
autres circonftaffces étant pareilles; car fouvent ils
riavoient point été du tout chauffés, & jamais ils
ne l’avoient été allez pour prendre un degré de
chaleur qui pût fuffire au fable.
Il m’a donc paru certain que.,.fi les moules étoient
-faits de certaines matières „ la fonte s’y endurcirait
plus difficilement que dans ceux dé fable ; & que
peut-être il y auroit des matières où, étant coulées,
.elle ne s’endurciroit aucunement, dès qu’on don-
neroit aux moules qui en fer oient faits, ce foible
degré de chaleur que les châffis de bois peuvent
fouffrir. Cette idée qui méritoit d’être fuivie., m’a
.engagé à répéter plufieurs des expériences dont j’ai
parié ei-defîtis , oc à en tenter de nouvelles : peut
être pourtant n’en ai-je pas fait encore autant qu’elle
le demanderont ; mais fi cette recherche paroît auffi
importante à d’autres qu’elle me l’a paru , on travaillera
apparemment à fuppléer à ce qui pourra
manquer ici. J’ai reconnu que le charbon , la chaux
ordinaire, la poudre d’os & même la craie étoient
toutes matières propres , mais moins les unes que'
les autres, à faire des moules où la fonte fe con-
ferveroit douce, quoiqu’ils euffent été peu chauffés.
Le principe de cette propriété n’eft pas difficile
à découvrir ; & , connu, il conduit à prévoir quels
font les matières où on peut fe promettre de la
trouver à un plus haut degré. Ce principe eft, que
plus les matières des moules feront aifées à chauffer,
& moins on. aura à craindre qu’elles endurciffent
nôtre métal. De l à , il fuit qu’en général les matières
les plus huileufes, les plus grades, fi d’ailleurs
elles font propres à former des moules , feront
celles où la fonte prendra moins de dureté.
Les matières les moins denfes , celles qui, étant
réduites en poudre, forment des maffes épongieufes
& légères , -quoiqu’elles aient été preflees , font
encore celles dans lefquelles la fonte doit le mieux
réuffir ; ayant moins de folidité, elles peuvent être
échauffées par un degré de chaleur qui ne fuffiroit
pas pour échauffer au même point des matières
plus maffives ; d’où l’on peut prévoir ce que l’expérience
confirme , que la fonte prendra moins de
dureté dans des moules de chaux & même de craie,
que dans dés moules de fable. Chaque grain de
fable eft plus maffif que chaque maffe de chaux de
même groffeur. Il y aura donc plus de chaleur ôtée
à la fonte, plus de chaleur employée pour chauffer
une fomme de ces grains de fable, qu’une pareille 1
femme de petites maffes de chaux ; o u , ce qui n’eft
que la propOfition inverfe , le même volume de
fable refroidira plus promptement le corps chaud
qui le touchera , qu’un pareil volume de chaux ne
refroidira un corps femblable & chaud au même
degré.
Les premières expériences que je fis de ces matières
n’eurent pas tout le fuccès qu’elles auroient
pu avoir. Uniquement occupé d’en chercher une qui
n’eût pas cette qualité d’endurcir que je foupçonnois
au fable, je nègligeois de chauffer les moules que
j’en avois faits, autant que les châffis de bois peuvent
le permettre, & autant même que les fondeurs
ordinaires chauffent leurs moules de fable : fouvent
je ne les chàuffois point du tout. Depuis j'ai répété
ces expériences, après avoir fait prendre aux moules
toute la chaleur que les châffis de bois peuvent
fouffrir fans fe brûler. Je vais rapporter comment
ont réuffi les différentes matières que j’ai effayées ;
mais j’avertirai auparavant, que ceux qui voudront
tenter les mêmes effais , doivent s’affurer d’une
fonte bien douce ou bien adoucie : l’épreuve qui
en rend certain eft facile. O11 fondra un peu de
cette fonte dans un creùfet , au milieu de notre
compofition d’os & de charbon fondue ; on la ver-
fera à terre ; fi elle fe trouve grife & limable, elle
eft de la qualité dont elle doit être pour être jetée
en moule.
