
■ une partie de tutie, huit à douze parties de verd-de-
gris ; mêlez ces deux ingrèdiens , & faites-en avec
de l’huile une pâte que vous mettrez dans un creu-
.fet de Heffe, en la preffant fortement. Placez le
creufet dans un fourneau à vent ; & donnez d’abord
un feu doux jufqu’à ce que la flamme çeffe de
s’élever hors du creufet ; couvrez-le alors, continuez
un feu doux, que vous pouflerez enfuite pour
mettre les métaux en fufion. On peut hâter cet
effet en y jettant un peu de tartre. Quand tout
eft fondu verfez la matière ; vous trouverez
du pinsbeck tirant plus ou moins fur le jaune ou
fur le rouge, fuivant la quantité de tutie.-
Dans cette opération', le verd-de-gris eft le cuivre
diffous par le vinaigre ou par quelqu’autre
acide végétal ; la graiffe fournît le phlogiftique ;
& le feu du fourneau tire le zinc de la tutie , & l’introduit
dans le cuivre comme une vapeur; enfin,
la fufion réunit les métaux & en fépare les matières
hétérogènes.
/ Si l’on trouve que le verd-de-gris augmente trop
le prix du pinsbeck, on pourroit y fuppléer & faire
anifi bien avec du cuivre pur bien choifi.
Similor.
Voici un procédé pour faire le fimilor, qui ref-
femble à l’or par fa couleur,. & qui n’eft point
fujet à s’altérer. Cette compofition, dont on faifoit
autrefois beaucoup de myllère, confifte à fe procurer
des écailles de cuivre , au moyenr de quatre
onces de nitre, trois onces & demie de fel ammoniac
, trois onces de verd-de-gris, quatre onces
d’alun, & quatre onces de fel marin. On met toutes
ces drogues réduites en poudre dans un vafe ;
on verfe deffus une pinte d’urine, demi-pinte de
vinaigre, & demi-pinte d’eau claire. On fait enfuite
rougir des lames de cuivre qu’on éteint dans cette
liqueur, jufqu’à ce qu’on ait luffifamment d’écailles
de cuivre. On réduit ces écailles en cuivre , en y
ajoutant trois parties de nitre & une partie de tartre.
On verfe ce cuivre réduit dans un creufet; & tandis
qu’il efl: en fufion, on met fur huit onces de cuiv
re , trois onces & demie de zinc; après quoi on
remue le mélange que l’on tient pendant quelque
temps dans un degré égal de chaleur, jufqu’à ce que
le zinc commence à s’enflammer. Lorfque ce métal
compofé eft en fufion , on le répand dans un moule
frotté avec du fuif, & on en fait toutes fortes d’ouvrages.
Pour donner le poli néceffaire au fimilor, on
emploie une poudre faite avec quatre onces d’antimoine
, trois onces de tripoli, un fixième d’once
de foufire, & deux dragmes de corne de cerf calcinée
; on réduit le tout en une poudre impalpable
dont on frotte les ouvrages pour les polir.
On fait encore un métal approchant du fimilor,
avec deux onces de cuivre &: cinq dragmes de laiton
; mais cette compofition n’eft pas aufli bonne
& fe charge de rouille, ce que la précédente ne
fait pas.
"Autre compofition de fimilor, dite unique. Fondez
une livre , plus ou moins, de cuivre bien pur &
doux ; quand il eft en belle fonte, ajoutez-y une
livre huit onces d’oripeau, communément appelle
clinquant : le plus doré eft le meilleur ; fitôt qu’il
eft dans le creufet, jettez-y un gros de falpêtre;
couvrez le creufet; entourez-le de charbon noir,
& quand le tout fera fondu enfemble, jettez-y un
peu de borax ; laiffez le tout encore un petit quait-
d’heure en fonte , puis coulez la matière dans un.e
lingotière de craie échauffée & graiffée de fuif. On
aura un métal pareil à l’or. Si on veut une couleur
d’or rouge, il faut employer partie égale de cuivre
& d’oripeau , en fuivant la même opération.
Ce métal demande à être recuit à la flamme de
bois ; & fi on ajoute pendant la fonte un huitième
d’argent fin, il ne noircira point, mais il coulera
affez facilement en le recuifant fi le feu eft bien fort:
c’eft à quoi l’on doit veiller.
