
auparavant dans de l’eau de chaux v iv e , & qui
foient bien nettes. Mettez-les dans un matras, par
deffus l’eau teinte ; que, le matras (bit pofé fur le
fable à petit feu jufqu’à ce que l’eau s’évapore entièrement.
Alors remettez de pareille eau; faites
encore évaporer, & recommencez jufqu’à ce que
toute la rapure d’os foit réduite en pâte molle, laquelle
vous pourrez alors mettre en tel moule qu’il
vous plaira , l’ÿ laiffant tout un jour pour bien
prendre la forme que l’on fouhaite. qu’elle ait ; &
pour là raffermir , on la fera bouillir dans de l'eau
d’alun & de falpêtre, puis dans l’huile de noix.
Ces os , ainfi amollis , prendront la forme des
moules avec une facilité fingulière.
Noir, d’ivoire.
On tire, par la combuftion de l’ivoire , un noir
eftimé; on broie cet ivoire calciné à l’eau, & on
en fait de petits pains plats , & des trochifques dont
les. peintres fe fervent.
Pour colo'rer VIvoire & les Os en beau» rouge. \
Prenez de la bourre d’écarlate, que vous ferez
bouillir dans de l’eau claire avec de la cendre gra-
velée pour en tirer la teinture, puis avec un peu
d’alun de roche pour la clarifier. Enfuite,. paffez
cette teinture par. un linge, & vous eri teindrez
Fivoire & les os en les frottant d’eau forte, & incontinent
de cette teinture.
De ta Nacre.
On a donné ce nom à la fubftance de certains
'coquillages , qui efi blanche & orientée comme les
perles.
On nomme auffi nacre de perte, ou Amplement
nacre , la coquille d’une efpèce d’huitre dans laquelle
fe forment les perles. Les habitans du Bengale
appellent cette coquille chanquo, & s’en fervent
principalement pour faire des braffelets pour
les femmes.
Ces huitres font trois ou quatre fois plus greffes
que les huitres ordinaires. La nacre efi pefante &
très-dure ; fon extérieur efi d’un gris rouffâtre &
tout ridé ; mais les premières feuilles extérieures
de cette coquille upe fois enlevées, (ce qui peut
fe faire par le moyen de l’eau forte, ou du tour-
ret d’un lapidaire , ou tout Amplement du frottement
d’une meule à l ’eau ) elle paroît auffi belle
qu’en dedans où fa couleur eft d’un beau blanc argentin
, très-luifant,- lequel efi mêlé des plus belles
couleurs de l’iris ou arc-en-ciel ; de- manière
qu’on y voit tout à la fois des teintes de jaune,
de rouge , de violet, de bleu & de verd, lefquel-
les changent inceffamment félon qu’on regarde la
nacre en différens fens, ce qui eft caufé par les ,
diverfes manières dont les parties qui eompofent
la nacre reçoivent la lumière & la réfléchment à
bos yeux.
Ce changement de couleur fe nomme orient.
Ainfi on dit que la nacre a un bel orient $ quand
ces chàngemefts de couleurs font très-variés, &
i la différence de ces dernières bien fenfible.
La nacre a encore la Angularité de paroître ondée
à fa furface, quoiqu’elle foit parfaitement unie *
& cette- apparence'approche A fort de la réalité
qu’on la touche quelquefois pour s’affurer par le
taél de l’illufion qu’elle fait aux yeux.
Ces ondes & ces changement de couleurs ne
■ font apparens que parallèlement à la furface de la
nacre , car quand elle eft refendue , fon épaiffeur
paroît d’une couleur égale & unie, d’un blanc mat
tirant fur le gris vineux.
La nacre eft extrêmement dure on ne peut l’entamer
qu’avec la feie, après quoi on la dreffe fur
| le grès.
La nacre a le défaut d’être très-caffante , & quel-
, quefbis piquée de vers même bien profondément.
Elle le fend fouvent fur fon épaiffeur qui fe fé-
pare par feuillets. Ce font ces feuillets ou couches
qui étant plus ou moins opaques les uns que les
autres, ou du moins difpofés les uns fur les autres
d’une manière ondulée & peu parallèle, donnent
naiffance aux ondes & aux différentes couleurs
qu’on remarque à la Airface de la nacre.
Les plus belles nacres viennent des Indes orientales.
On en pêcKe auffi en Amérique , & furies
côtes d’Ecoffe.
Il y a une efpèce de limaçon de mer, nommé
burgau, & par les ouvriers burgos, qui fe trouve
dans toutes lès îles. de l’Amérique , dont la coquille
donne une fort belle efpèce de nacre 3 mais
comme les plus .grandes de ces coquilles ne font
pas plus greffes que le poing, on n’en peut tirer
que de très-petits morceaux, vu qu’elles n’ont dV
rient, ainfi que les nacres de perles, que du côté
de leur furface, ou du moins parallèlement à cette
dernière. Le burgau a quelquefois des couleurs
plus vives que la nacre de perles, à laquelle on
le préfère, fur-tout quand on n’a befoin que de
petites parties : du refte, il fe refend & fe travaille
de même que la nacre.-
La nacre de perle eft une matière très-dure, très?
ingrate, & très-difficile à travailler. Il n’y a que
les feies trempées, le grès & les limes qui mordent
deffus. De plus , comme elle eft très-caffante,
il faut beaucoup d’ufage & de foin pour la mettre
en oeuvre.
