
& hors la barre à la mer ; le calibre de ce tramai!
eft le même que l’ordonnance de 1681 permet pour
la dreige à la mer,? ainfi, c’eft un tramail fédentaire
qui a les hameaux de neuf pouces en carré, & la
toile , nappe ou rêt du milieu , de a i lignes en
carré.
Rets de bajjes-étalières
■ C’eft une forte de rets que les pêcheurs du
reffort de l’amirauté de Coutances, tendent à peu
près de la même manière que les,filets flottés dont
on fe fort dans les coudes ou les anfos , où la
marée montante apporte avec elle à la côte beaucoup
de varech, & où il n’eft pas poflible d’établir
des pêcheries toutes montées fur piquets. Les pécheurs
de Briqueville tendent leurs étalières en
demi-cercle, enfouiffant le pied du filet, comme
on le pratique au rets flottés , afin que le rets prête
& s’abaiffe à mefure que le varech paffe deflùs , &
pour empêcher que les herbes n’affujettiffent le
filet, en enfablant ou chargeant de varech les ra-
bans qui en tiennent la tête ; outre quelques flottes
de liège, les pêcheurs mettent dans le milieu de
leur tente deux.à trois piquets, hauts de dix pouces
environ ; ils fervent à contenir les rabans , & à faire
ouvrir plus facilement l’étalière au reflux, car l’éta-
lière ne prend rien que de marée baiffante.
Etentes , étates, palis, cibaudière.
C ’eft une forte de rets ou filets : les rets de hauts-
parcs , dans le reffort de l’amirauté du bourg d’Ault,
qui font les étentes, étates ou palis pour la pêche
du poiffori paffager , font conformes au calibre
prefcrit par l’ordonnance de 1681. Les pièces qui
ont vingt, trente, quarante, cinquante braffes, ont
une -brade ou une braffe & demie de chûte ; ces
filets font pour lors montés fur une haute perche,
bout à terre, bout à la mer. On les tend encore en
demi-cercle.
Les pêcheurs qui font voifins de l’embouchure de
la rivière de Breft, où les truites & les faumons entrent
volontiers , en font auffi la pêche avec ces
filets : ils font pour lors tendus de la même manière
que les rets traverfières de la côte de baffes-
Normandie. Les pêcheurs plantent leurs petites'per-
ches ou piochons en droite ligne, bout à terre, bout
à la mer, ainfi que dans les hauts-parcs ; mais ils
forment à l’extrémité un rond où ces poifforis s’arrêtent.
Cette forte de pêcherie peut alors être regardée
comme une efpèce de parc de perches & de
filets, n’y- ayant aucunes claies ni pierres par le
pied pour le garnir.
La faux.
’ La faux eft un infiniment compofé de trois ou.
quatre haims ou hameçons, qui font joints enfemble
par les branches , & entre lefquels eft un petit fau-
mon d’étain, & de la forme à peu près d’un hareng.
Quand le pêcheur fe trouve dans un lieu où les
ipor-ues abondent, & qu’il voit qu’elles fe refùfent
à la boite ou a l’appât dont les haims font amorcés ,'il
fe fert alors de la faux. Les poiffons trompés prennent
pour un hareng le petit lingot d’étain argenté
& brillant, s’empreffent à le mordre ; le pêcheur
agitant continuellent fa faux, attrappe les morues
par où le hazard les fait accrocher. L’abus de cette
pêche eft fenfible ; car il eft évident que pour un
poiffon qu’on prend de cette manière, on en bleffe
un grand nombre.
Il y aune efpèce de chauffe ou ver veux qu’on appelle
faux ; elle eft compofée de cerceaux affemblés
& formant une efpèce de demi-ellipfe ; les bouts en
font contenus par une corde qui fert de traverfe :
autour de ce cordon eft attaché un fac de rets, ou
une chauffe de huit à dix pieds de long, à la volonté
des pêcheurs. Lorfque la faux eft montée, elle a
environ cinq pieds de hauteur dans le milieu , fur
huit, d ix , douze pieds de longueur. Il faut être
deux pêcheurs : chacun prend un bout de la faux,
& en préfente l’ouverture à la marée montante ou
defcendante, au courant d’une rivière ; & le mouvement
du poiffon, lorfqu’il a touché le filet, les
avertit de les relevef.