Tombac de Siam.
On fait à Siam un tombac mélangé d’or & de
cuivre, parce qu’il y a dans ce pays des mines de
cuivre tenant de l’or. Les Siamois qui eftiment beaucoup
ce tombac à caufe de fà couleur brillante , y
ajoutent encore de l’or pour le rendre plus précieux.
Or de Manheim.
L’or dit de Manheim, dont on fait des tabatières
& autres bijoux qui reffemblent parfaitement à l’or,
eft unè efpèce de tombac., dont il y a différentes
recettes ou compofitions, defquelles nous rapporterons
les deux fiiivantes.
Prenez une livre de limaille du cuivre fin, huit
onces de bon falpêtre, fix onces de tutie préparée,
fix onces de borax, & quatre onces 'd’aloès hépatique
; mêlez le tout enfemble, faites de ce mélange
une pâte avec de l’huile de graine de 'lin ; mettez-le
dans un creufet ; couvrez par le haut de la hauteur
d’un doigt, avec du verre de Venife en poudre
fort fine ; lutez le creufet, & mettez-le dans un
fourneau à vent ; rempliffez le fourneau de charbon
, avec d’autres charbons ardens par deffus ;
allumez par le haut, fouffiez & donnez un feu violent
pendant une heure ; laiffez enfuite le creufet
fe refroidir de lui-même. Retirez le creufet, &
après l’avoir caffé, vous trouverez au fond un fort
beau régule femblable à' l’or. 11 faut le fondre de
nouveau, & y ajbuter pour une livre, deux onces
de mercure mblimé, & deux onces de tutie préparée
& enveloppée dans de la cire à cacheter;
on doit remuer ce mélange avec un bâton, enfuite
l’on jettera la matière dans des moules qui lui donneront
les formes qu’on defire.
Autre. Prenez fix onces de verd-de-gris diftillé ;
réduifez-le en poudre fine dans un mortier de marbre
; battez & pulvérifez groflièremênt huit onces
de tutie préparée, quatre onces de falpêtre, &
quatre onces de borax ; hume&ez avec de l’huile
de Un, & remuez le tout dans un plat de terre ;
jufqu’à ce que le mélange foit complet; mettez
enfuite un creufet dans un fourneau à vent, .&
quand il eft rouge, introduifez-y le mélange avec
une fpatule de bois. Couvrez le creufet, remettez-y
du charbon par deflus, & dbnnez un- feu v if &
fort ; au bout d’une demi-heure, enfoncez un petit
bâton pour effayer fi la matière eft diffoute , & fi
elle eft dans une bonne "fufion , il fera temps de la
verfer ; f i , au contraire, la fonte n’eft pas complète,
il faut remuer, découvrir le creufet, & donner un
feu vif jufqu’à ce que le tout foit fondu ; on verfe
enfuite dans un mortier , ou dans un cône de
bronzé, & l’on aura un beau régule dç couleur d’or.
Air a in ou C u iv r e ja u n e ; c’eft un métal faâice
compofé de cuivre refondu avec la pierre de calamine
-, qui lui communique la dureté & la couleur
jaune.
On dit que les Allemands ont fait long-temps
un fecrét de la compofition de ce métal; mais
voici comme on le prépare. On mêle avec du charbon
de terre de la pierre de calamine calcinée &
rédaite en poudre ; on incorpore ces deux fubftances
en une feule maffe par le moyen de l’eau ; quand
cela eft ainfi préparé, on met environ fept livres
de calamine dans un vafe à fondre, qui doit contenir
environ quatre pintes , & on y joint à peu près .
cinq livres de cuivre; on met le vafe dans une four-
naife à vent de huit pieds de profondeur, & on
l’y laiffe environ onze heures, au bout duquel
temps l’airain' eft formé.,
Quand il eft fondu, on le jette en maffes ou en
bandes. Quarante-cinq livres de calamine crue,
trente livres étant brûlée ou calcinée, & foixante
livres de cuivre., font avec la calamine cent livres
d’airain. . >
L’airain, qui autrefois ne fignifioit que le cuivre
, & dont on fe fert préfentement plus particulièrement
pour lignifier le cuivre jaune , fe dit
encore du métal dont on fait des cloches, & qu’on
nomme aufli bronze. Ce métal fe fait le plus communément
avec dix parties de cuivre rouge, & une
partie d’étain ; on y ajoute aufli un peu de zinc.