Quand on débite la nacre de perle, il faut avoir
attention de feier les morceaux perpendiculairement
à fa furface ; enfuite on la refend fur l’épaif-
feur , non pas pofitivement telle que celle dont
on à befoin , mais plus qu’il ne faut , pour la re-
dreffer enfuite fur la meule , parce qu’il n’eft pas
fort aifé de la refendre bien droite.
Il y a de greffes nacres qui fe fendent d’elles-
mêmes fur l’épaiffeur ; ce font les moins belles ;
& quoique très-grandes, il arrive fouvent quon
n’en peut tirer que de très-petits morceaux, à caïue
de la finuofité des fentes , ou pour mieux dire, des
différentes couches dont elles font compofées.
O uand la nacre eft débitée ; on la dreffe & on
la m et d’épaiffeur fur la m eule , ce qui. fe fait de
la manière fuivante.
O n aiufte au deffus de l’auge de la m eule un
levier de b o is, d o nt le b o u t eft arrondi, en form e
de poignée , pour p ouvoir appuyer fur la nacre de
perle qu’on pofe fur la m eule d’une m ain , en ferrant
de l’au tre avec le levier au tan t q u o n le juge
“ PLorfqu’on dreffeainfi la n a c re , il fau t w o k grand
foin que la m eule trem pe bien dans l’e a u , parce
mie s’il arrivoit qu’elle fût à f e c , cela échaufferoit
U nacre qui fe fen d ro it, ou du m oins , changeroit
de couleur ; & pour que celui qui travaille ainfi la
nacre ait plus de fo rc e , & foit m oins fatigué de
y O C A B U L A I R E de l’Art de
les O s,
B u r g a u .; efpèce de lim açon de m e r, d o nt la
coquille donne de la nacre.
Ca h o a n n e ; efpèce de to rtu e , d o nt la chair
fournit beaucoup d’huile.
Caret ; efpèce de to rtue qui fo urnit u n e belle
écaille.'
Ce in t r e r l’é c a il l e ; c’eft lu i faire p ren dre une
forme détermiftée.
Ch a n q u o ; nom donné dans le B engale à la
coquille qui fournit’ la îiacre.
C o rn e ; partie dure qui fort de la tête de quelques
animaux. 1 ?
D é b it er l’iv o ire , l’écaille , la corne , & c. c’eft
les feier ou couper en morceaux.
D o u b lu r e d e l’é c a il l e ; on appelle ainfi la
couche de couleur qu’o n metNfous l’ecaille p our
lui donner du fond.
Ec a il l e ; ç’eft la coque o u couverture de la
to rtue..
Feuilles d ’é c a il l e s ; ce fo n t les parties de la
coque ou. de l’écaille qui couvrent la torture.
Iv o ir e ; fubftance offeufe , d o nt les défenfes
-de l’éléphant font com pofées.
la main dont il tient cette dernière, il feroit bon
. de faire un petit ravalement en deffous du levier,
h l’endroit où il fait la tangente avec la meule,
afin d’appuyer & de retenir la nacre que le mouvement
de la meule tend toujours à emporter.
Dans les. ouvrages de placage de l’ébénifterie ,’
la nacre, ainfi que l’ivoire, doit avoir au plus une
ligne d’épaiffeun
La nacre entre comme ornement dans les ouvrages
de marqueterie , & fert auffi dans le ver-
ms de la Chine. On en fait divers bijoux ; & les
joailliers ont l’adreffe , par la manière de la feier
& de l’arrondir, de la faire entrer dans certains
ouvrages comme de véritables perles.
travailler l’Écaille , la Corne f l Ivoire ,
la Nacre.
I v o ir e v e r d ; c’eft l’ivoire naturel dans lequel
on remarque une teinte verte.
M o r f il s ; ce font les (lents ou les defenfés fe*
parées de la tête de l’éléphant.
M o u l e r l’é c a il l e ; c’eft do nn er la form e co n -
■ venable à l’écaille, en l’am ollifiant & la faifànt paf-
fer dans u n m oule.
N a c r e ; fubftance de certains coquillages, qui
eft blanche & orientée.
N a c r e d e p e r l e ; coquille d’une efpèce d’hub*
tre, dans laquelle fe forment les perles.
O r ie n t ; nom donné au je u des couleurs brillantes
de la nacre.
R e d r e s s e r l’é c a il l e ; c’eft applatir les feuilles
qui font bombées , en les a nidifiant & les mettant
en prefîe.
So u d e r l’é c a il l e ; c’eft en rapprocher deux
morceaux différens, & les unir par le moyen de
la chaleur, ou de l’eau bouillante.
T o r t u e ; animal amphibie & teftaeç, qui eft
couvert d’une grande écaille dure.
ÉCRITURE. (Attdti')
( . ’É C R I T U R E eil definie par les vêts de
Brebeuf: 1 -
Cet art ingénieux
de peindre la parole & de parler aux yeux ,*
Et par des traits divers de figures tracées ,
Donner de la couleur & du corps aux penféesl
La méthode de donner de la çouleur, du corps,
°u , pour parler plus fimplement, une forte d’exif-
tence aux penfées, dit Zélia , (cette Péruvienne
pleine d’efprit, fi connue par fes ouvrages-) fe fait,
en traçant avec une plume, de petites figures que
l’on appelle lettres fur une matière blanche & mince
que l’on nomme papier. Ces figures ont des noms ;
& ces noms, mêlés enfemble, reprèfentent les Ions
des paroles.
Origine de VEcriture,
Développons , avec M. Warbuthon, 1 origine
de cet art admirable, fes différentes fortes, & fe s
changemens progreflifs , jufqu’à l’invention d un
alphabet, C’eft un beau fujet philofophique, dont
r V v