
tin&ion , qui r écrivant peu, peuvent fe difpenfer
.de pol'er le corps fur le bras gauche.
' Sur la repréfentation d'une main qui tient la plume.
Comme la main eft repréfentée dans le bas de
$a planche troifième , ainfi que je l’avois promis
ci-devant, il eft jufte d’expliquer ce que l’on entend
par les numéros qui l’environnent. Cette double
inftruétion, quoique peu étendue , fera mieux
comprendre la vraie manière de tenir la plume.
Le chiffre i fait voir l’extrémité du doigt major
fjui fondent la plume à côté de l’ongle & au. milieu
de fa grande ouverture. •
Le 2 expofe le pouce qui la conduit & la fou-
rient entre la première jointure du doigt index &
l’extrémité du même doigt.
Par en haut on voit, au nombre r , que la plume
pafle en dehors, & entre la deuxieme & troifième
jointures du doigt index.
Les chiffres 4 & 5 font connoître les doigts annulaire
& auriculaire , qui s’éloignent du doigt
jnajor un peu en deffous pour venir en avant, &
pofentjégérement fur le papier.
Le 6 fait voir le poignet pofant très-foiblement
fur le papier, quoique la main s’y foutienne en
partie.
Le 7 exprime le jour qui doit fe trouver fous la
niain', & entre le poignet & les deux doigts annulaire
& auriculaire.
Le 8 annonce l’extréînité du doigt index qui
couvre la plume dans toute fa longueur.
Le 9 enfin marque le bec de plume fur lequel
porte tout le poids de la main.
Pour accompagner la main dont je viens de parler
, on a ajouté trois inftrumens convenables à
l’art d’écrire. Le premier, défigné par la lettre C ,
repréfente le canif ordinaire ; le D , le canif fermant
; & la lettre E , le grattoir.
Sur la flexion & Yextenfion des doigts.
La flexion & l’extenfion font pofitivement les
deux facultés des doigts , qui font la bafe de l’écriture
; e’eft de leur agilité, de leur foupleffe, qu’elle
.emprunte fa beauté & fon élégance. J’ai confulté
la nature pour en connoître la véritable fource.
Sans recourir à des obfervations anatomiques ,
l’expérience , d’accord avec la raifon, m’a fait re-
connoître une liqueur onélueufe appellée, par les
anatomiftes, fynoviale, qui, fe filtrant par des glandes
qui portent fon nom, arrofe, pénètre, hume&e
les ligamens, les nerfs, & leur donne le je u , le
reffort que demande l’articulation la plus facile &
la plus complette. Si cette liqueur pénètre avec
trop d’abondance , elle amollit, dilate les nerfs ;
de-là naiffent les tremblemens & les foibleffes. S i,
au contraire, elle pafle avec trop de lenteur, ce
qui peut arrivèr par l’âge ou par un vice caché ou
apparent, elle deffèche, appauvrit les nerfs ; de-là
l’irritation, la pénible contrainte dans le mouvement
des doigts. Il faut donc, pour que la majn
foit adaptée (pour parler le langage de l’art) à
l’écriture, que cette fubftance on&ueufe ne coule
qu’autant qu’il en faut pour que la flexion & Pex,
tenfion foient libres. En partant d’un tel principe •
qui me paroît clair & convaincant, il ne faut pas
s’étonner fi les mains, foit dures ou foibles, 'fe corrigent
à la longue. Dans le premier cas , il faut
faire des flexions & extenfions longues & fréquentes
fans trop ferrer la plume ; la raifon en eft qu’en
facilitant le cours de la liqueur fynoviale , elle rendra
le mouvement des doigts .plus libre & plus
régulier. Dans le fécond cas, on doit appuyer
ferrer davantage la plume, parce que la flexion
étant plus roide & moins précipitée , la liqueur
coule avec moins de vitefle, & laiffe aux nerfs
une force , une confiftance plus ménagée , par
conféquent plus analogue à l’écriture.
P L A N C H E I V .
Sur la taille de la plume.
