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une flexibilité plus égale : c’eft alors qu’on les racle
les unes après les autres, pour enlever l’épiderme
qui les recouvre fur les deux côtés'qui n’ont pas
été tranchés par le couteau : cette opération approprie
les brins, en rendant les deux faces raclées
aufli unies & aufli nettes que les faces coupées.
Les raclures fe vendent -à Limoges pour garnir les
couchettes des enfans.
■ On coupe avec un hâchoire la pointe de tous les
brins qui porte un refte de barbes, & qui ne peut
être d’aucune utilité?.
G’eft après toutes ces opérations que fe fait le
triage des brins, pour en former des paquets : le
choix dans ce triage fe fait d’après la longueur,
l’épaiftèur, la force & le poids dès brins.
On diftingùe les brins du dos du fanon, du
milieu & du ventre ; ceux du dos font d’un tifîù
complète & ferme, mais ont moins de foupleffe
que ceux du milieu & ceux du ventre. 1
Les brins tirés des fanons qui viennent des pêches
du Nord , ne fe confondent point avec ceux que
fournit la coupe des fanons du Brefil, toutes chofes
d ailleurs égalés.: on fépare de même les brins tirés
des fandns des groffes baleines & des fardes.
Il y a des brins de trois aunes & trois aunes &
demie de longueur ; mais on n’en coupe plus guère
F A N
de cétte longueur, parce que les femmes ne portent
plus guère ae grands paniers.
La longueur ordinaire eft celle d’une aune ; en-
fuite viennent les brins qui n’bnt que deux tiers •
& puis les petits bouts d’un tiers, qu’on nomme
afP erSes*t ;
Lés brins coupés des gros fanons, fervent à faire
des paniers , à monter des parapluies, & à des ouvrages
qui demandent plus de confiftance que de fou-
plelfe. Les petits fanons donnent des brins employés
à des ouvrages qui ne demandent que peu de nerf
& beaucoup de foupleffe.
La baleine, ou lés brins de baleine ,* fe vendent
à là livre, fuivant un tarif particulier.
Les brins d’une aune fe vendent plus , à poids,
égal que ceux de deux tiers, & ceux-ci plus que ceux
d’un tiers. Ces trois fortes fe Vendent dans la proportion
de 6 à 4 & à i.
On coupe la baleine à Paris , à Limoges & à
Rouen. En 17 7 1 , je vis les principaux procédés
de ce petit art à Limoges , chez MM. Ardent,
Petiniaud & Grelet, qui font un commerce cor-
fidérable de baleine ; & M. Bénard , rue de l’Ar-
brefec à Paris, a eu la complaifance de me montrer,
en 1783 , la fuite de toutes les opérations qui s’exécutent
dans fon atelier, avec autant de foin que
d’adreffe.
F A Y E N C E
O N entend par fayence ou fayencerie les ouvrages
faits en terre cuite couverte d’émail, tels que
des plats, afliettes, pots , écuelles , faladiers, jattes
, fontaines, &c. enfin toutes fortes de poteries
fines.
La fayence tire fon origine & fon nom même de
faença , ville d’Italie dans la Romagne , ou la
fayence fut inventée.
Il y a de ces premières fayences d’Italie, devenues
très-précieufes par les ornemens qui les en-
richiffent. On voit dans quelques cabinets de cu-
riofités , de beaux vafes de fayence peints par Raphaël
, par Jules Romain, & autres peintres célèbres.
On raconte qu’un Italien, qui avoit accompagné
en France un, duc de Nivernois, apperçut en fe
promenant aux environs de Nevers, la terre de l’ef-
pèce dont fe faifoit la fayence en Italie. Il la prépara
, & fit conftruire un petit four où fut fabriquée
la première fayence de France.
On eft allé dans la fuite fort au-delà de ces premiers
effais; & il y a préfentement dans le royaume
de belles manufacturés établies à Nevers, à Rouen,
à St. Cloud, à Saulx du Maine, à Poifly, &c.