L’airain de Corinthe a eu beaucoup de réputation
parmi les anciens. Le conful Mummius ayant
faccagé & brûlé Corinthe ,14 6 ans avant J. C. on
dit que ce précieux métal fut formé de la prodi-
gieufe quantité d’or, d’argent & de cuivre dont
cette ville étoit remplie, & qui fe fondirent enfemble
dans cet incendie.
Les ftatues, les vafes , &c^qui étaient faits de
ce métal, étoient d’un prix ineftimable. Ceux qui
entrent dans un plus grand détail , le diftinguent
en trois fortes ; l’or étoit le métal dominant de la
première efpèce ; l’argent, de la fécondé; & dans
la troifièmê, l’o r , l’argent & le cuivre étoient en
égale quantité.
On a aufli nommé cuivre de Corinthe un métal*
que les Corinthiens compofoient, dans lequel le
cuivre dominoit.
Vairain ou cuivre jaune eflr-moins fujet à verdir
que le cuivre rouge ; il eft plus (dur que le fe r , &
qu’aucun autre métal.
B r o n z e ; métal compofé de deux tiers de cuivre
rouge, & d’un tiers de cuivre de jaune & plus, auquel
011 joint un peu d’étain fin. L’emploi de la bronze
eft principalement pour les ouvrages de fonderie.
Potin.
Le potin eft un’ mélange de cuivre, dont on
diftingue deux fortes de compofés.
L’un eft formé de cuivré jaune & de quelques
parties de cuivre rouge.
L’autre n’eft qu’un mélange de lavures ou excré-
mèns qui fortent de la fabrique du laiton-, auxquels.
on mêle du plomb ou de l’étain, pour le rendre
plus doux au travail. La proportion de ce mélange
eft d’environ fept livres de plomb pour cent.
La première efpèce de potin, que l’on appelle
ordinairement potin jaune, peut s’employer dans
des, ouvrages confidérables , én y mêlant d é jà
rofette ou cuivre rouge : il fert fort bien dans la
confection des mortiers, canons & autres pièces
d’artillerie.-
De l’autre potin on ne fait que des robinets de
fontaines, des cannelles pour les tonneaux, & des
uftenfiles grofliers de cuifine , fur-tout quelques
efpèces de pots , d’où peut-être il a pris fon nom.
On enYond aufli des chandeliers & autres ouvrages
d’éelife de peu de conféquence ; ce dernier potin
n’eft point net, point duétile & ne peut fe dorer.
On le nomme ordinairement potin gris, à caufe
de fa couleur terne & grifâtre : quelquefois il eft
appellé arco , & c’eft lé nom qu’il a chez les fondeurs.
Le potin gris fe vend pour l’ordinaire trois à
quatre fous par livre moins que le jaune.
Explication des Planches, tome IL
Pl. 1 3 fig. 1, calamine apportée de la mine.
Fig. 2 , pyramide de calamine en calcination.'
Fig. 3 , bafe de la pyramide.
Fig. 4 , calamine calcinée.
Fig. 7 , fonderie.
Fig. p , moules à couler le cuivre en tables
Fig. 10 3 cifailles.
Pl. I I , fig. ƒ , moulin à broyer la calamine.
Fig. 6 , blutoir.
Fig. 11, manière d’aiguifer la pierre.
Fig. 12, autres cifailles.
Pl. IIIy fig. 1 , etnets.
Fig. 2 & 3 , attrape ou pince, & fon profil.
Fig. 4 , havet.
Fig. 5 , bouriquet.
Fig. 6 , palette.
Fig. 7, n°. 1, tenaille double, avec fon profil n°. 2.
Fig. 8 , n°. 1 y polichinelle.
Fig. p , 10 & 11 y ringards, ou fourgons, ou tioas ,
ou cailloux.
Fig. 12 y pinces.
Fig. 16, batte.