Si la pofition du corps & la tenue de la plume
font les premières chofes auxquelles on doive s’attacher
lorfque l’on veut parvenir à une écriture
aifée & méthodique , il en eft encore une qui n’eft
pas moins importante. C ’eft celle de bien tailler
la plume. Tout ce que j’ai à dire fur ce fujet fe
réduit à trois articles : fur ,1a manière de tenir la
plume & le canif pour la tailler ; fur les ; coupes
différentes par où elle pafle avant d’arriver à fa
taille parfaite ; enfin fur les proportions qu’elle doit
avoir lorfqu’elle eft taillée.
Sur la maniéré de tenir la plume & le canif.
La plume fe tient par les trois premiers doigts
de la main gauche, & le canif fe trouve dans la
"main droite. Il n’eft guère poflible d’expliquer la
pofition de l’un & l’autre inftrument ; il faut fe
conformer à ce que la quatrième planche expofe
à la vue. On obfervera pourtant que la plume doit
être droite vis-à-vis le corps pour commencer fà
taille ; que les doigts index & major de la main
gauche la foutiennent par deffous , pendant que le-
pouce en deffùs lui fait faire tous les viremens que-
fa taille exige. La lame du canif déborde la main
droite, pour pouvoir couper la plume qui pofe fur
le pouce droit. Le canif ne fe meut que par les
quatre derniers doigts de la main droite, fp l enveloppe
le manche. .
Sur les coupes différentes de la plume.
Comme la taille de la plume renferme des termes
qui lui font propres , il eft néceffaire, pour l’intelligence
de toutes fes coupes, de les connoître,
même fur la plume. La figure A , qui repréfente
une plume fur le côté , les démontre. Le chiffre 1
fait voir le côté du ventre ; le 2 , le côté du dos ;
le 3 , -le commencement de la grande ouverture;
le 4 , la carne du pouce ; le 5 , là carne des doigts;
le d , la fente & l’extrémité du bec ; le 7 , l’angle
du pouce; & le 8 , l’angle des doigts. Inftruitpar
ces légères notions , il eft d’ufage , avant de tailler
la plume, de la redreffer lorfqu’elle n’eft pas droite ;
après cela, on commence par couper obliquement
un peu du bout de la plume du côté du ventre,.
en tirant devant foi ; on en fait autant du côté du
dos : ces deux premiers degrés de la coupe fe
voient aux figures B & C. Ils fervent à la préparer
pour recevoir la fente. Cette fente , qui fe fait
du côté du dos, eft le canal par où s’écoule l’encre;
elle fe commence avec le tranchant du canif
que l’on foulève un peu dans le tuyau, & elle fe
continue avec le bout du manche du même canif
que l’on foulève aulfi pour alonger cette fente,
ayant foin de mettre le pouce gauche à l’endroit
où l’on veut l’arrêter. La figure D exprime cette
fente. Enfuite on retourne la plume, & on lui fait
une grande ouverture fur le ventre , ainfi qu’on
le voit à la figure E. Ces préparations données,.
il faut mettre la plume fur le côté droit pour l’évi-
der fur la gauche, en formant la carne du pouce
au deffus de la fente, en arrondiffant & en fe rapprochant
de la même fente , comme les lettres F
& G le font voir pour les deux côtés. Quand la
plume fe trouve dans cette dernière pofition, on
en met une autre en dedans pour produire le bec.
Ce bec fe fait en commençant de diminuer un peu
en deffus du tuyau, & un peu aufli du côté du
pouce, & en plaçant enfuite le canif fur le tranchant
à l’endroit où l’on veut couper. Ce dernier
coup, que les maîtres de l’art appellent le ta6l,
doit être fait fubitement, en balançant la lame de
droite à g a u c h e & en la renverfant un peu fur
le devant, ayant foin , en même temps, que le
manche foit tiré du côté du coude plus ou moins ,
fuivant l’oblique que l’on veut donner à la plume.
La figure H expofe cette manoeuvre , & la figure I
la repréfente dans fa taille finie. Règle générale en
toute écriture, l’angle du pouce eft un peu plus
long & plus large que celui des doigts.
Sur les proportions d'une plume taillée.-
Une plume pour être fuivie ftri&èment dans toutes
fes coupes, peut bien ne pas avoir fes juftes proportions.
