
ment ; cependant le papier fait par a r t, même le
papier greffier, eft beaucoup plus commode.
3 ne puiffe faire d’utiles, tentatives avec pj^.
Les Siamois, par exemple, font de l’écorce d’un arbre
qu’ils nomment pliokkloi, deux fortes de papiers,
lun-noir & l’autre blanc, tous deux rudes & mal
fabriqués , qu ils plient en livre à peu près comme
on plie les éventails; ils écrivent des deux côtés fur
ces papiers avec un poinçon de terre graffe.
Les nations qui font au-delà du Gange , font
leur papier de l’écorce de phffieurs arbres. Les autres
peuples Afiatiques de deçà le Gange, hormis les
noirs qui habitent le plus au midi, le font de vieux
haillons d’étoffes de coton ; mais faute d’inteili-
ligence, de méthode & d’iriftrumens, leur papier eft
fort lourd & fort groffier. ; '
Quant aux papiers de la Chine & du Japon , ils
méritent tous nos regards par leur fineffe, leur beauté
& leur variété.
x garde encore dans de vieux cloîtres ou monaf
tères quelques fortes de papiers irréguliers , manuf-
crits dont les critiques iont fort embarraffés de déterminer
la matière. Tel eft celui de deux bulles 1
des anti-papes Romanus & F orm o fe ,d e l’an 891 ;
& 897, qui font dans les archives de l ’églife de
Giron ne.
Ces bulles ont près de deux aunes de long , fur
environ une aune de large ; elles paroiffent com-
polees de feuilles ou pellicules collées enfemble
tranfverfalement, & l’écriture fe lit encore en beaucoup
d’endroits. Les favans de France ont hafardé
plufieurs conje&nres fur la nature de ce papier, dont
labbé Hiraut de Belmon a fait un traité exprès.
Les uns prétendent que c’eft du papier fait d’algue
marine , d’autres de feuilles d’un jonc appelé la
boqua, qui croît dans lés marais du Rouffillon , d’autres
de papyrus , d’autres de coton , & d’autres
d ecorce.
. Enfin 1 Europe , en fe civilifant , a trouvé l’art
ingemeux de faire du papier avec du vieux linge
de chanvre ou de lin ; & depuis le temps de cette
decouverte on a tellement perfectionné l’art défaire
du papier de chiffons, qu’il ne reffe plus rien à de-
firer à cet égard.
Quelques phyficiens ont tâché d’étendre les vues
que Ion pouvoit avoir fur le papier, en examinant I
fi avec 1 écorce de certains arbres de nos climats, ou
même avec du bois qui aurait acquis un certain
degré de pourriture, on ne pourrait pas parvenir
à faire du papier, & c’eft ce dont quelques tentatives
ont confirmé l’éfpéran.ce..
Mais il faut avouer que nous ne fommes pas auffi.
riches en arbres & en plantes dont on puiffe aifé-
ment détacher les fibres ligneufes, que le font les,
Indiens de l’un & de l’autre hémifphére. Nous
avons cependant l’aloès fur certaines cotés : en Ef-
pagne on a une efpèce de fparte ou de genêt qu’on
fait venir pour en tirer la filaffe, & dont on fabrique
ces cordages que les Romains appellent fparton..
M. Guettard a fait des- effais fur les orties & les
guimauves des bords de la.mer, & ne défefpère pas I
fieiirs autres de nos plantes, ou leurs arbres mêmes'
fans les rduire en filaffe.
, On a fait en Angleterre du papier avec des on
1 ties , des navets, des panais , des feuilles de choux
- de lin en herbe , & deplufieurs autres végétaux
r fibreux; on en à fait au fît avec de la laine blanche
Mais ce papier de laine n’eft pas propre à écrire*
t parce qu’il eft cotonneux ; il pourroit être feulement
d’ufage dans le commerce.
; On fait encore du papier avec la cire. Cette
: matière n’eft pas à beaucoup près affez abondante
peur être, employée immédiatement à la fabrique
de papier ; mats noirs ayons une efpèce de chenille
qu’on nomme cbmmilné, & qui ne mérite que
trop ce nom , qui file une très-grande quantité de
foie avec laquelle. M. Guettard a fait fabriquer un
papier qui a de la force, mais il manque de blancheur.