Ayant de la fonte telle que je viens de la fup-
pofer, j’ai fait faire un moule de cette craie blanche
en pains , qu’on nomme du blanc dKEfpagne. J’ai
fait chauffer ce moule de la manière dont les fondeurs
chauffent les leurs , & dont nous avons parlé
ci-devant ; c’eft-à-dire, qu’entre les deux moitiés
du moule , dreffées l’une contre l’autre , comme
les deux premières cartes des châteaux que font
les enfans, j’ai mis des charbons allumés. Quand
elles étoient chaudes au point où l’on ne pouvoit
plus fouffrir la main deffus pendant quelques inf-
tans , je failois affembler ces deux parties du
moule , & fur le champ le moule étoit mis &
ferré dans la preffe. Ce qui y a été moulé a été
très-doux , très-limable ; les barbes , quoique
minces, pouvoient être emportées par la lime; s’il
y avoit de la fonte dure , elle étoit uniquement
dans les évents, dans les endroits q u i, étant éloignés
des ouvrages, n’avoient pu être autant échauffés
que les autres par. la fonte même qui n’y étoit
arrivée qu’après s’être un peu refroidie. La craie a
un avantage que n’ont pas bien d’autres matières
qui ne femblent pas moins fpongieufes : elle a du
corps, elle fe foutient bien dans le moule ; mais
pour être en état de s’y foutenir, elle demande à
être humide lorfqu’on la travaille ; & quand elle
eft sèche, il y a une difficulté à l’humeffer. Si l’eau
tombe deffus par gouttes trop groffes , elle en fait
des grumeaux qu’on ne feroit difparoître qu’après
l’avoir bien maniée & remaniée, qu’après l’avoir
écrafée fous le rouleau à bien plus de reprifes. que
les fondeurs n’écrafent leurs fables. Pour s’épargner
cette peine, on ne l’humeâerà qu’avec des arrofoirs
très-fins. Des manières plus fûrês encore de l’hu-
meéter feroient, après l’avoir réduite en poudre,
de la tenir dans la cave quelques jours avant de la
mouler, de l’expofer à la rofée , ou de la fufpendre
dans des paniers d’ofier, ou dans des efpèces de
tamis , au deffus de la-vapeur de l’eau >, qu’on feroit
bouillir dans un chaudron.
Il eft dommage que l’avantage qu’a la craie fur
d’autres matières, pour conferver la fonte douce,
foit compenfé par un défaut ; les ouvrages qui y
font moulés font expofés à avoir des Toufflures.
plus les matières font réduites en des poudres fines,
& plus elles acquièrent de liaifon ; le fable commun
bien lavé , & par-là bien féparé de toute terre,
n’en a nulle : qu’on le pile extrêmement fin, alors
fes grains pourront être liés par l’humidité. Comme '
la poudre de charbon un peu groffière n’a pas allez
de liaifon , j’en ai fait faire d’extrêmement fine ;
étant humeétée, elle s’eft foutenue dans les moules.
La fonte qui a été coulée dans le moule lorfqu’il
a été féché & chauffe., a été grife par-tout oiuelle
n’étoit pas extrêmement mince ; mais de la poudre
de charbon feule m’avoit pas affez de corps pour fe
foutenir dans de grands moules.
J’ai voulu éprouver un moule -de farine ; la fonte
en fortoit grife : mais il eft difficile de mouler avec
cette matière, & la fonte brûle fon moule en y 1
entrant.
Lafuie de cheminée eft fpongieufe & inflammable , j
& par ces deux qualités, propre à s’échauffer promp- :
tentent d’ailleurs elle a plus de corps que les meil- j
leurs fables. J’en ai fait paffer par un gros tamis, & '
j’en ai fait faire des moules ; ils n’ont pas mieux j
foutenu la fonte qui y aétéverfée , que n’a voient j
fait ceux de farine. Le degré de chaleur de notre ,
métal fondu a fait fubitement gonfler •& bouillonner !
cette matière. Le moule a perdu fa forme avant que ■
la fonte ait eu le temps de la prendre avant /de s’y ■
être figée. Mais cette expérience m’a fait voir un
fait digne de remarque. La fonte tirée de ce moule 1
avoit fa furface nette & blanche prefqtiau même
point que l’auroit de la fonte limée. Nous-tirerons
peut-être ailleurs parti de <ceï effet ., & nous verrons
•en même temps la caufe d’où il dépend.
J’ai fait piler de -la -chaux éteinte, & je l’ai fait
paffer -au tamis. On a trouvé à la mouler les mêmes
difficultés qu’à mouler la craie ; mais la fonte qui
y a été coulée y eft reftée 'très-limable.
Les os de sèche ne feroient pas propres à mouler
de grandes pièces. Les metteurs en oeuvre , les
orfèvres , s’en fervent pour -faire des moules pour
de petits ouvragés ; & rien n’eft plus facile que'd’y
mouler. On coupe de la -partie fpongieufe de deux
o s , autant qu’il faut -pour les applanir , & .qu’ils -
puiffent s’appliquer l’un contre l’autre-; entré ces
deux os on met la pièce dont on veut avoir l ’empreinte
: on preffe le -tout, & 'la'-pièce s ’imprime.
