
citte vanité puérile , qui cherche toujours à fe faire
valoir & à fe faire remarquer par de petites chofes.
Des évêques affemblés qui penfoient comme Fléchi
er , que tout ce qui n’a que le monde pour,fondement
, fe diffipe & s’évanouit avec le monde,
condamnèrent & réprouvèrent hautement ces témoignages
d’orgueil, dans des hommes deftinés à
prêcher l'humilité,-non-feulement par leurs difcours,
inais parleur exemple. ,
Ce qui fait le plus de honte à l’humanité , eft l’attention
& le befoin que l’on eut dans tous les fiècles
de s’annoncer plutôt par fes titres que par fon mérite.
L ’épéron doré étàblifloitla différence qui règne entre
le chevalier & l'écuyer: celui-ci ne pouvoir le porter
qu’argenté. Je ne fais fi la groffeur de ce fe r , & l’é norme
longueur du collet, étoit encore une preuve
de bravoure & une marque d’honneur accordées
aux grands hommes de guerre; en ce cas, à en juger
par les éperons dont on a décoré les talons de
Gatta Mêla, général Vénitien, dans fa ftatue élevée
vis-à-vis la porte de l’églife de S. Antoine de Padoue,
en devroit le regarder comme infiniment fupèrieur
en ce genre aux grands Condé, aux Luxembourg ,
aux Eugène, aux maréchaux de-Turenne & de
Saxe.
Ne confidérons ici l’éperon que relativement à l’u-
fage que nous en faifons, & non relativement à ces
magnifiques bagatelles. lien eft de différentesfortes,
de plus ou moins {impies, & de plus ou moins com-
pofés. Nous en avons vu qui ne confiftoient qu’en
line petite tige de fer longue de quelques lignes ;
cette tige terminée par- un bout en une extrémité fail-
lante, ou en plufieurs pointes difpofées en couronn
e , & fermement arrêtée par fon autre extrémité ,
dans l ’épaiffeur de la partie de la botte qui revêt le
haut du talon, & quelquefois dans le talon de la
hotte même, par une platine de métal qui lui fert de
hafe. Cette efpèce d’aiguillon, eft très-défe&ueufe,
ï° . on ne peut le fégarer de la botte & le tranfporter
à une autre : 2°, les pointes en étant fixes , portent
nu flanc du cheval qui en eft frappé, une atteinte
bien plus cruelle que fi elles étoient mobiles : 30. le
çavalier voulant marcher aye.c cette chauffure, fe
trouve en quelque manière engagé dans des entraves
dont il ne peut fe débarraffer , fur-tout s’il n’a pas
contrafté l’habitude de cheminer en botte. Quelques
éperonniers, dans l’efpérance de remédier à ces in-
convéniens, ont d’une part arrêté Amplement par
vis cette tige aiguë dans la platine , de forte qu’elle
peut en être enlevée ; & de l’autre ils l’ont refendue
en chape , & ont fubftitué à ces pointés une roue
de métal qu’ils y ont montée en guife de poulie, &
qu’ils ont refendue en plufieurs dents pareillement
pointues , qui lui donnent une figure étoilée.
Cette roue eft très-mobile fur fon axe ; elle eft
portée verticalement par la tige , qui conferve une !
îituation prefque horizontale : fes «pointes peuvent I
donc être, vu fa mobilité & fa pofition, fucceffi? j
yement imprimées fur l’animal, puifqu’elle a dès-
\q y s la facilité de rouler fur fou flanc. On peut dire
néanmoins-que tous ces changemens n’opèrent rien
de bien avantageux. L’incommodité de ne pouvoir
appliquer cet éperon à une autre botte, fubnfte toujours;
les impreflions fâcheufes qui réfultoient du
choc des pointes fixes contre le corps du cheval
peuvent encore avoir lieu, fi la vis vient à fe relâcher
, & qüe conféqtiemment à ce relâchement la
roue ou la poulie , que nous appellerons dans un
moment par fon vrai nom, de verticale qu’elle étoit
& qu’elle doit toujours être, devenoit horizontale.
Enfin, je ne penfe pas que la facilité de pouvoir
cter la tige de dedans la platine pour marcher avec
plus d’aifance, puiffe n’être pas balancée par les
rifques de perdre cette tige ou cette armure. Ce
derniet événement a été prevu ; il a fuggéré de nouvelles
correâions, & l’idée des éperons à reffôrt.