En un mot, on eft parvenu à- faire du papier de
toutes, fortes de matières , & de toutes, efpèces
comme on lé verra dans l’art dé fabriquer le papier ;
devant nous arrêter à cet apperçu dans la deferip-
tion de l’art de l’é c r itu r edont il eft ici queftion.
Peaux pour écrire.
On préparait auffi des cuirs d’animaux , fùr lesquels
on écrivoit du côté qu’ils étaient dépouillée
de leurs poils. On rapporte que Pétrarque, habillé
d’une fimple vefte/de cuir paffé , écrivoit fur elle les,
penfées qu’il craignoit de perdre, à mefure qu’elles fe
préfentoient à fon efprit cette vefte pleine d’écriture,
& couverte de ratures,, étoit encore en 152.7
confervée & refpeâée comme un monument précieux
de littérature , par Jacques Sadolet, Jean
Cafa & Louis Bucatello..
Papier à écrire; •
Le papier à écrire., pour être bon , doit avoir lès-
qualités fuivantes ; la première & la. principale
c’eft d’être bien collé, ferme & pefant ; celui qui.
ne fonne pas clair,. qui eft mou foible & lâche
au maniment, n’eft pas bien collé, & conféquen-
ment d’un mauvais ufage ; il faut qu’il ait le grain
délié , qu’il foit net, uni , fans taches, ni rides ,,
afin que la plume coule deffus facilement ; il faut
regarder auffi à- ce qu’il n’y ait ni filets , ni poils :
ces^poils- entrant dans la- fente du bec de la plume,,
rendent l’écriture boueufe. II. faudrait encore qu’il'
fût très-blanc, mais le papier le plus blanc n’eft pas.
ordinairement le mieux collé. Tout étant: égal d’ailleurs
, le plus anciennement fabriqué fera, préférable.
Manière de laver & de vernir le; papierpour récriture. ■
Il faut avoir du papier de la qualité qu’on vient de.
preferire ÿon l’étend tout ouvert fur un ais bien net ;.
& après avoir mis du. vernis battu autrement dit
fandaraque dans.une écuelle ou terrine , on en frot-
I tera légèrement.toutes-les.feuilles ayec une patte de;
Vévre * puis, ayant mis dans un chaudron bien net,
fix pintes d’eau mefure de Paris, qui fuffirant pour
laver une rame , on fera fondre fur' le feu huit
onces d’alun de roche & une; once defucre candi,
blanc • après avoir fait bouillir le tout un bouillon ,
on le retire de deffus le feu ; & 1 or (que l’eaü eft
tiède, on en lave le papier feuille àfeuïlle, aVecune
éponge fine du côté qu’il a été verni ; on pofe ces
feuilles les unes fur les autres & $uand toute
la rame eft lavée , on la met en preffeTefpace d’un
d :mi-jour, ou du foir au lendemain ; après quoi on
l’étend fu? des cordes , feuille à feuille , pour qu’il
fèche : lonqu’il eft à demi fec , on le remet une
fécondé fois en preffe pendant quelques jours , afin
de lé bien étendre ; delà il paffe chez le relieur
pour être battu. Il ne faut fe fervir de ce papier que
trois ou quatre mois après qu’il a été ainfi préparé ;
plus il eft gardé, meilleur il eft. Le papier battu
pour écrire des lettres doit être frotté avec le fandaraque
, fi l’on ne veut pas que l’encre s’épatte.
Manière d'empêcher le papier de boire.
Une des préparations du papier confifte à le coller
, afin de lui donner la conüftance néceftàire pour
contenir l’encre fans que l’humidité le pénètre. Le
papier mal collé eft fujet à boire , & l’on remédie
à cet inconvénient par le procédé fuivant.
On fait fondre dans de l’eau claire un morceau
d’alun de roche , environ de la groffeur d’une noix
dans un verre d’eau , & à proportion fuivant la
quantité de papier que l’on veut préparer : on l’hü-
mefte de cette eau avec une éponge fine, & on le
■ laiffe fécher.
C’eft la manière dont les papétiers de Paris préparent
le? papiers à deffin , appelés papiers lavés.
Lorfqu’on veut écrire fur du papier d’impreffion ,
ou même fur du papier trop frais , il faut diffoudre
un peu de gomme dans de l’encre ordinaire.
- Plumes pour écrire.
