les
rainures de la pièce de derrière.
Quand les vis font etï bois, les écrous fe font
de même que ceux ci-deftiis, du moins quant à
l’extérieur, & on les fait aflez gros pour que le trou
qu’on fait au milieu foit d’environ trois à quatre
lignes plus large que la grofièur de la vis. On évafe
ce trou des deux côtés, & on perce des trous des
quatre côtés de l’écrou, pour que la matière qu’on
y coifle, pour former l’écrou de la v is , y tienne
folidement.
L’écrou étant ainfi difpofé, on le p!acevdatis l’établi
, & on l’arrête avec fes boulons , en obfervant
que le trou de' l’écrou fe trouve bien jufte vis-à-vis
celui de la boîte. Enfuite ou prend un bout de vis
femblable à celle qui doit fervir, & on l’enduit à
environ une demi-ligne d’épaifleur, avec de la terre
à four très-fine , broyée avec de la colle, ce qui eft
néceflaire pour le jeu de la v is , & pour empêcher
que la chaleur de la matière ne brûle la vis.
Quand cet enduit eft fe c , on place la faufle vis
dans l’écrou, & on les enduit de terre au pourtour
pour empêcher que la matière ne fuie ; enfuite on
coule la matière entre l’écrou & la faufle v is , qu’on
retire lorfque la matière eft refroidie , & l’écrou fe
trouve fait. Cette matière , qui forme l’écrou proprement
d it, e ft, comme on l’a déjà obfervé , compofée
de plomb & d’antimoine, dont la quantité
en raifon du plomb eft comme un à deux.