Dans ceux-ci, la platine au lieu de l’écrou, porte
deux anneaux carrés l’un au deffus de l’autrè , &
diftans entre eux de fept ou huit lignes. La tige eft
prolongée par un petit bras carré., retourné d’équerre
en contre-bas pour enfiler ces deux anneaux,
& y être reçu avec jufteffe. Un petit reffort qui recouvre
une partie de fa face antérieure, lui laiffe la
liberté d’entrer , mais s’oppofe à fa fortie auffitôt
qu’il eft en place. En effet, il fe fépare alors par le
haut de la face fur laquelle Tanneau le tenoit collé, '
& porte fous ce même anneau jufqu’à ce quen le
preffant avec le doigt, on le repouffe contre cette
mêmeface, pour le deffaifir &pour dégager l’éperon.
Cette conftruéfion n’eft point exempte de défaut, le
talon fe trouve fouvent défarmé, le moindre choc
. déforme ces anneaux , & l’éperon ne peut y rentrer
qu’après. que l’ouvrier a réparé le mal. Dès qu’ils
font' déplacés, on les perd facilement, attendu leur
petiteffe : en un mot, ils ne peuvent être changés
& fervir à une autre chauffure, à moins que la platine
n’y foit tranfportée.
Les éperons préférables à tous égards à ceux que
nous venons de décrire , font ceux.dans lefquels
nous diftinguons le collier, les branches s le collet,
& la molette. Le collier eft cette efpèce de cerceau
qui embraffe le talon., Il eft des éperonniers qui
croient devoir l’appeler le corps de ïéperon. Les
branches, qu’ils nomment alors les bras, font les
parties de ce même collier, qui s’étendent des deux
côtés du pied jufque fous la. cheville. Le collet eft la
tige qui femble fortir du collier, & qui fe propage
en arrière. Enfin ,1amolette xf eft. autre chofe que cette
forte de roue dont j’ai parlé, qui eft engagée comme
une poulie dans le collet refendu en chape, & qui
eft refendue elle-même en plufieurs dents pointues.
Le collier &. le collet, & quelquefois les branches,
font tirés de la même pièce de métal, par la forge
ou par le même jet de fonte. Ce collier & ces branches
doivent être, plats en-dedans ; les arêtes doi-
'vent en être exaiftement abattues & arrondies. Quant
à la furface extérieure , elle peut être à côtes, à
filets, ou ornée d’autres moulures que je facrifierois
néanmoins à un beau poli ; car elles, ne fervent communément
qu’à offrir une retraite à. 1a boue, La 1^
geur du collier Fera de cinq ou fix lignes à fon appui
fur le talon, & elle diminuera inlenfiblement, de
manière qu’elle fera réduite à deux ou trois lignes à
l’extrémité de chaque branche. Cet appui fe fera &
fera fixé à l’origine du talon , dire&ement au deffous
de la faillie du tendon d’Achille , afin que d’un côté
cette' partie fenfible ne-foit pas expofée à l’impref-
fion douloureufe de la réa&ion , lorfque le cavalier
attaque Vivement fon cheval ; & que de l’autre on
ne foit pas obligé d’alonger le collet pour faciliter
cette attaque, & d’élever la molette, dont la fitua-
tion contraindroit le cavalier, fi le collier portoit
plus bas, à décoller fa cuiffe de deffus les quartiers
de la felle, ou à s’efforcer de chercher l’ânimal fous
le ventre, pour l’atteindre & pour le frapper. Du
refte, il eft néceffaire que le collier & les branches
foient fur deux plans différens , c’eft-à-dire, que le
collier embraffe parfaitement le talon., & que les
branches foient légèrement rabaiffées au dellous de
la cheville, fans qu’elles s’écartent néanmoins de
leur paraliélifme avec la plante du pied ; parâllélifme |
qui fait une partie de la grâce de l’éperon.
Elles, doivent de plus être égales dans les plis-
& en toutes chofes dans la même paire d’éperons ;
mais elles font fouvent terminées divérfement dans
différentes paires. Dans les unes -elles finiffent par
une platine carrée de. dix lignes ; cette platine étant
toujours verticale , & refendue en une, .& plus fréquemment
en deux châffes longues, égales , parallèles
& horizontales , aü travers defquellss , & dans
ce cas, une feule courroie paffe de dedans en dehors
& de dehors en dedans, pour ceindre enfuite le
pied, & pour y affujettir l’éperon. Dans les autres ,
& cette méthode eft la meilleure, chaque carne de
leurs extrémités donne naiffance à un petit oeil de
perdrix : cet oeil eft plat. Le fupèrieur eft plus éloigné
de l’appui que l’inférieur, quoiqu’ils fe touchent
en un point de leur circonférence extérieure.