La fayence de Hollande, fur-tout celle de Deift,
eft recherchée pour la fineffe dé fa terre & de fa
couverte.
R I E . ( Art de la )
11 vient aufli de belles fayences d’Angleterre &
d’autres endroits , l’art de la fayencerie étant devenu
commun à prefque tous lès pays.
Deux efpèces de fayence.
Il faut diftinguer deux efpèces de fayence.
L’une eft une poterie fine de terre cuite, recouverte
d’un enduit d’émail blanc qui lui donne le
coup-d’oeil & la propreté de la porcelaine, & qui
fert aux mêmes ufages , mais fans pouvoir aller
fur le feu.
L’autre eft une fayence plus commune, fur laquelle
on ne met pas un émail aufli blanc que fur
la première , parce qu’elle eft faite pour aller fur le
feu, comme les poteries de terre verniffées , qu’elle
peut remplacer avec avantage, étant infiniment
plus propre & plus agréable au coup-d’oeil.
De la terne propre à la fayencerie.
La terre propre à la fayencerie, eft une efpèce de
terre gïaffe, compa&e & pefante, qu’on trouve dans
beaucoup de pays , & dont la couleur eft d’un gros
vert oja b’eu , tirant fur le jaune.
La bonne qualité de cette terre eft d’être très-fine,
de s’amollir & même de fe diffoudre dans l’eau 2
F A Y
&e faire corps & de s’endurcir au four, au point de
fcite feu contre l’acier.
Celle qui tient le milieu entre la glaife & I argile
eft la meilleure , étant compofèe des deux efpeces,
plus ou moins , à proportion qu’elle s’approche de
fune on dé l’autre.
On choifit, quand on le peut> les argiles liantes,
OU celles qui contiennent le moins de parties ferrugl
Les belles fayences fe font même avec des argiles
blanches. , - ,
Au défaut de l’argile, on mêle du fable fin , dont
la quantité doit varier félon que la glaife eft plus ou
moins grafle, l’argile en étant elle-même compofèe ;
ce qui eft très-effentiel pour empêcher la fayence
de fe fendre. ■
Il y aune efpèce de terre de couleur brune, beaucoup
moins grafle que la précédente, compofèe
moitié de glaife & moitié d’argile , ou d’un tiers de
fable fin, dont les ouvrages qui en font faits ré-
fiftent parfaitementau feu.
Les difFérens mélanges de cette terre demandent
beaucoup de précaution. Il faut çonfidérer attentivement
la nature de la glaife y melér le fable ou
l’argile, à proportion quelle eft plus ou moins •
grafle ; obfervant aufli de ne pas rendre le mélangé
trop liquide pendant .la diflolution, d’autant que le
fable étant plus pefant, fe dépoferoit plus promptement,
& , fe féparant de la terre, ne feroit plus
corps avec elle.
Opérations de tremper, de mélanger, de pajfer , de ,
fouler & d’empiler la terre.
La terre choifie eft apportée des lieux d’où on
la tire. On la met tremper avec de l’eau dans un
baffm fait exprès en terre. (Voyez a , vignette de la
pl. I de la fayencerie , tom. I I des gravures ).
Le baffin ou foffé eft ordinairement près d’un puits
b , pour éviter le tranfport de l’eau.
Ce baflin peut être d’environ cinq a fix pieds de
profondeur , d’une grandeur proportionnée à la
quantité d’ouvrages que l’on a à faire : les cotés font
garnis de planches , & le fond en eft ordinairement
pavé en briques , tuiles , carreaux ou pierres.