Feintes ou alofères, vergues, ver gueux ou rets verguans,
cahuyautiers.
C’eft une forte de filet propre à prendre des
I alofes ; ce qui lèur a-fait donner aufli le nom à!alofères
: en voici la defcription.
Ce filet, qui eft travaillé, eft femblable à ceux
dont on fait la dreige & fabriqué de même, à cette
différence près, qu’il court trois cordes le long du
filet ; celle de la tête , que les pêcheurs nomment
la corde du liège ; celle du milieu, qu’ils nomment
la corde du parmi ; & celle du pied, qu’ils appellent
la corde du plomb, parce qu’elle en eft garnie, comme
les tramaux de la dreige ; elle fépare la nappe & les
tramaux en deux. La corde du parmi, qui ne fe
trouve point dans les filets de mer, fert à mieux
foutenir le filet, dont la nappe eft formée d’un fil
très-fin, & que les alofes, les faumons & autres
gros poiffons creveroient aifément fans cette précaution.
Pour faire cette pêche on jette le filet dans l’eau,
après avoir mis une bouée au bout forain. Il y a
dans chaque bateau quatre hommes d’équipage ,
deux qui rament, un qui gouverne, & un quatrième
qui pare ou tend le filet, dont la pofition
eft en travers de la rivière, pour que le poiffon
qui s’abandonne au courant. de l’eau, puiffé s’y
prendre.
Lesalofières ont les mailles deshamaux, qui font
les deux rets extérieurs du tramail, de huit pouces
en carré. La toile, nappe ou flue a les mailles de
deux pouces quatre lignes en carré. Ces fils ne
font pas chargés de beaucoup de plomb par bas ;
enforte qu’étant considérés comme une dreige, ils
ne caufent point fur le fond de la rivière le même
défordre que la dreige dans la mer, puifqu’ils ne
I font prefque que rouler fur le fable.
Des trubles, chaudières, favonneau, &c*
Le terme de truble eft, en quelque façon, générique
: il fignifie un filet en poche, dont l’embouchure
eft attachée à un cercle de bois ou de fer qui
porte un manche. Mais il y en a de différentes grandeurs
, & leur forme varie plus ou moins ; ce qui
peut avoir engagé à leur donner différens noms.
Les grands trubles , que quelques-uns nômment
maniolïss, font formés d’un cercle de bois qui eft
traverfé par une perche , laquelle en forme le
manche. I
On fait des trubles moins grands , dont le cercle
eft de fer.; en ce cas , il y a à la circonférence du I
cercle une douille qui reçoit un manche de bois.
La plupart des trubles font ronds. Cependant,
on en fait de carrés qui font plus commodes pour
prendre le poiffon qu’on a renfermé dans des
huches, boutiques, bafcules , &c. parce qu’à caufe
de leur forme carrée, ils s’appliquent mieux fur les
planches qui forment le fond de ces fortes de ré-
fervoirs.
A l’égard du filet, on fait la poche plus ou moins
grande, & les mailles de différentes ouvertures , fui-
vant l’ufage qu’on fe propofe d’en faire.
A l’île de R é , les femmes & les filles pêchent
entre les roches & dans les herbiers, dé groffes
chevrettes avec une efpèce de truble qu'elles nomment
treuille ou trulot. Cet inftrument eft formé
d’une longue perche', au bout de laquelle eft af-
femblée à un tenon une traverfe de bois , & à en- ;
viron un pied de diftance une autre traverfe qui lui
eft parallèle. On attache un bout de1 filet à ces tra- ,
ve.rfes qui pour cela font percés de trous.. Les maillés j
n’ont que deux ou trois lignes d’ouverture, . & font
faites avec de la ficelle. Les femmes pouffent cette
efpèce de truble devant elles, dans les roches & le
gouémon lorfque la mer eft baffe.
En plufieurs endroits, les femmes fe fervent de,
tamis de crin , ajuftés au bout d’une perche qui fert
de manche. Ces tamis font l’office de trubles.