Dans chaque oeil de la branche intérieure eft af-
femblé mobilement par S fermée, ou par bouton
- rivé, un membret à crochet ou à bouton. Dans
l’oeil inférieur de la branche extérieure, eft affemblé
de même un autre membret femblable aux deux
premiers ; & l’oeil fupèrieur de cette même branche
porte par la chape à S fermée eu à bouton r iv é ,
une boucle à ardillon.
Les deux membrets inférieurs faififfent une petite
(tourroie qui paffe fous le pied, & que par cette
raifon j’appellerai le fous-pied, par fes bouts qui
font refendus en boutonnières, tandis que le membret
fupèrieur & la boucle en faififfent tin autre fort
large dans fon milieu , qui, paffant fur le coude-
pied , doit être appelé le Jus-pied. En en engageant
k bout plus ou moins avant dans la boucle, on
affujettit plus ou moins fermement l’éperon.
Le membret à S eft le plus commun : il eft banni
des ouvrages de prix. Ce n’eft autre chofe qu’un
morceau de fer long de dix-huit ou vingt lignes,
contourné en S , dem la tête feroit ramenée jufqu’à
k panfe pour former un chaînon, dom la queue
reftante en crochet feroit élargie & épatée par le
bout, pour rendre la fortie de la boutonnière plus
difficile ; dont le plein feroit applati & élargi, pour
préfenter au pied une plus large furface, précaution
fans laquelle il pourroit le bleffer ; dont les
déliés enfin feroient ronds, fur une ligne de diamètre.
. y .
Le membret à boutons eft plus recherché : c’eft
une petite lame de métal arrondi par plan à fes deux
extrémités ; elle eft ébauchée du double plus épaiffe
qu’elle 11e doit refter. L’un de fes bouts eft ravalé à
moitié épaiffeur , pour recouvrir extérieurement
l’oeil de l’éperon, ravalé lui-même à moitié de Fépaif-
feur de la branche. Ils font affemblés par un clou
rond, dont la tête formée en bouton refte en deh
o r s ,^ dont la tige, après avoir traverfélibrement
le membret, eft rivée immobilement à l’oeil. L’autre
extrémité du membret eft ravalée à demi-épaifleur
de dehors en dedans, pour racheter i’épaiffeur dé
la courroie qui doit récouvrir cette extrémité, &
le bouton fortement arrêté au centre de la portion
du cercle qui, termine le membret. La mefure de la
longueur de cette tige entre la fuperficie du membret
& le deffous du bouton, eft l’épaiffeur dé la
courroie du fous-pied où du fus-pied, qui doit être
librement logée entre deux, quand le bouton eft
dans la houtonnière.
C ’eft une très-bonne méthode de brifer en-charnières
les branches de l’éperon deftiné à une
chauffure légère ; mais il faut que le noeud de cette
charnière foit totalement jeté en dehors, & que
l’intérieur du collier ne foit interrompu par aucune
faillie. Au moyen de ces charnières, les branches
font exactement collées fur la botte , & l’éperon
chauffe plus jufte fur toutes fortes de pieds.
Le collet feroit trop matériel, s’il avoit autant de
diamètre que nous avons laiffé de largeur au collier
dans fon appui : on doit le réduire d’un tiers au
moins, mais en deffus feulement, afin de conferver
en deffous une furface incapable de couper le porte-
éperon fixé & coufu à la botte. Il peut être rond ou
à pans; il acquiert de la grâce, & devient plus
propre à fa deftination, fi d’horizontal qu’il eft à fa
naiffance, il commence à fe relever dès • les deux
premières lignes de fa longueur, & continue à fe
relever de plus en plus à mefure qu’il s’éloigne du
collier, pour enfuite être légèrement recourbé en
contre-bas à fon extrémité terminée par deux petites
boffettes, par le centre defquelles doit paffer
l’axe de la mollette. Cet axe doit être exa&ement
rivé.
On fait encore ufage d’une autre forte d’éperon ,
dont les branches ne font nullement brifées , & qui
ne font ni refendues à leurs extrémités en une ou
deux châffes, ni garnies d’aucun membret. Le collier
en eft rond de deux lignes environ à la naiffance
du collet; il diminue infenfiblement par les branches
qui font réduites à leur fin à environ une ligne : là
elles font arrondies ou retournées en voltes très-
fermées, d’une feule fpire dans le plan du collier f