Quand la terre a été humeâée pendant plufieurs
jours, on la délaye avec des pelles & bêches ou bâ-
tons ,fig. 1 y 2 Ô» y de la pl. I I I -
Enfuite un .ouvrier enlève l’eau avec le fecours
d’un feau fiché au bout d’une perche , fig- 8 ,
même Pl. Verfant à mefure dans un tamis de crin
ou de foie., dont la fineffe dépend de celle de la
faïence ; il eft tenu & remué à mefure par un autre
ouvrier 9fig. y,6» 6 même pl.
L’eau chargée de terre traverfe le tamis , laiffe
après elle le pins greffier de la terre, & vafe joindre
par des rigoles dans des baflins très-grands & étendus
, d’environ trois à quatre pieds de profondeur,
foit çreufés en terre comme en ç c de la vignette,
pl./ , foit comme en d d , pofés deflùs terre , bordes
dais ou planches retenus & arrêtés à des pieux. Le
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fond de ces baflins hors de terre, eft également pavé
en briques , tuiles, carreaux ou pierres.
On peut encore tranfporter la terre par féaux,
fig. 7 de la pl. I I I , pour la dèpofer dans des baq
u e t s ,^ . S , ou poinçons remplis d’eau , fig-9 -
On fait le mélange des efpèces en quantité raisonnable
; on l’y délaye enfuite avec des rames, infiniment
femblable à celui des bateliers ,fig- 3 »
puis on verfe le tout dans le tamis , & le plus fin fe
répand dans les baflins.
Il eft beaucoup mieux de pafier la terre fepare-
ment dans les vaiffeaux, faire enfuite le mélange,
& jeter le tout enfemble dans les baflins. J
L’eau chargée de terre ayant féjourne quelques
jours , fe décharge ; & tandis que la terre fe dépote
au fond des baflins, l’eau qui refle a.u-deffus devient
claire, s’évapore , ou fe décharge dans les terres ,
ou mieux encore par des canaux "D'D t fig- »P^
I I I , pratiqués fur les bords des baflins , au-deffus
de l’endroit ©ù doit fe faire le dépôt.
On ouvre ces canaux par le moyen d’une petite
vanneË E. L’èau s’écoule, la terre refte, & fe sèche
alors plus promptement. .
La terre étant devenue molle à peu près comme
la boue, on l’enlève avec la palette, fig - y 0, pl. III,
& lé bâton 'yfigi n.
On la met dans des terrines à plat, fig-12 9 oC
autres vaiffeaux défe&uepx & de rebut , apres y
avoir répandu un peu de fable au fond, pour 1 empêcher
de s’y attacher.
On arrange ces vaiffeaux à mefure autour des
baflins & lorfqu’il y en a une certaine quantité ,
on les laifle ainfi fécher à l’air les beaux, jours, ou
dans l’atelier, fur des planches pofees dans des
cafés ou rayons faits , exprès. Voyez la vignette de
la pl. II. '
Lorfqu’on eft en hiver, on range ces vaiileaux
chargés de terre autour d’un four pu d’un poêle,
afin d’en faire évaporer promptement l’humidite.
Quand la terre eft bien féchée, on la tranfporte,
ou on l’étend fur une furface plane & bien unie,
f ig . b de la vignette , p t . I I , pour [a. fouler aux pieds
à différentes reprifes, jufqu’à ce qu’elle foit bien
liânté.
Enfuite on la met en maffe plate , d’environ un
pied cube, qu’on met en pile, fig. c c même vignette,
pouf s’en fervir au befoin, ou deux ou trois mois
après, s’il eft poflible; ce qui la rend encore infiniment
meilleure.
Manières de fabriquer les ouvrages avant de les
mettre au four.
Les ouvrages fe divifenten deux efpèces ; les uns
font tournâmes , & les autres moulés.
Les premiers étant ronds, fe font fur le tour; les
autres étant ovales , demi - ovales , barrelongs ,
guillochés , échancrés , triangulaires , à pans , &
de toutes fortes de formes, ainfi que les figures,
vafes & autres ornemens à l’ufage des poêles &
autres chofes Semblables , ne pouvant être mis fur
c