Les plumes dont on .fe fert pour écrire font de
cygnes , de corbeaux & de quelques autres oifeaux;
mais elles fe tirent particulièrement des ailes de
l’oie. On en diftingue de deux fortes, les groffes
plumes & les bouts d’ailes;
On doit choifir la plume d’une moyenne greffier
, plus vieille que nouvellement apprêtée , de
celles que l’on appelle fécondés , & qui ne foit ni
trop dure ni trop foible. Il faut qu’elle foit ronde,
bien claire & bien nette, cofnme tranfparente , fans
qu’il s’y rencontre aucune tache blanche, qui d’ordinaire
empêche qu’elle ne fe fende bien nettement
, & caufe de petites pellicules qui fe fépà-
fent du corps du tuyau par dedans , qu’on peut
bien enlever à la vérité avec la lame du canif,
mais toujours avec peine & perte de temps: joinf
a ce qu’elle ôte à la plume fa netteté & fa force
première, de forte qu’elle ne refte plus, après cela,
c auffi bon fervice qu’elle étoit auparavant. Beau-
CouP de perfonnes préfèrent les bouts d’ailes à
toutes autres plumes; parce qu’elles fe fendent d’or”
dinaire plus nettement.
On appelle plumes hollandées des plumes à écrire
préparées à la manière de Hollande , c’eft-à-dire ,
dont on a paffé le tuyau fous la cendre pour l’affermir
& en faire fortir la graiffe.
1 La plumé perpétuelle', eft un affez mauvais infiniment
quarid on veut bien écrire : il eft fait dé manière
à contenir une grande quantité d’encre qui
coule petit à petit, & par ce moyen entretient fort
long-temps l’écrivain fans qu’il’ foit obligé de prendre
de nouvelle encre. .
Cette plume perpétuelle eft compofée de différentes
pièces de cuivre , d’argent, &c, dont la pièce
du milieu porte la plume qui eft viffée-dans l’intérieur
d’un petit .tuyau , foudé fui-mênie à un autre
canal de même diamètre, comme le couvercle ; on
a fondé à ce couvercle une vis mâle,-afin de pouvoir
le fermer à vis , de boucher auffi un petit
trou qui eft en cet endroit, & d’empêcher l’encre
d’y paffer. A l’autre extrémité de la pièce eft un
petit tuyau, fur la face extérieure duquel on peut
viflèr le principal couvercle. Dans ce couvercle'
eft un porte-crayon qui fe viffe dans le dernier
tuyau dont on vient de parler, afin de boucher
l’extrémité du tuyau dans lequel on doit verfer
l’encre , par le moyen d’un entonnoir.
Pour faire ufage de cette plume, il faut ôter le
couvercle & fecouer la plume , afin que l’encre y
coule plus librement.
Différentes manières d'écriture.
Lés anciens a y oient deux manières de former
les càraâèrés de leur écriture. L’une étoit pingendo
en p tignant les léttres , ou fur des feuilles d’arbres ,
ou fur des peaux préparées j ou fur la petite membrane
intérieure de l’écorce de. certains arbres ,
( cette membrane s’appelle en latin liber, d’où vient
1 le mot livre ) ; ou fur de petites tablettes faites de
l’arbriffeau papyrus, ou fur de la toile, & c. Us écrî-
voient alors avec de petits rofeaux, & dans la fuite
ils fe fervirent auffi de plumes comme nous.
L’autre manière d’écrire des anciens étoit inci-
dendo, en gravant les lettres fur des laines de plomb
ou de cuivre, ôu bien fur des tablettes de bois enduites
de cire. O r , pour graver les lettres fur ces
lames ou fur ces tablettes , ils fe fervoient d’un
pinceau, qui étoit pointu d’un côté , & applati
par l’autre. La pointe fervoit à graver, & l’extrémité
applatie fervoit à effacer ; c’eft pour cela qu’Horace
dit fiylum vertere , tourner le ftyie, pour dire effacer
, corriger, retoucher à un ouvrage.
Les Grecs avoienr une manière d’écrire parti eu?-
lière, fur-tout dans les inferiptions. Elle confiftoit
en ce que la première ligne étant écrite de la droite
à la gauche , la fécondé étoit écrite de la gauche
à la droite , & ainfi de fuite. On nomme cette manière
, boujlrophedon.
On fait- que l’écriture hébraïque fe figure de
1 droite à gauche. ry ii