L’inftrument qu’on nomme chaudière, chaudérette,
cauderette, caudelette, favonneau, tous noms adoptés
dans différens ports, eft auffi, à proprement parler,
un truble fans manche, qui eft fufpendu par des :
cordes & qui à peu de fond. On diftingue de petites
chaudrettes & de grandes.
Du bout eux.
Ce filet eft, à proprement parler, une forte de
grand truble, puisqu’il eft formé d’un filet en poche,
. dont l’ouverture eft tenue ouverte par une monture
de plufieurs morceaux de bois, & qu’il a un manche
avec lequel on le manie.
La monture de ce filet eft donc formée par une
perche d,e fept à huit pieds de longueur, plus ou
moins, fuivant la grandeur du bouteux. A fon
extrémité eft fermement affemblée une traverfe ,
qui forme avec la perche comme un T . La pièce eft
-taillée en champfrain, & fait une efpèce de taillant
pour mieux gratter le fable. Aux deux bouts de
cette traverfe font attachées deux gaules menues
& pliantes, qu’on nomme volets ; on les plie èc
lie l’une à l’autre , pour former, par-leur réunion ,
une portion d’ellipfe qui eft attachée fur la perche.
Les bords du filet qui forme un fac , font arrêtés
tant à la pièce qu’aux volets.
Les mailles du fond de ce filet ont au plus quatre
à cinq lignes en carré ; mais celles des bords font
plus grandes. La profondeur de la poche eft plus ou
moins grande ; elle eft fouvent de quatre ou cinq
pieds : mais il faut tenir la perche d’autant plus
longue , que la poche a plus de profondeur, afin
que le pêcheur; ne marche pas deflùs. Les chauffes
profondes ont l’avantage de mieux retenir le poiffon;
mais elles font fujettes à fe tordre dans l’eau :
alors elles font prefque dans le même cas que fi
elles é.toient fort courtes , & il eft difficile d’e,n
tirer le poiffon. Quand elles ont peu de profondeur
, on y prend le poiffon en y fourrant le bras ;.
mais lorfqu’elles font longues, il en faut jeter une
partie fur le bras gauche, tk, prendre le poiffon avec
la main droite.
On donne différentes formes aux bouteux. Quelques
uns , pour que la. traverfe foit affujettie plus
folidenient au bout de la perche , la terminent par
une petite fourche, & chaque branche de la fourche
entre dans la traverfe.
Il y a des bouteux dont la fourche a des bras
affez longs, pour s’affembler aux extrémités de la
traverfe, & les gaulettes ou volets s’attachent à,
l’origine des branches .de la fourche. Le foui avantagé
qu’on apperçoive à cet ajuftement, eft qu’au
milieu de la traverfe , il n’y a point de morceau de
bois qui puiffe. arrêter les herbes, lefquelles ferme-
i roient en partie l’entrée du filet. A d’autres bouteux
, il n’y a point de cercle formé par les gau- ,
lettes, & le filet eft monté fur les bras de la fourche-
Ordinairement ces bouteux font moins grands que
ceux dont nous avons parlé d’abord : leur filet
forme un fac affez profond , & ils fervent principalement
à prendre des chevrettes.
Le petit bouteux, qu’on nomme volontiers bou-
quetout dans l’amirauté de Coutance , & buhoticr
dans celle de Bayeux, fert aufli pour prendre des
chevrettes , à des jeunes gens qui n’auroient pas la
force de manier les grands bouteux.
On en fait encore de plus petits , qu’en certains-
endroits on nomme buchots..
Nous avons dit que-, quand la chauffe des bouteux
étoit fort longue , elle étoit fujette à fe replier
ou à fe tordre fur elle-même : c’eft ce qui a engagé-
quelques pêcheurs à- mettre dans cette poche de
petits cercles de bois, pour foutenir le filet & l’empêcher
de s’affaiffer fur lui - même. Ces bouteux-
qu’on appelle à queue de verveux, donnent beaucoup
de facilité au poiffon pour entrer dans la chauffe „
mais n.e font guère propres à être traînés fur le fable
les parties du filet qui répondent aux cerceaux étant-
bientôt ufées par le frottement. Ces fortes de boufr