La grande ouverture peut être trop grande
ou trop petite , le bec trop long ou trop court, la
fente trop petite ou trop longue. Pour obvier à ces
inconvéniens, il faut confidérer la plume dans la
planche entre les quatre lignes horizontales A, B,
partagée en trois parties égales. La première depuis
1 extrémité 1 du bec de la plume jufqu’aux carnes ;
1 depuis les carnes jufqu’au milieu 3 de la grande
ouverture ; & depuis ce milieu jufqu’au 4 où commence
cette grande ouverture. Ces règles donnent
^ ’en pas douter, de la grâce à la plume, mais
pas toujours de la bonté.. Si l’angle des doigts eft
plus long & plus large que celui du pouce ,1a plume
jettera l’encre fur les revers ;. fi les carnes font trop
courtes & trop fermées, l’encre coulera avec précipitation
>r fi la fente, eft trop longue> pour une
main pefante, les caraftères feront écrafèes; fila
plume eft trop dégarnie en deffus avant le taél,,
elle ne pourra écrire long-temps à caufe de la foiy
kleffe de fon bec ; fi fon tuyau eft trop épais du:
cote de l’angle du pouce qui produit les liaifons,,
ces mêmes liaifons deviendront trop greffes; mais
il eft aifé de remédier à ces défauts, & l’on fent
affez ce qu’il faut faire. Il ne refte plus qu’un mot
a dire fur la plume, dont les carnes doivent être
plus cavées fi l’on écrit la ronde, & fon bec plus-
oblique ; la bâtarde moins que la ronde, & un bec:
moins oblique ; la coulée autant que la bâtarde,,
mais une fente plus longue. On peut confulter
au furplus les trois figures C, D, E, où l’on trouvera
la définition des règles que je viens de preG
crire. Si je n’ai rien dit de plus pofitif fur la fente
qui doit être faite avec la plus grande netteté, c’eft
qu’elle dépend entièrement de k main. Une main
légère a befoin d’une fente plus grande qu’une
lourde. A l’égard de la plume , pour expédier je-'
renvoie à l’explication de la douzième planche.
Sur l'utilité de J,avoir tailler la plume.-
On néglige trop en généralla taille delà plume^,
que l’on regarde coiiime une chofe peu effentielle ;*
quoiqu’elle contribue beaucoup à la netteté & à
la forme de l’écriture. Il eft certain d’après l’expé--
rience que j’en a i , qu’une perfonne qui taille fà-
plume pour elle - même , écrit mieux que fi cette:
plume eût été taillée par une main étrangère. La:
raifon c’eft qu’elle la taille fuiyant fa main, dont
elle connoît la pofition, & félon le degré dé grof-
feur qu’elle veut donner à fon écriture: une autre
plume fouvent ne produit pas le même effetparce
qu’elle fe.trouve ou plus ou moins oblique, ou
plus ou moins groffe, ou enfin plus ou moins fendue
, ce qu’il eft facile de reçonnoître aux caractères
qu’elle trace , pour peu qu’on veuille y faire
attention. Je conclus d’après cela qu’il faut s!atta--
cher à la taille de fa plume , en obfervant que pour
une main renverfee en-dehors , elle doit être plus
obliqué; droite ou à peu de chofe près , pour une
autre qui n’incline d’aqcun côté,; & fur l’oblique:
des doitgs , pour une main renverfée en-dedans.-
Telles font les règles fur la taille de la plume etr
général ( il eft des cas où il faut s’en écarter ) ; mais-
toujours eft-il qu’on tirera plus de fervice d’une
plume fendue que d’une autre qui ne le feroit pas-
affez , excepté les mains foibles ,ou tremblantes ,,
qui, étant forcées d’y prendre un point d’appui,
doivent néceffairement faire à leur plume une fente
plus courte pour lui donner plus de confiftance.-
P L A N C H E V..
Des Jîtuations' de la plumè!--
La première connoiffance à. acquérir après îà;-
tenue de là plume, eft celle de fes différentes fitua- -
tions ' pour toutes les écritures. Elle eft d’autant'
plus neceffaire,. que fans elle il eft impofllble