Comme la matière de ces os eft fpongieufe, c0 e
m’a paru avoir une des qualités propres -à -donner
des ouvragés de fer doux ; elle nie-l’a pas fait pourtant
auffi ifôre-mentque quelques-unes de celles dont
nous venons de parler.
Dans Ta vue de donner plus confiftance à
quelques-unes des ma t-ière«:, & -pour ' les tf-endre en
même temps propres & coûfer-ver Ta fonte -pins
douce, au lieu -de les ‘humeéfcr avec de l ’eau , lej
ai 'humeâées avec-des huiles de navette, -deTin
& -autres : -j’-ài-trouvé qii’eïlès' augmentent peu le .
«orps des matières terreufos ,&^quélks4osreRdent-
moinscommodes àêtro mouyées.'Quoique .lapôudre:
de éhafbon la fuie Ta -craie ,.-la chaux-, me fe.
laiffent pas mouler affez facilement lorfqu’elles font
feules ou qu’elles^ ne fe foutiennent pas affez bien
dans de .grands moules, je n’ai pas cru qu’il fallût
les abandonner entièrement. Nous euffio ns dû avoir
regret à laîflèr inutiles les propriétés avantageufes
que nous leur avons découvertes. J’ai donceffayé
fi nous pourrions nous en fervir avec fuccès en Tes
mélangeant différemment.
Au lieu d’entreprendre défaire de grands moules
avec la feule poudre de charbon , à quoi nous avons
dit qu’on ne fauroit réuffir, j’ai fait mêler de cette
poudre en affez grande quantité avec du fable neuf
de Fontenay-aux-rofes ;-ce qu’on peut faire en lui
laiffant autant de corps qu’en a chez les fondeurs
le fable vieux mêlé avec peu de neuf. J’ai bien cru
que les moules faits >en partie de fable & de charbon ,
demanderoient à être plus échauffés -que ceux qui
feroient de pur charbon j mais auffi étoit-il évident.,.
& l'expérience ne pouvoit y être contraire , qu’ils
demanderoient à être moins chauffés que ceux de
pur fable,. Ce mélange de poudre de charbon & de
fable m’a toujours paru une excellente compofition
pour mouler notre métal. -La dépenfe de la poudre
de chafbon eft-en partie corapenfoe par ce qu’il en
.coûte de moins à chauffer les inouïes ., qui -onft
daiffeiiTS plufieurs avantages qui feront expliqués
.-dans un autre mémoire. Un fait pourtant que nous
n’omettrons pas i c i , c’eft que le fable du moule en
■ cuit moins, & .peut par cônfoquent être employé
plus-de fois, i l ie cuir oit moins de cela feul que le
moule eft chauffé plus foiblement ; mais à même
degré (& à même durée de chaleur , une terre qui
eft hume&ée par la partie huileufe du charbon ne
fe cuira >pas à--beaucoup près autant-qu’une terre
feule. Nous oonfeillerons donc très-fort d’employer
cette compofition pour mouler ^ mais nous avertirons
que toute la poudre du charbon qu’on emploiera
doit être paffée .au tamis.
J’ai penfé à compofenun autre nouveau fable à
mouler. La fonte fort douce des moules- de la craie :
telle fort telle encore des moules de pondre d’os..
Les os ont trop .peu de corps j la craieen a de refte ,,
mais eft difficile à.fiumefter au point nécefiàire.,.
fans qu’il s y faffe de-grumeaux. Toute terre , même
celle qui entre dans la compofition de notre fable
de Fontenay-aux-rofes , aucoit le même inconvénient
, l io n ne la féparok du fable avec lequel
elle eft mêlée; elle ne feroit plus propre à mouler,
& le fable dont elle auroit été Teparée feroit pareillement
inutile à eet triage. Sur ce principe ,ij’ai
cru tdevoic mélanger-de la craie avec de la poudre
d’os , après Tes savoir (fait paffer l ’une & l ’autre par
tin «tamis ■ : quand le mélange a été bien fait, f-ai
humeôé cette poudre cèmpofée. Alors elle a eu
i tout le*Gor,ps que je.lui voulais, &..a été auffi propre
à mouler qu’un véritable fable gras naturellement.
Les moules faits de cette .compofition fe font bien
foatemis & les ouvrages qui en font fortis ont.
; été ‘.très-iU-fnablesv
Au lieu de vetaie ? -je me fuis encore, férvi dej